La Copa América ne change pas les habitudes colombiennes. Qu’importe que la sélection se mesure aux autres géants du continent, le championnat ne s’arrêtait pas pour autant. Et Medellín en a profité pour aller s’offrir un titre attendu depuis 7 ans.

On avait laissé l’Apertura aux portes des cuandragulares, la Copa América n’a pas permis de souffler. Au pays où le football ne s’arrête quasiment jamais, parfois/souvent sous la pression du diffuseur (souvenez-vous des mouvements de protestation d’avril dernier pour ces raisons), la tenue d’une compétition continentale majeure à laquelle certains locaux prennent part n’est pas un frein. Quitte à ce que certaines équipes en pâtissent.

C’est le cas par exemple de l’Atlético Nacional qui s’est retrouvé amputé de 6 joueurs, dont plusieurs cadres (Sebastián Pérez, Marlos Moreno, Alejandro Guerra par exemple) et qui, après avoir tiré la langue face à la surprise des cuandrangulares, Rionegro Águilas, s’est retrouvé opposé en demi-finale à Junior, qualifié lui aussi au bout du suspense grâce à un but de Vladimir Hernández à la 90e minutes (sur un amour de service d’Arias qui profitait d’une énorme erreur d’alignement de cadavid) qui avait permis au Tiburón d’arracher une séance de tirs au but, pour un remake de la finale du Finalización (lire Colombie - Torneo Finalización 2015 : L’Atlético Nacional au bout du suspense).

Ces absences ont elles pesées ? Difficile à affirmer mais difficile à ne pas l’évoquer. Car après un résultat nul décroché à Barranquilla, les Verdolagas ont raté leur match retour, dominés par Junior qui n’aura eu de cesse de presser, de contrôler la partie et surtout de se procurer les meilleures situations du match, Franco Armani, un temps annoncé à River Plate avant de prolongé, se muant en porteur d’espérance en préservant le 0-0. Le but à l’extérieur de comptant pas en Colombie, il faudra alors passer par une séance de tirs au but qui sera fatale au champion sortant, la perspective d’un Clásico paisa en finale venait de s’envoler. Car dans le même temps, le DIM, qui avait remporté la phase régulière, était parvenu à se hisser en finale au prix de deux tours des plus serrés : un retournement de situation face au Deportivo Cali de Mario Yepes et une séance de tirs au but face au Cortuluá de l’excellent Miguel Borja.

Place donc à la grande finale du tournoi, dont les deux manches étaient positionnées avant un quart et une demi-finale de la sélection, entre Junior et Independiente Medellín. Le match aller allait voir un Tiburón tirer le premier sur une action de l’intenable Vladimir Hernández conclue par Jorge Aguirre qui devançait alors González. Le DIM allait alors se mettre en ordre de marche pour aller chercher à égaliser rapidement. Plus haut sur le terrain, dangereux, essentiellement par son côté droit, le vainqueur de la phase régulière ne tardait pas à y parvenir grâce à Juan David Cabezas qui reprenait un ballon trainant à l’entrée de la surface. La domination tournait en faveur des bleus qui s’exposait pourtant, les locaux manquant de reprendre l’avantage par Roberto Ovelar. Le scénario ne variait pas en seconde période, Medellín avait le ballon mais le danger était souvent généré par Junior.

Le match nul en poche, le DIM devait alors conclure l’affaire dans son Atanasio Girardot tout de bleu et rouge vêtu. Déjà stade des malheurs en 2014 et 2015, le stade de Medellín l’a encore été pour Junior. La faute notamment à une déconcentration défensive qui permettait à Cristian Marrugo d’ouvrir le score en faveur du DIM en fin de première période alors que les visiteurs semblaient bien en rythme et s’étaient offert quelques situations. Le souci du Tiburón restera malheureusement celui de tout un tournoi : une forte tendance à ne pas concrétiser. Toloza à la place d’Ovelar, victime de dengue, a montré beaucoup d’envie mais a surtout montré ses maladresses offensives et dans sa roue, Junior s’est fait piéger. Pourtant les Juan Guillermo Domínguez, Jarlan Barrera et autres Vladimir Hernández ont tout tenté mais se sont surtout heurtés à une défense du Poderoso infranchissable. D’une terrible efficacité, l’ouverture du score de Marrugo venant concrétiser la seule véritable occasion des locaux en première période, Medellín s’est alors concentré à bien bloquer un adversaire bien trop inefficace pendant tout le second acte avant d’aller faire chavirer l’Atanasio Girardot au bout du chronomètre sur une dernière chevauchée de Marrugo. Meilleure équipe de la phase régulière, le DIM décroche ainsi sa sixième étoile et revient à une longueur d’un Junior décidément maudit.

Photos : RAUL ARBOLEDA/AFP/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.