Le dénouement de la phase régulière de la Liga Águila II 2017 est proche et si en haut il n'y a pas vraiment de suspense, avec un trio de tête qui s'est détaché, le suspense concerne la relégation. En course trois (voire quatre) équipes dont l'América.

C'était le gros match de cette 17e journée. Le derby de Cali entre deux équipes malades et bien malades malgré un changement d'entraineur récemment. Pour le finaliste du dernier championnat d'ouverture, exit Héctor Cárdenas pour laisser place à Sergio Angulo, dit « Checho » ex-joueur des deux clubs de Cali et qui était en charge de l'équipe des U20 du Deportivo avant de prendre en charge l'équipe première. Faudrait d'ailleurs se pencher un peu plus sur cette équipe qui est un mystère. Les entraineurs passent (Yepes, Cárdenas et là Angulo) et malgré les joueurs de qualité (Águilar, Roa, Sambueza et Benedetti au milieu par exemple) cette équipe est incapable de développer un fond de jeu sur la durée. Côté América, Hernán Torres a démissionné de ses fonctions après une défaite à Envigado. Dans l'urgence l'entraineur uruguayen Jorge Da Silva, champion avec le Defensor, est arrivé au chevet du club quadruple finaliste de la Libertadores. En six matches à la tête de Los Escarlatas, il est invaincu (trois victoires et trois matches nuls), mais sur le terrain ce n'est pas flamboyant. Hormis la victoire initiale contre Huila, impossible de voir un match maitrisé de bout en bout.

C'était donc bel et bien un match de la peur à Palmaseca entre une équipe qui jouait pour entrer dans les places de quart-de-finaliste (le Deportivo) et une équipe qui, même si elle est dans les huit premiers, joue pour se maintenir « dans la A » comme on dit ici (l'América). Entre une équipe qui n'a gagné que deux matches à la maison (contre Envigado et Bucaramanga) et surtout qui mise tout sur ses individualités et une autre qui jouait sa peau, on a eu le pire scénario, celui qu'on redoutait. Match fermé à double tour. Circulez messieurs il n'y a rien à voir. Une occasion de chaque côté et c'est tout. On a surtout vu de la maladresse et du déchet technique des deux côtés. Au final match décevant et surtout un point qui ne sert à personne. Onzième après le match et à trois points du DIM, dernier qualifié provisoire, Los Azucareros devront faire un double exploit face à l'Atlético Nacional et à Millonarios pour espérer quelque chose. Même chose pour son adversaire du soir qui recevra justement le huitième en milieu de semaine avant de se rendre dans la capitale colombienne pour défier Santa Fe. Du lourd en perspective pour les deux équipes.

À la lutte avec l'América, on retrouve également Jaguares et Cortuluá. Les deux équipes sont pourtant à la lutte pour une place en quart mais ils ne sont pas sur la même dynamique. Les Tulueños n'ont plus gagné depuis début septembre et une victoire 1-0 sur Junior. Logiquement sur la pente descendante cette équipe fait de la peine à voir. Dans un Pascual Guerrero presque vide (ils n'ont pas eu le droit de jouer dans leur stade cette saison), ils ont craqué après cinq minutes et un but de l'Argentin Max Núñez. Même s'ils ont tenté de réagir, ils se sont poignardés tout seul. Sur un ballon anodin et une mésentente entre le défenseur central Arrechea et son gardien Rodriguez, Ayron del Valle a pu mettre son septième but sur cette phase retour. Le problème de cette équipe est de se reposer sur le talent individuel de son buteur, Feiver Mercado. Cette nouvelle défaite les a d'ailleurs placés dans la zone rouge. Le salut pourrait venir uniquement du calendrier puisqu'ils ont un match de moins par rapport à ses adversaires et un calendrier favorable avec que des adversaires qui n'ont rien à craindre ou rien à jouer.

Niveau dynamique c'est tout le contraire pour Jaguares. L'équipe de Monteria est en forme. Avant le déplacement à Medellín pour affronter le DIM, ils étaient invaincus depuis le 26 août et une défaite face à Tigres. Avec au passage des victoires convaincantes face au Deportivo Cali et une victoire sur la pelouse de Cortuluá qui pourrait valoir chère en fin de saison. Face au DIM, ils ont craqué. Emmenés par leur nouvel entraineur (et qui a joué plus de 400 matches avec le club poderoso) Ricardo Calle, les coéquipiers de Mauricio Molina ont fait la différence sans forcer. Avec notamment un but de Leonardo Castro, son deuxième depuis le début du semestre. À noter au passage sa célébration comme s'il souhaitait faire sortir de son corps le mauvais sort. Naïfs, les joueurs de l'entraineur d'origine allemande Hubert Boderth ont encaissé un deuxième but peu après l'heure de jeu. Un six mètres, une déviation de la tête de Castro et une défense à la rue et Toloza à la conclusion. Cette défaite met un coup d'arrêt à l'une des équipes félines qui va devoir réagir à la maison face à un Santa Fe en vacances sous peine de voir le danger se rapprocher dangereusement.

En parlant félin, on connait vraisemblablement le premier relégué. À la découverte de l'élite cette saison, Tigres aura fait un aller-retour express. Avec treize point de retard sur l'América, premier non relégable, le club de la banlieue est condamné mathématiquement. Sa seule chance de se maintenir serait de gagner la phase retour. Hautement improbable donc. Dur pour les joueurs de Bodmer qui pourront pester contre le système puisqu'ils ont terminé la Liga Águila I à la dix-huitième place et à trois journées de la fin (quatre pour eux puisqu'ils ont un match en retard) sont dixième. Au classement donc pour faire un résumé, les trois dernières saisons sont prises en compte avec les points et la moyenne. Les deux promus partent donc avec un désavantage. Tigres est dernier avec 117 points et une moyenne de 1,0086. Cortuluá est avant dernier avec 128 points et une moyenne de 1,1034 juste derrière l'América avec 130 points et 1,1111 de moyenne. À la lutte également Jaguares a 131 points et 1,1197 de moyenne. Avec 130 points mais 1,1304, Bucaramanga semble à l'abri. Vous n'avez rien compris et vous pensez que ça sent la magouille ? Rassurez-vous c'est normal.

santafe

Si c'est chaud derrière, devant trois équipes se sont détachées et semblent se regarder avant le sprint final. Santa Fe est en roue libre. Assuré depuis longtemps d'être dans les quatre premiers, le club cardinale alterne le bon et le moins bon depuis sa victoire face à Millonarios fin août. Le moins bon c'est des défaites face à Rionegro ou face à Bucaramanga, voire la victoire à la maison face à Pasto. Le meilleur c'est cette victoire obtenue sur la pelouse de Junior avec une efficacité chirurgicale. Cette efficacité, marque de fabrique de cette équipe de Grégorio Pérez qui occupe actuellement la première place du classement (avec un match en plus par rapport à l'Atlético Nacional et à Junior). Même si on peut faire tout et rien dire à des statistiques, des chiffres résument bien ce Santa Fe. En dix-sept matches, dix-neuf buts marqués pour huit encaissés. À la décharge du club de la capitale, il y a eu une pénurie de blessure devant avec notamment les absences de Damir Ceter et de Wilson Morelo qui sont proches de revenir dans le groupe. Bonne nouvelle puisque John Pajoy pourrait être au frigo pendant quelques semaines après des propos déplacés contre Luis Sánchez, l'arbitre du match contre La Equidad. Match on va le dire franchement, indigeste. Rien ou presque à signaler entre deux équipes qui sont reparties heureuses du Campin. La Equidad équipe surprise de ce semestre, joue un des footballs les plus séduisants actuellement, c'est même la deuxième meilleure attaque derrière avec Junior (qui compte un matches de moins). Cette équipe a réussi à faire cohabiter des anciens comme le capitaine Stalin Motta et son buteur Carmelo Valencia (33 ans tous les deux) avec des jeunes qui ont explosé comme Diego Valoyes.

Derrière, l'Atlético Nacional continue son chemin tout seul et avec un calendrier…bizarre. Son match contre Tigres se jouera le 12 novembre. En octobre le dernier champion n'aura joué que deux matches de championnat, contre Once Caldas le 16 et contre Patriotas le 31. Difficile donc de suivre l'évolution de cette équipe qui peine à convaincre. Cette équipe est à des années lumières de celle de Rueda qui avait complètement survolé le championnat. Sans des individualités fortes comme Dayro Moreno ou Macnelly Torres, son jeu serait insipide. On attend toujours de trouver la patte Lillo, sur la durée d'un match en tout cas. Par moments il y a cette idée de possession et de circulation du ballon mais ça manque de mordant offensif. Pour les amateurs de L1, ça ressemblerait de loin au PSG de Laurent Blanc.

Le troisième larron de ce groupe de tête c'est Junior évidemment. L'équipe de Barranquilla a tout à gagner, ou à perdre en cette fin de saison. En course pour trois titres, Junior est sur une bonne dynamique. En finale de la Copa Águila face au DIM, il pourrait gagner son premier trophée le 7 novembre après son match nul 1-1 en territoire antioqueño. Pour ça il faudra gagner à la maison. Pas insurmontable. Dernière équipe colombienne sur la scène continentale, elle est partie pour être dans le dernier carré de la Sudamericana. En Liga, sans forcer Junior verra les quarts. Une des forces de cette équipe c'est son banc. Avec une équipe B pour défier Bucaramanga, « tu papá » n'a même pas eu le temps de trembler. Un but de Matías Mier d'entrée et un deuxième de Sebastián Herrera avant la demi-heure de jeu ont été suffisants pour s'éviter tout stress. Même la réduction de l'écart de Jhony Cano n'a pas inquiété le club de Barranquilla puisque presque dans la foulée Sebastián Hernández a mis un terme à tout suspense dans cette rencontre. À noter que comme Noël approche si vous ne savez pas quoi offrir au club de Bucaramanga, je vous conseille deux filets. Sans mettre une force extraordinaire Matías Mier et Sebastián Hernández ont transpercé la cage du gardien santandereano, tel Emmanuel Aznar, joueur de l'OM, en finale de la Coupe de France 1943 contre Bordeaux. De loin, cette équipe continue d'être la plus séduisante.

Dans le reste de la journée, Tolima continue son entrée discrète dans les qualifiés. Sans faire de bruit, le club d'Ibagué est toujours placé. Malgré un nul sans saveur face à Rionegro, le club Vinotinto est sixième et est un vrai candidat aux quarts de finale. Dernier de la classe, l'Alianza Petrolera a changé d'entraineur avec l'arrivée de Juan Cruz Real, un argentin inconnu passé par le Costa Rica ou les divisions inférieurs du Canada la semaine dernière. Sans réussite puisque le club oro y negro a perdu 2-0 à Tunja contre Patriotas. Dans l'autre match sans intérêt de la journée Once Caldas et Envigado se sont séparés dos à dos. Match nul 1-1 sur une pelouse détrempée. Si ce n'est pas cuit mathématiquement pour la qualification, on voit mal comment ces deux équipes pourraient espérer quelque chose.  Enfin, un petit mot sur l'Atlético Huila. Ce club est le plus touché par la grève des pilotes Avianca, la plus grande compagnie aérienne du pays. Du coup avec seulement quatorze matches disputés, le club compte trois matchs de moins que la plupart des équipes.

Top 5 des buts (J17)

Résultats

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Classement

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Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée