Depuis sa classification obtenue au mois de septembre, Santa Fe tourne au ralenti. Malgré l'engouement suscité par une affiche attendue depuis 6 ans, les joueurs de Gregorio Pérez n'ont pas pu venir à bout d'une équipe de l'América venu pour défendre pendant 90 minutes.

Après le derby capitalino et le match contre Nacional, le duel face à l'América a toujours été le rendez-vous le plus attendu par les supporters de Santa Fe. Premier champion de l'histoire du football colombien, Santa Fe nourrit cependant un certain complexe face à trois clubs qui comptent à la fois un plus beau palmarès et un plus grand soutien populaire. Dans le cas de l'América, la détestation se double d'un profond mépris lié au poids du cartel de Cali dans les années de gloire du club. Alors que l'América se bat pour ne pas descendre en deuxième division, où il a déjà effectué un séjour prolongé entre 2012 et 2016, les supporters du León n'ont donc pas manqué de placer le retour du clásico de rojos, sous le signe du "B".

Si Bogotá n'est pas qu'une terre hostile pour l'América qui y compte de nombreux supporters, ayant pour habitude de venir encourager leur équipe à l'hôtel la veille des matchs, ce soutien n'est pas du gout des barras de Santa Fe et de Millonarios, qui s'en sont pris tour à tour aux bus transportant les fidèles de la Mechita.

À ces tristes images, on préfèrera retenir la beauté d'un stade plein et bruyant, vêtu principalement de rouge, mais également parcouru par les fantômes immaculés de la B. Alors que l'affluence moyenne du Campin pendant le tournoi de clôture plafonne en dessous de 15000 spectateurs, matchs de Millonarios et de Santa Fe confondus, l'affiche du week-end en a réuni près du double. Si le spectacle a donc été au rendez-vous dans les tribunes, ce fut beaucoup moins le cas sur le terrain. Favori de la rencontre, Santa Fe a pâti de l'état catastrophique d'une pelouse encore marquée par le passage de U2 début octobre et ayant souffert des pluies diluviennes qui se sont abattues sur Bogotá pendant une semaine.

L'affaire aurait pu être beaucoup plus facile pour l'équipe de la capitale si Baldomero Perlaza avait remporté son duel avec le portier de l'América Carlos Bejarano à la huitième minute de jeu. Face à une équipe visiteuse disposée en 4-5-1, recroquevillée dans sa moitié de terrain, les hommes de Grégorio Pérez se sont uniquement montrés dangereux sur les coups de pieds arrêtés de Juan David Valencia (21e, 45e). Sur le premier, le Campin avait cru à l'ouverture du score de Wilson Moreno, avant que celui-ci ne soit signalé hors-jeu. En réponse aux moqueries de la barra brava de l'América, les supporters de l'équipe cardinal entamait un "qui ne saute pas va à la B" repris par tout le stade.

Après la mi-temps et quelques chambrages dans les coursives entre le virage Nord et la tribune orientale, le deuxième acte reprenait sur le même rythme. Alors que les défenseurs abusaient du jeu long, au milieu Kevin Salazar, entré à la 66ème minute à la place d'Anderson Plata ne parvenait pas à éclairer le jeu. A 21 ans, celui qui a refusé de signer en Turquie pour des questions religieuses, affiche une nonchalance à la Bodmer et peine toujours à justifier les espoirs placer en lui. Dans une fin de match disputée sur un rythme de sénateur, un rush improbable du défenseur central de l'América, Eder Castañeda, stoppé au milieu de terrain, aurait pu gâcher le travail de sape de l'América, mais sur le contre, Wilson Morelo ne parvenait pas à s'ouvrir le chemin du but. Au final, à l'issue du duel entre techniciens uruguayens, c'est l'entraineur de la Mechita, Jorge Polilla da Silva, qui pouvait repartir avec le sourire. Auteur d'un tir non cadré en 90 minutes, l'América reste maitre de son destin avant de disputer un match de la mort contre Bucaramanga au stade Pascual Guerrero. En cas de victoire, le club de Cali ferait coup double en assurant à la fois son maintien dans l'élite et sa classification pour les quarts de finale.

Aymeric Bernilar
Aymeric Bernilar