Quatre équipes jouaient leur survie dans l'élite du football colombien lors de cette dernière journée de Liga Águila. Dans le match le plus tendu, parce qu'il concernait les deux équipes, l'América a sauvé sa tête en s'imposant sur la plus petite des marges. Bucaramanga s'est sauvé après un scénario fou.
Il fallait gagner « si o si », pas de lendemain ou de prochaine journée. Quatre équipes jouaient gros samedi après-midi. Bucaramanga, l'América, Cortuluá et Jaguares. Ce qui au passage a suscité la polémique puisque les trois premières équipes se sont senties flouées en raison de la forte chaleur, et donc l'avantage non négligeable pour l'équipe de Montería. Retour sur un après-midi de folie en trois actes.
Premier acte direction Cali, au sud-ouest du pays. Évidemment c'est dans un Pascual rempli et incandescent que l'América jouait son maintien face à Bucaramanga. Un adversaire qui jouait lui aussi sa survie, avec un entraineur, Jaime de la Pava, champion avec l'América au début du siècle, tout était réuni pour un match à haute tension. Heureusement pour les supporters Escarlatas, ils n'ont pas eu à trembler longtemps. Après une belle action collective, James Aguirre, le portier santandereano a fauché William Arboleda dans la surface. Offrande convertie par Cristian Martínez Borja, le meilleur buteur du club et qui commence à prendre de plus en plus d'importance depuis son arrivée en 2016 puisqu'il avait déjà été un grand artisan de la remontée. Suffisant pour se maintenir, non sans frayeur comme sur un coup-franc détourné par le même Arboleda qui a failli tromper le gardien de l'América. Ce maintien de l'América est tout sauf illogique. Demi-finaliste lors du premier semestre, cette équipe a fait coup double avec la victoire puisqu'elle sera présente au rendez-vous des quarts. Malgré une grosse baisse de régime ce semestre qui aura coûté sa place à Hernán Torres. Pas rancunier, l'entraineur uruguayen, Jorge Da Silva n'a pas manqué de saluer le travail de son prédécesseur.
#RuedaDePrensa: "Tengo que hacerle un reconocimiento al cuerpo técnico anterior, dejaron un grupo en perfectas condiciones. Lo que hoy logra América no logra solo este cuerpo técnico sino también el cuerpo técnico anterior", Jorge Da Silva, técnico de América.
— América de Cali (@AméricadeCali) 18 novembre 2017
Traduction : « Je dois reconnaître le travail du staff technique précédent, ils ont laissé un groupe en parfaite condition. Ce que réussi l'América aujourd'hui, ce n'est pas seulement ce staff technique qui le réussi mais aussi le staff technique précédent ». Maintenant c'est Junior qui va se dresser face à la Mecha pour une place en demi-finale, et faire donc au moins aussi bien que l'équipe dirigée par Hernán Torres au semestre précédent. Mais ça c'est une autre histoire.
Pour le deuxième acte, on va monter presque verticalement direction la côte caribéenne (oui je sais ça fait rêver) pour rejoindre la ville de Montería, siège de l'équipe de Jaguares. Des équipes en lice pour le maintien, c'est celle dont on avait le moins de doute sur ses chances de se maintenir. Déjà, le club félin recevait Rionegro, pire équipe du semestre avec ses 18 points en 20 matches, et ensuite cette équipe est une des plus séduisantes du semestre, sans star mais avec un collectif bien huilé et sous la direction d'Hubert Bodhert. L'entraineur cartagenero avait réussi à envoyer le Real Cartagena en Liga Águila en 2008 et l'avait qualifié pour la phase de groupe (ancienne formule avant les quarts de finale) lors du tournoi de finalisation en 2009. Cette équipe était en plus sur une bonne série puisque avant la réception de Rionegro elle n'avait perdu qu'un seul de ses neuf derniers matches (face au DIM). Ensuite, évidemment au milieu de l'après-midi sous une forte chaleur (il fait entre 26 et 30°, voire plus toute l'année) l'équipe antioquena allait souffrir. Dans un stade plein pour la première fois de la saison et donc dans une chaude ambiance le scénario était écrit. Un bon vieux pointu d'Eder Steer juste avant la demi-heure et une belle action collective conclue par Darwin López juste après l'heure de jeu ont suffi pour éviter de se faire une frayeur. Coup double au passage également puisqu'en plus du maintien, Jaguares jouera pour la deuxième fois consécutive les quarts. Cette fois ça sera face à Santa Fe. Rionegro de son côté termine bon dernier du « todos contra todos » avec 18 points au compteur, quatre victoires et seulement 16 buts marqués. Rien à dire de plus.
Pour le dernier acte, direction la région du café, et Manizales plus précisément où Once Caldas (sans Maturana démis de ses fonctions cette semaine) recevait Cortuluá. Ce match n'a pas été le plus flamboyant de la journée. Au contraire des deux premiers actes, celui-là se jouait dans un théâtre malheureusement vide. Depuis bien trop longtemps les supporters de l'Once ont déserté Palogrande (et ses 30 000 places quand même) devant les mauvaises performances de l'équipe. Une heure de jeu sans rien à signaler, avec le but de l'América, Cortuluá pouvait se contenter de jouer à gagne petit puisque ce point lui assurait le maintien. Et puis tout s'est emballé avec trois corners. Sur le premier, bien placé au deuxième poteau Sergio López a ouvert le score pour le vainqueur de la Libertadores en 2004. Alors qu'on pensait Cortuluá condamné, sur le deuxième Brayan Fernández à l'affut a poussé le ballon pour égaliser. Et là c'est le drame. À la 92e, Miguel Nazarit, le jeune défenseur de l'Once, pur produit du club a conclu en force le troisième corner important de la soirée. Celui qui a envoyé l'équipe vallecaucana à l'étage inférieur. Immédiatement après le match, Carlos Ibargüen joueur de Cortuluá a lâché « Hacen (Once Caldas) una campaña horrible todo el año y hoy se juegan la vida contra nosotros por 700 millones. Pero bueno, así es esto ».
Suaves declaraciones de Carlos Ibargüen. pic.twitter.com/8qedwRmj9v
— Daniel Ramírez™ (@DaniFRamirez) 18 novembre 2017
Traduction : « Ils (les joueurs d'Once Caldas) ont fait un campagne horrible toute l'année et aujourd'hui ils ont joué leur vie contre nous pour 700 millions (de pesos colombianos). Mais bon c'est comme ça ». Ces accusions évidemment ont fait réagir le club de Caldas qui dans un communiqué a demandé « une sanction exemplaire pour punir le comportement irresponsable du joueur qui a mis en cause l'honneur des membres de l'équipe de Caldas en les accusant de conduite antisportive ».
En plus d'être graves, ces accusions non-fondées ne peuvent servir d'excuse au club « corazón ». Cette descente est la conclusion logique de plusieurs décisions depuis sa demi-finale lors du tournoi d'ouverture en 2016. Des joueurs comme Pablo Mina, Miguel Borja ou Jown Cardona n'ont pas été remplacé. Cette saison, les renforts, notamment étrangers ont été des brésiliens venant de clubs mineurs ou Germán Caffa le gardien argentin de 37 ans. De plus, la décision de faire venir Néstor Otero qui était en perdition du côté de Rionegro n'était certainement pas la meilleure décision, notamment après un premier semestre indigeste terminé à la dernière place.
Dans le reste de la journée, le DIM a perdu sa place dans les huit après son match nul dans le Clásico contre l'Atlético Nacional (lire notre inside). Pour l'équipe Verdolaga, il faudra faire son meilleur buteur Dayro Moreno pour le quart-de-finale face à Tolima puisqu'il a été expulsé à la suite d'une échauffourée avec Didier Moreno. Santa Fe continue d'avancer pas à pas sans rêver. Alors qu'il avait l'occasion de terminer leader de cette première phrase, le club cardinale n'a pu faire mieux que 0-0 face à l'Alianza Petrolera dans un match bien ennuyeux. Il faudra faire mieux pour passer l'obstacle Jaguares. Cette place de leader a donc été prise par Junior. À noter qu'on a assisté à l'acte le plus honteux de cette dernière journée. Initialement prévu samedi soir, le match entre le prochain demi-finaliste de la Copa Sudamericana et le Deportivo Pasto a été reporté au dimanche en raison de l'attaque du bus de l'équipe visiteuse blessant au passage, le capitaine Carlos Giraldo et deux membres du staff technique. Junior, avant de se rendre au Brésil pour affronter Flamengo s'est imposé sur la plus petite des marges grâce à un coup-franc de son gardien Sebastián Viera. Millonarios a bien terminé sa saison. Face à une équipe en vacances, le Deportivo Cali, le club de la capitale s'est facilement imposé 5-1 dans un match à sens unique. Dernière tête de série, le club qui vise une qualification directe en Libertadores affrontera La Equidad en quart.
Les quarts (matchs aller chez le premier cité)
América – Junior
Jaguares – Santa Fe
Tolima – Atlético Nacional
La Equidad – Millonarios
Résultats

Classement



