Matchs aller des quarts de finale de la Liga Águila. Pour le moment toutes les affiches restent ouvertes. Junior a gardé ses chances face à l'América. Seule surprise, l'Atlético Nacional est en grand danger après sa défaite face au Deportes Tolima.

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Enfin. On attendait le début de ces quarts de finale avec impatience tant les équipes du haut de tableau étaient au petit trot depuis plusieurs semaines. Alors on ne s'est pas levé du canapé non plus tant les matches ont été fermés mais il y a des enseignements à tirer.

Honneur au premier du classement du « todos contra todos », Junior en déplacement sur la pelouse de l'América pour ce qui est certainement la plus belle affiche sur le papier. En course pour une place en finale de la Sudamericana (contre Flamengo, match retour ce jeudi à Barranquilla après avoir perdu 2-1 à Rio), on attendait donc de savoir quelle composition allait mettre Julio Comesaña. En voyant le onze on a rapidement été fixé, priorité au match de jeudi. Pas de Téo, pas de Chará, pas de Pico ou de David Murillo. Côté América, le capitaine Diego Herner manquait à l'appel. Seul absent de marque. De quoi nous mettre l'eau à la bouche. Ce match avait tout pour être plaisant mais il s'est transformé en boucherie avec dix cartons jaune au total. Digne des OM/PSG du début des années 90. Des tacles très limites, des coups au visage et un combat de rue. Un miracle que les vingt-deux acteurs aient terminé la rencontre. La faute à Olmes García qui à la demi-heure de jeu a balancé un défenseur de Junior dans les panneaux publicitaires derrière la cage de Sebastián Viera. Geste totalement inutile qui lui a valu un carton jaune et qui a surtout déclenché une baston générale. Dommage parce que côté terrain, il y avait des choses à signer. Notamment pour l'équipe tiburón qui a dominé son sujet. Un homme a notamment été intenable sur son couloir droit, Marlon Piedrahita. Le défenseur, arrivé cet été du DIM revit et a été dans presque tous les bons coups de son équipe. C'est lui qui a amené le plus de danger que ça soit en apportant le surnombre pour se retrouver en position de centrer, soit en frappant lui-même, comme en début de deuxième période où il manqué le cadre pour quelques centimètres. Pas meilleure finition pour Luis Díaz qui était chargé de remplacer Téo à la pointe de l'attaque. Deux grosses occasions, une, bien stoppée par Carlos Bejarano et l'autre sans précision. Les joueurs escarlatas se sont eux contentés de bien défendre mais ont été très dangereux sur coup de pied arrêté, avec notamment un coup-franc de Juan Camilo Ángulo qui prenait la direction du soupirail qui a obligé le gardien et capitaine uruguayen de Junior à sortir l'arrêt du match. Même l'entrée en fin de match de « Chateo » n'a rien changé et tout se jouera donc à Barranquilla. En espérant voir un match qui ressemble un peu plus à du football.

Le champion sortait lui est déjà en danger. En déplacement à Ibagué pour affronter le Deportes Tolima, le Nacional a plus que souffert. Sans Dayro Moreno, Juan Ma Lillo a innové partout. Habituel titulaire à droite, bascule à gauche pour Daniel Bocanegra (qui n'a pas la capacité de centrer du gauche). Arley Rodríguez seul vrai joueur de couloir offensif. Voilà les grosses surprises du onze de départ. Dans ces conditions, évidemment ça a été très difficile d'apporter du danger sur la cage de Joel Silva. Pire, il a fallu attendre le dernier quart d'heure pour voir enfin une action sérieuse. Avec une tête de Ruiz qui a trouvé la barre et au bout du temps additionnel, Arley Rodríguez a manqué la balle de l'égalisation. Oui la balle de l'égalisation puisque défensivement los Verdolagas ont failli. Avec notamment un match à oublier pour Felipe Águilar. Le défenseur central a d'abord concédé un pénalty peu après l'heure de jeu. Sentence repoussée par Franco Armani, encore excellent. Au passage, le gardien argentin a déposé tous les documents en vue d'obtenir la naturalisation colombienne, elle sera maintenant soumise à un examen sur la Colombie (histoire, géographie, constitution etc …). C'est encore le défenseur central international qui a perdu son duel dans les airs face à Sergio Mosquera, le défenseur central tolimense pour le seul but du match. Les joueurs de Gamero se rendront à Medellín samedi soir avec un but d'avance, un but qui n'est absolument pas volé au vu de la rencontre. Pour le club le plus titré du pays, une défaite et une élimination prématurée pourrait faire tomber la tête de son entraineur. Cette équipe est tout simplement à des années lumières de son jeu de la saison passée. Entre schéma tactique hasardeux (il a oscillé entre une défense à 3 et une défense à 4 tout au long du semestre) et difficulté à marquer, la dépendance « Dayro Moreno » saute de plus en plus aux yeux. Samedi, il sera de retour de suspension mais pas certain que ça soit suffisant.

Les deux gros clubs de Bogotá ont connu le même sort mais n'ont pas laissé la même impression. Millonarios pour commencer, avait un très court voyage pour affronter La Equidad dans ce qui semblait le match le plus indécis des quarts de finale. Avec un potentiel offensif intéressant des deux côtés on s'attendait à un match riche en occasion, il n'en n'a rien été. Au final match assez fermé entre deux équipes qui ont surtout pensé à bien défendre. On a dû attendre deux erreurs pour voir des buts. La première juste avant la pause. Sur un tir peu puissant, Cristian Bonilla, le gardien asegurador a cafouillé pour laisser Santiago Mosquera le dribbler et centrer pour la tête de l'inévitable Ayron del Valle. La deuxième juste après la reprise. Un coup franc parfaitement tiré de Stalin Motta repris par un Jean Carlos Blanco laissé étrangement seul dans la surface. Au final ce nul est plutôt logique et ne fait finalement les affaires de personne dans la mesure où le but à l'extérieur ne compte pas double en cas d'égalité. Il faudra donc faire bien mieux mercredi soir au Campin (les quarts de finale retour sont étalés sur cinq jours) pour les deux équipes. À noter l'excellent match du latéral gauche de La Equidad, Andrés Correa qui petit à petit s'impose comme le meilleur du championnat à ce poste du haut de ses 23 ans.

Santa Fe lui, jouait dans des conditions bien plus compliquées avec la chaleur caractéristique de Montería. Face à Jaguares, l'équipe cardinale a été égale à elle-même, avec l'efficacité en moins. Peu d'occasions concédées, une solidité défensive, à l'Ouest rien de nouveau. Tout juste un petit frisson en début de match sur une belle frappe de Pablo Rojas détournée en corner par le gardien international Leandro Castellanos. Là où on était habitué à mieux du côté du vainqueur de la Copa Sudamericana 2015, c'est au niveau de la finition. Deux grosses occasions manquées, une pour Wilson Morelo qui a vu sa frappe repoussée par Sebastián López, le portier « félin », et l'autre par Anderson Plata sur une contre-attaque éclair qui a vu sa frappe échouer à quelques centimètres du poteau. Ce score nul et vierge fait évidemment les affaires du club de la capitale dans la mesure où Jaguares devra sortir une performance monstrueuse à 2 600 m pour voire le dernier carré. Compliqué à imaginer surtout quand on sait que cette équipe n'a pas réussi à inquiéter plus que ça son adversaire pourtant à dix contre onze pendant une demi-heure. C'est d'ailleurs la seule ombre au tableau puisqu'après deux avertissements, le milieu défensif Yeison Gordillo a vu rouge et sera donc absent jeudi au Campin.

On a donc eu le droit à des quarts assez fermés, pour ne pas dire décevants. Le suspense reste donc entier dans les quatre matches avec notamment un Atlético Nacional qui est l'équipe la plus en danger et qui jouera très gros. Ce pourrait être la grosse surprise de ces quarts de finale et la seule tête de série à prendre la porte. À suivre également le match retour de Junior qui jouera en milieu de semaine sa demi-finale retour et qui pourrait donc laisser des forces dans l'histoire. Vivement le week-end déjà.

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée