Avec onze points d'avance sur la neuvième place, Millonarios a plus qu'un pied en quadrangulaire. Toujours invaincu, Junior n'est pas loin non plus de faire ce pas décisif. Derrière l'América et Cúcuta craquent.

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On pensait que Millos allait ralentir, commençait à baisser un peu le pied après un nul contre Santa Fe et une défaite sur la pelouse de Pasto. Le club embajador est reparti de plus belle. Deux victoires consécutives, dont une convaincante sur la pelouse de l'Alianza Petrolera. Ovelar blessé, son remplaçant Fabian González en profite pour s'illustrer. Deux buts pour lui et pas des moins importants. Il avait égalisé contre Santa Fe dans le match entre les deux gros de la capitale. Contre Cúcuta il a marqué le seul but du match, celui qui permet au club de faire un grand pas vers la qualification pour les quadrangulaires. Oublié donc la mauvaise passe. Millos gère cette fin de saison et peut s'offrir le luxe d'attendre le retour de ses blessés, Ovelar et Duque notamment, et de les mettre dans les meilleures conditions pour les quadrangulaires. Les choix faits par Pinto au mercato s'avèrent payants. Alex Rambal a bien pris la place de Cadavid. Devant, on l'a dit Fabian González marque. Et au milieu un joueur est en train de prendre une dimension, Felipe Jaramillo. Arrivé de Leones du haut de ses vingt-deux ans il est devenu titulaire indiscutable dans l'entrejeu et est une des grandes révélations de la saison. Présent à la récupération, simple dans son jeu pour trouver à une ou deux touches ses créateurs, il est intouchable dans le système Pinto. Si le calendrier va un poil se compliquer dans la dernière ligne droite, avec notamment match contre Tolima, Junior, l'América ou Santa Fe, pas de quoi s'affoler puisqu'une seule victoire devrait suffire pour s'assurer définitivement un ticket vers le titre.

Ce ticket est aussi quasiment dans la poche de Junior. Mais le dernier champion avance au ralenti. Trois nuls consécutifs, dont deux concédés dans les cinq dernières minutes, pas de quoi sauter au plafond donc surtout que le principal objectif de ce premier semestre, sortir du groupe en Libertadores ne sera pas atteint. La fin de la phase régulière devrait donc être à peine pimentée par le calendrier, avec la réception de l'Atlético Nacional ce week-end notamment. La bonne nouvelle est qu'avec la rotation mise en place par Luis Fernando Suárez, Michael Rangel en profite pour marquer et se mettre en confiance avec deux buts en dix jours. Il pourrait prendre la place de Teó en Libertadores. Même chose également pour Freddy Hinestroza qui effectue son rôle de doublure parfaitement. Pour le reste circulez, il n'y a rien à voir. La défense est toujours le point faible de l'équipe. Notamment dans sa surface où elle cède beaucoup trop. À la maison contre Magadalena, contre La Equidad dès les premiers instants ou à Arequipa contre Melgar en Libertadores, autant d'erreurs individuelles et beaucoup trop de passivité pour une équipe qui avait l'ambition de sortir de son groupe sur la scène continentale et de gagner un second titre consécutif. Avec les départs, probables, de Luis Díaz, Gabriel Fuentes et la nécessité de renforcer la défense centrale, le risque de voir tous les objectifs s'envoler définitivement est là.

Derrière les deux, il y a un groupe de trois équipes aux trajectoires bien différente. La victoire dans le clásico contre le Deportivo n'a pas fait que du bien à l'América. Une seule victoire en quatre matches, contre Jaguares à la maison grâce à un exploit individuel, et deux défaites consécutives surprenantes contre des équipes qui n'ont rien à espérer ou à craindre. À la maison contre La Equidad et contre Huila on a vu la plus mauvaise version de l'équipe escarlata de cette année. Certes Carlos Bejarano, homme fort de la saison, est blessé mais cette équipe semble tout simplement s'endormir sur ses lauriers. Difficile à croire quand on sait que ce n'est pas le genre du Pecoso Castro, mais l'équipe ne propose rien depuis trois semaines. Inquiétant au moment de recevoir son voisin ce week-end au Pascual pour le deuxième clásico du semestre. Tout autre dynamique pour le surprenant Deportivo Pasto qui fait tomber des gros. Victoire à la maison contre le DIM et Millonarios et surtout victoire contre l'Atlético Nacional à l'Atanasio. Quatre victoires consécutives et donc une remontée spectaculaire au classement pour s'installer dans le groupe des qualifiés. Pas forcément l'objectif pour cette équipe qui se bat surtout pour ne pas descendre. À l'image de l'Once Caldas la saison passée, pas de joueur au talent individuel hors du commun, c'est surtout la force collective que dégage cette équipe qui est à souligner. Très peu d'occasions concédées, co-meilleure défense avec Millonarios, et efficacité maximale en ce moment. Avec quinze buts en quatorze journées seul l'Once Caldas a une moins bonne attaque dans ce groupe de huit. Enfin le Deportes Tolima arrive à jongler sur les deux tableaux, Liga et Libertadores, avec plus ou moins de réussite. Petite victoire en fin de match contre l'Atlético Nacional et contre l'Unión Magdalena. Toujours solide à la maison, son objectif immédiat sera de sortir de son groupe de Libertadores. Avec la réception de Boca et un déplacement en Bolivie ce sera tout sauf facile. Mais la bonne nouvelle c'est que Marco Pérez s'est mis en marche et commence à enchainer les buts. L'homme fort de l'année dernière était en difficulté et ses deux premiers buts en Libertadores pourraient le débrider totalement. Pas de nuage à l'horizon donc sur la scène nationale où l'avance devrait être plus que suffisante pour aller plus loin que cette phase de « todos contra todos ».

Beaucoup plus de nuages au-dessus de Medellín où l'Atlético Nacional patauge est n'est toujours pas dans le bon wagon. Cette équipe continue de souffler le chaud et le froid sans savoir véritablement où elle va. Entre victoire à Cúcuta et défaite à la maison contre Pasto difficile de trouver le fil conducteur. Surtout offensivement où Paulo Autuori ne trouve pas la bonne formule. Le jeu offensif produit est bien faible à l'égard du standard de cette équipe. Toujours autant de difficulté à marquer et même à se créer des occasions. Inquiétant aussi cette capacité à totalement disparaître du match pendant quinze, vingt minutes voire une période entière comme à Cúcuta. Lors du dernier match, à la maison contre l'Alianza Petrolera, le club verdolaga a encore eu toutes les difficultés pour s'imposer. Un but de Duarte à un quart de la fin est venu jouer le rôle de l'arbre qui cache la forêt. Premier but de la saison au passage pour l'ancien attaquant de Huila qui est de plus en plus visé par les supporters. Si la situation n'est pas encore critique, un match en moins et seulement deux points de retard sur le huitième, on peut se demander ce que cette équipe peut réellement viser dans ces conditions. Quand Hernán Barcos n'est pas là, tout s'effrite mais ça n'est pas la seule interrogation. Des joueurs de couloir aucun n'arrive à s'imposer et enchainer plusieurs prestations convaincantes, chacun a ses fulgurances, que ce soit Vlad Hernández, Yerson Candelo ou Jean Lucas Rivera. Collectivement cette équipe ne dégage rien et ça se voit.

C'est en revanche mission impossible pour le DIM et Santa Fe. On va commencer par Santa Fe. Aucune victoire en Liga ce semestre. On l'a dit et on pourrait le redire éternellement, tout est à reconstruire dans cette équipe. Les joueurs ont tout simplement peur de gagner. Même après une ouverture du score à quinze minutes de la fin comme sur la pelouse de Bucaramanga. La fin de saison sera un calvaire c'est une certitude. L'objectif sera d’essayer de s'imposer pour sauver les apparences. Une victoire contre Millonarios apporterait un peu de baume au cœur à ses supporters. La reconstruction pourrait commencer dans les prochaines semaines avec l'arrivée de Patricio Camps, ex-assistant de Pékerman, sur le banc. Elle passera aussi par un renouvellement massif de l'effectif. Oubliée la Sudamericana 2015, oublié le titre en 2016, cette équipe n'a plus cette force collective, sublimée par Omar Pérez, qui lui permettait de s'imposer en détruisant le jeu adverse. Pour le DIM, la nouvelle tête sur le banc va arriver très prochainement puisque l'entraineur équatorien Octavio Zambrano a été démis de ses fonctions. Rythme de tortue avec quatre points sur les quatre derniers matches. Toujours pas de progression dans le jeu avec seulement trois victoires en quatorze journée. Il y a de quoi être inquiet pour le DIM qui a raté la Libertadores et devrait donc subir des pertes financières importantes. Le futur de Cano, Castro ou Ricaurte, les plus grosses valeurs marchandes de l'effectif, devrait s'inscrire loin du club. Avec deux matches à la maison contre deux adversaires à sa portée, le carton plein est impératif pour espérer coiffer tout le monde au poteau. Utopique au vu de la situation actuelle même si les places qualificatives ne sont qu'à cinq points.

Dans la lutte pour le maintien, Rionegro a pris la dernière place. Une seule victoire, lors de la quatrième journée, et plus rien. Mais vraiment rien. Deux changements d'entraineur, rien n'y fait. Ses huit défaites en font la plus mauvaise équipe de la ligue. Derrière un groupe de trois avec l'Alianza Petrolera, l'Unión Magdalena et Envigado. Ça tombe bien puisque Rionegro recevra la deuxième équipe citée ce week-end dans un match crucial pour le maintien. Magdalena est sorti de la zone rouge après avoir cartonné Patriotas à la maison. Ultra solide à domicile, deuxième équipe de la Liga, elle n'a pas encore réussi à s'imposer hors de ses bases. Comme Huila trois points devant ce groupe qui ira à Envigado pour un match tout aussi important. Hasard du calendrier les six derniers s'affrontent d'ailleurs ce week-end avec l'Alianza Petrolera qui recevra Cúcuta. Une chose est sûre, si Rionegro semble la moins armée pour se sauver, cette bataille semble partie pour durer jusqu'au bout de la saison.  

Classement

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Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée