Fin de la phase « todos contra todos » et donc seulement huit équipes peuvent encore espérer remporter le titre de champion. Sauf Santa Fe et le DIM, tous les gros sont là et deux surprises sont invitées à la fête. Sauras-tu les retrouver ?

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Terminé le système de l'année 2018 avec quarts de finale, demi-finales et finale. Place donc à un quadrangulaire avec deux poules de quatre équipes qui vont s'affronter pendant six journées afin de déterminer les deux premiers de chaque poule qui s'affronteront lors d'une grande finale en aller-retour. Ce système n'est pas nouveau, mais pour être champion cette année, il faudra donc jouer vingt-huit matches et certainement terminer sans ses internationaux qui pourraient être de la Copa América et/ou la Coupe du Monde des moins de 20 ans qui commenceront très rapidement (Millonarios, le Deportivo Cali, Junior, l'América, le Deportes Tolima, l'Atlético Nacional sont concernés). Présentation des huit équipes en course pour décrocher l'étoile.

Honneur à Millonarios. Seul représentant de la capitale, le club embajador a survolé cette phase de « todos contra todos ». Onze victoires, seule équipe à avoir franchi la barre des dix victoires, co-meilleure équipe à domicile, meilleure équipe à l'extérieur, co-meilleure attaque et deuxième meilleure défense. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Mais au-delà des statistiques, c'est surtout dans le jeu que Millonarios a impressionné. Jorge Luis Pinto a fait des miracles à la tête d'une équipe qui avait manqué la dernière qualification. Cette équipe dégage une tranquillité et une domination qui en font clairement le favori pour le titre. Le danger peut venir de partout. Les trente buts marqués l'ont été par onze joueurs différents. Sur coup-franc, de loin, dans la surface, l'éventail est large et ce n'est pas anecdotique. Et puis, le groupe de Millonarios est largement à sa portée et ne devrait pas lui coûter d'énergie. Alors qu'est-ce-qui pourrait empêcher le club d'être champion ? La Copa América qui se profile pourrait lui prendre en cours de route Wuilker Faríñez, voire Roberto Ovelar qui pourrait être appelé avec le Paraguay et Felipe Jaramillo qui pourrait être dans le groupe élargi de quarante joueurs qui sera appelé par Carlos Queiroz.

Derrière, le Deportes Tolima a une belle tête de trouble-fête. D'abord c'est la seule équipe qui a réussi à s'imposer sur la pelouse du Campín contre Millonarios, avec la manière qui plus est. Et surtout, collectivement elle a montré qu'elle pouvait se hisser à la hauteur des grands évènements. Même si le contexte et la compétition sont différents, ce que Tolima a montré en Libertadores est une base solide pour commencer ce quadrangulaire. Marco Pérez, atout offensif numéro un la saison passée, n'est plus seul. Avec six buts, Luis González est le meilleur buteur du club. Mais l'international vénézuélien pourrait lui aussi être appelé par sa sélection pour disputer la prochaine Copa América (comme le portier Álvaro Montero). Offensivement l'équipe vinotinto est donc capable de marquer lors de n'importe quel match, mais peut aussi compter sur un gardien de niveau international. Avant la dernière journée, Montero était le deuxième gardien à avoir effectué le plus d'arrêts en phase de groupe de la Libertadores, juste derrière l'international bolivien Carlos Lampe. Deux points noirs, avec une seule victoire en Liga Águila sur les quatre derniers matchs, la dynamique est loin d'être bonne. Et la scène continentale pourrait lui coûter quelques forces qui auraient été les bienvenues au vu du groupe terrible qui l'attend.

tolima

La dernière équipe qui semble la mieux armée pour espérer décrocher le titre, c'est le Deportivo Cali. Deuxième place au classement avec trois victoires sur les quatre derniers matchs et deux immenses atouts. À la différence de Millonarios ou même de Tolima, le Deportivo Cali a un buteur en grande forme et capable de faire la différence sur une seule action. Avec treize buts en dix-huit matches, Juan Dinenno est un des hommes forts de ce semestre de Liga Águila. Il a marqué tout simplement 60% des buts de son équipe. Et comme les deux autres favoris, il y a un portier international pour veiller au grain. Camilo Vargas est lui aussi à un niveau exceptionnel et devrait, sauf énorme surprise, partir pour la Copa América, où il pourrait même prendre la place de David Ospina qui n'a pas énormément joué cette saison. Solide à la maison, co-meilleure équipe, il faudra qu'elle prenne des points et s'imposer hors de ses bases. Ce qui n'a été fait qu'à trois reprises ce semestre contre Patriotas, Santa Fe et contre un América qui était alors à la dérive. Mentalement, en allant chercher la qualification pour le prochain tour en Sudamericana contre Guarani au Paraguay, elle a prouvé qu'elle avait des ressources de ce côté-là. Mais il faudra faire sans Andrés Balanta et Deiber Caceido, deux joueurs importants, qui iront en Pologne représenter la Colombie au Mondial des moins de 20 ans.

Derrière ce groupe de trois, on a un autre groupe de trois qui lui est partira totalement à l'aventure. Le plus dans le brouillard est très certainement l'Atlético Nacional. Capable aussi bien de garder sa cage inviolée huit fois sur vingt et de se faire tarter 4-0 sur la pelouse d'Envigado, les certitudes sont proches de zéro. Ni offensivement ni défensivement, on a vu un fil conducteur ou une vraie progression dans cette équipe. La blessure de son défenseur central et capitaine Alexis Henríquez ne peut pas être une excuse. Un des joueurs qui n'a pas été au niveau auquel on l'attendait est le gardien José Cuadrado. Arrivé avec le statut de gardien numéro trois lors du Mondial russe, le portier international colombien n'a pas offert toutes les garanties. Offensivement, un seul joueur est au niveau : Hernán Barcos. L'attaquant argentin est l'homme clé dans le dispositif et le jeu d'Autuori. Pas seulement pour ses buts, mais ses déplacements, sa capacité à attirer les défenseurs, ses qualités de leader, il est déjà vice-capitaine derrière Aldo Leão Ramirez et Alexis Henríquez, en font le joueur fondamental de cette équipe. Si l'Atlético Nacional se hisse jusqu’à la finale, ça passera forcément par lui.

Le deuxième larron, c'est Junior. Si tu aimes le comique de répétition ce club est fait pour toi. Éliminé de toute compétition continentale, mais sans jamais risquer sa place dans le groupe de huit non plus, Antonio Char, le président du club de Barranquilla, a décidé d'écarter Luis Fernando Suárez pour rappeler pour la neuvième fois Julio Comesaña à la tête de l'équipe première. Mais rien n'a changé. Deux défaites en deux matchs dont une à la maison contre Melgar qui laissera donc Junior hors de toute compétition continentale. Les entraineurs passent, le troisième en trois ans, mais le scénario reste le même. Alors effectivement dans le jeu Junior ne proposait pas grand-chose, la défaite à Buenos Aires contre San Lorenzo a cassé un ressort, mais difficile de ne pas se poser des questions. Annoncé partant pour finalement rester, Teó n'a aucune influence positive dans le jeu de son équipe. Comme un symbole lors du dernier match de Suárez, il a raté une grosse occasion alors que le score était d’un partout. Défensivement cette équipe a montré des signes de fébrilité inquiétants également où chaque attaque donne l'impression de pouvoir se transformer en but. De favori pour le titre national et outsider continental, Junior est passé à rien du tout. Une équipe qui ne dégage rien. Comme si Jarlán Barrera avait emporté avec lui le football et l'âme de cette équipe. En juin, Gabriel Fuentes, Luis Díaz ou même Matías Fernández pourraient partir et il faudra écoper pour six mois. Et tout recommencer à nouveau.

aristeguieta

Enfin, de ce groupe l'América est certainement celui qui a la plus belle carte à jouer. D'abord parce que comme le voisin, il possède un buteur en grande forme sur ce semestre. Auteur de dix des vingt-six buts de son équipe, Fernando Aristeguieta est évidemment l'homme fort de cette équipe. Depuis le départ du Pecoso Castro l'équipe n'a connu qu'une seule fois la défaite sur les cinq dernières journées et a surtout retrouvé son niveau du début de saison. La mauvaise série avec la défaite à la maison contre le voisin semble loin. Ancien joueur, entraineur des jeunes et entraineur de l'équipe féminine au sein du club Jersson González a été confirmé dans ses fonctions ce qui était la meilleure chose à faire. La tête à l'endroit cette équipe est donc bien évidemment à prendre au sérieux. Au rang des bonnes nouvelles également, son gardien et capitaine Carlos Bejarano devrait également revenir ce qui ne sera pas de trop non plus. La clé sera d'aller chercher des points en altitude, ce que l'América a fait en allant arracher un nul contre Patriotas et contre Pasto ce semestre.

Reste donc les deux dernières équipes, pas prévues au départ mais qui ont arraché leur billet et qui sont plus que différentes. Le Deportivo Pasto d'abord. Solidité et régularité. La solidité d'abord puisque c'est tout simplement la meilleure défense de cette Liga Águila et notamment dans les gros matches. Ni Tolima ni Junior à la maison n'ont pu faire sauter le verrou. Millonarios, le Deportivo Cali et l'Atlético Nacional n'ont jamais trouvé la solution non plus et ont été piégés. La régularité ensuite parce qu'après un début difficile Pasto a enchainé une série de sept victoires et trois matches nuls en dix matches avant de terminer tranquillement en roue libre. Alexis Garcia a réalisé un travail remarquable à la tête d'une équipe sans joueur capable de faire la différence comme toutes les autres équipes de ce quadrangulaire. Pas spectaculaire offensivement, seule équipe des huit à ne pas avoir marqué vingt buts ce semestre et aucun buteur à plus de quatre buts, le Deportivo Pasto sera certainement l'équipe la plus pénible à jouer. Et à regarder.

Reste donc l'invité de dernière minute. Grâce à un finish très solide, cinq victoires et trois matchs nuls sur les neuf derniers matchs, l’Unión Magdalena a pu arracher le dernier billet. Notamment grâce à une puissance offensive plus qu'intéressante avec vingt-quatre buts marqués, mieux que le Deportivo Cali par exemple. Bien sûr avec neuf buts, Ricardo Márquez est le symbole de cette équipe, mais il est épaulé par le vétéran Luis Carlos Arias, passé notamment par le DIM, qui avec cinq buts a aussi été un artisan important de cette qualification. Le promu apporte donc une touche à ce quadrangulaire aussi agréable que la brise qui caresse sa ville de Santa Marta. Pour espérer quelque chose de plus beau encore, il faudra néanmoins serrer les vis derrière. C'est de loin la plus mauvaise défense des qualifiés. Avec un petit matelas dans la lutte pour le maintien, le plus dur va arriver dans les prochaines semaines. Márquez pourrait céder aux appels insistants venant des gros clubs locaux, voire même de l'étranger, il faudra le remplacer.

Pour ce qui est des groupes donc on aura le droit à un groupe de la mort et un groupe totalement déséquilibré. D'un côté, l'aquarium aux gros poissons puisqu'entre le Deportivo Cali, le Deportes Tolima, l'Atlético Nacional et Junior il n'en restera qu'un. De ce groupe, si Tolima semble le plus armé, on pourrait avoir le droit à six gros matches. De l'autre côté Millonarios est archi favori dans son groupe composé de l'América, le Deportivo Pasto et l’Unión Magdalena. Deux équipes en altitude contre deux équipes qui joueront dans une fournaise. Une chose est sûre, vivement ce week-end.

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée