Match au sommet dans le groupe A entre le Deportivo Pasto et Millonarios mais sans vainqueur. Pas de vainqueur non plus entre Junior et le Deportes Tolima qui laisse donc le Deportivo Cali revenir. La crise couve à l'Atlético Nacional

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On attendait ce match avec impatience. On n'a pas été déçu. Tout est parti très vite. Trop vite pour un Millonarios qui s'est fait totalement bouffer d'entrée. Un pénalty concédé, bêtement, d'entrée, pas assez attentif Matías de los Santos s'est laissé piéger par Andrey Estupiñán, le buteur de Pasto. Si Faríñez a repoussé le tir de Rojas, Vázquez a profité de l'apathie de la défense pour terminer de près. Le gardien international vénézuélien, qui devrait jouer son dernier match ce week-end avant de partir pour la Copa América, a tout simplement empêché à son équipe de se retrouver menée bien plus largement. Et si le club azul a un peu relevé la tête avec deux occasions, il a pris une belle frayeur également juste avant la pause où Estupiñán a trouvé la barre. Grosse intensité, gros pressing, ce seul petit but d'avance était très mal payé pour les joueurs d'Alexis García. Surtout que son adversaire aurait dû être réduit à dix après un tacle d'Andrés Román qui méritait bien plus que le jaune. Piqués au vif, les joueurs de la capitale ont relevé la tête au retour des vestiaires. Et ils sont rapidement revenus au score grâce à … Andrés Román qui s'est retrouvé à la conclusion d'un contre parfaitement mené. L'arroseur arrosé. Après le but, Pasto a souffert. Entré en jeu Ovelar a obligé Volpi à sortir une parade salvatrice. La fin de match a été moins emballante entre deux équipes qui n'ont surtout pas voulu se livrer et mettre un genou à terre. Ce match nul, logique au final vu que chaque équipe a eu sa période, n'arrange personne puisque l'America s'est imposé à l'extérieur et pourrait même revenir dans les rétroviseurs en cas de nouvelle victoire en milieu de semaine. Mais au vu du spectacle à près de 3000 m d'altitude ces deux équipes montrent qu'elles méritent de jouer la finale. Parce que collectivement, avec le Deportes Tolima, ce sont les équipes les plus fortes. Et celle qui sortira vainqueur du match « retour » à Bogotá aura fait un pas immense vers la qualification pour la finale.

 

Dans l'autre match du groupe, l'América fait ce qu'il faut pour se laisser le droit de rêver. À six points des deux leaders, il fallait absolument s'imposer sur la pelouse de l'Unión Magdalena. Malgré une petite frayeur en début de match, avec la barre trouvée par Jhojan Valencia, on a vu une Mechita largement dominatrice. Bien aidée par Ricardo Márquez contraint de sortir sur blessure et qui manquera les deux prochains mois de compétition. Un but lors de chaque période, avec un doublé d'Aristeguieta, et pas plus. Pas besoin de forcer contre une équipe qui a encore montré ses limites défensives. Cette victoire est la bonne opération dans ce groupe. Avec seulement quatre points de retard, l'America pourrait revenir à un point en cas de succès en milieu de semaine contre cette même équipe. Et pourquoi pas s'offrir deux finales, revenir du diable vauvert et accrocher une place en finale. Avec la réception de Pasto avant de terminer au Campín contre Millonarios, qui sera sans Faríñez. Si le scenario paraît encore improbable il pourrait en tout cas enflammer le Pascual si les deux leaders ne parviennent pas à se départager. Moins de suspense pour le club de Santa Marta. Si les quadrangulaires ne comptent pas dans la lutte pour le maintien (mais pour la reclassification finale et les tickets continentaux), le parcours sera à oublier. Nouvelle défaite, la deuxième à la maison. La très sale nouvelle est donc venue de la blessure de son attaquant Ricardo Márquez touché au pied et qui manquera le début de la Liga Águila II. La bonne nouvelle c'est que cette blessure, fracture au cinquième métatarse du pied gauche, devrait refroidir prétendants européens ou sud-américains, pour cet été. Le futur dira si c'est un mal pour un bien.

Dans l'autre groupe, pas de vainqueur non plus dans le match au sommet entre Junior et le Deportes Tolima. Match bien accroché, avec six jaunes, peu d'occasions et un final cruel. Retour à la « normale » pour Junior qui sous les ordres de Julio Comesaña apporte un peu plus de danger offensif avec Luis Díaz qui à l'approche de la Copa Am »rica retrouve son niveau de l'année dernière. Même chose pour Victor Cantillo qui s'est imposé comme le patron au milieu de terrain. C'est lui qui a créé la seule occasion de la première période sur une frappe bien repoussée par Montero. Et si la première période a été équilibrée, après la pause Junior a pris le dessus. Aidé par la sortie de Yeison Gordillo, pierre angulaire du milieu de Tolima, victime d'une rupture des ligaments croisés et qui manquera donc toute l'année. Logiquement Luis Narváez a ouvert le score sur pénalty, après une faute sur Díaz. Sans vraiment être en danger, le club de Barranquilla a perdu deux points précieux. Corner, cafouillage et Julián Quiñones de près vient égaliser. Si Cantillo a sollicité le portier Montero dans un duel d'internationaux colombiens sur la dernière action du match, c'est le gardien qui est sorti vainqueur. Ce match nul arrange aucune des deux équipes, qui se retrouveront ce week-end à Ibagué. Si Junior semble mieux placé puisque le Deportes Tolima pourrait perdre des plumes avec le match de Sudamericana en milieu de semaine à Buenos Aires contre Argentinos Juniors. Il faudra confirmer les progrès (légers) aperçus depuis deux matches. Pour son adversaire la perte de Gordillo est plus qu'un coup dur. Dans un effectif qui n'est pas énorme (tant en terme de quantité que de qualité), il ne sera pas aisé de retrouver un équilibre durable au milieu. Et ce nul permet surtout au Deportivo Cali de revenir dans les rétroviseurs de ces deux équipes.

Parce que oui le Deportivo Cali revient. Battu à la maison contre Junior, le club azucarero a enfoncé dans la crise l'Atlético Nacional. Ultra-dominateur tout le match il s'est pourtant fait surprendre en première période. Sur sa seule action, le club verdolaga a obtenu, et transformé, un pénalty. Si José Cuadrado a écopé en première période, il n'a rien pu faire après la pause. Trois buts en vingt minutes, dont un bijou de Carlos Rodríguez, pour plier le match. Ce score reflète bien plus la physionomie du match. Il y a eu une seule équipe sur le terrain. Sans forcer le Deportivo Cali a imposé sa loi, sans être en danger. Contrôle total au milieu, beaucoup d'occasions, c'est le visage du deuxième de la phase régulière qu'on a pu voir. Ce Deportivo Cali peut s'offrir le droit de jouer une finale à Barranquilla contre Junior lors de la cinquième journée. De l'autre côté l'Atlético Nacional s'enfonce lui dans une grosse crise. À la sortie du match Autuori a laissé entendre qu'il était prêt à partir. Après une (ou plusieurs réunions) avec ses dirigeants, il a été décidé qu'il resterait l'entraineur. Jusque quand ? En voyage au Brésil pour affronter Fluminense une grosse défaite pourrait être celle de trop. Quoiqu'il arrive même si mathématiquement la qualification reste possible, avec un point en trois matches, dont deux à la maison, voir la finale serait un miracle. Les blessures s'enchainent, il n'y a aucune progression, individuelle ou collective, difficile de trouver des coins de ciel bleu. Les prochaines semaines pourraient être cruciales pour le futur.

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée