Ils sont cinq à se partager la tête de la Liga Águila. Si on retrouve les habituels gros bras, Envigado se mêle aussi à ce groupe. L'Atlético Nacional est sur courant alternatif, Junior à l'arrêt, Santa Fe en crise.

banlomag

L'América avait deux gros matches à l'extérieur, en deux semaines dont le match au sommet de cette quatrième journée face à Junior qui sortait d'un bon match sur la pelouse du DIM et excellent à la maison. On va être clair, ce match a été plus que décevant. Mi-foot mi-lutte libre, près de quarante fautes avec un rouge de chaque côté. Le premier pour Duván Vergara, auteur d'un très sale geste sur un défenseur de Junior, le deuxième pour Marlon Piedrahita qui a tenté le tête contre tête avec Alexander Ospina l'arbitre de la rencontre. Pour ce qui est du foot, la première période a frôlé le néant : Junior sans idée avec le seul Luis González capable d'apporter un peu de dynamisme devant et une équipe escarlata venue pour défendre. La deuxième période a été un peu meilleure, surtout côté Junior, qui a été plus dangereux, sans mettre une pression incroyable sur Neto Volpi le gardien brésilien de l'América. Pour le foot, il a fallu attendre l'entrée de Matías Pisano à vingt minutes de la fin. Il a fait la différence au bout du temps additionnel sur une action individuelle où il a obtenu et transformé un pénalty. Résultat cruel pour Junior qui s'incline donc pour la première fois de la saison à la maison. Le deuxième voyage s'est nettement moins bien passé justement contre une armada offensive massive. Contre le DIM tout avait pourtant bien commencé. Un but dans les dix premières minutes de Michael Rangel et une demi-heure de très haut niveau. Puis il y a d'abord eu cette égalisation juste avant la pause qui a lancé un récital du DIM, avec notamment une contre-attaque d'école dès le retour des vestiaires. Dans cette action tout a été parfait, avec un petit piqué magistral de Deinner Quiñones en guise de finition. L'América a ensuite totalement perdu le contrôle avec deux buts en deux minutes pour recevoir une petite fessée (chère à Pascal Dupraz). La deuxième période a été assez inquiétante, le club escarlata se faisant punir à chaque fois qu’il a essayé de proposer un peu de jeu, mais cette défaite n'a pas de conséquence dramatique puisque l’América reste dans le groupe des leaders, tous à égalité de points.

 

De son côté, le Deportivo Cali a beaucoup plus de football. À la maison contre une équipe de La Equidad venue sans intention et en victime, le club azucarero a continué sa petite balade tranquille. Domination totale et, à l'arrivée, une différence de deux buts plutôt flatteuse pour l’équipe visiteuse. D'abord très maladroit devant le but en première période, à l'image de Dinenno qui a manqué un pénalty, le leader du championnat a accéléré après la pause pour atteindre son rythme de croisière. Feiver Mercado avec une passe décisive s'impose finalement comme le complément parfait de Dinenno. Le capitaine Matías Cabrera, auteur du deuxième but de son équipe, est le guide parfait pour cette équipe. Mais alors qu’on les pensait sur les bons, les verts de Cali ont craqué sur la pelouse d’Unión Magdalena. Et un craquage total, le genre de match qui arrive une à deux fois par semestre, celui où rien ne va comme prévu avec d’énorme difficultés pour se montrer dangereux et inquiéter son adversaire et surtout des faits de jeu totalement contraire. Juste au retour des vestiaires, Abel Águilar, un ancien de la maison, a ouvert le score. Un but qui aurait dû être refusé pour une position de hors-jeu. Le début d'un long calvaire terminé par le deuxième but de Juan Carlos Pereira. Si pour le moment, on va privilégier la théorie de l'accident, ce match sonne comme un avertissement. Même contre une équipe qui joue le maintien le relâchement est interdit.

Dans le groupe des cinq leaders, on retrouve aussi Millonarios. Cette équipe est nettement moins impressionnante que lors du premier semestre, montre moins de maitrise, provoque moins de danger, mais l'essentiel est là, les points sont engrangés. Une bonne nouvelle certes à relativiser puisque pour le moment le calendrier est loin d'avoir été démentiel. Dominateur, surtout au retour des vestiaires, sans pour autant mettre une pression incroyable sur les cages de Jaguares, le club embajador a d'abord été mené sur sa pelouse avant de s'en sortir grâce à Felipe Román à un quart d'heure de la fin. Ensuite, sur la pelouse de Huila un autre but tardif de Juan David Pérez a permis à Millos d'arracher un point de haute lutte. La faute notamment à un but concédé d'entrée avec au passage une petite erreur de Wuilker Fariñez qui a relâché un ballon puissant. Le gardien international vénézuélien s'est par la suite largement rattrapé et a maintenu son équipe en vie. Après la pause, comme contre Jaguares, on a vu une bien meilleure équipe. Avec les débuts de son nouvel attaquant José Ortiz. Le buteur costaricien a déjà ouvert son compteur puisqu'il s'est offert un doublé en Copa contre le DIM. Doublé qui n'a cependant pas permis au club de se qualifier en quarts de finale.

Enfin Envigado est aussi présent dans ce groupe de tête. Le club de la banlieue de Medellín fait un début de saison presque parfait. On s'attendait à un coup d'arrêt après la défaite sur la pelouse de l'Alianza Petrolera, défaite logique après un non-match, mais le club a su se relever et s'est imposé contre un des outsiders de cette Liga Águila, le Deportes Tolima. Formé à l'Atlético Nacional, Arley Rodríguez a la tête de la recrue parfaite. Le frère d'Angelo, l'attaquant de Minnesota, est en train de remplacer à la perfection Moreno. En difficulté du côté de l'Atlético Huila, Wilmar Jordan est en feu. Auteur de trois buts en cinq matches, il est le deuxième meilleur de la Liga Águila derrière Germán Cano et à égalité avec Bayron Garcés et Danovis Banguero. À la tête de cette équipe Eduardo Lara, qui a dirigé toutes les catégories de la sélection colombienne des U17 jusqu'à la sélection A, fait des miracles sur le banc. Malgré la perte de ses deux meilleurs joueurs l'équipe est toujours à la lutte pour le maintien, qui est le véritable objectif. En voyage dans les hauteurs de Tunja pour affronter Patriotas, avant d'enchainer Junior et l'América, difficile d'imaginer que cette équipe restera dans le groupe des huit qualifiés.

 

Loin de ce groupe on retrouve Junior. Après la défaite à la maison, le champion en titre se déplaçait sur la pelouse de la lanterne rouge pour essayer de repartir de l'avant. Sans Luis González, entré à dix minutes de la fin, le champion en titre n'a quasiment rien montré. En tout cas trop peu pour prendre ne serait-ce qu'un point. La naïveté défensive de Ditta a permis à Anthony Uribe de marquer le seul but du match à un quart d'heure de la fin. Inquiétant. Notamment pour Julio Comesaña, l'entraineur uruguayen commence à être sérieusement malmené. Après cinq journées, Junior a déjà perdu trois matches, c'est à dire un match de plus que lors de la phase régulière du premier semestre. Difficile de voir la différence, dans le jeu, entre ce Junior et celui qui a commencé l'année civile. Pas illogique tant cette équipe repose sur ses individualités que sont Sebastián Viera, Víctor Cantillo, Luis González et Teófilo Gutiérrez. Quand les planètes sont alignées et que les quatre joueurs sont performants en même temps, cette équipe est presque injouable. Mais s'il en manque un ou si un est un cran de dessous, rapidement elle perd pied. Surtout, elle perd des matches qu'elle n'aurait pas perdus il y a quelques semaines. Lors du premier semestre elle avait fait douze (!) matches nuls. En cas de non victoire lors de la prochaine journée, avec la réception de Santa Fe, l'entraineur serait vraiment fragilisé.

« Ce n'est pas 90 minutes, c'est pour toute la vie ». En corollaire à la banderole affichée en tribune occidentale, les supporters de Santa Fe auraient pu ajouter que cela fait déjà neuf mois qu'ils attendent une victoire à domicile de leur équipe en Liga. Une attente qui peut sembler éternelle pour le premier champion de l'histoire du football colombien, habitué à jouer les premiers rôles ces dernières saisons. Si le spectre d'une relégation n'est encore évoqué qu'à demi-mot, les 8000 spectateurs présents au Campín semblent déjà résignés à voir leur équipe ne pas atteindre la phase finale. Malgré le résultat décevant de 0-0 contre une équipe de Patriotas très limitée, joueurs et suiveurs de Santa Fe cherchaient des raisons de se rassurer. Il est vrai que pour le premier match d'Harold Rivera sur le banc, Santa Fe est parvenu à se procurer de nombreuses occasions, grâce notamment au retour de l’expérimenté Juan Daniel Roa au milieu de terrain. Les locaux ont tenu la balle pendant une large partie du match et aurait dû l'emporter si les attaquants avaient fait preuve d'un peu moins de maladresse devant le but. De son côté Patriotas peut remercier son gardien Eder Chaux de lui avoir sauvé la mise à plusieurs reprises tandis que Carlos Rivas a raté le but du hold-up dans les arrêts de jeu. Vu comme ça le panorama n'est guère reluisant mais il y a des motifs d'espoir. En Copa Águila, Santa Fe a sorti un gros match et a été à deux doigts de renverser l'Atlético Nacional. Une victoire 2-0, certes insuffisante pour se qualifier après la défaite 3-0 de l'aller mais l'envie montrée par cette équipe laisse augurer des jours meilleurs. Le but de John Velásquez, le premier ce semestre et le premier depuis le 8 mai, peut débloquer les têtes.

Résultats

colj3r

Classement

colj3c

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée