Si l'Alianza Petrolera mène la danse l'Atlético Nacional et l'América suivent de près. Le premier a doublement battu son voisin en deux semaine alors que le second continue d'engranger avec notamment une victoire contre le Deportivo Cali. Millonarios recule, Santa Fe a gagné.

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L'Atlético Nacional a parfaitement maitrisé sa période de turbulence avec trois matches compliqués, dont deux fois contre le voisin. La première claque donnée au rival local est venue grâce à une deuxième période de très haute volée. Mené au score à deux reprises, le club verdolaga est à chaque fois revenu avant de passer la seconde. Trois buts après la pause et une démonstration de force. Grâce notamment à un Jarlan Barrera en feu et à un Daniel Muñoz étincelant qui a parfaitement justifié sa sélection (qu'il n'a pu honorer en raison d'une blessure) auteur de deux passes décisives. La deuxième claque a été donnée deux semaine plus tard lors de la journée de clásicos. Et quelle claque. Si le premier match avait au moins offert une période serrée, le deuxième a été plié en une demi-heure. Entre le premier quart d'heure et la pause le Nacional a frappé à trois reprises. Avec encore Jarlan dans tous les bons coups et auteur du premier but de son équipe. Totalement dominateur et en mode rouleau compresseur, il a même rajouté un quatrième but à la suite d'une action collective parfaite. Une large victoire à peine ternie par la réduction de l'écart de Cano. Entre les deux cartons, l'Atlético Nacional avait un autre gros match à la maison contre Millonarios. Le classique entre les deux équipes les plus titrées du football colombien. Mené rapidement, le portier international José Cuadrado a maintenu son équipe à flot. Nettement meilleur après la pause, le Nacional a profité du rouge de Duque pour revenir. Une nouvelle fois grâce à son collectif et quand Barcos n'est pas là, c'est Patricio Cucchi qui est à la conclusion. L'attaquant argentin pourra même avoir des regrets puisqu'il a raté la balle de match dans la foulée. Ce nul au final logique permet au club paisa d'être la seule équipe invaincue de ce championnat. Et si elle n'est « que » deuxième au classement, elle mène le groupe des favoris avec l'América.

 

Le club escarlata a connu une petite frayeur avant de s'offrir un bonheur énorme. D'abord une défaite dans un match étrange contre l'Once Caldas au cours duquel l'América a touché les montants. Deux fois l'América s'est fait surprendre pour le club de Manizales avec un ballon qui traine dans la surface, le premier sur une contre-attaque rapide et trois passes, le deuxième sur une action plus placée au sein d'une défense totalement apathique. Avec pour dénominateur commun Johan Carbonero. L'international U20 est le joueur le plus déstabilisant offensivement côté Once Caldas. Ses accélérations ont à chaque fois fait mal. Sans Rangel, offensivement Los Diablos Rojos ont dû faire sans leur meilleur atout et ont donc moins pesé sur la défense adverse. Heureusement il était de retour et a fait le show lors de la réception du voisin, offrant la victoire à son équipe grâce à un doublé express. Ses deux buts de la tête en six minutes ont fait explosé un Pascual Guerrero bouillant. Solide malgré le but de Dinenno concédé à un quart d'heure de la fin l'América a frappé un grand coup. Cet América n'est pas spectaculaire, n'a pas la puissance offensive de feu de ses adversaires mais est diablement efficace. Avec Rangel, Sierra et Pisano il a trois joueurs capables de débloquer un match à n'importe quel moment. Alexandre Guimaraes a posé sa patte sur cette équipe et pour le moment la mayonnaise prend. Avec une moyenne de deux points par match et surtout une troisième place, à égalité avec Pasto, à la tabla de reclasificación (classement cumulé de la saison), le club pourrait retrouver une vieille connaissance, la Libertadores.

 

Le Deportivo Cali et Millonarios ont donc perdu du terrain. Le Deportivo Cali a toujours autant de mal à voyager. Défaite chez le voisin et surtout défaite à Bogotá contre Millonarios. Malgré une première période de très haut niveau, le club azucarero a complètement craqué après la pause pour finalement s'incliner. À domicile le Deportivo Cali est en revanche une véritable machine de guerre. Dernière victime en date ni plus ni moins que le dernier finaliste de la Liga Águila, le Deportivo Pasto, qui a explosé en une demi-heure. Malgré son rythme moyen, le Deportivo Cali est au chaud dans le groupe des qualifiés et ne devrait pas avoir à craindre grand-chose, au moins pour ce qui est de faire partie des quadrangulaires. Comme Millonarios. Même si après sa victoire contre Cali le club embajador est tombé de haut. Très haut. À deux doigts de perdre le classique contre Medellín, la chute a été plus rude avec une défaite contre Santa Fe. Défaite logique en plus dans un match très décevant où on n’était pas loin du mauvais football de rue, celui où on se met des boites sans aucune logique. Le Millos du semestre précédent est mort et enterré. Cette équipe est incapable d'élever son niveau ou faire la différence comme il y a quelques semaines. Parti en sélection, José Ortiz a laissé un vide immense et contre Santa Fe personne n'a su apporter le danger offensivement. Problématique quand depuis la deuxième journée on encaisse systématiquement au moins un but par match. S'il n'y a pas le feu au classement, la situation pourrait se compliquer, notamment si Santa Fe continue sur sa remontée. De deux points en huit journées, le club cardinale vient de s'offrir un six sur six qui lui permet de rêver. Au moins d'éteindre l'incendie qui prenait dans la maison.

 

Incendie dans la maison il y a aussi du côté du DIM et de Junior. Pour le club de Medellín, l'entraineur Alexis Mendoza a pris la porte mais rien n'y fait les défaites s'enchainent et la descente au classement est vertigineuse. Une quinzième place guère reluisante et qui pourrait surtout annoncer des jours maussades. Peu importe le système ou les hommes rien n'y fait. Surtout sans compétition continentale la saison prochaine, ça sera impossible de retenir Cano. Mais la solution viendra peut-être du banc. Arrivé comme une rockstar, Aldo Bobadilla a déjà une grosse pression sur les épaules. L'ancien gardien paraguayen qui a passé trois au club comme joueur, avec lequel il a remporté un titre de champion, va donc essayer de marquer à nouveau le club comme entraineur cette fois. Parlant entraineur, ça commence à sentir le roussi pour Julio Comesaña. L'entraineur uruguayen de Junior suspendu un mois pour une altercation avec Lucas Pusineri, le coach du Deportivo Cali, en Copa est de plus en plus contesté. Éliminé en Copa et dixième au classement la situation est loin d'être simple. Notamment parce qu'offensivement c'est faible avec quatre petits buts marqués en dix matches. Contre l'Unión Magdalena, c'est Mera qui est venu donner une bouffée d'air à son équipe en plaçant une tête rageuse à quinze secondes de la fin du temps additionnel. Miraculeux parce que sa production offensive frise le néant. Possession stérile, incapacité à changer de rythme, peu importe les hommes ou le système, ce Junior pourrait être remboursé par la sécurité sociale comme somnifère. Son prochain match, sur la pelouse de Huila le dernier au classement du descenso et avant-dernier ce semestre, pourrait même sceller le glas du technicien de 71 ans.

Dans la lutte pour le maintien, si Huila lâche petit à petit avec quatre points de retard sur le premier non-relégable, juste devant on retrouve quatre équipes en trois points. Avec quatre défaites en cinq matches, Magdalena souffre et a la tête de l'équipe ascenseur. Envigado, Rionegro et Jaguares limitent les dégâts et grappillent des points qui seront forcément cruciaux. Grâce à son rythme infernal l'Alianza Petrolera a de quoi voir venir avec ses six points d'avance sur la zone rouge. Un luxe puisque son calendrier sera tout aussi infernal sur cette deuxième moitié de semestre.

Classement

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Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée