Bien malin celui qui peut aujourd'hui donner l'affiche de la finale, qui aura lieu dans dix jours pour l'aller, tant les deux groupes sont serrés alors que deux journées sont encore à disputer.

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Ordre alphabétique oblige on va donc commencer par le quadrangulaire A. On pensait que le Deportes Tolima avait fait le plus difficile. D'entrée le club d'Ibagué a frappé fort, très fort même. En voyage à Barranquilla les joueurs de Gamero se sont imposés et avec la manière. Parti forts avec une occasion nette et surtout un but plein de malice d'Anderson Plata, ils ne sont pas démontés après l'égalisation du club local. Mieux dans le dernier quart d'heure d'une deuxième période équilibrée ils ont fait une différence en deux minutes. Plus que les trois points précieux, ils ont obligé le double tenant du titre à un sans-faute. Et pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Après Junior, c'est l'Atlético Nacional qui s'est cassé les dents. Grâce à une contre-attaque éclair ponctuée par Alex Castro le club pijao a une nouvelle fois montré qu'il est bien la bête noire du club verdolaga. Dans un match où chaque équipe a trouvé les montants, un homme a fait la différence. Chargé de remplacer Montero suspendu jusqu'au 1er décembre, William Cuesta a sorti un arrêt déterminant devant Cepellini. Malgré une fin de match compliquée, ce carton plein le lançait idéalement. Avant donc le double affrontement contre l'équipe la plus faible de ce groupe, Cúcuta. Si le match aller a été pauvre en occasion franche avec donc au final un 0-0 logique avec néanmoins deux arrêts importants de William Cuesta, on s'attendait donc à ce que le club reprenne sa marche en avant à la maison. Raté. Malgré d'immenses occasions franches, poteau pour Danovis Banguero, face à face perdu par Alex Castro ou tête de Jorge Ramos, le club pijao n'a pas réussi à trouver la faille. Pire, il a craqué à deux minutes de la fin où entre deux défenseurs Jonathan Agudelo a pu inscrire le seul but du match. Cette défaite à la maison est lourde de conséquence. Elle relance le groupe et laisse son adversaire du soir encore en vie.

Le groupe est relancé surtout pour Junior. Après son départ totalement loupé, le club de Barranquilla s'est bien repris. En voyage à Cúcuta, les Tiburones ont su relever la tête après avoir pris un but d'entrée. Même si la différence ne s'est faite que dans les dix dernières minutes, avec deux buts de Fredy Hinestroza et d'Edwin Cetré, auteur d'un doublé puisqu'il avait égalisé juste avant la pause, ils ont largement dominé leur adversaire. De bon augure donc avant le double affrontement contre l'Atlético Nacional. Le match aller à Medellín pourrait laisser d'immenses regrets. Pourquoi ? Parce que Junior menait 2-0 à l'heure de jeu grâce à deux buts exceptionnels de Marlon Piedrahita et surtout de Victor Cantillo. Après la réduction de l'écart de Daniel Muñoz, Julio Comesaña a baissé le rideau. Stratégie perdante puisque le club verdolaga est revenu avant de faire souffrir Junior dans les derniers instants. Et si l'aller pourra laisser des regrets ce n'est pas le cas du retour. Une véritable boucherie. En vingt minutes le match était déjà plié grâce à un doublé de Teófilo Gutiérrez. Junior a tout simplement broyé un Atlético Nacional qui, une nouvelle fois, a démarré dans un schéma bizarre, on y reviendra. Avec un pénalty raté de Sandoval juste avant la pause, le score paraît même flatteur, mais, cette fois, l'éternel entraineur de Junior n'a pas verrouillé et son équipe a tranquillement géré sa fin de match. Cette victoire lui permet donc de revenir à égalité de points avec Tolima. Alors que Tolima ira défier l'Atlético Nacional sur sa pelouse, Junior ne devra pas se louper à la maison contre Cúcuta avant un Tolima/Junior lors de la dernière journée qui pourrait être décisif. L'Atlético Nacional n'est quant à lui pas condamné mais cette défaite fait mal. Osorio s'est encore une fois trompé dans son équipe de départ. À l'aller, il avait laissé Muñoz sur le banc avant de le faire entrer à la pause. Au retour c'est Jarlan et Perlaza qui ont commencé sur le banc avant d’entrer à la mi-temps. Contre Tolima, il avait aussi changé ses plans rapidement. Agacé Osorio a été sec en conférence de presse après la troisième journée avant de s'excuser publiquement par la suite. À trois points des deux leaders si l'Atlético Nacional ne remporte pas ses deux derniers matches, il ne jouera pas la finale et son entraineur se retrouverait donc sur un siège éjectable.

Dans le groupe B, la décision est tout autant indécise et offre un sprint final à trois. Santa Fe mène la danse. Le club de la capitale a remporté ses deux matches à la maison contre l'América et contre l'Alianza Petrolera. Dans deux style différents. Pas spectaculaire mais globalement dominateur contre le club de Cali en ouverture, Santa Fe a marqué grâce à ses deux points forts. Le premier sur coup de pied arrêté avec la tête de Fainer Torijano avant de terminer le travail sur une contre-attaque éclair conclue par Maicol Balanta. Et si Michael Rangel a réduit l'écart sur pénalty, le club n'a pas été en danger dans le dernier quart d'heure. Contre l'Alianza Petrolera ça a été le contraire. Un but très rapide de John Velásquez puis rien ou presque à part un festival Castellanos auteur de deux arrêts déterminants en première période et Erick Correa qui a croqué une énorme occasion à deux minutes de la fin. Santa Fe a certes eu quelques coups en contre mais le nul n'aurait pas été volé. À l'aise au Campín mais en difficulté à l'extérieur. Sur la pelouse du Deportivo Cali, le club cardinal a logiquement cédé, certes sur un seul but Rosero sur corner, mais on a assisté aussi à plusieurs parades du portier santafereño. Si Santa Fe est leader de ce groupe, c'est donc grâce au point arraché sur la pelouse de l'Alianza Petrolera. Mené, et baladé, le club cardinal a marqué quasiment sur sa seule occasion. Le pénalty de Jefferson Duque vaut donc de l'or avant de devoir jouer le Deportivo Cali et l'América pour les deux derniers matches.

Derrière les deux clubs de Cali sont donc à l'affut. Victoire à domicile, défaite à l'extérieur. Le Deportivo Cali avait mal démarré son quadrangulaire dans un match totalement fou. Deux pénalties concédés une défaite 3-2 épique sur la pelouse de l'Alianza Petrolera. Après sa victoire à la maison contre Santa Fe, la double confrontation contre l'América a fait couler beaucoup d'encre. Surtout le match aller au Pascual. Dans un match fermé et pauvre en occasion Duvan Vergara s'est inventé un pénalty et a profité de la mauvaise sortie du gardien azucarero pour amplifier le contact et tromper l'arbitre. Michael Rangel ne s'est pas fait prier pour marquer, célébrer devant le banc adverse et électriser encore un peu plus l'ambiance avant le match retour. Et si le match aller avait été long à se décanter, le retour n'a pas pris le même chemin. À peine une minute et Dinenno avait déjà enflammé Palmaseca. Rythmé, avec des occasions de part et d'autre, le match a s'est décidé en dix minutes. Après une parade de Neto Volpi devant Feiver Mercado, Duvan Vergara est venu égaliser et jeter un froid sur le stade. Juste dix minutes, le temps que Christian Rivera de venir délivrer son équipe et surtout la laisser en vie alors qu'un autre résultat qu'une victoire aurait rendu quasiment impossible la qualification. L'América lui aussi avait bien redressé la barre à la maison après sa défaite initiale. Contre l'Alianza Petrolera le club escarlata s'est fait une petite frayeur après avoir pourtant mené 2-0 très rapidement. Au final une victoire 3-1, avec au passage un triplé pour Duván Vergara logique malgré donc un arrêt important de Volpi à quinze minutes de la fin. Et avec une victoire en ouverture de la journée du week-end face à cette même Alianza Petrolera, l’América a pris les commandes et peut s’offrir une lutte pour une place en finale la semaine prochaine à distance avec le Deportivo Cali qui doit s’imposer pour rester au contact.

À noter que ce week-end les stades pourraient aussi être des lieux d'expression politique alors que la journée de jeudi a été marquée par une grève générale importante. Grève à laquelle ont pris part les barras bravas de la plupart des clubs, dont Santa Fe ou l'Atlético Nacional.

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée