On a touché le fond. Dans un avant match totalement dingue, l’Atlético Nacional a arraché un succès précieux sur la pelouse de l’América. Dans les trois autres matches rien n’est fait et en coulisse on n’a pu encore assister à un spectacle pitoyable. Un de plus.

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On était resté sur une décision de suspendre Jarlan Barrera et Andrés Andrade, décision tombée la veille du match. Avec aussi un litige entre Patriotas et l’América. Avant match tendu donc et rien n’a été fait pour calmer le jeu dans un après-midi aux allures de multiplex qui nous rappellera ce bon vieux but à Laval. À 14 heures, soit six heures avant le match, la DIMAYOR a allumé la première mèche en autorisant finalement les deux joueurs à prendre part à la rencontre. Moins d’une heure plus tard la petite musique a retenti du côté de Tunja où, via un communiqué de presse, Patriotas a purement et simplement demandé l’annulation de tous les quarts de finale tant que son litige n’était pas tranché. Lunaire. À peine le temps de se préparer pour le premier match de l’après-midi que l’Atlético Nacional prenait le temps de troller en affichant fièrement une photo des deux principaux protagonistes avec ce message « nous sommes prêts pour aller au stade ». Lassant.

Côté terrain donc, parce que oui c’était bien le plus important, l’América s’est sabordé tout seul. Auteur d’un geste aussi stupide qu’inutile, Rodrigo Ureña a été expulsé par le VAR dès la demi-heure. Pourtant même en infériorité la Mecha a bénéficié d’un pénalty, assez généreux, transformé par Adrián Ramos. Avantage gâché sur une erreur d’inattention juste avant la pause où Joel Graterol s’est fait piéger par Jefferson Duque et a concédé le pénalty. Sentence transformée par le capitaine verdolaga. Dominateur certes après la reprise, avec un Andrade sorti à la pause, tout ça pour ça donc, l’Atlético Nacional ne s’est pourtant pas procuré de vraie occasion. Mais une seule a suffi. À cinq minutes de la fin le caviar de Vladimir Hernández a trouvé la tête de l’intenable Duque, une tête qui rappellera sans doute à nos amis mexicains la tête de Jared Borgetti en 2002 contre l’Italie. Succès précieux donc mais qui pourrait ne pas être suffisant. Avec onze cas de coronavirus, dont les deux gardiens, les deux numéro 9, plus Brayan Rivira ou Deinner Quiñonez habitués à être au moins dans la rotation, l’Atlético Nacional alignera un onze inédit. Si l’América n’a pas été épargné, avec trois cas positifs, le champion en titre aura une équipe de départ bien moins expérimentale, sauf peut-être au milieu où entre suspension et choix de l’entraineur il n’y aura pas énormément de solution. 

 

Incertitude sur tous les autres matches à commencer par le duel entre le Deportivo Pasto et Santa Fe. Sur le papier c’était certainement le match le plus indécis. Et s’il l’est encore c’est surtout à cause (ou grâce c’est selon) à la maladresse des attaquants volcánicos. Largement dominateur, Pasto avait logiquement ouvert le score dès le quart d’heure grâce à Jeison Medina. Ce même Medina a raté un face-à-face moins de dix minutes plus tard mais c’est surtout Ederson Moreno qui aurait dû donner un avantage plus large à son équipe à dix minutes de la fin où après avoir dribblé le gardien il s’est pris les pieds dans le tapis et a donc raté l’immanquable. Si au final le match a été assez terne c’est en grande partie à cause de l’arbitre de la rencontre. Jhon Hinestroza a été fidèle à sa réputation d’homme au carton facile. Sa moyenne étant située entre cinq et six par match, il avait décidé de passer la seconde. Interrompant sans cesse le jeu, sifflant sans arrêt, il s’est lâché avec dix avertissements et deux expulsions sur le banc et a donné au match des allures de match violent, ce qui était loin d’être le cas. Unanimement critiqué, sa performance a ramené sur la table le thème de la professionnalisation des arbitres. Une donnée à prendre en compte et qui pourrait très largement peser dans la balance. Information venue du journaliste d’ESPN Sebastián Heredia, proche de Santa Fe, qui s’est entretenu avec des joueurs de Pasto qui lui ont expliqué que pour eux le seul moyen de toucher leur salaire, ils n’ont pas eu leur salaire d’octobre, était d’aller le plus loin possible afin de faire rentrer l’argent des droits télévisés. Ces mêmes joueurs ont d’ailleurs refusé la mise au vert pour montrer un peu plus fortement leur mécontentement. Une honte.

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Duel qui semblait un peu plus déséquilibré entre La Equidad et le Deportivo Cali mais qui reste ouvert. Devant dès la première minute grâce à Jhon Vásquez, le club azucarero a par la suite joué de malchance en trouvant par deux fois le montant du but gardé par Diego Novoa. Avec notamment un Augustín Palavecino qui aurait pu marquer un des buts de la saison. Si La Equidad s’est montré timide, son réveil dans les dix dernières minutes lui a permis d’arracher l’égalisation. Après une première approche sur le but gardé par David González, la faille est évidemment venue de son homme fort Matías Mier. Son corner a trouvé la tête puissante de Joan Castro à une minute de la fin. Suffisant en tout cas pour aller à Cali espérer faire l’exploit et se qualifier contre un adversaire qui aura perdu beaucoup d’énergie en milieu de semaine en Sudamericana. Même s’il aura l’avantage du terrain et du climat, les joueurs d’Alfredo Arias devront être vigilants et surtout bien plus efficaces que contre Vélez.

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Enfin, Junior partira avec un but d’avance contre le Deportes Tolima. Largement dominateur face à un Tolima timide et inoffensif, le club de Barranquilla est tombé sur un grand Álvaro Montero et ne s’est contenté que d’un seul but inscrit par Miguel Borja. C’est certainement la bonne nouvelle de cette fin de saison, l’attaquant international semble revenir en forme après un début de saison assez mitigé. Buteur en Liga, buteur en Sudamericana, le mercato qui approche semble lui donner quelques idées. Son enchainement dans la surface, terminé par une frappe puissante imparable, montre bien qu’il a retrouvé la confiance. Suffisant en tout cas pour espérer décrocher la qualification malgré une préparation tronquée pour le match retour.

 

Match retour qui a suscité une nouvelle polémique. Les deux clubs se sont livrés à une bien piètre bataille en coulisse. Une nouvelle serait-on tenté de dire. Mercredi, funeste jour, le Deportes Tolima a annoncé que pour des travaux dans son stade, le match ne pourrait se jouer à Ibagué mais qu’il se jouerait à Bogotá.

Loin d’être injouable donc. Furieux de devoir aller en altitude, jeudi soir, Junior a menacé de tout simplement ne pas se rendre au match, essayant de faire plier la DIMAYOR. Décision également soutenue par la ville d’Ibagué qui a déclaré que « les travaux n’entravent pas la tenue du match ». Dans les cordes la DIMAYOR a tranché et a décidé que le match se jouerait dans la capitale et afin de limiter les conséquences liées à l’altitude, l’institution mettra à la disposition du club un avion pour arriver dimanche matin sur place. En espérant donc voir un meilleur spectacle sur le terrain.

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée