Les choses sérieuses commencent en Copa Libertadores avec l'ouverture de la phase de groupe de l'édition 2017. L'heure est donc venue de présenter groupe par groupe, équipe par équipe, les forces en présence.
Le moment du grand départ est enfin arrivée en Libertadores avec la première journée de la phase de groupe qui débute ce mardi soir. Si le format général ne change pas, les 32 élus sont répartis en 8 groupes de quatre, la petite nouveauté ouvre d'autres perspectives aux différentes participants. Car aux deux places en huitième de finale de Libertadores, s'ajoute désormais une place aux troisièmes pour les seizièmes de finale de la Sudamericana. De quoi nourrir bien d'autres ambitions. Quelles sont donc les forces en présences ? Réponse dans notre guide.
Groupe 1 : Atlético Nacional, Estudiantes, Barcelona, Botafogo
Vainqueur de l’édition 2016, privé de titre en Colombie par la folie d’un calendrier totalement farfelu, l’année 2016 de l’Atlético Nacional est passée du presque parfait à la douleur d’un drame vécu dans sa chair après le crash de la Chapecoense à la veille d’un jour de fête qu’aurait dû être la finale de la Copa Sudamericana. Depuis, quelques stars sont parties, dont la merveille Miguel Borja et la machine à perforer Orlando Berrio, d’autres sont arrivées. Et l’Atlético Nacional reste l’Atlético Nacional. Reinaldo Rueda a rempilé, il va donc continuer à présenter une équipe d’un rare équilibre, d’une folle cohérence et surtout d’une expérience qui en fait un favori naturel à sa propre succession. Mais surtout, les Verdolagas conservent aussi plusieurs cadres. De Franco Armani dans les buts à l’immortel quatuor Bocanegra – Nájera – Henríquez – Díaz derrière, en passant par le maître à jouer Macnelly Torres, il reste cette base sur laquelle viennent se greffer quelques talents comme les fusées Andrés Ibargüen – Arley Rodríguez, et l’efficacité de Dayro Moreno. Il va falloir être costaud pour s’opposer au tenant du titre.
Et ça tombe bien car le groupe 1 est l’un des plus relevé de l’épreuve. Aux côtés des deux trophées de l’Atlético Nacional, c’est un Estudiantes fort de ses quatre Libertadores qui viendra se greffer. Comme pour tout club argentin débutant sa campagne de Libertadores cette année, la grande inconnue reste le rythme, les crises qui se succèdent au pays et un championnat en pause depuis décembre dernier semant un chaos sans précédent. Mais sur le papier, les Pinchas ont de quoi résister. Sous la houlette de l’excellent Nelson Vivas, Estudiantes est toujours capable de faire ce qui fait sa spécialité, une froide efficacité, mais sait y ajouter les talents locaux comme Daniel Sappa, Santiago Ascacibar, ou Lucas Rodríguez, les talents importés comme le superbe Jeisson Vargas auxquels s’adjoint l’expérience des Leandro Desábato, Israel Damonte, Rodrigo Braña, Lucas Viatri et surtout, du président – capitaine – joueur – légende, Juan Sebastián Verón, dernier capitaine à avoir soulevé le trophée et qui a mis fin à sa retraite pour aller en chercher un nouveau. Attention donc aux Pinchas, ils ressemblent à l’outsider idéal.
Il faudra tout de même compter sur l’un des ambitieux de l’édition 2017 et l’invité de dernière minute. Après une année 2016 de tous les records au pays, Barcelona s’est mis en tête de marcher sur les traces de son glorieux passé continental (deux finales en 1990 et 1998) et dispose d’une équipe taillée pour enfin sortir des groupes, chose qui n’est plus arrivée depuis 2004 et l’élimination sans perdre face au futur vainqueur, Once Caldas, en huitièmes de finale. Emmené par el Kitu Díaz, porté par le talents d’un Ely Esterilla et du duo Jonatan Álvez – Walter Chalá devant, les Toreros d’Almada ont conservé un groupe stable qui semble taillé pour les joutes continentales. Du côté de Botafogo, la Libertadores 2017 a débuté depuis déjà plusieurs semaines et a vu le Fogão monter en puissance. Car si le groupe de Jair Ventura n’est pas constitué d’une constellation d’étoiles, il s’appuie sur une qualité principale qu’il a déjà exposée lors du tour précédent face à Olimpia : sa cohérence et sa solidité tactique. L’étoile solitaire a tout du trouble-fête et pourra s’appuyer sur son maître à jouer Walter Montillo et l’activité et la générosité d’un Rodrigo Pimpão qui semble avoir franchi un cap cette année. Une chose est sûre, certains gros et ambitieux devraient laisser des points au Nilton Santos.
Groupe 2 : Santos, Santa Fe, Sporting Cristal, The Strongest
Depuis la défaite en demi-finale de la Libertadores 2013 et la défaite pour un but face à Olimpia, Santa Fe est devenu un habitué de l’épreuve. Pour sa cinquième participation consécutive, un record dans l’histoire du club, le club de Bogotá entend bien ne pas revivre la douloureuse expérience de l’an passé qui l’avait vu se faire sortir lors de la dernière journée de la phase de groupe après une défaite au Paraguay face au Cerro Porteño. Pour cela, les Cardenales de Gustavo Costas (qui a décroché quatre titres nationaux à leur tête) peuvent s’appuyer sur un savant mélange de jeunesse talentueuse et d’expérience. L’expérience des anciens, Róbinson Rufay Zapata ou Omar Pérez, le talent des jeunes comme Jorge Obregón ou surtout Damir Cetez, avec, au milieu d’eux, plusieurs joueurs cadres du club, rôdés aux compétitions continentales qu’ils accumulent depuis maintenant quelques années (les Balanta, Roa, Gordillo, Perlaza…). Attention à Santa Fe qui n’est pas connu pour la brillance de son jeu mais dont l’équilibre général en fait une équipe parfaitement taillée pour ce genre de compétition. Le vainqueur de la Sudamericana 2015 est un véritable outsider.
La concurrence s’annonce cependant acharnée dans ce groupe avec la présence du vice-champion du Brésil, Santos. Le Peixe est de retour en Libertadores après quatre années d’absence et une demi-finale que la bande à Neymar, alors tenant du titre, avait perdu face au futur champion, le Corinthians. Le groupe de Dorival Junior s’appuie sur une colonne vertébrale mélangeant expérience et talent, les deux anciens Renato (37 ans, ex-Séville) et Ricardo Oliveira (36 ans, ex-Valencia, Betis et Milan notamment) encadrant le maître à jouer Lucas Lima, sur laquelle vient se greffer des joueurs d’une qualité rare à l’image d’un Zeca en défense, d’autres meneurs de jeu comme le Colombien Vladimir Hernández et l’Argentin Emiliano Vecchio, ou de Thiago Maia, l’une des promesses du club. Le club brésilien dispose d’un effectif suffisamment riche pour sortir du groupe et devrait lutter avec Santa Fe pour la première place.
Ce scénario correspondrait au verdict du papier. Il ne reflète cependant pas le danger que représentent les deux autres membres du groupe. Premier d’entre eux, les Boliviens de The Strongest. Les Tigres sont sortis d’une phase de qualification avec une facilité déconcertante mais ont surtout montré des qualités collectives rares à pareille époque de l’année. Emmené par l’immortel Pablo Escobar, s’appuyant sur la générosité et le talent du Schweinsteiger bolivien Alejandro Chumacero, le groupe de César Farías n’aura donc pas que l’altitude comme principale alliée, sa victoire en Uruguay et son nul ramené du Chili lors des premiers tours le démontrant. De son côté, le Sporting Cristal, grand habitué de la Libertadores, grand habitué également des 3e places en groupe (à l’image de The Strongest), dispose également d’un joli équilibre qui l’autorise à nourrir quelques ambitions. Le groupe de Chemo del Solar possède lui aussi son immortel, le magnifique Carlos Lobatón entouré de joueurs de grand talent à l’image de l’international Josepmir Ballón et surtout du trio offensif Gabriel Costa, Diego Ifrán, Irven Ávila. Championne au Pérou, la Máquina Celeste dispose de solides arguments pour célébrer du mieux possible les 20 ans de son unique finale de l’épreuve, celle qui avait vu la bande à Nolberto Solano s’incliner d’un but face au Cruzeiro de Dida.
Groupe 3 : River Plate, Emelec, Independiente Medellín, Melgar
Vainqueur de l’édition 2015, demi-finaliste de la Sudamericana la même année (sorti par Huracán), River Plate avait dominé son groupe l’an passé avant de tomber face à la sensation de l’année, Independiente del Valle. Pour sa troisième campagne de rang, le club de Nuñez est toujours aussi ambitieux : l’objectif est d’aller décrocher la quatrième étoile. Pour cela, le Millo a réussi à retenir son entraîneur à succès, Marcelo Gallardo qui a promis de rester jusqu’en décembre prochain. Mais le chantier est important, le groupe affaiblit depuis les départs des cadres de 2015-2016, ne s’étant finalement guère renforcé. Avec une défense à reconstruire, le duo Maidana – Mina n’ayant pour l’instant pas véritablement convaincu, un milieu de terrain à réorganiser après le départ d’un D’Alessandro, les seules certitudes de River en ce début 2017 sont la force et le talent de son duo d’attaque Lucas Alario – Sebastián Driussi. Reste que le Millo dispose d’un effectif solide, rodé aux compétitions continentales et peut aussi compter sur un groupe largement à sa portée pour pouvoir poursuivre ce travail de reconstruction.
Sur sa route, le Millonario argentin croisera un Millonario équatorien lui aussi en reconstruction. Après un tricampeonato équatorien, Emelec a dû céder sa première place l’an passé à son rival de Guayaquil. Dans la foulée, le Bombillo a vu une grande partie de ses cadres lors des trois titres quitter le navire. Alors, il faut reconstruire. A l’image de l’Estadio Capwell, devenu Banco del Pacífico-Capwell, Emelec a profondément remodelé son effectif signant quelques arrivées de qualité, Marlon de Jesús, Sebastián Píriz ou Chrisitian Ramos pour en citer quelques-uns, mais qui vont devoir demander du temps pour que tout se mette en place. Malheureusement pour lui, Alfredo Arias n’aura pas grand temps, la Libertadores étant l’un des objectifs d’un club qui cherche désespérément à exister sur le plan continental.
La concurrence sera chaude à commencer par le représentant colombien, l’ambitieux Deportivo Independiente Medellín. Le véritable club de Pablo Escobar revient en Libertadores après 7 années de disette et un retour continental en 2016 ponctué par un quart de finale de Sudamericana. A l’image des autres colombiens, le DIM est un vrai symbole d’équilibre, de cohérence et de talents. Désormais dirigé par l’excellent Luis Zubeldía, le Poderoso possède un groupe riche en créativité, symbolisée par le trio JuanFer Quintero – Mao Molina – Christian Marugo sur lequel son animation offensive devrait reposer. Moins médiatisé que ses deux autres compatriotes Santa Fe et Atlético Nacional, le DIM a tout de l’outsider qui pourrait devenir dangereux une fois sorti du groupe. D’autant que le dernier représentant n’est pas non plus un ogre continental. Finaliste du dernier tournoi péruvien, Melgar s’aligne en Libertadores pour la quatrième fois de son histoire, restant sur une campagne 2016 conclue sur un triste 0 point avec deux petits buts inscrits en six matchs. A l’image du duel face à Junior en Sudamericana 2015, le Dominó est capable du meilleur (une victoire 4-0 chez lui) comme du pire (une défaite 5-0 à Barranquilla). Emmené par l’expérience de son capitaine vétéran Ysrael Zúñiga, renforcé par les arrivées de Diego Penny dans les buts, de Carlos Ascues ou encore Emanuel Herrera, s’appuyant sur son Zlatan Fernández et son magnifique attaquant colombien Omar Fernández, Melgar, s’il parvient à trouver un équilibre, peut s’avérer plus redoutable que prévu.
Groupe 4 : San Lorenzo, Universidad Católica, Flamengo, Atlético Paranaense
Si le groupe 1 s’apparente au groupe de la mort, le 4 a son mot à dire dans ce petit concours. Deux Brésiliens, un Argentin, un Chilien, difficile de faire quelconque pronostic au coup d’envoi.
Après une année 2016 à la relance, qui a vu le Ciclón tomber en finale du championnat puis en demi-finale de la Sudamericana, San Lorenzo reste avide d’ambitions pour 2017 et, malgré l’abstinence de football qui touche l’ensemble (ou presque) des clubs argentins, le groupe de Diego Aguirre aborde l’année sans véritables modifications majeures et peut donc s’appuyer sur cette continuité pour aller chercher un dernier carré voire un titre, histoire de ne pas laisser celui de 2014 orphelin. Le groupe d’Aguirre ne manque pas d’expérience, de Sebastián Torrico à Marcos Angeleri, Matías Caruzzo, Fabricio Coloccini, Leandro Romagnoli, et autre Néstor Ortigoza, ne manque pas de talents, comme celui de buteur de Nico Blandi, et de jeunes pousses prêtes à émerger comme le Paraguayen Robert Piris Da Motta ou de la jeune pépite locale, Tomás Conechny. Largement de quoi sortir du groupe.
Même s’il faudra se méfier des brésiliens. Troisième du championnat 2016, après avoir longtemps lutté pour le titre, Flamengo s’offre un créateur de plus pour épauler Diego, en signant Dario Conca, s’offre un attaquant de talent, champion en titre Orlando Berrio, renforce ses lignes arrières avec le Péruvien Miguel Trauco et peut toujours compter sur la présence du magnifique Paolo Guerrero pour faire trembler les filets adverses. Eliminé par Palestino en huitièmes de la Sudamericana 2016, le Mengão a clairement pour objectif de sortir du groupe 4 et va devoir se montrer prêt dès le départ. Car le voisin Brésilien, l’Atlético Paranaense n’a pas l’intention de faire du tourisme. A l’image de Botafogo, le Furação est monté en puissance lors des tours de qualification et s’en est allé chercher une participation à la phase de groupe, la cinquième de son histoire sur une victoire en terres paraguayennes. Médiatiquement, le club a su faire parler de lui en signant d’anciennes gloires européennes, Lucho González, Grafite ou Eduardo, mais sa meilleure recrue pourrait bien être Felipe Gedoz, que l’Amérique du Sud du football avait découvert lors de la Libertadores 2014 lorsqu’il était l’un des hommes clés du fabuleux parcours du Defensor Sporting, tombé en demi-finale de l’épreuve. Il sera l’attraction de cette équipe.
Il ne faudra surtout pas oublier le dernier membre du groupe : l’Universidad Católica. Certes son début d’année 2017 est quelque peu poussif, les Cruzados peinant à compenser le départ du formidable Nico Castillo, mais nul doute que Mario Salas va rapidement trouver l’équilibre qui permettra au bicampeon du Chili de reprendre sa marche en avant. Emmené par son diamant Diego Buonanotte, la Católica se prend à rêver d’un parcours digne de l’époque Pizzi, époque où elle était tombée dans les derniers instants de son quart de finale face au futur finaliste Peñarol, alors coaché par Diego Aguirre…
Groupe 5 : Peñarol, Palmeiras, Jorge Wilstermann, Atlético Tucumán
S’il est bien une équipe qui semble destinée à remporter son groupe, voire mieux, c’est bien Palmeiras. Le champion du Brésil a certes perdu sa pépite Gabriel Jesus, le recrutement et le maintien du reste de l’effectif font du Verdão un véritable épouvantail cette année. Certes Cuca est parti fin 2016 (pour raisons personnelles), mais le groupe mis à disposition d’Eduardo Baptista donne le vertige. A l’immortel Zé Roberto, à la muraille Yerry Mina, Palmeiras ajoute le lutteur Felipe Melo, l’ancien lyonnais Michel Bastos et surtout signe deux joueurs clés de l’Atlético Nacional 2016 : Alejandro Guerra et le diamant absolu, Miguel Borja. De quoi proposer l’un des effectifs les plus impressionnants de l’épreuve, un Cochon vert que le capitaine Dudu espère emmener jusqu’au titre, sensation vécue à une seule reprise, en 1999.
Pour se dresser face au Verdão, il fallait une équipe à la mesure de ce qu’est la Libertadores. Alors le choix s’est porté sur un monstre, un vrai, Peñarol. Certes, le dernier titre carbonero fêtera ses 30 ans cette année, mais avec 5 victoires et 5 finales (la dernière en 2011), Peñarol reste une valeur sûre du continent. Après avoir vécu un dernier tournoi dans une crise profonde, le géant uruguayen entend bien tout oublier en 2017 et a donc tout chamboulé. Leo Ramos est arrivé sur le banc, Cebolla Rodríguez au milieu, le Peñarol du capitaine Nahitan Nández se reconstruit mais n’est pas démuni en talents, à chaque ligne, de l’excellent Gastón Guruceaga dans les buts à Junior Arias et autres Nicolás Dibble devant. A Ramos de trouver l’équilibre et Peñarol pourra alors de nouveau rêver.
La logique du papier devrait laisser du temps aux deux géants car les deux autres membres du groupe 5 n’apparaissent pas comme de véritables menaces. Présent en phase de groupe pour la première fois depuis 6 ans, Jorge Wilstermann n’a rien d’un ogre continental et son dernier tournoi ne donne pas de vrais motifs d’espoirs. Au-delà du symbole de voir le groupe être inauguré par un duel face à Peñarol, retrouvailles d’un 7-1 qui avait lancé la toute première édition de la compétition un 19 avril 1960, on imagine mal l’Aviador venir véritablement peser dans ce groupe. La surprise pourrait bien venir de celui qu’on annonce comme le petit poucet du fait de son expérience continental. Présent pour la première fois de son histoire à pareille fête, l’Atlético Tucumán a déjà signé quelques-uns des épisodes les plus fous de l’édition 2017. De l’épopée équatorienne terminée à fond à les ballons dans les rues de Quito à la démonstration de force dans son Monumental face à Junior au second tour, le Decano a montré qu’il était capable de renverser toutes les montagnes. Plus que par la simple envie, l’Atlético Tucumán de Pablo Lavallén s’appuie surtout sur son jeu et ses talents offensifs. Des Barbona – Aliendro sur les côtés à Zampedri et Menéndez devant, le Decano possède de vrais arguments pour s’opposer aux géants du groupe. Et dans la folie de son Monumental, il peut aussi rêver de décrocher bien plus qu’une simple troisième place.
Groupe 6 : Atlético Mineiro, Libertad, Godoy Cruz, Sport Boys
A l’image du groupe 5, le 6 semble promis à un duel entre deux habitués. Dirigé par Xabier Azkargorta, l’homme qui avait fait de Bolívar un demi-finaliste de la Libertadores (2014), Sport Boys se veut ambitieux et s’est offert quelques renforts de poids et d’expérience pour assouvir ces ambitions. De José Luis Capdevilla à Carlos Tenorio, le Toro possède quelques arguments mais son manque d’expérience continentale pourrait rapidement peser d’autant que le début d’année ne se passe pas comme prévu, mettant le club déjà sous pression. L’affaire s’annonce tout aussi compliquée pour Godoy Cruz. Equipe surprise en 2016, le Tomba est depuis retombé dans l’anonymat du championnat, scotché dans le dernier tiers et disputera la troisième phase de groupe de la Libertadores de son histoire (après celles de 2011 et 2012). Désormais coaché par Lucas Bernardi, arrivé en début d’année pour relancer la machine, le Tomba a laissé partir Jaime Ayovi vers la Chine, laissant Santiago el Morro Garcia seul devant. Le 4-3-3 de l’ancien de Newell’s devrait être remis à l’ordre du jour, mais c’est un Godoy Cruz qui avance dans la plus grande inconnue qui aborde la phase de groupe de Libertadores.
Le danger pour les Argentins est que les deux autres membres du groupe ont les dents longues. Habitué des compétitions continentales, Libertad veut fêter les 40 ans de sa demi-finale de 1977 face à Boca de la meilleure des manières, par un grand parcours. Pour cela, le Guma s’offre un grand entraîneur, Fernando Jubero, parti d’Olimpia l’an passé, et dispose d’un groupe d’une grande homogénéité qu’il complète par quelques belles arrivées comme celle de l’expérimenté Derlis Orué, finaliste de l’épreuve en 2014 avec le Nacional. Libertad reste un savant mélange d’expérience, celle des Adalberto Román, Salustiano Candia, Sasa Salcedo, de talents, celui des Marcelo Cañete, magnifique à l’époque de la Católica, et de jeunesse, celle des Jesús Medina, Danilo Santacruz et autres Jonathan Valiente. Ce pourrait être l’une des belles surprises de l’édition 2017.
Le favori du groupe reste cependant le représentant brésilien : l’Atlético Mineiro. Si le Galo a perdu son buteur Lucas Pratto durant l’intersaison, il possède l’un des effectifs les plus riches du Brésil, débordant de talent à chaque ligne. De la montagne équatorienne Frickson Erazo derrière, aux diamants vénézuéliens, Rómulo Otero, et équatoriens Juanito Cazares en passant par les valeurs sûres locales, Robinho, Fred, Rafael Moura et Luan devant, l’Atlético Mineiro de Roger Machado a largement les moyens de sortir de son groupe sans véritablement avoir à forcer son talent tant son avance sur les autres membres semble importante. Attention tout de même, avant de rêver à un parcours à la 2013, le Galo ne devra pas oublier qu’en 2016 au Brésil, alors qu’il faisait office de favori de la plupart des épreuves dans lesquelles il était engagé, il s’en est tiré uniquement par des places d’honneur, à l’image de son quart de finale de l’édition 2016.
Groupe 7 : Nacional, Chapecoense, Lanús, Zulia
Comment se relever après un tel drame ? Plus de trois mois après la tragédie du vol 2933, la Chapecoense va retrouver les saveurs d’une compétition continentale en disputant la plus belle des épreuves, la Libertadores. Il est bien évidemment compliqué de fixer des objectifs au club cette année, son directeur sportif, Rui Costa, dont vous pouvez lire l’entretien sur LO, reste que la Chape peut espérer viser une troisième place en se bagarrant avec Zulia. Le club dirigé par Daniel Farias s’est offert un joli mercato d’été en attirant dans ses rangs Yohandry Orozco et surtout l’une des stars du pays, le légendaire Juan Arango. Cela sera-t-il suffisant pour lutter contre les géants du groupe ? La question reste ouverte mais le vainqueur du Clausura et de la Coupe du Venezuela peut être bien plus dangereux qu’il n’y parait. On suivra avec une attention particulière l’une des promesses du club Jefferson Savarino.
Reste que les deux autres représentants du groupe s’annoncent comme des vrais épouvantails. Premier d’entre eux, le Nacional de Lasarte. A l’image de son grand rival Peñarol, le Nacional court après un titre en Libertadores depuis près de 30 ans, mais il reste lui aussi un historique, une équipe qu’on préfère éviter en phase de groupe. Eliminé sans perdre en quarts de finale l’an passé face à Boca, le Bolso conserve son effectif, qu’il renforce notamment par l’arrivée d’Álvaro Tata González et qui possède une certaine expérience et quelques talents comme celui de Kevin Ramirez et de Rodrigo Aguirre devant. Le tout encadré par un coach de renom et le Nacional peut véritablement se fixer l’une des deux premières places comme objectif, tout autre résultat ayant rapidement une saveur d’échec. Il faudra cependant faire attention à une formation qui a tout de l’outsider numéro 1 cette année, Lanús. Sous la conduite de Jorge Almirón, le Granate a probablement offert ce qui se faisait de mieux en Argentine en 2016. Champion convaincant, le club n’a depuis pas véritablement bousculé son effectif, ne perdant que sa pépite Miguel Almirón, et conserve donc sa base, ce qui le rend encore plus dangereux. Restera bien évidemment l’inconnue du rythme alors que le club n’a pas joué encore depuis près de 3 mois, mais s’il est une équipe à suivre avec une attention particulière, non pas pour ses joueurs mais pour son jeu, c’est bien Lanús. Ne pas les voir sortir du groupe serait un coup de tonnerre.
Groupe 8 : Grêmio, Guaraní, Zamora, Deportes Iquique
L’heure du grand retour a sonné pour Guaraní. Deux ans après sa demi-finale face à River, l’Aborigen revient en Libertadores auréolé d’un titre national qui le fuyait depuis six ans alors qu’il sortait d’une campagne de Libertadores ratée l’an passé (éliminé en barrage par Independiente del Valle). Désormais coaché par Daniel Garnero, Guaraní présente un groupe qui a déjà connu la belle campagne de 2015 auquel sont venus se greffer quelques joueurs d’expérience comme Nery Bareiro et Rodolfo Gamarra, deux anciens du Libertad, le second ayant remporté 5 titres nationaux avec le Guma, ou l’increvable Hernán Rodrigo López, auteur de 22 buts en Libertadores qu’il a remportée en 2002 avec Olimpia. Ce mélange d’expérience, de certitudes et de talents a permis à Guaraní d’être titré l’an passé, il sera essentiel pour sortir d’un groupe plus relevé qu’il n’y parait.
Car si Zamora apparait un ton en dessous, le club de Barinas aime déjouer les pronostics (les supporters de Barcelona, sorti au premier tour de la dernière Sudamericana s’en souviennent encore). Certes le club a perdu son plus beau diamant, Yeferson Soteldo parti briller au Chili, mais il possède encore quelques jeunes talents qu’il faudra suivre avec attention, à l’image du latéral droit Ronald Hernández, international u20. Il ne faudra donc pas enterrer trop vite le groupe de Francesco Stifano même si les deux autres membres du groupe 8 semblent supérieurs.
Premier d’entre eux, le moins connu du grand public, le Deportes Iquique. Pourtant, les habitués du football chilien sur LO en sont déjà convaincus, les Dragones Celestes ont tout pour être l’une des belles surprises de cette édition. Longtemps à la lutte pour le titre lors du dernier Apertura, les hommes de Jaime Vera s’appuient sur un collectif parfaitement rodé et une cohérence et une intelligence tactique au-dessus de la moyenne. Pour couronner le tout, Iquique possède dans ses rangs quelques facteurs X, ces joueurs capables de faire basculer des matchs, le principal restant l’aussi génial que sous côté, Álvaro Ramos. Si on devait parier sur une deuxième place inattendue, on miserait sur Iquique.
Reste que le grand favori du groupe 8 est le vainqueur de la dernière Coupe du Brésil : Grêmio. Avec une défense dont la solidité est symbolisée par Walter Kannemann, vainqueur de la Libertadores 2014 avec San Lorenzo, un milieu de terrain et une attaque d’où explosent les talents de Lincoln, pépite de 18 ans, à Miler Bolaños en passant par les expérimentés créateurs Gastón Fernández, arrivé au dernier moment de la U, et le capitaine Douglas, O Último Camisa 10, par Luan, et Beto da Silva, jeune promesse péruvienne, jusqu’à Lucas Barrios, le Tricolor de Renato Gaúcho peut en bousculer plus d’un, lui qui a atteint au minimum les huitièmes de finale de l’épreuve lors de ses cinq dernières apparitions. Grêmio sera donc le favori logique du groupe 8.