Première session de Libertadores de la semaine marquée par le grand retour sur les terrains de la légende Verón. Un retour raté, à l’image de la soirée des Argentins. Pendant ce temps, certains font le plein.

Vingt matchs sans défaite, un Clausura dominé de la tête et des épaules et un bon point ramené de son premier déplacement en Libertadores, le Libertad de Fernando Jubero attendait de capitaliser sa formidable série par une nouvelle victoire à domicile pour sa première de l’édition 2017 face à Godoy Cruz. Il fallait surtout éviter l’excès de confiance. Car d’entrée de partie, le Tomba se montrait menaçant, une merveille de mouvement collectif entre Giménez, Henríquez et Correa permettait à Ángel González de se présenter seul face à Muñoz pour envoyer le premier avertissement sérieux au Guma. Cet avertissement allait se perdre au fil des minutes, Godoy Cruz déjouant alors et se retrouvant désordonné et souvent dépassé avant de concéder l’ouverture du score signée Ángel Cardozo Lucena sur une touche longue que la défense du Tomba regardait passer. Derrière, les Paraguayens accumulaient les situations. Alan Benítez et Antonio Bareiro menaçaient Rodrigo Rey qui remportait ensuite son duel face à Jesús Medina et maintenait les siens dans le match. Ne restait alors plus aux hommes de Lucas Bernardi qu’à exploiter les erreurs adverses. Dans les derniers instants du premier acte, Néstor Giménez n’entendait pas Ángel González dans son dos et remettait trop mollement à son portier. L’attaquant du Tomba en profitait et égalisait alors, le coup était rude. Pourtant Libertad revenait des vestiaires avec la volonté d’aller plus haut, de prendre son destin en main. Santiago Salcedo se montrait enfin, Marcelo Cañete était lancé pour orchestrer les offensives des locaux, sans succès. Et comme en première période, à force de gâcher, le Guma allait se faire punir sur une nouvelle erreur défensive. On jouait la 90e minute et Ángel González surgissait de nouveau. Malgré une dernière énorme occasion pour Luis Cardozo, le score n’évoluait plus. Godoy Cruz réussit le coup de la soirée et laisse Libertad et ses regrets à la dernière place du groupe.

Deuxième argentin de la soirée, l’Atlético Tucumán se rendait à Cochabamba, là où Jorge Wilstermann avait balayé Peñarol en ouverture du groupe. Le Decano n’avait pas d’autre choix que de s’imposer et démarrait pied au plancher. Barbona faisait passer le premier frisson sur coup franc, Zampedri plaçait sa tête au ras de la transversale de Raúl Olivares, Leyes en faisait de même par la suite sur une frappe lointaine. Perturbées par les trombes d’eau qui s’abattaient sur la pelouse, les deux équipes allaient ensuite ne pas proposer grand-chose, les Cochabambinos offrant alors leur pire prestation dans cette Libertadoress 2017. Il allait leur falloir se réveiller, le but de Jairo Palomino d’entrée de second acte allait le permettre. Mosquera envoyait alors Gilbert Álvarez à la place de son latéral gauche Jorge Ortiz, l’Aviador se montrait plus offensif. Álvarez plaçait sa tête pour ramener les siens quelques minutes seulement après son entrée, les rouges se montraient bien plus menaçant bien que s’exposant aux contres adverses (Zampedri en gâchera un beau). Passant par les ailes, avec Rudy Cardozo et Marcelo Bergese dans le rôle de centreurs fou, les hommes de Mosquera allaient finir par être récompensés. Bergese servait Luis Carlos Cabezas le bien nommé qui plaçait une tête décroisée qui trompait Lucchetti pour le 2-1 final. Wilstermann souffre mais s’impose et prend les commandes du groupe. Tucumán termine la phase aller à la dernière place.

L’histoire aime les clins d’œil. 29 avril 1971, alors invincible, l’Estudiantes de Juan Ramón Verón accueille le « petit » Barcelona qu’il a battu à Guayaquil en ouverture du groupe des demi-finales. Ce jour-là, les Pinchas seront terrassés pour la première fois chez eux par un curé au pied d’or, Juan Manuel Bazurco, Barcelona s’imposera dans ce qui reste aujourd’hui connu comme La Hazaña de la Plata (lire L'histoire d'un nom (2) : Barcelona SC). 46 ans plus tard, ou presque, Juan Sebastián Verón, le fils, faisait son grand retour en Libertadores lors de la réception de Toreros qui ne sont plus considérés comme un petit mais plutôt comme un candidat à la qualification. Le temps a beau passer, le sort reste le même. Après un premier acte pauvre en véritable situations, Estudiantes ne se montrant véritablement menaçant que sur coups de pied arrêtés, la deuxième période débutait par une nette accélération des visiteurs qui profitaient d’une sortie ratée d’Andújar pour ouvrir le score. Libérés, les Toreros livraient alors une prestation des plus solide, la vitesse de leurs offensifs débordait un Estudiantes qui ne réagissait que par de longs ballons. Et même si les Pinchas parvenaient à se procurer quelques situations, la plus belle pour Toledo, la maîtrise des Equatoriens était supérieure. Oyola distribuait, Caicedo et Castillo perçaient les lignes adverses, la sanction tombait sur un dernier contre parfaitement mené par les hommes d’Almada que Nahuelpan concluait. 2-0, score final, zéro pointé pour Estudiantes en deux sorties de Libertadores, sans faute pour Barcelona leader du groupe.

Piégé chez lui par Guaraní en ouverture, l’actuel leader du tournoi chilien, le Deportes Iquique se savait en danger à l’heure de se déplacer à l’Arena do Grêmio et a d’abord frôlé le pire. Est-ce parce qu’ils avaient annoncé vouloir privilégier le championnat ? Le fait est que les norteños chiliens ont explosé en moins d’une demi-heure, dépassés dans l’envie, dans le pressing, dans le jeu. Alors les joueurs de Renato Gaúcho ont déroulé, Miller Bolaños et Luan se sont amusés des espaces laissés par des Dragones totalement hors sujet et ont ainsi logiquement porté l’avance à 3-0 en à peine une petite demi-heure rentrant ainsi aux vestiaires avec un matelas confortable et la possibilité d’une goleada. C’était sans compter sur le caractère des hommes de Jaime Vera. Car au retour des vestiaires, avec les entrées de Riquero et Bielkiewicz, avec un Álvaro Ramos qui se montrait enfin, les couloirs commençaient à générer du danger et Iquique allait revenir en à peine sept petites minutes peu après l’heure de jeu. Caroca et Dávila inscrivaient leurs noms sur la table des buteurs, le match était relancé. Grêmio allait se tendre quelque peu avant de retrouver une once d’équilibre et de sérénité, notamment suite à l’entrée de Lucas Barrios alors qu’on entrait dans les dix dernières minutes. Les Brésiliens parviennent à conserver leur avance et décrochent ainsi une deuxième victoire en autant de matchs, laissant Iquique à zéro et à ses regrets de n’avoir véritablement tenté sa chance d’entrée de partie.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.