Deuxième soirée de Libertadores et scénarios fous aux quatre coins du continent. Pendant que Santos assure sa qualification, Flamengo s’écroule, Chapecoense espère de nouveau.

C’était l’heure du grand final du groupe de la mort, la dernière journée la plus difficile à pronostiquer de la semaine, celle qui voyait San Lorenzo accueillir Flamengo et la Católica recevoir l’Atlético Paranaense pour un balai à quatre qui n’offrirait des réjouissances qu’à deux équipes.

Contraint à la victoire pour être assuré de se qualifier, San Lorenzo débutait parfaitement la rencontre, appuyant notamment côté droit au Cerutti se montrait actif et dangereux. Face à la furia des Argentins, le Flamengo avait décidé d’une stratégie claire : laisser passer l’orage, rester replié et sortir en contre. Stratégie payante lorsque sur corner, obtenu après un contre emmené par Paolo Guerrero, le Mengão ouvrait le score sur une reprise à l’entrée de la surface de Rodinei. On ne donnait alors pas cher des chances argentines. Au même moment à Santiago, Católica et Atlético Paranaense s’écharpaient également, les Cruzados de Mario Salas ayant décidé de prendre leur destin en main, ils dominaient sans partage mais, comme San Lorenzo, s’exposaient aux contres adverses, Sidcley passant à un Benjamín Kuscevic d’ouvrir le score pour les visiteurs. Puis, la demi-heure passée, Diego Buonanotte entrait en piste et offrait, plein axe, l’ouverture du score au Tanque Silva. Destin croisé des Brésiliens, alors que le Furacão semblait poussé vers la sortie, Flamengo gérait son avance, suivait sa stratégie payante de sortir rapidement en contre pour exposer les espaces laissés par les hommes d’Aguire. Guerrero menaçait encore, en début de seconde période, Berrio s’échappait et faisait passer un nouveau frisson dans les échines des hinchas du Ciclón. Sur les deux terrains, rien ne semblait évoluer, la situation semblait totalement figée. Jusqu’au dernier quart d’heure, celui de toutes les folies. Une fois encore, Diego Aguirre avait décidé d’envoyer Cristian Perrito Barrios sur le terrain. Le sauveur de la quatrième journée allait être celui de la qualification. Le pibe de Dock Sud s’arrachait côté gauche pour voler le ballon à Matheus Savio et déposait son ballon sur la tête d’Angeleri pour le 1-1, celui qui changeait tout. Au même moment, l’Atlético Parananese, qui était passé plusieurs fois près du 0-2, égalisait sur une tête parfaite d’Eduardo, parfait à la réception d’un centre de Carlos Alberto. Les Cruzados étaient alors dos au mur, ils se ruaient à l’assaut des buts adverses, s’exposant comme des enfants. Alors, en deux passes et une percée plein axe de 50 mètres, Diego Coutinho retournait le match en faveur des Brésiliens. San Carlos de Apoquindo était assommé. A peine le temps de célébrer la merveille de Noir, qui redonnait des espoirs, ceux-ci étaient douchés par Carlos Alberto laissé seul à l’entrée de la surface. En six minutes, les montagnes russes émotionnelles avaient tué la Católica, le murmure s’était propagé jusqu’au Nuevo Gasómetro, il changeait radicalement la fin de match. Sachant qu’il se retrouvait à un but de la qualification, San Lorenzo se ruait à l’attaque, jouait ses dernières chances. Muralha sortait une tête de Caruzzo, Flamengo semblait capable de tenir. Ne restait plus qu’un miracle, il venait encore du pibe Barrios qui se battait à l’entrée de la surface, contrait le dégagement de la défense du Mengão, Bergessio déviait pour Belluschi, San Lorenzo passait devant alors qu’on jouait la 2e des trois minutes d’arrêts de jeu. L’affaire était pliée. Comme en 2014, San Lorenzo est revenu de l’enfer. Catalogué hors course après trois journées, le Ciclón a tout renversé pour arracher une qualification sur le fil. Ou comment passer du désespoir d’une élimination promise à des rêves de titre.

Autre double duel à distance, celui qui animait le groupe 2. Pendant que The Strongest accueillait Santos, le Sporting Cristal jouait ses derniers espoirs de Sudamericana en accueillant un Santa Fe qui voulait se relancer dans la course à la qualification. A La Paz, les Tigres de César Farías ont une fois encore montré leurs capacités à produire du jeu face à un Peixe qui a fait parler son expérience. Car il ne manquait finalement qu’un soupçon de justesse pour que The Strongest puisse véritablement menacer les Brésiliens, ce que ces derniers ont parfaitement exploité. Alors les visiteurs ont d’abord résisté, éprouvant des difficultés à tenir Chumacero, Henrique voyant même rouge en milieu de seconde période suite à une faute sur le Schweinsteiger bolivien. En supériorité numérique, The Strongest appuyait davantage et allait trouver juste récompense à cinq minutes de la pause lorsque Chumacero, encore et toujours, s’amusait côté droit et mystifiait toute la défense santista pour l’ouverture du score. On ne donnait alors pas cher des chances brésiliennes. D’autant que The Strongest dominait encore le second acte mais peinait alors à se montrer suffisamment dangereux pour tuer le suspense. Ce sera la grande erreur des hommes de Farías. Sur l’une des rares percées du Peixe, Lucas Lima déposait un amour d’offrande dans les pieds de Victor Bueno qui pouvait tranquillement ajuster Vaca. 1-1, le coup était rude. The Strongest ne s’en relevait pas, malgré sa domination, il ne parvenait à reprendre l’avantage, l’idole Pablo Escobar allant même jusqu’à manquer son penalty de la 85e minute, celui qui aurait tout changé. Car avec ce nul, Santos est qualifié, The Strongest contraint de devoir jouer une finale de groupe en Colombie face à Santa Fe.

Car dans le même temps, les Cardenales ont fait le travail à Lima. En première période, les hommes de Costas ont surtout fait parler leur force sur coups de pied arrêtés, ouvrant le score sur un nettoyage de lucarne signé Johan Arango et ont surtout profité de l’apathie des locaux pour gérer leur match. Devant au score, les visiteurs ont alors adopté leur stratégie favorite : attendre et contrer. Alors, les Cardenales ont d’abord souffert, Castellanos brillait, la transversale sauvait parfois les locaux (notamment sur la frappe de Lobatón), Santa Fe tenait bon, plaçait quelques banderilles en contre, la plus belle par Jonathan Gómez, puis Costa lançait Damir Ceter pour ajouter de la puissance devant et perturbait l’arrière garde des Celestes. Le coup était parfait. Alors que Ceter venait de manquer le but du break, Balanta servait Plata plein axe qui s’en allait tuer le match. Santa Fe s’impose 2-0 et se retrouve ainsi à un point de The Strongest qu’il recevra au Campín lors de la dernière journée du groupe.

La dernière journée sera également celle des verdicts dans le groupe 7. Après le nul ramené par le Nacional du Venezuela, Lanús accueillait Chapecoense et pouvait assurer sa qualification en cas de succès. On pensait que la Chape, quelque peu en difficulté ces dernières semaines, allait souffrir, elle aura donné une réponse magnifique à ceux qui doutaient d’elle-même si ce fut au prix d’une belle polémique. Car lorsque Luiz Otavio s’élevait à la 87e minute et donnait l’avantage décisifs à la Chape, la colère des Argentins était décuplée. Car le défenseur de Chapecoense avait été exclu face au Nacional et n’aurait pas dû jouer ce match, n’ayant pas purgé ses trois matchs de suspension. La CONMEBOL a ainsi été saisie du cas, côté Chapecoense, on affirme ne pas en avoir été notifié. Affaire à suivre. Reste que pour l’instant, le Granate est en grand danger et jouera sa qualification face au Nacional la semaine prochaine à Montevideo. Fidèle à ses habitudes, la bande à Jorge Almirón s’est planté sur son jeu de possession, s’appuyant sur les ailes, cherchant à presser haut et récupérer rapidement le ballon. Mais comme à sa mauvaise habitude en 2017, le Granate a encore manqué de justesse devant pour être suffisamment dangereux. Les locaux ont eu les occasions mais n’ont jamais su se montrer suffisamment précis pour prendre les commandes du match. Alors, Chapecoense a patienté, guetté le moindre bon coup, perturbant l’arrière garde argentine par la vitesse de ses contres. C’est sur une récupération rapide et un contre que Wellington Paulista allait ainsi ouvrir le score en faveur des Brésiliens. Le scénario du piège parfait. Lanús avait beau dominer, il n’était que trop peu dangereux. Alors Germán Denis entrait en piste, les Argentins jouaient le tout pour le tout et revenait grâce à un penalty consécutif à une main de Wellington Paulista. Pepe Sand relançait les siens mais l’affaire n’allait durer qu’un temps, celui d’une extension de Luiz Otavio. Avant peut-être de trouver son dénouement dans les bureaux de la CONMEBOL… 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.