On connait désormais les membres du dernier carré de l’édition 2017. Pendant que deux Argentins s’affronteront dans la première demi-finale, dans l’autre, le dernier rescapé brésilien cherchait à résister à un Equatorien qui s’amuse à les sortir les uns après les autres.

Rare certitude au coup d’envoi de la semaine de Libertadores, on aurait une équipe brésilienne en demi-finale. Après s’être parfaitement neutralisés pendant 90 minutes à l’aller, Grêmio et Botafogo ont offert un match identique au retour. En première période, le manque de justesse de Grêmio empêchait les locaux d’être véritablement dangereux, les meilleures occasions étaient donc à mettre au compter de l’Etoile Solitaire, Rodrigo Pimão, Victor Luis et surtout Bruno Silva, qui trouvait le poteau de Marcelo Grohe ayant fait passer bien des frissons. Ces occasions manquées, Botafogo allait les regretter. Car au retour des vestiaires, Grêmio se montrait plus entreprenant et surtout mieux organisé. La pression changeait alors de camp. El Gato Fernández sortait une première tête de Pedro Geromel qui prenait le chemin de sa lucarne, il ne pouvait rien sur celle de Lucas Barrios peu après l’heure de jeu. Le plus dur était fait tant les deux équipes étaient proches. Jair Ventura lançait alors Leo Valencia et cherchait à faire remonter son Botafogo mais le manque de justesse et parfois d’idée n’allait pas permettre à l’Etoile Solitaire de revenir dans la partie. Grêmio sera du rendez-vous des demies.

Le Tricolor Gaúcho va devoir se méfier car sur sa route, il va croiser un chasseur de Brésiliens. Il y a eu Botafogo en phase de groupe, il y a eu Palmeiras en huitièmes, Barcelona s’est offert un troisième Brésilien dans cette édition 2017, l’actuel 3e du championnat, Santos. Les paulistanos étaient pourtant invaincus chez eux à l’heure d’aborder le retour et partaient avec une autre marge d’avance, le nul 1-1 du match aller qui en faisait des qualifiés au coup d’envoi. Mais rien n’a fonctionné. Privé de Lucas Lima, Santos pêche au cœur du jeu et les Toreros ont parfaitement su en profiter, Damián Díaz se retrouvant souvent tranquille pour construire le jeu. Certes Santos a eu quelques belles situations, la tête de David Braz fait encore résonner la transversale de Banguera, mais son manque d’équilibre entre phase offensive et défensive et sa seule envie de ne jouer que les contres lui auront coûté cher. En face, les hommes d’Almada ont exploité les espaces. Caicedo, Esterilla et surtout Jonatan Álvez ont causé bien des soucis à la défense du Peixe. C’est de la tête de l’Uruguayen que la décision allait se faire lorsqu’il coupait un centre parfait de Castillo. Le mal était fait. Qu’importe que Barcelona fût ensuite réduit à dix suite à l’exclusion de son buteur, les occasions du Peixe étaient bien trop pauvres pour espérer un retour. Pire, Santos perdait les nerfs, Bruno Henrique voyait rouge, les supporters pouvaient grogner, Barcelona s’est payé son troisième Brésilien de l’épreuve, devient le premier club équatorien à s’imposer à trois reprises en déplacement au cours d’une même édition et disputera la quatrième demi-finale de son histoire.

Du côté de la Fortaleza, l’opération remontada était lancée. Après la défaite sèche au Nuevo Gasómetro, Lanús devait retourner la situation chez lui quelques minutes après l’exploit de la soirée voire de l’année réalisé par River (nous allons y revenir). Il n’aura fallu qu’un quart d’heure au Granate pour totalement retourner un match aller au cours duquel les hommes de Jorge Almirón n’avaient rien fait. Emmenés par la vista de Román Martínez, les locaux ont alors dominé le début de match au point qu’à la 16e minute, Lanús avait déjà égalisé sur l’ensemble des deux matchs, grâce à l’immortel Pepe Sand et une tête de Pasquini. Le plus dur était fait, encore fallait-il ne pas se faire reprendre par San Lorenzo, la frappe de Belluschi sur la barre ou le penalty non sifflé en faveur des hommes de Diego Aguirre venant rappeler que ceux de Boedo pouvait retourner le match à tout moment. En seconde période, Lanús perdait de sa fluidité, San Lorenzo en profitait pour prendre le contrôle de la partie. Mais il manquait de profondeur pour être véritablement dangereux. Le match restait cependant disputé, chacun semblant craindre les tirs au but mais ceux-ci étaient inévitables. L’heure était alors venue pour Esteban Andrada de revêtir le costume de héros, Lanús disputera la première demi-finale de Libertadores de son histoire.

Reste enfin le match historique de la semaine. On a souvent tendance à galvauder les termes mais historique sera bien le seul mot qui vient tant ceux-ci manquent pour décrire la mesure de la performance réalisée par les Argentins. Balayé 3-0 à Cochabamba, River Plate avait passé une semaine à subir toutes les critiques, les presses des deux pays s’étaient embrasées, l’heure de la réplique sur le terrain était venue. Dans un Monumental en fusion totale, River a rappelé qu’un géant ne meurt jamais mais surtout que seul un géant est capable de transformer une débâcle en moment d’histoire. Marcelo Gallardo avait parfaitement calculé son coup. Comme un Jorge Sampaoli époque Universidad de Chile devant retourner un retard de 3 buts, el Muñeco a changé son organisation. Trois centraux, Pinola à gauche, Maidana dans l’axe, le jeune Montiel à droite, aucun latéral, Ponzio à la récupération et six joueurs à vocation offensive, la remontada passerait par une option ultra-offensive. Et River n’a mis que 20 minutes à refaire son retard, balayant Jorge Wilstermann dans les pas d’un Nacho Scocco sur une autre planète. L’ancien de Newell’s, vertement critiqué pour ses ratés de l’aller, a claqué un triplé en 19 minutes avant de délivrer un amour de passe décisive à Pérez pour le 4-0 avant la pause. Le tourbillon River Plate a tout embarqué. Les joueurs de Mosquera étaient rapidement totalement asphyxiés, dépassés, River allait trop vite, combinait dans tous les sens, accumulait les joueurs dans les 30 mètres adverses, Pinola et Montiel se muant en ailiers. Fou. 24 tirs plus tard, après avoir eu 70% de possession, River a écrasé comme rarement un Aviador placé dans le coma, Scocco s’est offert un quintuplé, ce qu’aucun millonario n’avait fait en Libertadores. Sur le continent, seul Juan Carlos Sánchez a fait mieux dans cette épreuve avec Blooming en 1985 mais personne ne l’avait fait en phase à élimination directe. 8-0, deuxième plus grosse victoire de l’histoire du Millo en Libertadores, River Plate a écrit un exploit Monumental, probablement la plus grande page de l’édition 2017.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.