Finale retour de la Copa Libertadores et si Lanús rêvait secrètement d’une nouvelle remontada après celles des quarts et de la demi-finale, Grêmio s’est rapidement chargé de tuer le rêve dans l’œuf. En démontrant sa supériorité, le Tricolor Gaúcho a de nouveau touché les étoiles. Et entraîné le Brésil dans ses pas.

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Après avoir retourné San Lorenzo et River, deux récents vainqueurs de l’épreuve, le peuple grenat de Lanús avait copieusement garni La Fortaleza avec le fol espoir de revivre une soirée magique qui, si elle venait à se reproduire, serait tout simplement la plus grande de l’histoire d’un club centenaire. Tombés au Brésil, les hommes d’Almirón n’avaient qu’une idée en tête, réussir un nouveau miracle. Seul souci, et de taille, Grêmio n’était pas San Lorenzo, encore moins River.

L’ambiance était bouillante à la Fortaleza, bien aidée également par les plus de 3000 brésiliens autorisés à remplir un magnifique parcage visiteurs (resté vide en demi-finale). Elle allait être rapidement douchée par les hommes de Renato Gaúcho. Car ce Grêmio-là est une machine à la mécanique parfaitement huilée. Qu’importe l’absence de Kannemann en défense, Pedro Geromel se chargeait de bloquer tout ce qui pouvait s’approcher. Mais surtout, le Tricolor gaúcho compte dans ses rangs deux merveilles : Arthur et Luan. Le premier a tout ratissé, tout nettoyé pour offrir au second l’occasion de se mettre en évidence, de montrer pourquoi il est considéré comme le meilleur milieu offensif du pays. Et dans ses pas, Grêmio a tué le suspense.

Alors qu’il s’était procuré la première occasion du match, Fernandinho allait exploiter une énième approximation du Granate. Sur un coup franc en faveur des locaux, Marcelo Grohe montrait les poings, le ballon revenait vers l’arrière garde argentine mais Fernandinho contrait le ballon et s’en allait, au bout de 50 mètres d’une folle chevauchée, fusiller un Andrada qui avait un peu hésité à sortir, voyant ses coéquipiers incapables de reprendre le Brésilien.  

Le mal était fait. Incapable de poser son jeu, à l’image d’un Román Martínez totalement invisible, Lanús n’existait pas, ne parvenait à menacer l’arrière garde du Tricolor et ainsi mettre à mal la sérénité collective du groupe de Renato Gaúcho. Alors Grêmio continuait d’appuyer et allait définitivement plier l’affaire sur une merveille de sa pépite. Servi à la limite du hors-jeu, Luan s’en allait zigzaguer entre les défenseurs du Granate redevenus simples spectateurs devant l’incroyable mélange de décontraction et de finesse technique du magnifique numéro 7 gaúcho. 2-0 à la pause, le titre semblait joué.

Pourtant, tout ne tenait qu’à un fil. Il y eu d’abord la sortie sur blessure d’Arthur, touché en toute fin de premier acte qui l’obligeait à quitter les siens en larmes (et tant pis pour les observateurs du Barça et notamment Robert Fernández, présents dans les travées de la Fortaleza), Lautaro Acosta et Pepe Sand commençaient enfin à se montrer, la légende du Granate menaçant alors les cages de Marcelo Grohe avant de servir Laucha qui était alors fauché par Jailson et obtenait ainsi un penalty évident. L’occasion alors donnée aux joueurs de Jorge Almirón de revenir dans un match dont ils ne détenaient pas les clés. Jose Sand ne tremblait pas, il s’assurait alors le titre de meilleur buteur de la compétition 2017.

Il restait alors 20 minutes et on commençait à se dire que l’irrationnel pouvait toujours s’inviter dans la partie. D’autant que dix minutes plus tard, Grêmio perdait tour à tour Bressan sur blessure et Ramiro sur carton rouge. En supériorité numérique, Lanús pouvait rêver de nouveau pensait-on. Mais une fois encore, Grêmio était trop fort. Les Brésiliens restaient les maîtres absolus de cette finale, Fernandinho et Luan manquaient de redonner deux buts d’avance aux leurs, Lanús ne se procurait alors aucune véritable occasion au cours de 10 dernières minutes de jeu, l’affaire était définitivement entendue.

10 ans après une finale perdue face à un Riquelme venu d’une autre planète, Grêmio décroche sa troisième Copa Libertadores et permet non seulement à son entraîneur de devenir le huitième homme sacré comme joueur puis comme entraîneur, mais surtout, met fin à 4 années de disette pour le football brésilien et replace ce dernier sur le toit de l’Amérique du Sud.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.