Le casting est désormais complet, on connait l’ensemble des équipes qui vont participer à la phase de groupe de la Copa Libertadores 2018 qui débute cette semaine. L’occasion est donc idéale d’en faire la présentation complète.
Comme la saison passée, la Copa Libertadores sera à nouveau un marathon. Des tours préliminaires de début février à la finale de fin novembre, il reste toujours aussi impossible d’établir des pronostics, les équipes qui vont débuter et jouer la phase de groupe devant ensuite affronter la rudesse des mercatos étrangers de juillet août et donc s’attendre à initier le sprint final avec des effectifs totalement remaniés. Ne reste alors qu’une vérité, celle du moment, celle qui permet de se lancer au petit jeu du « qui sortira des groupes ? ». Petit jeu auquel le guide qui suit vous propose de jouer en vous donnant les clés.
Groupe 1 : Grêmio, Cerro Porteño, Defensor Sporting, Monagas
À tout seigneur tout honneur, le groupe 1 est celui du tenant du titre Grêmio. Beaucoup de choses ont été écrites, beaucoup de prévisions pessimistes quant au devenir de l’effectif du champion ont été envisagées. Mais à l’heure d’ouvrir sa défense de titre, le Tricolor Gaúcho s’est déjà parfaitement remis en marche. Sans Arthur, qui devrait rapidement revenir avant de s’envoler pour Barcelone (ou pas – reste à espérer que son futur transfert ne l’éloigne pas encore trop longtemps des terrains), mais avec toujours sa colonne Marcelo Grohe – Kannemann – Geromel – Luan, l’intelligence tactique de Renato Gaúcho sur le banc, ce Grêmio-là, même s’il manque encore peut-être d’une vraie pointe, reste un candidat logique à la qualification dans un groupe largement à sa portée.
À sa portée à la condition de ne pas le prendre trop à la légère. Car les pillages continuels, le Defensor Sporting les connait et y survit chaque année, à chaque tournoi. La meilleure école de football du pays (dont vous pouvez trouver l’histoire et son épopée 1976 dans le Lucarne Opposée magazine n°1), continue d’aligner les grands talents et sait les entourer non seulement de joueurs d’expérience mais aussi d’entraîneurs efficaces. La recette 2018 reste la même : l’expérience des Cardacio, Cabrera et autres Correa, la jeunesse et le talent des Ayrton Cougo, Carlos Benavidez, Mathías Suárez pour ne citer qu’eux (on ne citera pas le cas Gonzalo Carneiro qui devrait quitter le club dans les prochaines semaines, probablement pour… Grêmio). De quoi largement lutter pour la deuxième place avec le Cerro Porteño comme principal rival. Fin 2017, le Ciclón paraguayen avait trouvé un équilibre sous Leonel Álvarez qui aura décroché le Clausura avant de se voir indiquer la sortie en début d’année. Avant, quelques départs avaient marqué le club, comme ceux des milieux Marcos Riveros et Josué Colmán, un grand ménage opéré et finalement peu d’arrivées si ce n’est le duo uruguayen Hernán Novick, Marcelo Palau. La principale arrivée pourrait être donc sur le banc avec l’installation de Luis Zubeldia, homme connu pour avoir toujours réussi là où il est passé, sachant construire des équipes équilibrées et dangereuses. Reste qu’après un départ poussif en championnat, les belles certitudes ont donc laissé surtout place aux questions. Une chose qu’il n’est jamais bon d’avoir dans la tête à l’heure de démarrer en Libertadores.
D’autant que le quatrième larron du groupe n’est pas un ogre continental mais promet quelques accidents à ceux qui le prendront à la légère. Certes Monagas va découvrir la plus grande des compétitions, certes Anthony Blondell, la machine à but de l’équipe, est parti, mais les Azulgranas peuvent espérer gratter quelques points à domicile, récompense du projet nommé La Nueva Era qui a vu des fonds privés venir sauver un club revenu dans l’élite en 2016 mais alors en souffrance, et depuis remonter au classement. Aux autres de ne pas se laisser piéger.
Groupe 2 : Atlético Nacional, Bolívar, Colo-Colo, Delfín
Deux anciens vainqueurs, un habitué et une grande inconnue, tel est le casting d’un groupe 2 promis à l’Atlético Nacional. Le géant sort d’une année 2017 plutôt terne et marquée par un parcours catastrophique en Libertadores et un court cycle JuanMa Lillo totalement raté. Pour digérer le tout, et se relancer, les Verdolagas ont eu la bonne idée de récupérer Jorge Almirón, finaliste malheureux l’an passé et capable de remettre cette équipe dans le bon sens. Le club de Medellín est clairement armé pour passer le groupe, Almirón est arrivé avec Monetti et Braghieri qui vont solidifier les lignes arrière, il va pouvoir s’appuyer sur l’excellent Macnelly Torres pour mener ses offensives et servir le goleador Dayro Moreno. Tout autre résultat qu’une des deux premières places sera évidemment vécue comme un échec par un club avide de revanche.
Le danger est pourtant réel. Habitué aux joutes continentales, Bolívar a certes perdu son excellent coach espagnol Beñat San José mais possède encore un effectif capable de venir jouer les trouble-fêtes. L’effectif est déjà de qualité, la Academia lui ajoute Diego Bejarano, venu du rival éternel The Strongest et rapatrie son ancienne gloire, Juanmi Callejón et l’international Martin Smedberg-Dalence. De quoi offrir à Vinícius Eutrópio un groupe homogène et solide qui ambitionne clairement de sortir du groupe et rêve d’un remake de 2014 (demi-finaliste). Il faudra cependant faire avec un autre habitué, l’autre ancien vainqueur de l’épreuve, Colo-Colo. Le Cacique ne rêve certainement pas d’un parcours à la 1973 ou 1991 (respectivement finaliste et vainqueur) mais il veut réexister sur le plan continental et surtout en finir avec cette tradition de se rater quand on l’attend (malédiction qui accessoirement semble toucher la plupart des équipes chiliennes ces derniers temps). Pour cela, il s’appuie sur un groupe expérimenté, d’Agustín Orion au Mago Valdivia en passant par la légende Esteban Paredes agrémenté de jeunes talents à l’image de Nico Orellana ou Benjamin Berrios qui pointe le bout de son nez. Avec Guede aux commandes, ce Colo-Colo dispose des armes nécessaires pour sortir du groupe, ne lui manque qu’une dose de régularité qu’il peine à trouver en ce début d’année et surtout une profondeur de banc peut-être en dessous des attentes qui fait redouter bien des choses du côté des suiveurs, joueurs compris à l’image des propos tenus par Valdivia en début d’année appelant à recruter pour renforcer tous les secteurs du jeu avec la surcharge calendaire qu’induit la Libertadores. En l’état, les Albos ne peuvent se passer de certains joueurs à certains postes clés (coucou Paredes).
Attention tout de même au dernier membre du groupe, l’inconnue de l’équation : Delfín. Révélation et grande sensation de l’année 2017 en Equateur, le Cetáceo a bien failli décrocher la lune mais s’est incliné en finale du championnat. La recette ? Aucune star, mais un équilibre mis en place par Guillermo Sanguinetti qui repose sur une solidité défensive et une formidable efficacité offensive. Des ingrédients qui peuvent bousculer toute hiérarchie, même en compétition continentale. Seul souci pour les Matenses, Jhon Chancellor, qui dirigeait sa défense, est parti en Russie, la pépite Jordan Sierra est désormais au Mexique, el Tren Márcos Cangá est lui aussi parti. Reste quelques valeurs sûres, comme l’excellent Pedro Ortiz dans les buts ou le duo fou Carlos Garcés – La Tuka Ordóñez. Reste surtout à savoir si cela sera suffisant pour bousculer l’AmSud.
Groupe 3 : Peñarol, Libertad, The Strongest, Atlético Tucumán
On évoquait les histoires d’ambitions et de malédictions pour Colo-Colo, le groupe 3 compte parmi ses membres un géant également avide de revanche. Après la campagne ratée de la saison dernière, Peñarol avait un temps touché le fond avant finalement de rebondir comme un géant qu’il est jusqu’à aller chercher le titre national. La dynamique est donc tout autre à l’heure de lancer sa 59e campagne de Libertadores. Leo Ramos a redonné une identité de jeu à cette équipe en même temps qu’un équilibre et une force collective. Individuellement, les Carboneros comptent dans leurs rangs quelques trentenaires qui ne sont pas bien loin de vivre leurs dernières émotions continentales, comme Maxi Rodríguez, Lolo Estoyanoff (que vous pouvez retrouver dans le numéro 2 de Lucarne Opposée magazine), d’autres qui possèdent l’expérience de ces rendez-vous, comme Cebolla Rodríguez, Walter Gargano, Guzmán Pereira ou encore Mathías Corujo et pas mal de talent comme Fidel Martínez ou Ramón Arias. Bref, un effectif riche et de qualité qui doit au minimum permettre de passer la phase de groupe avant d’enflammer un Campeón del Siglo qui aimerait vivre ses premiers grands moments continentaux, sept ans après la dernière finale.
Reste que la concurrence est redoutable. A commencer par les Argentins de Tucumán sur qui Peñarol s’est déjà cassé les dents l’an passé. Le Decano a conservé ce qui faisait sa force sur le terrain, à un Zampedri et un Menéndez près, mais a surtout sur son banc un homme habitué à construire des équipes compliquées à jouer : Ricardo Zielinski. Ajouté à un Monumental imprenable l’an passé, à la présence de la légende La Pulga Rodríguez, au talent d’un David Barbona et l’expérience d’Ismael Blanco (et avec un ancien Carbonero, Mauricio Affonso), Tucumán a tout pour être le poil à gratter du groupe. Comme pour bien rappeler à Peñarol sa terrible campagne 2017, il fallait donc un Bolivien pour lui faire débuter son édition 2018. La saison passée, le carton reçu en ouverture face à Wilstermann avait fait des dégâts, cette année, Peñarol va devoir dompter un Tigre bien plus redoutable sur le papier que ne l’était alors l’Aviador. Avec Carlos Ischia arrivé sur le banc, The Strongest est ambitieux et compte bien reproduire sa campagne 2017 qui l’avait emmené en huitièmes de finale, éliminé alors par le futur finaliste. Certes Alejandro Chumacero est parti mais le club a rapatrié Jhasmani Campos (l’homme du missile face au Chili en Copa Centenario), The Strongest semble avoir trouvé son équilibre, en atteste ses dernières sorties (trois victoires, aucune défaite, aucun but encaissé avec un Clásico au milieu de tout cela). Les déplacements à La Paz devraient coûter quelques points aux visiteurs et dans un groupe qui s’annonce resserré, ces points pourraient bien faire la différence.
D’autant qu’il ne faut pas oublier le dernier membre du groupe : Libertad. Demi-finaliste de la dernière Sudamericana après une campagne de Libertadores décevante, le Gumarelo sera encore un candidat à la qualification. Certes Fernando Jubero est parti, mais le groupe est peu modifié et les deux légendes Sasá Salcedo – Óscar Cardozo seront encore là pour menacer bien des défenses, ce Guma-là va être compliqué à bouger à la condition qu’il ne se plombe pas d’entrée de compétition.
Groupe 4 : River Plate, Flamengo, Emelec, Santa Fe
Si vous cherchez un groupe de la mort, traditionnel dans toute phase de groupe, le 4 est un sacré candidat. Imaginez, le vainqueur 2015, demi-finaliste 2017, le finaliste de la dernière Sudamericana, le vainqueur de la Sudamericana 2015 tous ensemble pour lutter pour l’une de deux places qualificatives, voilà pour le décor. Sur le terrain, deux équipes semblent tout de même se distinguer.
Première d’entre-elles, River. Certes la bande à Gallardo semble en souffrance, continuellement en chantier, el Muñeco se heurtant aux mêmes carences depuis près d’un an, mais finalement, en compétition continentale, cela ne s’est jamais vu. Malgré un effectif totalement remanié entre phase de groupe et phase éliminatoire, River n’a pas bougé d’un iota l’an passé et on peut s’attendre à ce que les déboires du championnat ne soient qu’un vague souvenir à l’heure d’entrer en piste sur le continent, les parcours continentaux étant devenus la marque de fabrique de leur entraîneur. Sur le papier, l’effectif de River est toujours ce subtil mélange d’expérience et de jeunesse talentueuse : des grognards à la Leo Ponzio, l’âme de l’équipe, au duo Pratto – Scocco en passant par Maidana et la stabilité de Franco Armani dans les buts, l’épine dorsale est solide. Ajouté aux flèches Pity Martínez – JuanFer Quintero, River a de quoi bousculer bien des équipes. Seul problème (et de taille) : trouver un équilibre, trouver une équipe. Si River y parvient, il sera non seulement candidat à la qualification (même s’il n’y parvient pas vraiment) mais surtout un candidat au titre.
Reste qu’en face se dresse un autre monstre : Flamengo. 2017 n’a finalement été qu’une longue frustration chez les Rubros-Negros. Sixième du Brasileirão sans jamais jouer le titre bien que l’espérant un temps, défaite en finale de la Coupe du Brésil (aux tirs au but) et de la Sudamericana (après avoir mené puis s’être fait reprendre lors des deux matchs), sorti de la Libertadores à la dernière seconde du dernier match faute de s’être mis à l’abri plus tôt, le Mengão en a gros sur la patate pour 2018. Alors, il a musclé son effectif, pour en faire une machine de guerre. Henrique Dourado va pallier l’absence de Paolo Guerrero pour quelques semaines, Orlando Berrio ne reviendra qu’en mai, mais pour le reste, l’effectif de Flamengo déborde de talent à chaque ligne. Aux côtés des deux capitaines et expérimentés Juan et Rever derrière, on trouve ainsi du William Arão, du Miguel Trauco, du Marlos Moreno (dont on attend beaucoup), du Felipe Vizeu, souvent décisif, et bien évidemment du Diego, dépositaire du jeu, et la pépite Vinicius Jr que l’Europe attend déjà. Bref, un monstre, un vrai, un défi de taille pour River. Et ça tombe bien, le groupe ouvre avec un Flamengo – River.
Alors quelle place pour les deux autres ? Tout simplement une place de candidat à la qualification. N’est pas groupe de la mort qui veut. Du côté de Santa Fe, l’objectif était d’atteindre ce groupe et les hommes de Gregorio Pérez, au jeu si ennuyeux tant il est d’abord basé sur la destruction du jeu adverse, semblent pourtant surfer sur ce premier objectif atteint. Mieux, emmenés par un Wilson Morelo absolument intenable, ils se montrent désormais presque offensifs, en attestent les 10 buts inscrits sur les quatre derniers matchs (bon 8 rien que pour Morelo), sept sur les deux derniers. Une belle dynamique au meilleur des moments sur lequel les Cardenales devront s’appuyer pour éviter le raté de l’an passé (élimination lors de la dernière journée après un nul concédé à domicile face à The Strongest) avec en prime l’accueil de l’autre outsider annoncé du groupe : Emelec. Le Bombillo a évité le pire en 2017 en s’adjugeant le titre face à la sensation Delfín et veut reproduire son bon parcours 2017 où derrière River (déjà), il avait dépassé le Colombien du groupe (déjà) pour prendre sur le fil la deuxième place. Comme ses homologues du groupe, Alfredo Arias dispose pour cela d’un effectif solide même si le départ de Fernando Gaibor pèse bien évidemment. Mais Emelec s’est offert un joli coup en signant l’excellent Jefferson Montero qui va venir dynamiter une ligne offensive déjà de grande qualité avec les Marcos Mondaini, Brayan Angulo et autres Marlon de Jesús. Le plus grand danger pour les autres membres du groupe serait de considérer Emelec comme le petit poucet. Avec ses internationaux, son équilibre collectif et son vécu, le Bombillo va en surprendre plus d’un qui ne serait pas bien préparé. Histoire de confirmer davantage que ce groupe 4 est bien celui de la mort.
Groupe 5 : Cruzeiro, Universidad de Chile, Racing, Vasco da Gama
Après le groupe de la mort, celui de la renaissance. À l’exception de Vasco, dont l’équilibre est le plus précaire de tous, ne serait-ce qu’à observer la façon dont le Gigante da Colina s’est hissé jusqu’à cette phase (qualification aux tirs au but face à Wilstermann après avoir remporté le match aller 4-0), les trois autres membres du groupe, candidats annoncés à la course à la qualification, sont de vrais revenants. Deux titres de champion consécutif, deux quarts de Libertadores puis plus rien. Cruzeiro avait sombré pendant deux saisons avant de réussir à rebondir l’an passé après le retour de Mano Menezes. Une cinquième place solide et tranquille en championnat, une Coupe du Brésil en s’offrant Palmeiras, Grêmio et Flamengo dans le sprint final (sans en battre aucun mais quand même) et une Raposa qui compte dans ses rangs quelques valeur sûres à l’image de Giorgian de Arrascaeta, demi-finaliste de l’épreuve à l’époque du Defensor Sporting, et qui alimentera les papys flingueurs Fred – Rafael Sobis ou l’imprévisible (dans tous les sens du terme) Sassá. Attention à Cruzeiro qui a tout de l’outsider caché qui vient ramasser les lauriers au bout du compte. Le club brésilien sera le favori de son groupe.
Derrière, ils devraient donc être deux à lutter pour la deuxième place qualificative. Deux autres revenants. Après un énorme passage à vide, un retour raté de Diego Cocca qui en avait pourtant fait un champion, le Racing semble enfin retrouver des couleurs. La fin d’année dernière a été celle de l’arbre qui cachait la forêt, le mauvais parcours en championnat étant alors mis de côté au profit d’un parcours continental en Sudamericana qui s’est finalement arrêté en quarts alors que le peuple albiceleste attendait un duel face au rival de toujours, et futur vainqueur, Independiente. Mais depuis, Eduardo Coudet est arrivé, le club s’est réorganisé en coulisses, est parvenu à préserver son joyau Lautaro Martínez dont l’association avec l’immortel capitaine Licha López fonctionne à merveille et a musclé son milieu avec notamment les deux Nery, l’un avec un y, Dominguez, l’autre avec un i, Cardozo et rapatriant à la maison un Ricardo Centurión qui, s’il est décidé, peut être inarrêtable. C’est donc un nouveau Racing, renforcé, plus solide, qui se présente à la Libertadores. Mais n’allez pas en faire un favori ou outsider. D’une part car cette Academia n’est pas encore totalement sûre d’elle, d’autre part et surtout car le Racing n’aime pas gagner sans souffrir.
Pour mieux souffrir, le concurrent direct doit être de qualité. Et il l’est. Sous la houlette d’Ángel Guillermo Hoyos, l’Universidad de Chile est sortie de la crise et revenu au premier plan. La recette ? Un groupe uni, de l’expérience et du talent. L’expérience des Johnny Herrera, David Pizarro, Jean Beausejour, Gustavo Lorenzetti, le talent des Mauricio Pinilla, avant-centre providentiel et essentiel de la U, et des pépites Nicolás Guerra, 18 ans, Yeferson Soteldo, 20 ans. La U s’est offert le Clausura 2017, est montée sur le podium du Transición et, après une ouverture manquée, s’est mise en route en 2018 en enchaînant trois succès consécutif. Elle aura clairement une carte à jouer dans ce groupe, à la condition de réussir son départ. Un départ qui aura des teintes auriverde puisque le Chuncho ira rendre visite à Vasco en ouverture. Comme écrit quelques lignes plus haut, Vasco ne semble pas en mesure de lutter sur le long terme avec les autres membres du groupe. Mais attention, tout aussi irrégulier qu’il soit, toute aussi précaire sa situation économique soit-elle, Vasco peut jouer les trouble-fêtes. Il pourra compter notamment sur celui dont on ne parle pas encore assez, l’Europe étant focalisée sur Vinicius Jr : Paulinho. Le jeune numéro 11 du Vasco n’en finit plus de faire tomber les records de précocité, jugez plutôt : plus jeune pro au Vasco (16 ans, 11 mois et 29 jours), plus jeune buteur de l’histoire du Brasileirão (17 ans et 9 jours), il a profité de la phase préliminaire pour devenir le plus jeune buteur de l’histoire du club en Libertadores (17 ans, 6 mois et 23 jours), détrônant au passage un certain Roberto Dinamite (de plus de 3 ans). Encore un chiffre ? Avec 2 buts et 2 passes décisives en 4 sorties, Paulinho a déjà fait mieux que Neymar à ses débuts en Libertadores. Il n’en fallait pas plus pour que le Brésil et les supporters du Vasco s’excitent autour de leur joyau.
Groupe 6 : Santos, Estudiantes, Nacional, Real Garcilaso
Du haut de ce groupe, 10 titres contemplent le continent. Trois trophées pour Santos, trois pour le Nacional, quatre pour Estudiantes (premier tricampeón de América dans les années 60-70), autant le dire, ce groupe 6 verra un géant tomber. Reste à savoir lequel et à ce petit jeu, bien malin celui qui le trouvera au coup d’envoi de l’épreuve. Du côté de Santos, on est encore quelque peu dans l’attente. Certes le retour à la maison de Gabigol est une bonne nouvelle, mais l’équipe doit se trouver un nouvel équilibre, le départ de Lucas Lima privant le Peixe de chef d’orchestre, celui de Ricardo Oliveira de légende. Elle pourra compter sur sa meilleure arme, Jair Ventura. Sans faire de bruit, le fils de Jairzinho a fait de Botafogo une équipe très solide et décroché quelques beaux résultats le tout sans véritable star. Reste qu’il faudra le trouver rapidement cet équilibre car face à Santos se dresse deux autres monstres.
Le premier est Argentin et se nomme tout simplement Estudiantes. Chez les Pinchas, on reste dans la plus pure des traditions. Lucas Bernardi s’est installé sur le banc depuis 13 matchs, il en a gagné près de la moitié, après un joli parcours avec Godoy Cruz qu’il avait hissé en huitième de finale de la Libertadores 2017, éliminé par le futur vainqueur Grêmio. Comme Jair Ventura, Bernardi assemble des équipes solides et équilibrées, jamais géniales, toujours cohérentes, toujours extrêmement compliquée à prendre. Equilibre donc entre expérience, celle des immortels Desábato, Schunke, Braña, Gastón Fernandez, Mariano Pavone, et talent, celui des Juan Bautista Cascini, de la pépite Lucas Rodríguez, de l’Equatorien Jacob Murillo (qui prend la place d’Equatorien de talent que Christian Alemán devrait malheureusement laisser), ou du Colombien Juan Ferney Otero. Du plus pur Estudiantes et donc une vraie menace. L’équilibre, mot clé de cette saison de Libertadores, c’est aussi ce qu’à ramené Alexander Medina au Nacional. Après une année 2017 en demi-teinte et après des tournois amicaux d’été catastrophiques, on ne donnait pas cher de ce Bolso-là. Il n’en est rien. Car Medina a formé un vrai groupe, assemblé une équipe, d’une efficacité redoutable. Emmené par le capitaine Polenta, toujours là en raison d’un passeport introuvable, avec beaucoup d’expérience, de Coco Conde à Luis Aguiar en passant par Tata González, Seba Fernández et autre Jorge Fucile, le Nacional compte aussi son lot de joueurs talentueux, des jeunes, comme Facundo Waller, des moins jeunes, comme le duo Zunino – Viudez mais aussi un buteur toujours vert, Gonzalo Bergessio. Un profil d’équipe compliquée à déstabiliser, une équipe qui peut véritablement viser la qualification et plus si affinité.
Quelle place restera-t-il au Real Garcilaso ? Celui des souvenirs. Ceux d’une campagne 2013, la première du club, qui l’avait vu atteindre un quart de finale après avoir éliminé en huitièmes…le Nacional. Pour le reste, l’édition 2018 s’annonce des plus compliquée pour la Máquina celeste qui sort pourtant d’une belle année 2017, dauphin de l’Alianza Lima lors de l’Apertura et du Clausura, mais devra faire sans son goleador Danilo Carando et avec un nouveau coach sur le banc, Óscar Ibáñez, ancien membre d’un club cusceño entré dans la légende, le Cienciano vainqueur de la Sudamericana 2003.
Groupe 7 : Corinthians, Independiente, Millonarios, Deportivo Lara
Si une Copa Libertadores débute avec Independiente dans ses rangs, le Rojo se place obligatoirement en favori, non seulement de son groupe, mais surtout au titre. Car le Rey de Copas argentin et ses sept Libertadores ne peut qu’être favori. Alors quand en plus ce Rojo arrive auréolé d’une victoire finale en Copa Sudamericana et d’une courte défaite en jouant deux matchs à dix contre onze en Recopa, le statut de favori est encore plus grand. Il faut dire qu’Independiente sauce Ariel Holan est une sacrée machine à produire du jeu et compte dans ses rangs quelques joueurs de ballon. Certes la pépite Ezequiel Barco et le capitaine Nico Tagliafico sont partis briller sous d’autres cieux, mais l’arrivée d’un Fernando Gaibor aux côtés de Maxi Meza, dont le nom se murmure jusqu’à la sélection, vient combler avec talent le trou laissé au milieu. Défendu par un gardien souvent parfait, Martín Campaña, reposant sur une défense solide et des joueurs de couloir ultra-offensifs et hyperactifs, avec donc des joueurs de ballon au milieu et un mélange d’explosivité sur les ailes et de poids dans l’axe, Independiente est redoutable, il va faire mal.
Il faudra car dans ce groupe se trouve le champion du Brésil, le Corinthians. On pourrait en faire un grand favori, pourtant, malgré cette couronne, le Timão n’offre que peu de garanties. L’équipe de Fábio Carille a surtout surfé sur une énorme série et la présence de concurrents directs semble-t-il pas vraiment décidés à jouer le titre, pour décrocher le dernier Brasileirão et a perdu son buteur vedette, jamais élégant mais toujours efficace, Jô, parti pour le Japon. Que reste-t-il au Corinthians ? Quelques joueurs de talents, comme Ángel Romero, mais un effectif qui semble moins dense que ses concurrents… La chance du Timão, c’est qu’à part Independiente, les autres adversaires semblent largement à sa portée. Millonarios arrive avec sa pépite déjà star en Amérique du Sud, le portier Wuilker Faríñez qui va enfin s’offrir la plus grande exposition du continent, et auréolé d’un titre national. De quoi viser haut ? Dans un tel groupe, cela semble compliqué, l’effectif à disposition de Miguel Ángel Russo semblant tout de même un ton en dessous des deux favoris annoncés et les gros soucis de santé de leur entraîneur pouvant aussi créer quelques préoccupations légitimes avant de débuter l’épreuve. Pour envisager la qualification, il faudra parfaitement gérer les réceptions des deux grands du groupe et surtout faire le plein sur la victime annoncée, le Deportivo Lara. A l’image de Monagas, Lara est sorti d’une crise économique et a rebondi grâce à de nouveaux investisseurs. Cette nouvelle dynamique, couplée à la chute des géants, ont permis au Depor de s’offrir une deuxième qualification de l’histoire à la Libertadores et donc de vivre déjà comme une récompense que d’accueillir des géants du continent. Reste que Lara cherchera à jouer son rôle d’arbitre, comme il l’avait joué en 2013 lorsqu’il s’était par exemple offert le scalp de Newell’s et accroché Olimpia au Paraguay, deux formations qui allaient terminer respectivement demi-finaliste et finaliste de l’épreuve. Pour cela, le Depor ne s’appuiera pas sur une pléiade de joueurs connus de tous à l’exception d’un Juan Falcón qui avait brillé avec Zamora lors de la Copa Libertadores 2014.
Groupe 8 : Boca Juniors, Palmeiras, Alianza Lima, Junior
Si le groupe 4 est étiqueté groupe de la mort, le 8 n’est pas mal non plus et compte dans ses rangs celui qui fait office d’ogre absolu de l’épreuve : Boca Juniors. Tranquille en championnat, et donc pouvant gérer de la meilleure des manières son calendrier, disposant d’un effectif impressionnant comptant pléthore d’internationaux, de joueurs confirmés, de Fernando Gago à Carlos Tevez, de jeunes talents de Nahitan Nández à Wilmar Barrios en passant par Cristian Pavón, le tout entouré d’un entraîneur dont la qualité n’est plus à démonter, l’ancienne idole du club Guillermo Barros Schelotto, Boca est un monstre, une sorte de montagne infranchissable qui ne semble avoir pour adversaire que lui-même. Avec ses six titres, l’objectif de cette année est clairement fixé, aller chercher le septième et revenir au Mondial des Clubs. Un effectif donc des plus envisageable tant ce 4-3-3 semble quasi-impossible à battre.
Au point que même si les adversaires du groupe sont des plus huppés, ils devraient lutter pour la deuxième place. Des trois concurrent, deux se détachent sur le papier mais un n’a rien à perdre. Les deux qui semblent en avance sont Palmeiras et Junior. Le Brésilien s’est totalement raté l’an passé après avoir tranquillement dominé son groupe, puis a laissé son titre de champion national alors qu’il aurait sans doute pu faire mieux. C’est donc avide de revanche que le Verdão aborde 2018 et a méchamment musclé son effectif : Lucas Lima, chef d’orchestre de Santos, Gustavo Scarpa, celui de Fluminense, Weverton, des latéraux de talent, Diogo Barbosa, Marcos Rocha. Ajouté aux Dudu, au retour de Miguel Borja, la pression sur Roger Machado sera immense mais son Palmeiras a les armes de lutter avec Boca. Reste donc à Junior à espérer un accident venu du Brésil. Le Tiburón a pourtant de quoi poser des problèmes surtout offensivement. De Teófilo Gutiérrez à la machine à perforer Yimmi Chará en passant par les Luis Carlos Ruiz et autres Jonathan Álvez, le groupe d’Alexis Mendoza est dense offensivement, a déjà démontré son talent en atteignant la demi-finale de la dernière Sudamericana, mais va devoir trouver une vraie régularité pour espérer se mêler à la lutte. Cette fameuse régularité qui fait autant défaut aux joueurs dont les noms ont été cités ici.
Reste donc une équipe dans ce groupe, un autre grand dans son pays, mais qui risque d’avoir du mal à lutter sur le continent, l’Alianza Lima. Quoi que… Car depuis l’arrivée de Pablo Bengoechea sur le banc de touche, l’Alianza a gagné en force collective et retrouvé le succès. Apertura et Clausura 2017 décrochés, nous privant d’une finale pour décider du champion national, les Aliancistas ont dominé le Pérou. L’Alianza Lima dispose dans ses rangs de joueurs clés, une épine dorsale expérimentée, Leao Butron, Rinaldo Cruzado, Luis Ramirez, du talent entre les lignes, Carlos Ascues, la pépite Kevin Quevedo, 21 ans, l’irremplaçable Alejandro Hohberg. De quoi pouvoir lutter avec Boca, Palmeiras et Junior ? La question reste ouverte mais les charmes de la Libertadores font qu’il y a toujours une forte dose d’imprévisible dans cette épreuve, une dose d’imprévisible qui peut même toucher les géants.