Premières sessions de la phase de groupe de la Libertadores et émotions multiples. Pendant que le champion sortant déçoit, quelques favoris et prétendants montrent qu’il faudra bien compter sur eux cette année. Retour sur les matchs de mardi et mercredi.
Copa Libertadores 2018 : guide de la phase de groupe
Grêmio déçoit, Lautaro cartonne
À tout seigneur, tout honneur, le champion sortant ouvrait la phase de groupe par un déplacement annoncé délicat au Franzini où le Defensor l’attendait de pied ferme. Le match était prometteur, il n’a pas tenu ses promesses. La faute à un Defensor trop attentiste, qui s’est muré derrière un rideau de cinq défenseurs et n’a jamais cherché à construire, le duo Cardacio – Benavidez ne posant jamais le ballon, la stratégie étant simple, récupérer et envoyer de longues balles vers un excellent mais totalement isolé Germán Rivero. La faute aussi à un Tricolor en mode sénateur, incapable d’accélérer, incapable de trouver la moindre idée collective pour percer la muraille, à l’image de la finale aller de Recopa Sudamericana. Il y a des manques chez le champion, l’absence de vrais bons joueurs dans les couloirs, l’absence d’une pointe capable de faire ce que Rivero a fait notamment pour fixer l’axe central, mais malgré ces manques, le champion sortant a bien failli s’en sortir puisqu’il ouvrait le score sur une rare percée sur le côté d’Everton qui finissait par permettre à Maicon d’ouvrir la marque. Malheureusement pour les Brésiliens, le Defensor allait alors accélérer le temps d’égaliser, chose faite par Maulella totalement oublié au deuxième poteau sur corner. 1-1, tout le monde est content, pour le spectacle, on repassera.
Le spectacle était du côté du Cilindro où le Racing accueilli un sérieux candidat, l’excellent Cruzeiro. La Academia n’a probablement pas joué le meilleur match de sa saison, mais elle peut compter sur le talent d’un homme Lautaro Martínez. Alors que le peuple réclame son arrivée en sélection, la pépite du Racing a une fois encore profité de la venue de Sampa au stade pour briller de mille feux. C’est lui qui ouvrait le score alors que le début de match semblait contrôlé par la Raposa, qui s’était procuré quelques situations. C’est encore lui qui allait redonner l’avantage aux siens juste avant la pause alors que Cruzeiro était entre temps revenu dans la partie sur une tête de son génial uruguayen Giorgian De Arrascaeta et alors que le Racing n’était pas bien, Juan Musso ayant sauvé les siens à deux reprises devant Rafael Sobis. C’est toujours lui qui offrait deux buts d’avance aux siens en seconde période, une fois encore alors que Cruzeiro avait manqué quelques belles chances de revenir dans la partie, la plus incroyable pour Rafinha seul aux six mètres et qui envoyait sa frappe sur la barre. Jamais le Racing n’allait être tranquille, Cruzeiro menaçant régulièrement, Robinho ramenant les siens au contact d’un superbe coup franc mais le Racing savait exploiter la moindre erreur et, alors que la Raposa se repliait quelque peu, Augusto Solari allait finalement plier l’affaire à l’entrée des dix dernières minutes. Le Racing réussit son entrée, Lautaro Martínez continue de marquer des points, il en offre surtout trois précieux à son Academia.
Cruzeiro tombé, on attendait de voir ce qu’il allait advenir d’un autre prétendant annoncé, l’Atlético Nacional, qui se rendait au Monumental de Santiago pour y défier un autre ambitieux, Colo-Colo. La réponse fut claire. Après un premier acte qui a vu les Colocolinos dominer légèrement les débats, sans pour autant générer de véritable danger sur les cages de Monetti, parfaitement protégé par sa ligne de cinq Henríquez – Braghieri – Aguilar – Palacios – Delgado, les Verdolagas de Jorge Almirón sont ensuite montés en puissance pour totalement maîtriser leur adversaire. Pour cela, les Colombiens ont pu compter sur une modification tactique opérée par le technicien argentin qui allaient leur donner plus d’équilibre, Gonzalo Castellani remplaçant à la pause Jeison Lucumí puis Jorman Campuzano prenant la place de Daniel Bocanegra quelques instants plus tard. Alors les hommes d’Almirón ont contrôlé, Andrés Rentería a commencé à menacer Orión, Campuzano offrait ensuite un délice de passe pour l’excellent Vladimir Hernández qui concrétisait cette domination en ouverture du score. Guede changeait alors à son tour ses plans mais la maîtrise était colombienne, l’Atlético Nacional contrôlait. Il n’y aura finalement qu’une frayeur, en toute fin de partie, une volée de Baeza qui fuyait le cadre, mais l’essentiel est assuré et le message parfaitement envoyé : le patron colombien est de retour.
L’autre belle affaire de la première nuit de Libertadores est pour le Cerro Porteño. En déplacement au Venezuela face au petit poucet Monagas, le Ciclón de Luis Zubeldía a fait parler sa supériorité et ainsi décroché un premier succès facile. D’entrée de partie les Paraguayens se montraient menaçant, et même si Vogliotti répliquait pour les locaux, le Cerro Porteño ouvrait logiquement le score peu avant la demi-heure sur une volée parfaite de Cristian Insaurralde. Les hommes de Zubeldía se mettaient ensuite rapidement à l’abri, d’entrée de second acte, Marcos Cáceres profitant d’un ballon relâché par Alain Baroja, l’affaire était pliée et le Cerro réussit parfaitement son entrée en lice dans la compétition.
River résiste à Flamengo
Remake de la finale de 1971, celle qui avait vu tomber le grand Estudiantes alors triple tenant du titre, ce Nacional – Estudiantes au Gran Parque Central s’annonçait comme l’un des premiers grands matchs, il allait être observé avec attention par le troisième géant du groupe Santos. Une chose est sûre, à la vue de la prestation des deux équipes, le Peixe peut être rassuré. Car ni le Nacional, ni Estudiantes n’ont trouvé une once de football ce mercredi soir à Montevideo. Beaucoup de belles intentions, un jeu ouvert permis par les nombreux espaces laissés au milieu, mais deux formations incapables d’aligner trois bonnes passes. Conséquence, on aura eu très peu de véritables occasions, la plus belle de toute restant ce face à face totalement déchiré par Otero seul face à Conde en seconde période. 0-0 score final, les deux formations vont devoir hausser leur niveau de jeu si elles veulent espérer aller plus loin dans la compétition. Même son de cloche au Campín où Millonarios s’est montré incapable de bouger le bus parqué par le Corinthians venu chercher le nul. Los Embajadores ont dominé le premier acte, sont souvent passés par les côtés avec un excellent Elíser Quiñones mais n’ont pas su se montrer suffisamment précis dans les derniers gestes pour véritablement menacer un Timão qui n’aura eu qu’une seule situation en première période, une frappe d’Ángel Romero parfaitement contrôlée par Wuilker Faríñez. Le scénario était identique en seconde période, même si le Corinthians laissait espérer qu’il allait sortir en début de celle-ci, et trouvaient notamment la transversale sur une frappe d’Henrique, mais allait ensuite de nouveau fermer boutique pour se contenter du nul. Côté Millonarios, une seule véritable occasion, une frappe totalement manquée de Huérfano pourtant parfaitement placé dans la surface. Bien trop peu pour espérer autre chose qu’un nul sans saveur.
L’autre grande affiche de la semaine était évidemment le choc du groupe 4 entre le dernier finaliste de la Sudamericana, Flamengo, et le demi-finaliste de la dernière Libertadores, River Plate. Dans un Nilton Santos contraint au huis clos, les deux favoris du groupe ont offert un vrai duel tactique, fermé et disputé, le River de Gallardo s’organisant autour d’un 4-4-2 plus sécure avec un duo Ponzio – Zuculini chargé de bloquer Diego, Enzo Pérez pour remonter les ballons et De la Cruz à qui il était demandé de trouver le duo Mora – Pratto. Cela a parfaitement fonctionné pour bloquer le jeu du Flamengo, qui attendait plus de 25 minutes pour chauffer les gants d’Armani par Henrique Dourado, cela n’a pas fonctionné pour se montrer dangereux, la seule « situation » étant un coup franc de Mora en fin de premier acte. Il fallait un évènement pour véritablement lancer le match, ç’allait être un penalty parfaitement obtenu par Diego (ou bêtement concédé par Ponzio, c’est selon) qui permettait à Henrique Dourado d’ouvrir le score. La réplique millonaria était immédiate, le revenant Mora (hors-jeu) égalisait de la tête, le match était vraiment lancé, la bataille tactique terminée, la fluidité des deux collectifs pouvait s’exprimer. Le duo Ponzio – Zucilini commençait à souffrir sur les offensives du Mengão qui allait reprendre l’avantage sur une belle balle piquée de Lucas Paquetá qui trouvait Everton laissé libre à la limite du hors-jeu par Martínez Quarta. La dynamique actuelle de River laissait alors craindre le pire, la bande à Gallardo semblant incapable de rebondir en 2018. Mais la Libertadores n’est pas le championnat et River sait réagir : el Muñeco lançait alors Nacho Scocco, JuanFer Quintero et surtout Camilo Mayada, ce dernier, suspendu pour dopage l’an passé, allait se muer en héros en égalisant en fin de partie. 2-2 score final, River réussit la belle affaire de la soirée.
Dernier match de la nuit, les grands débuts de la sensation Delfín en Libertadores. Opposé à Bolívar, les hommes de Sanguinetti ont d’abord souffert, sans doute tétanisés par l’enjeu à l’image de cette incroyable passe en retrait de Luis Cangá parfaitement exploitée par Marcos Riquelme pour l’ouverture du score des visiteurs. Puis le Cetáceo s’est mis action et a alors fait briller Romel Quiñónez, qui a d’abord retardé l’échéance de l’égalisation, notamment devant Carlos Garcés avant de céder en toute fin de premier acte sur une tête de La Tuka Ordóñez. Ce but allait permettre aux locaux de se montrer plus ambitieux mais offrait surtout des situations de contres aux Celestes boliviens. Riquelme manquait le cadre alors qu’il était seul au second poteau, Delfín s’offrait ensuite quelques belles situations, une frappe d’Arismendi, une énorme occasion pour Garcés sauvée sur la ligne par Luis Gutiérrez. Le match était ouvert, chaque équipe aura sa part d’occasions, Arce puis Juanmi Callejón trouvant par exemple la barre, Henry Pratta s’offrant deux situations claires devant Quiñónez et Iván González seul au second manquant le cadre, mais plus rien n’allait être inscrit. Delfín et Bolívar se quittent bons ami, la belle affaire reste pour les Boliviens.