On a de cesse de le rappeler, la réalité de la Libertadores est toujours bien différente de son homologue européenne pour ne citer qu’elle. On peut ainsi être grand favor, chaque déplacement est un combat, un match qui voit souvent les cartes rabattues. La soirée de jeudi en fut l’illustration.
Copa Libertadores 2018 : guide de la phase de groupe
Tout a débuté par le déplacement de Santos à Cuzco, à plus de 3000 mètres d’altitude, le genre de déplacement que les Brésiliens redoutent généralement. Face à un Real Garcilaso qui va devoir faire le plein à domicile pour espérer survivre dans ce groupe de géants, le Peixe pouvait cependant profiter du nul insipide entre Nacional et Estudiantes de la veille. Il n’en fut rien. Huit minutes de jeu, Jhonny Vidales profitait d’un excellent débordement d’Iván Santillán et trompait alors Vanderlei, le match était lancé. Les Brésiliens avaient affirmé leur intention de se ménager, d’économiser leur souffle, l’occasion ne leur en était pas donné. Le Peixe cherchait alors à rapidement revenir dans la partie, Gabigol et Copete se montrant quelque peu menaçant. Mais Garcilaso gérait plutôt bien son affaire et allait ensuite mettre Vanderlei à contribution à de multiples reprises, le duel avec Alfredo Ramúa, laissé libre de mouvement, animant le second acte. Si Santos restait quelques fois menaçant, la domination était péruvienne et ce n’est finalement qu’en toute logique que Ramúa allait finir par sceller la partie et offrir un premier succès en forme de coup de tonnerre en faveur d’un Garcilaso qui a déjà accompli un tiers de son objectif.
Pas d’excuse de l’altitude pour Independiente mais un résultat tout aussi négatif. Pour les retrouvailles avec sa compétition favorite, le Rojo se rendait au Venezuela avec le numéro 7 sur le maillot, pour bien rappeler qu’il est le seul à avoir soulevé 7 fois ce trophée. Si l’effet était de chercher à impressionner le Deportivo Lara, ça n’a pas fonctionné. Il ne fallait que dix minutes aux locaux pour ouvrir le score sur un débordement d’Helbert Soto côté gauche qui servait alors Carlos Sierra totalement seul au deuxième poteau. Le mal était fait, Independiente allait se retrouver à courir après le score. Certes l’état du terrain aura été une catastrophe mais, s’il perturbait la fluidité du jeu du Rojo, il ne pouvait expliquer le manque d’efficacité, à l’image du raté de Gaibor, seul aux six mètres mais qui ne cadrait pas sa tête, ou de la frappe de Benítez bien sortie par Salazar. Il ne pouvait non plus expliquer à lui seul pourquoi le jeu d’Independiente s’est dilué au fil des minutes. Certes Salazar a bien repoussé tout ce qui se présentait à lui, parfois aidé par ses coéquipiers à l’image du sauvetage de Sierra sur sa ligne devant el Burrito Martínez, mais le Rojo a eu finalement peu de situations de revenir. Pire, il aurait même pu en prendre un second si Juan Falcón n’avait pas trouvé la barre en fin de partie, sur l’une des rares occasions de Lara en deuxième période. Qu’importe pour les locaux qui réalisent un joli coup d’entrée de compétition.
Après le nul entre Flamengo et River, l’occasion était donnée à Santa Fe et Emelec d’en profiter pour prendre les commandes groupe. Pour cela, il fallait que l’un des deux outsiders annoncés s’impose au Campín. Le moins que l’on puisse dire, c’est que chacun a eu la possibilité d’aller chercher la victoire, en particulier Santa Fe. Les Cardenales ont récité un football intéressant, profité notamment de la forme incroyable de Wilson Morelo et du jeu sur les côtés des Plata et Pajoy pour menacer un intéressant Bombillo mais les hommes de Gregorio Pérez ont terriblement gâché et surtout se sont tiré une balle dans le pied avec leurs erreurs défensives. Tout partait bien pourtant puisque les locaux regagnaient les vestiaires avec une avance d’un but, le neuvième en quatre matchs de Morelo, mais ils ont ensuite payé cher leurs erreurs offensives et défensives comme cette passe ratée de Javier López que l’excellent Bryan Angulo exploitait à merveille pour ramener les siens peu avant l’heure de jeu. La pression de fin de match aura été intense côté Cardenales mais jamais elle n’allait se transformer en but, la plus belle occasion étant pour Betancur à la 82e minute. Mais à l’image du dernier coup franc du match pour les Colombiens, une combinaison totalement ratée qui se transformait en contre d’Emelec au bout duquel Solís allait trouver le poteau sur un nouveau coup franc, Santa Fe s’en sort aussi bien. Faisant du nul un résultat finalement assez logique.
Le Nacional de Lima était plein comme un œuf pour les débuts du grandissime favori de l’épreuve, Boca Juniors. Face aux Xeneizes, un Alianza Lima qui sait souffrir mais frapper quand il le faut, sa victoire du week-end face à Universitario en étant la plus belle illustration. Alors évidemment, les Aliancistas ont souvent souffert, « laissant » le contrôle du ballon à Boca qui appuyait souvent mais manquait de solutions pour faire sauter le verrou aliancista sur lequel la U s’était aussi cassé les dents il y a quelques jours. Boca a eu les occasions, notamment par Tevez en première période, ou Cardona en deuxième, a buté au début sur l’excellent Butrón, sorti sur blessure à la 20e minute, mais Boca a bien failli se faire punir comme Universitario, les contres des hommes de Bengoechea étant toujours aussi efficace. Les Aliancistas ont eu quelques opportunités pour faire basculer la rencontre dans leur sens lorsque, prenant confiance, les Péruviens sortaient et menaçaient les cages de Rossi notamment par Hohberg et Cruzado.
Dans l’autre match du groupe, la question était de savoir si Junior allait parvenir à se mettre au niveau et ce de manière totale et régulière, pour bousculer l’ordre établi qui veut que Palmeiras et Boca lui sont supérieurs. Les Barranquilleros ont bien entamé la partie, tentant de déstabiliser le Verdão en passant par les côtés et se sont procuré les deux premières situations du match par Yimmi Chará et Jonatan Álvez. Puis le match a basculé. Germán Gutiérrez s’est montré coupable d’une faute aussi dangereuse qu’inutile au centre du terrain et s’est alors vu logiquement exclu. On ne jouait alors pas la 10e minute de jeu et le Verdão, qui commençait à poser sa patte sur le match, allait alors dérouler et montrer sa supériorité. À chaque accélération, les Brésiliens dépassaient les locaux, ils allaient alors gérer la bande à Alexis Mendoza qui certes se procurera bien des opportunités, souvent gâchées par un Álvez à côté de son match. Et frapper quand bon leur semblait. Bruno Henrique s’offrira un doublé, Miguel Borja se rappellera au souvenir des supporters cafeteros, Palmeiras rentre de Barranquilla avec une victoire 3-0 qui devrait marquer quelques esprits. En tout cas, le Verdão a clairement montré ses intentions cette année.