Première semaine de Libertadores et déjà quelques favoris mettent un genou à terre, histoire de bien rappeler ce qui fait la spécificité et le charme de la plus belle des compétitions continentales. Les temps forts de la semaine et inside Alianza Lima - Boca Juniors, dans la chaleur du Nacional de Lima.
Copa Libertadores 2018 : guide de la phase de groupe

Par Romain Lambert à Lima pour Lucarne Opposée
Enfin le retour de la grande Copa Libertadores à Lima ! Ils s’étaient pourtant quittés en mauvais termes l’année précédente, en laissant le Sporting Cristal sur le carreau un soir de mai 2017 et une dernière défaite face au Santa Fe de Colombie privant ainsi la capitale péruvienne de rendez-vous continental. Cette année ce sont le jeune Garcilaso de Cusco et l’Alianza Lima qui représenterons le Pérou pour la prestigieuse coupe Libertadores. L’Alianza retrouve cette compétition trois ans après avoir échoué au premier tour contre Huracán en 2015.
Qualifié directement pour la phase de groupe cette année, l’équipe de la Victoria a hérité d’un groupe de la mort avec notamment LE candidat au titre, l’ogre Boca Juniors. Pour autant, la date du 1er mars, a été cochée par tous les hinchas blanquiazules mais aussi les fans de foot pour accueillir Boca à Lima. L’occasion de voir jouer un grand d’Amérique du Sud ne se manque pas. Pour l’occasion, c’est le stade Nacional de Lima qui a été choisi pour accueillir ce match de prestige. Les places sont d’ailleurs parties comme des petits pains malgré des prix gonflés pour l’occasion. Prix contestés par la direction de Boca Juniors qui ne s’est pas déplacé en guise de protestation… Ambiance. Mais le plus important pour nous et pour vous, c’est que LO était bien présent dans les tribunes pour ce match ! Allons au cœur d’un match de Libertadores dans un stade Nacional bouillant et plein à craquer de la capitale liménienne !
Jeudi, jour de match, jour de la Libertadores. Au petit matin, le match est sur toutes les lèvres, dans les journaux, à la télé… c’est LE match de l’année. Tout le monde en parle, Boca est à Lima pour en découdre avec l’Alianza. Même les hinchas de la U en parlent et se moquent déjà d’une probable raclée, une goleada que va prendre leur rival. 17h, je file vers le stade pour éviter le trafic infernal de Lima et les files interminables pour entrer en tribunes populaires. Le chauffeur du taxi, hincha du Sporting Cristal me raconte que l’Alianza avait battu Boca à la Bombonera en 1966. Un autre temps, une autre époque. Les héros Aliancista de 66, Rodolfo Bazan, Juan de la Vega et Victor Rostaing sont invités pour le coup comme porte-bonheur. Il me dit que c’est possible, qu’ils peuvent le faire ici à Lima car « la casa se respeta », il va en tous cas supporter pour une fois l’Alianza, une équipe rivale. Le Pérou avant tout, « Una sola camiseta ».
Je suis dans le stade environ 45 minutes avant le coup d’envoi et la barra aliancista déjà bien présente entonne les chants qui sont repris par toute la tribune. Le stade se rempli petit à petit et est plein à craquer pour le coup d’envoi. Quelques supporters argentins ont fait le déplacement.
Boca Juniors est venu en confiance à Lima, le club Xeneize enchaine les victoires et est en tête du championnat argentin. L’Alianza quant à elle vient de remporter difficilement un clasico contre le rival Universitario le week-end précédent. Bon pour la confiance. Aucun absent majeur à déplorer, les deux clubs aligne leur onze type. Pablo Bengoechea place une ligne de 4 défenseurs, 3 milieux, 2 ailiers et un faux neuf en la personne d’Alejandro Hohberg. Nous avons donc deux belles équipes prêtes à offrir un beau jeu.
Les joueurs entrent sous la musique de la Copa Libertadores que l’on distingue à peine car couverte par les chants continues de la barra aliancista Comando Sur. Place au jeu maintenant. L’arbitre donne le coup d’envoi. Ça part tout de suite très vite et le ballon passe de joueur en joueur coté Boca qui rentre bien dans le match comme cette frappe de Cristian Pavon bien capté par Leao Butron. Le gardien semble s’être fait mal sur cette action. Mais les joueurs de Boca sont sans pitié a l’image de ce second tir du colombien Cardona arrêté une nouvelle fois par le gardien de l’Alianza puis Pavon qui revient à la charge. « San Leao » stoppe tout et maintien son équipe hors de l’eau. Mais après 20 minutes s’en est trop, le gardien blanquiazul reste à terre et demande le changement. Coup dur pour l’Alianza qui perd son meilleur joueur jusqu’à la brillant. Butron est remplacé par le jeune Daniel Pietro et sort ovationné par le public. Ce changement transcende finalement les péruviens qui ne veulent plus subir mais gagner pour leur gardien blessé. À chaque fois que le ballon est récupéré, l’Alianza se montre dangereuse en lançant des contres bien organisés en jouant à l’horizontale pour trouver les ailiers. Le club de la Victoria se hisse au niveau de son rival d’un soir avec un jeu bien huilé en une touche de balle et s’offre même des occasions nettes. Dans le stade l’ambiance est au rendez-vous, les hinchas croient en l’exploit et pousse l’équipe comme un seul homme comme sur ce coup franc direct joué par Cruzado qui manque de peu le cadre a quelque instant de la fin de la première mi-temps. Mais la réponse de Boca est immédiate et Tevez est à un centimètre de doucher le stade en touchant le poteau dans les arret de jeu.
Finalement les hinchas sont rassurés. Au Pérou la superstition veut que si tu touches les poteaux, tu es maudit et tu ne marqueras pas du match. Simple et efficace. Fin de la première période. Les deux équipes rentrent aux vestiaires sous les applaudissements du public.
Les vendeurs ambulants en profitent pour vendre en tribune leur sandwich, glace, et soda à des prix raillés par les supporters.
« - Un coca-cola por favor !
-5 soles
- J’ai demandé un verre pas la bouteille ! »
Les spectateurs regagnent leurs tribunes et les chants reprennent ! « Corazon Alianza Lima ! Corazon para ganar ! ». « Ole Ole Ola Soy de Alianza, es un sentimiento no peudo parar ! ». Les deux équipes reviennent enfin sur la pelouse et sans changement.
On veut connaitre la suite, le premier acte nous a clairement laissé l’eau à la bouche. Le match reprend sur le même rythme, Boca tient le ballon, tente mais la défense péruvienne résiste bien, il y a tout de suite 3 ou 4 joueurs blanquiazul sur un joueur xeneize. C’est alors qu’entre Carlos Ascues en remplacement de Lemos coté Alianza Lima. Le Vénézuélien naturalisé Péruvien revient de blessure mais va jouer sans doute l’une de ses meilleures partitions. Polyvalent et à l’aise techniquement, il est sur tous les bons coups de l’Alianza et apporte un danger permanent. Coté Boca, c’est le colombien Cardona qui est le meilleur ce soir et met la misère aux défenseurs blanquiazules : Il est clairement le plus dangereux, à l’image de cette frappe qui tape la barre transversale (superstition péruvienne…). Le ballon ne franchira jamais la ligne de but malgré les attaques multiples de Boca Juniors et les contres ravageurs de l’Alianza Lima. L’arbitre siffle la fin de la rencontre sur un score nul et vierge.
L’Alianza a tenu tête à Boca Juniors et gagne un point précieux ce soir. Ce soir, nous n’avons pas noté la différence pourtant très grande entre le football péruvien et le football argentin. C’est aussi la magie de la Copa Libertadores, des « petits » qui résistent aux gros et qui régalent leurs hinchas.
L’Alianza Lima devra se déplacer cette fois au Brésil ou un autre défi l’attend face à Palmeiras ou tout sera possible ! Le lendemain, la presse péruvienne locale accueille ce match nul comme une victoire et félicite l’Alianza d’avoir stoppé le monstre argentin et espère maintenant un retour vers la gloire. Surtout que lors de cette première journée, les cusqueniens de Garcilaso ont vaincu les brésiliens de Santos dans les hauteurs des Andes.
Gloire au football péruvien !

Par Nicolas Cougot
La grande différence entre la Copa Libertadores et ses consœurs des autres continents est qu’autant il est toujours aussi facile de dégager des favoris au coup d’envoi, autant chaque match peut rabattre les cartes, le statut de favori n’offrant finalement aucune garantie. Cette première semaine de phase de groupe de la Libertadores est venue le rappeler à ceux qui l’avaient oublié.
Au pays des favoris, certains ont été bousculés. C’est le cas de Boca, vous venez de le lire dans l’inside, mais c’est aussi le cas de Grêmio, incapable de faire sauter le verrou dressé par un Defensor que l’on aurait aimé un peu plus joueur, ou encore du Corinthians, décevant par son impuissance en Colombie. D’autres sont tombés d’entrée : c’est le cas de Santos, débordé à Cuzco par un très bon Real Garcilaso, ou Independiente, incapable de se dépêtrer du champ de patate du Metropolitano et piégé par un Deportivo Lara qui a su exploiter les situations qui lui ont été offertes. D’autres enfin, en ont profité pour marquer leur territoire : c’est le cas de l’Atlético Nacional, impressionnant de maîtrise au Monumental de Santiago face à Colo-Colo, ou encore de Palmeiras, qui a géré avec une facilité assez déconcertante un Junior décevant à Barranquilla.
Et puis, il y a eu ceux qui se sont croisés sur le terrain. Certains ont offert des matchs qu’on préfèrera oublier, comme le Nacional – Estudiantes au Gran Parque Central, d’autres ont tenu leurs promesses. Ainsi, on a vu un énorme Racing – Cruzeiro marqué de l’empreinte Lautaro Martínez actuellement en feu et qui a profité de la venue de son sélectionneur pour lui causer bien des maux de tête, on a aussi vu un très bon Flamengo – River Plate marqué par le caractère d’une équipe argentine que nombreux ont voulu couler mais qui sait faire rappeler que depuis l’arrivée de Marcelo Gallardo, les compétitions continentales étaient ancrées dans son ADN.
Reste enfin les outsiders, certains ont réussi de jolis coups, à l’image du Cerro Porteño qui est allé chercher une précieuse victoire au Venezuela, d’autres ont concédé des points, à l’image de Bolívar face à la sensation équatorienne Delfin ou de Santa Fe, qui a payé cher ses erreurs face à un Emelec toujours aussi intéressant.

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