Dernière chance pour le Sporting Cristal qui accueillait Barcelona au Nacional de Lima. Et s’il n’était pas forcément question d’exploit, il fallait surtout sauver l’honneur.

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Au match aller, dans son Monumental Barcelona s'était facilement imposé 4-0 face à un Sporting Cristal apathique. Le soir de la défaite ainsi que les jours qui ont suivi, les supporters péruviens ont été très virulents envers les joueurs et surtout envers l'entraîneur Manuel Barreto. Le jour de la réception de Cusco FC au stade Alberto Gallardo, des banderoles insultantes exigeaient la démission sur le champ du coach celeste. La victoire 3-2 contre Cusco n'a cependant pas effacé l'affront subi à Guayaquil et la réception de Barcelona SC au stade Nacional pour le match retour s'annonçait électrique. En conférence de presse d'avant match, le message de Barreto était claire : rivaliser avec l'adversaire mais surtout démontrer que le match aller avait été un accident.

Copa Libertadores 2020 : Guaraní signe l’exploit de la semaine

Jeudi 13 février. Il est à peine 8 heures que l'entrainement a déjà commencé à La Florida véritable complexe sportif du Sporting Cristal dans le district de Rimac à Lima. Les coups de sifflet et les ordres des entraîneurs se font entendre depuis l’extérieur. Les joueurs sont concentrés et appliqués dans leurs moindres gestes. Ce soir ils ont une rencontre cruciale, contre une équipe historique du continent mais aussi avec eux-mêmes, avec leurs propres démons. Des démons qu'ils doivent vite chasser pour ne pas entrer dans une mauvaise spirale. 19 heures, je descends du metropolitano, sorte de bus-métro qui traverse la capitale du nord au sud, qui me dépose à la station “Estadio Nacional” en suivant un groupe d'hinchas, sans doute sortis à la va-vite de leurs bureaux, et qui enfilent leur tunique bleu ciel. Il n'y a pas énormément de monde aux abords du stade et il y en aura pas plus dans les tribunes. Il faut dire que la claque reçue la semaine dernière ainsi que les prix élevés des places ont refroidi quelque peu les supporters. Alors pour la grosse ambiance Amérique du Sud  de Libertadores, en repassera un autre soir. Dans les gradins, la tribune nord est réservée aux supporters de Barcelona qui compte environ une bonne centaine d'hinchas reconnaissables à leur maillot jaune. Au sud, les inépuisables membres des barras de Cristal donnaient de la voix à quelques minutes du match. À mes côtés, les commentateurs de la radio Excelencia de Guayaquil révisent leurs fiches avant de prendre l'antenne et de présenter « la plus grande équipe d'Équateur » contre un club historique du Pérou qui a déjà été en finale de Libertadores (NDLR : finale perdue contre Cruzeiro en 1997).

Les deux équipes sortent des vestiaires, le Sporting Cristal est applaudi par son public mais son entraîneur, Manuel Barreto est copieusement sifflé et traité de toute sorte de noms d'oiseaux inconnus en Europe. Sur le terrain, Cristal se présente en 4-3-3, on notera la titularisation du jeune Renato Solís au poste de gardien à la place de Patricio Álvarez. Côté absent, Christofer Gonzalez est remplacé par Ray Sandoval qui revient de blessure. Dans le jeu, Sporting Cristal a toute les peines du monde à installer son jeu face à un Barcelona qui laisse la balle à son adversaire se contentant de défendre et de jouer les contre-attaques. Les Celestes sont trop brouillons à l'image d'un Christian Ortiz qui accumule les mauvais choix offensifs où d'un Nilson Loyola complètement à côté de son match. La première figure du match est le jeune gardien Renato Solís qui dévie un penalty provoqué par Cazulo à la 15e minute de jeu. En deuxième période, les Péruviens commencent à reculer et l’inévitable se produit. Fidel Martínez ouvre le score pour Barcelona d'une frappe du gauche qui trompe Renato Solís. Mes voisins commentateurs exulte d'un « gooooool » qui doit encore résonner dans l'enceinte du stade. Le score cumulé est alors de 5-0, les Péruviens doivent marquer six fois. Les Équatoriens tiennent le score seulement une dizaine de minutes avant que Kevin Sandoval profite d'un cafouillage dans la surface pour égaliser et sauver l'honneur. Cristal reprend du poil de la bête en fin de match et provoque un penalty dans les arrêts de jeu. Penalty transformé par Christopher Olivares qui permet au club celeste de remporter le match et surtout de laver l'affront du match aller. Malheureusement et malgré la victoire, c'est bien le club de Guayaquil qui passe au tour suivant et affrontera les Paraguayens de Cerro Porteño tombeurs de Univeristario. En conférence de presse d'après match, Fabián Bustos a salué la prestation de ses joueurs sur les cent-quatre-vingts minutes pour obtenir une qualification méritée malgré la défaite du match retour. De son côté, Manuel Barreto souhaite retenir la victoire et le sursaut d'orgueil de ses hommes plutôt que l’élimination. On retiendra surtout que les deux clubs péruviens engagés cette année en barrages ne seront pas parvenu à atteindre la phase de groupe.

Romain Lambert
Romain Lambert
Parisien expatrié sur les terres Inca, père d’une petite franco-péruvienne, je me passionne pour le football de Lima à Arequipa en passant par Cusco. Ma plus forte expérience footballistique a été de vivre le retour de la Blanquirroja à une coupe du monde après 36 ans d’absence.