On avait laissé la Primera División paraguayenne aux mains d’un Cerro Porteño de retour sur le devant de la scène, alors que la mi-course arrive dans l’Apertura 2018, certains vieux démons semblent de retour, seul un géant parvenant pour l’instant à y échapper.

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Qu’il semble loin le temps d’une soirée de décembre qui a vu le Cerro Porteño version Leonel Álvarez mettre fin à quatre tournois de déprime et le Colombien devenir premier Cafetero sacré au Paraguay. Loin car depuis, beaucoup d’eau (et d’encre pour être plus précis) a coulé au pays. Dans un football qui semble aimer sa constante incapacité à miser sur plus long terme, il suffit de voir l’état actuel de la sélection, toutes les cartes ont une nouvelle fois été rebattues à l’approche de l’Apertura 2018. En cause notamment, un règlement de compte et une ambiance malsaine autour du coach colombien du Ciclón qui a vu Leonel Álvarez quitter le pays. Pendant ce temps, quelques joueurs ont fait de même, de la pépite Josué Colmán à l’expérimenté et essentiel Marcos Riveros. Et voilà comment un champion pourtant fort en certitude, s’est retrouvé à devoir tout reconstruire.

Pour cela, le Cerro Porteño s’est choisi un nouvel homme fort, Luis Zubeldia, dont la carrière sur le banc plaide largement en sa faveur, mais qui va avoir besoin de temps pour mettre en place son style bien à lui. Il pourra s’appuyer cependant sur un duo uruguayen venu de Guaraní, Hernán Novick et Marcelo Palau qui ont de quoi apporter quelques garanties au milieu. Seul souci, si en Copa Libertadores le Ciclón a jusqu’ici fait son job, en championnat, les affaires sont bien plus compliquées. Ce manque d’automatismes s’est vu lors du Clásico face à Olimpia (défaite 1-0) et sur quelques sorties précédentes et cela a déjà coûté quelques points aux hommes de Zubeldia qui, restons positifs, semblent enfin avoir trouvé leur rythme de croisière, en attestent les trois victoires convaincantes lors des trois dernières journées, la plus impressionnante restant évidemment celle face à un Guaraní à la dérive totale ce week-end.

L’Aborigen a d’ailleurs été l’un des clubs ayant déjà fait sauter son coach Sebastián Saja qui n’a pas résisté à un début d’année cauchemardesque et des cartons pris face aux autres géants (5-2 face à Olimpia, 4-0 donc face au Cerro), une élimination précoce en Libertadores et surtout quatre défaites (dont trois lourdes avec quatre buts encaissés) lors des quatre derniers matchs. L’héritage de Daniel Garnero était trop lourd à porter avec un groupe profondément remanié et plusieurs joueurs clés partis voguer sous d’autres cieux. Conséquence, l’Aborigen est à la dérive totale, englué en queue de classement, sauvé de la dernière place par les deux promus 3 de Febrero et Santaní pour qui le retour dans l’élite est plus que compliqué.

L’héritage est d’autant plus lourd que Garnero réussit dans son nouveau club qui n’est pas n’importe lequel mais le « père », Olimpia. Parfaitement renforcé durant l’intersaison (arrivées notamment de joueurs comme José Leguizamón, Alfredo Aguilar, José Patiño ou Mauricio Cuero), le Decano s’est rapidement mis en marche, le jeu direct fait de pression haute et de forte intensité du coach argentin trouvant un écho positif auprès des siens. Tout n’est pas encore rose, l’élimination en Libertadores a fait mal, la défense pose encore quelques questions en concédant un trop grand nombre d’occasions par match, mais Olimpia est un solide leader, invaincu en neuf journées, a remporté ses deux Clásico de début de saison et peut ainsi continuer à avancer.

Le Decano ne doit cependant pas se relâcher car collé à ses basques, la surprise du début de tournoi se nomme le Nacional. À lutte pour assurer sa survie la saison passée, sauvée d’un rien des barrages, La Academia de Celso Ayala était tombée en quart de la dernière Sudamericana et, désormais libérée du spectre d’une relégation, est irrésistible. Deuxième attaque du championnat, meilleure défense, elle n’est ainsi qu’à une longueur d’Olimpia son futur adversaire le week-end prochain lors de la onzième journée, celle qui signera la mi-tournoi. Autant dire que le Nacional est un candidat sérieux et, en l’absence des autres grands, semble être le seul qui a l’expérience nécessaire pour tenir tête au Decano. Car il en manque encore un pour compléter le casting : Libertad. Aldo Bobadilla a pris la suite de Fernando Jubero et se retrouve avec un groupe peu modifié qui, s’il a réussi son entrée en Libertadores (victoire convaincante et méritée dans l’enfer de Tucumán), le Guma est lui aussi en retard en championnat, à huit points d’Olimpia contre qui il devra disputer son match de retard comptant pour la neuvième journée. Un match qui pourrait conditionner bien des choses pour la suite du tournoi.

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.