Cette semaine, en Uruguay, on aurait préféré être fan de Hockey sur gazon ou de football australien. La soirée de jeudi en Libertadores a été détestable avec des affrontements, des insultes racistes, et un mort. Ce week-end, le grand sujet de conversation a été le terrain vague sur lequel a joué le Nacional dimanche. Sinon, Plaza Colonia est toujours leader, les jardiniers du Troccoli toujours derniers, week-end de peu de football en Uruguay.

 

Cerro 1 – 0 Nacional

« C'est une honte pour le football uruguayen. C'était impossible à jouer, je suis très en colère. On ne peut rien analyser de ce match. C'est honteux pour la personne qui a organisé ce spectacle », Gonzalo Munùa. Malheureusement, au vu du match, on ne peut pas lui donner tort. Le Bolso arrivait pourtant avec une qualification en Libertadores quasi-officialisée après deux victoires contre Palmeiras, et avec un Nico Lopez en pleine forme. Pour la première fois, Leo Gamalho, recrue brésilienne du début de saison, était titulaire, sans doute pour apporter un contrôle plus aérien du ballon. Mais rien n'y a fait. Il faut dire que le Cerro a bien verrouillé les capacités offensives du Nacional avec une stratégie plutôt défensive, tournée vers la délivrance de centre, coup-franc, corners, vers Silveira, grand attaquant de surface. Cela a suffi puisque le but est venu sur corner, avec un marquage coupable de Polenta notamment. Urruti marque de la tête, sans doute la seule façon de marquer dans ce match.

Contrairement à ce qu'indique Munùa, il y a quelques éléments à retenir de ce match. Nico Lopez est toujours aussi en difficulté avec un autre attaquant à ces côtés. Tabo et Barcia ont été plutôt bons. Le milieu a évidemment eu du mal à construire, et la défense a fait une erreur qu'ils paient chèrement.

Joueur du match : Le jardinier du Cerro, le club ayant annoncé avoir payé 40 000$ sur les deux derniers mois pour que la pelouse soit de meilleure qualité.

Peñarol 1 – 0 Racing

Après cinq matchs sans victoire (3 en Libertadores, 2 en championnat), les Carboneros ont l'obligation de s'imposer contre le Racing. L'équipe de Da Silva affiche quelques changements, certains pour blessure (Murillo, Valdes, Rodriguez), d'autres par choix de l'entraîneur (Tomas Costa, fantomatique depuis quelques matchs). Dans un stade Centenario presque vide, c'est une jeune équipe ambitieuse des Brasseurs (et oui, c'est le surnom du Racing) qui reçoit pour enchaîner sur un bon début de saison ponctué d'une seule défaite en cinq matchs.

Assez rapidement, Peñarol va montrer ses faiblesses et laisser des opportunités à son adversaire. Buschiazzo, titulaire en défense central au côté de MacEachen, va tout d'abord passer tout près du rouge sur une faute à l'entrée de la surface alors que Rodriguez filait au but. Dans la foulée, Gurruceaga va sortir deux grands arrêts sur sa ligne de six mètres suite à une perte de balle aux abords de la surface de MacEachen. La charnière n'y est vraiment pas. En attaque, les Carboneros effectuent des successions de passe ratée avec un Forlán qui redescend trop bas et qui déséquilibre l'équipe. Cachavacha a, malgré tout, quelques occasions, mais sur des frappes de trop loin pour être dangereuse. La première mi-temps reste décevante et se termine sur un score nul. Dès le retour des vestiaires, le match bascule avec un geste de classe comme les joueurs de Peñarol sont capables d'en faire. Sur un contre, Maxi Rodriguez reçoit un ballon dans la course, et déclenche une frappe de l'entrée de la surface, côté droit, qui termine dans la lucarne opposée du gardien. 1 à 0, Peñarol mène par miracle. Et cela continuera jusqu'au coup de sifflet final, avec de nombreux arrêts de Gurruceaga, mais le Racing aura laissé passer sa chance.

Côté Peñarol, l'équipe a été en dessous et n'aurait pas dû gagner ce match. Les nouveaux titulaires que sont MacEachen, Buschiazzo, Freitas, Viega et Affonso ont tous déçu, surtout les défenseurs. Un peu plus de satisfaction de Forlán et de Maxi Rodriguez qui se sont réveillés et ont tiré l'équipe vers la victoire. 3 points acquis grâce surtout aux arrêts du gardien. Côté Racing, la moitié défensive de l'équipe a plutôt été bonne, notamment Ithurralde ou Estol. L'équipe a péché dans l'organisation du jeu et dans la conclusion, avec des performances moins en vue des attaquants notamment Rodriguez, qui nous avait habitué à mieux.

Joueur du match : Gaston Gurruceaga

River Plate 0 – 1 Plaza Colonia

Il aura donc suffi de quelques victoires à Plaza Colonia pour qu'on les appelle les Leicester d'Uruguay. Et la comparaison n'est pas complètement fausse, puisqu'en début de saison personne n'aurait misé un Peso sur l'équipe patablanca. Mais il a suffi de cinq victoires en six matchs dont une victoire historique contre Nacional pour que l'équipe se place en tête du tournoi de clôture et assure très largement son maintien. Après un match gagné contre les Wanderers, Colonia affronte au Saroldi un River fatigué par une campagne difficile en Libertadores. C'est déjà un grand succès pour les Darseneros d'être présents, mais cette compétition semble influencer très négativement les performances en championnat.

Le début de match est pourtant en faveur de River, mais avec cette sensation de domination stérile. L'équipe garde le ballon mais n'arrive pas à mettre en danger son adversaire. Il faut dire que Colonia effectue un très bon pressing, à mi-terrain et avec tous les joueurs du milieu et de l'attaque, qui bloque l'avancée de balle de l'adversaire. Dés récupération, Colonia se lance très rapidement vers l'avant dans un jeu fait de passe rapide vers Nicolas Dibble, dernier étage de la fusée. Ce dernier montre beaucoup de qualité dans ce jeu de contre rapide. Colonia va ouvrir le score sur corner, sur un centre magnifique de Milesi, le latéral De Avila reprend bien le ballon et trompe Oliveira. River Plate continuera de souffrir en deuxième mi-temps, avec notamment beaucoup de fatigue visible sur le visage des deux attaquants Santos et Schiappacasse. Ces derniers seront moins tranchants que d'habitude, et le score aurait pu être plus sévère si Rivero, Dibble puis Puppo avait mieux géré les contres. Score final 1-0.

Côté Colonia, il faut donc faire attention, c'est une jeune équipe dans laquelle le collectif fonctionne de façon impeccable. Deux joueurs ont selon moi une carrière importante devant eux : Nicolas Dibble, dont je vous ai déjà parlé, et Facundo Waller. Côté River Plate, l'équipe semble très fatiguée, en retard. Difficile de leur en vouloir. Dans ce marasme, le latéral Jones, rentré en milieu de première période suite à une blessure, a été le plus remuant. La fin des espoirs en Libertadores devrait faire revenir concentration et forme côté River.

Joueur du match : Santiago De Avila, pour son but et sa bonne activité sur son couloir

Ailleurs 

El Tanque Sisley 0 – 1 Villa Teresa : Quelle mouche a donc piqué Villa Teresa, qui a pris 10 points en six matchs du tournoi de clôture contre 5 lors des 15 matchs du tournoi d'ouverture ! Malheureusement pour eux, il est sans doute trop tard.

Fénix 1 – 1 Rentistas: Mauvaise performance pour un Fénix qui reste bien classé. Les bichos ont un pied et quelques orteils en deuxième division.

Sud America 2 – 1 Danubio : la IASA continue sa très bonne deuxième partie de saison.

Juventud 3 – 3  Wanderers: Match nul qui n'arrange aucune des deux équipes qui commencent à sentir le danger pour la descente.

Defensor 1 – 2 Liverpool: belle victoire de Liverpool marqué par une bagarre en fin de match entre Acuña et Gomez, deux joueurs du Defensor.

Pour le reste

L'Uruguay va donc jouer le Brésil dans la nuit de vendredi à samedi. Gros choc en vue mais de nombreux blessés de chaque côté. L'inquiétude en Uruguay vient de la défense avec les absences des quatre titulaires habituels, Godin, Gimenez, Caceres et Pereira. Le Maestro a rappelé pour l'occasion Mauricio Victorino, un « ancien » et a appelé pour la première fois Diego Polenta, autre joueur du Nacional. On s'achemine vers une charnière inédite Victorino / Coates associé à Jorge Fucile et Palito Pereira sur les côtés. Mais la grande nouvelle en Uruguay est le retour du fils prodige, du meilleur attaquant, de l'Homme Uruguayen, Luis Suarez. Il peut finalement rejoué après sa sanction datant de  juin 2014 ! Il est attendu par tout un peuple, le match suivant contre le Pérou se jouera à guichet fermé.

Peñarol va inaugurer son nouveau stade la semaine prochaine, avec deux grandes soirées de fête, une « artistique » avec chanteurs et animations dimanche 27, l'autre footballistique, le lendemain, avec un PeñarolRiver Plate (Argentin). A noter que la chanson de l'inauguration est chanté par Jorge Drexler, compositeur Oscarisé (rien que ça), et si vous souhaitez voir le stade et écouter la chanson, c'est ici :

 

Les buts

 

 

Résultats

Classement

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba