Première semaine de football en Uruguay, avec une première journée perturbée par la pluie avec de nombreux matchs reportés en milieu de semaine. Les deux grands ne se sont pas imposés lors de cette journée, avant de se rassurer lors du deuxième tour avec des victoires logiques. Rampla et Boston River détonnent, alors que Fénix et River souffrent en fin de tableau. Et il ne reste que 13 matchs à jouer pour le titre !

Aller plus loin : Uruguay : Guide du Transición 2016

Peñarol 2 – 0 Fénix

Lors du match de la semaine dernière, les hommes de Da Silva ont eu beaucoup de mal face à Liverpool, faisant match nul 0-0. De ce match, il est surtout ressorti que Peñarol n'était pas prêt, n'avait pas d'automatismes suffisants. En attaque par exemple, l'association Junior Arias (tout juste arrivé) et Avalos (paraguayen sorti du chapeau durant ce mercato), n'avait pas été satisfaisante. La seule satisfaction côté Carbonero de ce match nul était d'avoir montré une stabilité défensive précieuse avec un bon duo Bresan-Perg. Une semaine après ce match, et après avoir perdu Maxi Olivera, les Manyas affrontent, toujours dans leur stade, le Fénix de Rosario Martinez. Fénix est une équipe spéciale, très stable (meilleur défense du dernier championnat), agressive, mais souffrant contre les deux grands. Martinez ne peut compter sur Estoyanoff pour ce match, ce dernier ayant pris un carton rouge dès son premier match contre Cerro pour avoir insulté l'arbitre assistant. Quel dommage de ne pas le voir au Campeon Del Siglo, stade dont il a participé à l'inauguration en y chantant avec son groupe de cumbia... Fénix alignait donc le canadien Cavallini en pointe. Côté  Carbonero, premier match de Gaston Rodriguez, meilleur buteur du dernier championnat acheté aux Wanderers en toute fin de mercato. Da Silva aligne son 4-2-2-2 avec deux cinco Tomas Costa et Angel Rodriguez, deux milieux créateurs Dibble et Novick, et deux pointes Rodriguez et Arias.

Très vite durant le match, on sent que ce schéma fonctionne, que tout s'est enclenché comme il faut, comme cela peut arriver une fois sur 100 000 avec un meuble IKEA, et que cela fait clic, beau mais robuste à la fois. Le système évoluant très facilement, en fonction du mouvement des joueurs très libres, ayant cette chance d'avoir dans chacune des doublettes un joueur technique, fixant l'équipe adverse, ayant une grande qualité de passe ou de frappe (Costa / Novick / Arias), et un autre joueur rapide pouvant s'excentrer, déborder, porter le ballon (Rodriguez / Dibble / Rodriguez). Arias et Rodriguez ont de nombreuses occasions dès le premier quart d'heure, avant que Peñarol n'ouvre le score. Sur une belle transversale de Costa, Rodriguez passe dans l'intervalle à Arias qui lui-même trouve Dibble au centre. Ce dernier reprend de volé et marque. Premier but pour le néo-carbonero. Peñarol a une foultitude d'autres occasions, notamment sur un coup-franc très bien frappé par Novick sur la base du poteau, mais le score reste identique. Novick est partout au milieu de terrain, pouvant déborder sur son couloir ou rentrer dans le cœur du jeu pour organiser l'attaque avec devant lui trois joueurs offensifs. A la 45ème, le match aurait pu basculer sur deux erreurs défensives de Peñarol. Mathias Rodriguez (oui, il y a trois Rodriguez dans l'équipe...) se loupe tout d'abord sur une relance mais Mirabaje manque sa frappe et la met de peu à côté. Juste après, et suite à un corner, Perg vient percuter, par derrière, Canobbio, dans sa surface. Cela aurait dû donner un penalty logique pour Fénix mais l'arbitre ne bronche pas. Vert de rage, Pallas vient s'en prendre vertement à l'arbitre. Il reçoit un rouge, et vient tuer le match dès la mi-temps.

Au retour des vestiaires, c'est en effet bien compliqué pour Fénix qui se contente de défendre face à l'escouade de Peñarol. Cavallini est trop esseulé en pointe, l'équipe n'arrive pas à sortir le ballon. C'est finalement Murillo, rentré à la place d'Arias, qui va tuer tout suspense à la 73ème. Peñarol obtient un coup franc indirect à l'entrée de la surface sur un pied haut. Novick passe le ballon dans un timing parfait pour le colombien qui n'a plus qu'à frapper au point de penalty. La défense de Fénix est naïve sur l'occasion. 2-0 score final.

Côté Peñarol, cela commence à avoir de l'allure. Si seulement le championnat avait repris avant la Sudamericana, le club aurait pu y faire quelque chose. Gurruceaga est toujours impérial sur ses quelques sorties, Bresan est une très bonne pioche même s'il s'est blessé. Novick a été royal à la passe, délivrant le jeu dans le pied de ses attaquants. Rodriguez et Dibble ont beaucoup bougé, il manque encore un peu de justesse à Arias qui devra régler la mire. Côté Fénix, semaine décevante avec 0 points, 2 cartons rouge, mais l'équipe a donné la sensation de ne rien avoir à proposer d'autres que l’agressivité, et cela est inquiétant. Pallas s'est emporté pour rien, Cavallini a peu joué vers le but. Ferro a laissé des trous dans l'axe... Match à oublier donc.

Joueur du match et de la semaine : Hernan Novick, Chef d'orchestre

Si vous me suivez, vous savez sans doute déjà l'admiration sans borne que je voue pour Marcel Novick, joueur à barbe. Et bien son petit frère joue également pour Peñarol depuis plusieurs saisons, il a également déjà sauvé un Clásico en marquant sur coup-franc, et, depuis le début de cette saison, prend une nouvelle dimension en tant que chef d'orchestre de cette équipe. Dans le système, il devrait être milieu droit, mais repique souvent dans l'axe. Cette liberté lui laisse de nombreuses possibilités et d'espace. Montévidéen de 27 ans, il a techniquement onze nancéiens dans chaque pied.   

Nacional 3 – 2 Plaza Colonia

Le Bolso a mal commencé son championnat, la faute à une organisation défaillante et à l'instinct de buteur de Juan Manuel Olivera qui a marqué les deux buts du Danubio lors de la victoire de la Franja contre Nacional mercredi. Malheureusement pour Lasarte, commencer par une défaite dans un championnat ne comprenant que 15 journées peut être très rapidement handicapant. La victoire contre Colonia en était d'autant plus essentielle. Lasarte a donc effectué quelques changements, pouvant compter de nouveau sur Polenta et remplaçant le peu efficace Silveira par Kevin Ramirez en pointe. Côté Colonia, plusieurs nouveautés. Tout d'abord, ils ont rajouté une étoile au-dessus du logo du club, ce qui est franchement un peu prétentieux puisqu'on ne parle que d'un tournoi de clôture, l'étoile devrait être réservée au championnat complet. Dans l'effectif, de très nombreux joueurs sont partis, remplacés par des seconds couteaux de l'effectif ou par des joueurs d'autres clubs du championnat.

Cela se ressent fortement dans l'effectif coloniense avec un fort manque de liant entre les lignes dès le début du match. Le Bolso en profite et se procure deux belles occasions sur coup de pied arrêté par Victorino. C'est finalement sur un débordement de Barcia côté gauche que Nacional obtient un penalty, suite à une obstruction de Villoldo. Fernandez transforme et donne l'avantage au Bolso. Malgré de très nombreuses occasions, par Ramirez ou Viudez, l'écart reste le même jusqu'à la dernière minute avant la mi-temps, ou le même Villoldo profite d'un coup franc lointain, contré par le genou de Porras, pour égaliser. Conde ne peut rien faire, le ballon étant touché avant de rentrer dans le but sur un poteau rentrant. Colonia crée la surprise en rentrant au vestiaire à 1-1.

Nacional va malgré tout se mettre à l'abri assez rapidement en début de deuxième période sur deux ballons ou l'attaque Bolso va prendre de vitesse la défense adverse. Ligüera, entré en lieu et place de Barcia blessé, effectue tout d'abord un bon centre repris en deux temps par Fernandez pour le 2-1. Dans la minute suivante, c'est le même Ligüera qui reprend aux 6 mètres un bon centre et trompe Dawson de prés. 3-1, le Bolso peut désormais contrôler la partie. Leyes, prêté par Peñarol a beau réduire le score sur un ballon mal relancé, Nacional s'impose finalement 3-2, en dominant son adversaire mais en se faisant peur sur la fin.

Côté Nacional, un bon match offensif en général avec trois buts, un Ramirez dynamique devant, un Fernandez décisif, Ligüera faisant une entrée royale (un but, une passe décisive...). La défense a été plus molle, notamment sur le deuxième but qui n'aurait pas dû arriver avec un peu de concentration du toujours aussi vif Polenta. Côté Colonia, Dawson a fait de nombreux arrêts mais a été un peu lâché par sa défense sur tous les buts. Contreras a été en retard, et il n'est pas passé loin du rouge.

Joueur du match : Sebastian Fernandez

Ailleurs 

Rampla Juniors 2 – 1 Danubio : Rampla enchaîne deux victoires et est leader du tournoi. Retour impressionnant pour l'autre équipe du Cerro. Danubio est encore en courant alternatif.

Sud America 1 – 0 Villa Española: mauvais début pour la Villa, deux défaites en deux matchs.

Defensor 0 – 1 Juventud : le Defe perd encore malgré une domination sur le match. La Juventud reste aussi sur deux victoires, et se positionne bien en ce début de championnat.

Racing 0 – 1 Liverpool: bons débuts de l'équipe du Belvedere, après le point pris au Campeon del Siglo.

Cerro 1 – 3 Wanderers: joli retournement de situation pour les bohémios qui s'imposent au Capurro après avoir été mené.

River Plate 1 – 5 Boston River: Quadruplé pour Rodriguez, fessé pour le River de JR.

Pour le reste

Claudia Umpierrez, première arbitre féminine en Uruguay lors du match River PlateBoston River. Félicitation donc. Pour info, c'est la nièce de Ruben Umpierrez qui a joué à Nancy dans les années 80.

Les supporters Bolsos ont fait un très beau tifo avec ce drapeau uruguayen. Bravo à eux.

Quant à ceux de Peñarol, ils ont été suffisamment stupides pour critiquer Maxi Olivera suite à son départ pour la Fiorentina. Pas bravo à eux.

L'Uruguay est désormais 2ème de la qualification pour la zone Amsud. Les deux matchs clefs sont à venir : Paraguay et Venezuela à domicile.

Les buts

 

 

Résultats

Classement

 

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba