Danubio gagne grâce à son gardien et à un jeune de 17 ans. Avec Nacional, qui a également gagné, ils se partagent la tête du championnat. Peñarol retrouve la victoire dans un stade vide. Il ne reste plus que sept journées dans cet Uruguayo, dont un clásico dans un mois...

Cerro 0 – 1 Danubio

Lors du tirage au sort du championnat, les habitués avaient noté que Danubio partait avec un avantage. Ils allaient rencontrer Peñarol et Nacional dans leur stade de Jardines del Hippodromo en début de saison. Et miracle, Danubio a battu les deux grands et est donc en tête du championnat. Sauf que les habitués avaient aussi noté un déplacement au Troccoli, cimetière de nombreux espoirs.   Sur le peu de pelouse, les joueurs de la Franja devaient s'imposer pour rester au contact.

Cerro domine le début du match avec une première tête seul aux six mètres de Franco. Dans la foulée vient une deuxième, puis une troisième occasion de Franco, mais à chaque fois il manque de peu ou Etulain, gardien en jogging, l'arrête. Danubio a du mal à sortir, gêné par le pressing de Cerro et par l'état du terrain. En fin de première mi-temps, Caballero récupère un bon ballon sur la ligne, dirige le jeu vers Ramos qui délivre une passe décisive à Franco. Ce dernier hésite, décale, ne marque pas. Sur le corner qui suit, nouvelle occasion des joueurs de la Villa, toujours pas de but. En milieu de seconde période, Leo Ramos effectue le même remplacement qu'une semaine plus tôt en mettant Ardaiz sur le terrain en lieu et place d'Olivera. Cela avait apporté trois points contre Peñarol, auxquels vont s'ajouter les trois de ce match. Sur un ballon récupéré sur le côté gauche par Ardaiz, il va jouer de son corps et de son épaule pour prendre le dessus sur Caballero. Il lève la tête en se retournant et voit, au centre, Dos Santos. Ardaiz passe et ce dernier n'a plus qu'à pousser le ballon dans le but vide. 1-0 pour Danubio, victoire extrêmement précieuse dans la course au titre.

Maureen Franco a, sans doute, mal dormi. Que d'occasions loupées, arrêtées, vendangées. Il a toujours été bien placé, mais a aussi souvent manqué de spontanéité, et l'a payé cher. Pourtant, El Nano Ramos l'avait formidablement bien approvisionné en caviar, comme Lucas Hernandez d'ailleurs. Mais rien n'y a fait. La défense de Cerro a été solide, bien surveillée au milieu par le chien de garde qu'est Pellejero. Mais elle a plié sur la dernière action, au pire moment. Côté Danubio, deux joueurs ont fait un bon match, cela a été suffisant. Etulain a tout arrêté, décisif. Et Ardaiz, entré en jeu à quelques minutes de la fin, a fait jouer son corps, rappelant en cela Luis Suarez, pour donner trois points à son équipe. Au final, si Danubio est champion, les deux matchs très durs contre Peñarol et Cerro que vient de gagner l'équipe de la Franja pèseront très cher, et on se souviendra d'Ardaiz.

J'essaye toujours de me retenir concernant les jeunes joueurs. Je viens de faire une comparaison qui, à la relecture, ne me plaît guère. Déjà, il n'a que 17 ans, et tant de chose peuvent se passer. Il n'a que quelques dizaines de minutes en pro, rien qui ne permette d'avoir un avis définitif. Je ne vous dirai donc pas que c'est un Crack, qu'il va s'imposer tel un roi en Europe. Non, mais il est magnifique à voir jouer, galbe haut, corps affûté comme une épée, et j’espère qu'il va rester en Uruguay quelques saisons, et continuer à égailler mes dimanche soir, en restant au pays du football. Et qu'il ne signe surtout pas à Sud America, ce serait très mauvais signe, mais vous comprendrez cela d'ici la fin de l'article.

Peñarol 2 – 1 Villa Española

Peñarol a donc changé d'entraîneur, Da Silva étant remplacé par Curutchet. Ce dernier, directeur du centre de formation, ne devrait assurer qu'un interim en attendant un nouvel entraîneur. Évidemment, une bonne vingtaine de nom ont déjà circulé, de Bielsa à Maradona... On devrait plutôt s'acheminer vers Almada ou Diego « Memo » Lopez. Le match a lieu à huis-clos suite à un lancer de bouteille sur l'arbitre il y a de cela quelques matchs.

Les Carboneros commencent très bien leur match car, dès la 8ème minute, Gaston Rodriguez se bat pour récupérer un ballon à l'entrée de la surface. Nandez le récupère sur son côté droit et frappe fort, repoussé par le gardien Barrios. Rodriguez est à la tombée du ballon et parvient à marquer en deux temps. Peñarol a d'autres occasions par Arias et Rodriguez mais Villa Española a également des occasions, par Bigote Lopez ou Castro. Ce dernier a notamment une très bonne occasion en contre, seul face à Gurruceaga, mais le ballon passe de très peu à côté. De nombreuse approximations des deux côtés font que le score reste de 1-0 à la pause. On sent que les deux équipes ne sont pas en confiance. La deuxième période commence sur les mêmes bases, avec Gaston Rodriguez et Junior Arias qui manquent de précision devant le but, malgré la défense ouverte de Villa Española. A la 75ème, Nandez réussit un magnifique débordement côté droit, rentre vers l'intérieur, passe extérieur à Albarracin, qui centre immédiatement pour Rodriguez qui marque de la tête. Grand match de Nandez, très bon en milieu droit depuis deux matchs. Le score est logique, mais sera réduit par un but de la tête de Silva sur un centre de Ruiz. Le marquage de Perg n'est pas irréprochable, mais peu importe. Score final : 2-1.

Côté Villa Española, plutôt bon match de l'attaque, ou on a vu Lopez et les deux Castro faire des beaux gestes. Par contre, la charnière et les deux latéraux ont laissés trop d'espace, Felipe s'est fait débordé trop facilement tout le match. L'équipe de la Villa a déjà 9 orteils en segunda. Côté Peñarol, très bon match de Nandez, capable de jouer tous les registres au milieu. Alex Silva a souvent débordé, a apporté également dans son entente avec Albarracin qui réapparaît également après de nombreux matchs sur le banc. Arias et Rodriguez ont été souvent maladroit, mais Rodriguez en a quand même marqué deux.

Joueur du match : Nahitan Nandez, qui me surprend à chaque match, à chaque poste, à chaque action.

Nacional 1 – 0 Sud America

Le Bolso avait la pression après la victoire de Danubio en début de soirée, se devant de gagner pour conserver la tête du championnat. Cette mission a été rendu plus facile par Sud America, qui s'est encore fait remarquer dans l'extra-sportif. En effet, la Instituciòn Atlética Sud America n'est pas un club à socios comme la majorité des clubs en Uruguay (Peñarol, Nacional, Cerro, Liverpool etc.) mais une SAD, Société anonyme, et une entreprise espagnole vient d'acheter le club. Cette société « Locos por el Balon » (si, si, je vous assure, ça ne s'invente pas) est déjà propriétaire de Cadiz en deuxième division espagnole, mais également d'une part de l'Udinese par exemple. Et, très étrangement, cette société entretien des liens étroits avec Doyen Sport... Ce qui transforme tout à coup le projet de « Locos por el Balon » en « Locos por el Dinero », ce qui n'est pas exactement la même chose. On risque de beaucoup en reparler en janvier, durant la période de transfert. En quoi cela change t'il la donne pour le match d'hier ? Les repreneurs ont annoncé venir avec leur propre entraîneur espagnol et Fuentes, actuel entraîneur a annoncé son départ juste avant le match, alors que ce dernier avait de très bons résultats avec le club. Ambiance, ambiance...

Le Bolso a donc dominé de la tête et des épaules le match, avec un très bon Silveira qui s'impose en attaque. C'est pourtant Sud America qui a la première grosse occasion, avec Coleman qui récupère un ballon mal dégagé par Conde. Malheureusement pour lui, le ballon passe de peu à côté. Avant la fin de la première mi-temps, Nacional va avoir deux penaltys non-sifflés, dont un évident sur Silveira, que l'arbitre ne siffle pas alors que le monde entier l'avait vu. Le deuxième, sur une main sur coup-franc, est moins évident. La deuxième mi-temps se poursuit sur les mêmes bases, avec les entrées de Seba Rodriguez et de Martin Ligüera. C'est ce dernier qui va débloquer la situation, sur une belle passe lobée de Tabaré Viudez, mal négociée par le gardien Vénézuélien Baroja, Ligüera place sa tête et donne l'avantage définitif au club Albo. Score final, 1-0, sous les yeux du futur nouvel entraîneur de Sud America.

Côté Nacional, bon match de Silveira, de Ramirez, de Ligüera. On a pas eu trop à voir la défense, Otalvaro s'impose également de plus en plus sur son couloir. Côté IASA, ce n'est déjà plus du football.

Joueur du match : Hugo Silveira

Ailleurs 

Wanderers 1 – 0 Boston River : Première défaite de Boston River, les bohemios reviennent bien dans la course au titre.

Racing 2 – 1 Rampla Juniors : Victoire importante du Racing qui revient de loin.

Defensor 1 – 3 Liverpool : Grande victoire de Liverpool qui continue sa bonne saison en enfonçant un Defensor à la dérive depuis un an.

River Plate 2 – 1 Plaza Colonia : Retour à la victoire de River, qui gagne des points depuis le départ de JR.

Juventud 0 – 0 Fénix : Damian Macaluso a pris un rouge suite à une baston avec El Tito Ferro. Dommage, une baston que j'aurais aimé voir.

Pour le reste

Toujours rien sur German Rivero.

Erick Cabaco est toujours meilleur que Michael Chrétien.

L'Uruguay est deuxième des éliminatoires, à 15 matchs d'un nouveau titre de champion du monde.

Les buts

 

 

Résultats

Classement

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba