Retour du football en Uruguay avec des matchs nuls pour les leaders. Après le match contre l'Equateur, et avant le choc face au Chili, les clubs locaux ont assuré le spectacle. Point sur la 11éme journée du tournoi uruguayen.

Cerro 0 – 0 Nacional

Premier match de la peur pour le Bolso qui va devoir se déplacer au Troccoli pour y jouer Cerro, au Parque Rodo pour y jouer Defensor, et au Centenario y jouer Peñarol lors des 5 dernières journées. La première étape de ce long voyage vers le titre passait donc par la magnifique plage ensablée qu'est le Troccoli, ou l'herbe n'a pas le monopole du terrain. Le Bolso se présente avec l'équipe titulaire dont un Silveira en grande forme en pointe.

Au début du match, le jeu est équilibré, avec un Ramirez actif sur son côté. Franco a une première grosse occasion bien arrêté par Conde. Canosa, défenseur central de Cerro, prend un premier carton jaune sur une grosse faute sur Fernandez à la 21ème minute. Sur le coup franc, Arismendi reprend le ballon de la tête, de peu à côté. Dans la foulée, Canosa prend un deuxième jaune sur une faute toute aussi évidente que la première. Le match vient de tourner, Cerro va jouer une heure à 10. Irrazabal effectue quelques arrêts, notamment sur une tête de Fernandez, mais le score reste de 0-0 à la mi-temps. Il faut noter que Cerro s'est adapté très rapidement au passage à 10, en faisant entrer un nouveau défenseur, Pizorno, et en laissant Maureen Franco seul en pointe. Le Bolso domine malgré tout fortement en deuxième mi-temps, mais n'y arrive pas face à une équipe bien regroupée. Les attaquants viennent s’enferrer dans une défense albiceleste très grande et très physique. Quand ils arrivent à passer malgré tout, ils buttent sur un Irrazabal impérial. Silveira sortira même blessé en fin de match, remplacé par le jeune Sosa qui effectuait sa première apparition chez les professionnels. Score final de 0-0, Nacional perd deux points dans la course au titre.

Coté Cerro, Canosa n'a pas le droit de laisser ses coéquipiers comme cela sur deux fautes en cinq minutes. Maureen Franco a couru partout en attaque, Pellejero et Caballero ont travaillé d'arrache-pied au milieu. La charnière a colmaté les brèches, et Irrazabal a été très bon. Sant'Anna et Hernandez ont souffert sur leur côté respectif face à la vitesse de Ramirez ou Viudez. Côté Nacional, l'équipe a eu les meilleures occasions mais n'a pas pu concrétiser. Silveira a eu du mal face à une défense statique, Ramirez a été bon. Malgré la domination et la supériorité numérique, Romero n'a pas suffisamment apporté offensivement.

Joueur du match : Yonathan Irrazabal

Danubio 1 – 1 Juventud de Las Piedras

Leo Ramos s'est enflammé. Il a vu une « petite » équipe en face de lui, il s'est dit qu'il pourrait mettre trois attaquants, et que ça passera sans problème. Il a donc aligné en pointe non seulement JM Olivera, mais également la jeune star Joaquin Ardaiz, et également, pourquoi s'arrêter là, Jonathan Dos Santos, dans un dispositif ne comprenant que trois défenseurs.

Ce qui peut éventuellement marcher sur une playstation n'a malheureusement pas fonctionné dans la réalité face une Juventud très compacte et concentrée. Malgré une première barre touchée par Peña sur une belle frappe lointaine, c'est Las Piedras qui ouvre la marque sur un coup franc bien frappé. Le ballon est écarté, puis revient dans l'axe sur le défenseur Leandro Zazpe qui effectue une petite pichenette pour tromper Etulain. Émotion sur le terrain car le joueur vient de perdre son fils, emporté par la maladie. Dans la foulée, l'argentin Rocaniere est exclu directement par l'arbitre pour une semelle sur Varela. Carton rouge sévère, mais la situation devient critique pour Danubio qui va jouer une heure à dix. Au final, cette exclusion va réorganiser l'équipe en faisant descendre les deux latéraux du milieu (Peña et Gravi) avec les deux centraux restants (Malrechauffe et De Los Santos), ce qui équilibre grandement l'équipe. En deuxième période, c'est donc Danubio qui domine avec un Dos Santos très présent en attaque. A la 70ème, le match passe à 10 contre 10 avec l'exclusion logique d'Alles. Danubio continue son pressing et égalise. Sur un centre, Gravi tape la barre transversale, le ballon rebondit sur le pauvre Carini avant d'être repris par Dos Santos. But chanceux mais dans le sens du match, qui permet à Danubio de revenir à égalité avec Nacional. Un mínimum.

Côté Danubio, gros match de Dos Santos, de Peña, de Gravi. Ardaiz a eu du mal, beaucoup de rumeur de transfert à Porto autour de lui ne l'ont peut-être pas aidé. Il n'a même pas 18 ans. Côté Juventud, l'équipe n'a pas été extraordinaire mais très solidaire, a joué « simple ». Bon match de la charnière Zazpe/Macaluso, de Duffard au milieu.

Joueur de la semaine : Jonathan Dos Santos

Il joue dans l'ombre d'un Olivera ayant déjà eu une grande carrière, d'un Ardaiz futur grand joueur. Sans faire de bruit, Jonathan Dos Santos est pourtant un joueur important de l'équipe de la franja, ayant déjà marqué cinq buts dans ce tournoi, et ayant fait deux passes décisives. Sur son côté droit pour ce match, il a beaucoup couru, mais est aussi capable de jouer à plusieurs postes en pointe ou au milieu. Salteño (encore !) comme Suarez, Cavani, ou son coéquipier Ardaiz, il jouait la saison dernière à Melo pour l'équipe de Cerro Largo, en deuxième division. En quelques mois, il s'est imposé grâce à sa polyvalence et à son intelligence dans la surface. Il n'a que 24 ans, mais a encore une bonne marge de progression.

Racing 2 – 5 Peñarol

C'est triste à dire, mais ce match opposait deux équipes de milieu de tableau, au-delà de la dixième place au classement, dans un Centenario à 90% vide pour des raisons de sécurité. Pas l'affiche du siècle donc.

Heureusement, les deux équipes vont tout donner avec des organisations offensives (et des erreurs défensives) qui vont débrider le match et exploser les compteurs. Le Racing va rapidement ouvrir le score sur un penalty tiré par l’idole locale Liber Quiñones. Le penalty est obtenu sur une faute de Gurruceaga suite à un boulevard laissé par Bresan. Peñarol égalise par Albarracin, qui reprend un ballon après à une première frappe de Dibble. Les carboneros prennent ensuite l'avantage, grâce un but contre son camp de Ithurralde sur un bon centre d'Alex Silva. Junior Arias marque ensuite le plus beau but de la soirée, sur un beau débordement depuis le centre du terrain, prenant de vitesse Ithurralde, avant d'aller tromper Melian. Joli but d'attaquant, qui permet à Peñarol de gagner 3-1 alors que le Racing domine. Avant la mi-temps, Fernandez, meilleur attaquant côté Racing, réduit la marque de la tête pour rentrer au vestiaire à 3-2.

Angel Rodriguez rentre au début de la deuxième mi-temps pour muscler le milieu carbonero, mais se fait exclure dès la 50ème minute sur une faute des plus stupides, balançant le ballon des mains dans la tête de son adversaire suite à un coup-franc concédé... Le Racing n'en profitera pas, concédant deux buts en contre à la fin du match, les attaquants de Peñarol sachant profiter des espaces. Le quatrième est marqué sur penalty, suite à une main d'Ithurralde (pas dans son meilleur jour), bien transformé par Albarracin. Junior Arias clôture la marque en fin de match sur un contre bien lancé par Dibble. Score final 5 – 2.

Des deux côtés, les défenses ont été agoniques. Bresan a été terrible côté Peñarol, tout comme Ithurralde côté Racing. La différence s'est fait grâce à l'attaque de Peñarol, efficace et plaisante, avec Junior Arias, Albarracin, Dibble. Fernandez a été bon côté Racing mais n'a pas su transformer quelques occasions qui aurait pu équilibrer le match. Liber Quiñones doit vraiment faire un régime. Peñarol revient à la 5éme place, et peut encore se qualifier pour la Sudamericana. Mais le vrai objectif va être de pourrir le Bolso lors du Clasico qui arrive, dans deux semaines maintenant.

Joueur du match : Junior Arias

Ailleurs

Liverpool 2 – 1 Wanderers : Grosse saison de Liverpool, solide troisième, grâce à un toujours aussi magnifique Nicolas De La Cruz. Ils sont solidement troisièmes et devrait donc se qualifier pour la prochaine Sudamericana.

Villa Española 2 – 2 Defensor : Villa Española a encore failli gagner grâce notamment à un but de Santiago Lopez, mais le Defe a égalisé dans les dernières minutes. Sur les quatre derniers matchs, il faudrait que Villa Española en gagne minimum trois, voire les quatre, pour se maintenir. Mission impossible.

Fénix 1 – 2 Sud America : Avec un golazo Olimpico de Barboza et un coup-franc direct de mon Lolo Estoyanoff. Du plaisir donc.

Rampla Juniors 0 – 2 River Plate : Rampla n'y arrive plus et ne devrait se maintenir que grâce à la mauvaise saison de Villa Española.

Plaza Colonia 2 – 2 Boston River : Plaza continue de souffrir, Boston River n'a perdu que deux matchs sur onze pour sa première saison en première division.

Pour le reste 

L'Uruguay est deuxième des éliminatoires, suite à une victoire difficile contre l’Équateur. On ne peut pas non plus gagner tous les matchs 3-0 à domicile, ce serait trop simple. Le chiffre magique, c'est à dire le nombre de point qu'il faudra pour se qualifier, a été calculé à 27 par les journalistes. Le Brésil est à 24, l'Uruguay est à 23. Il reste donc à l'Uruguay à prendre 4 à 5 points sur les 7 journées à venir, dont un match contre la Bolivie à la maison. C'est donc presque fait. Après le Chili, le Brésil et le Pérou, l'Uruguay recevra l'Argentine au Centenario. Et ce match fait déjà parler car, par le passé, l'Argentine a souvent laissé l'Uruguay gagner, sans mettre une trop forte opposition, quand elle était déjà qualifiée et que l'Uruguay luttait pour la qualification. C'est donc avec un certain plaisir que les uruguayens s'interrogent sur l'opportunité de laisser les argentins gagner. Sauf que l'Uruguay se bat aussi pour une place de tête de série... A suivre.

Les buts

 

 

Résultats

Classement

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba