Quelle est la différence entre Peñarol et Nacional lors de leur match respectif de ce week-end ? Quelques détails, quelques gestes, quelques joueurs... et deux points à la fin, comme souvent. Pour le reste, tout le monde s'effondre, sauf Nacional donc qui fait un sans-faute depuis le début de la saison. Point complet sur la 6éme journée.

Nacional 3 – 2 Racing

Nacional a gagné son match cette semaine en Libertadores contre Lanús (lre Copa Libertadores 2017 : déroute argentine, suite et fin) et continue de s'affirmer comme une grande équipe, comme le collectif de joueurs le plus solide non pas sur quelques semaines mais sur quelques années. Avec toujours les mêmes piliers et un effectif très stable comparativement à ce qui se fait en Uruguay, Nacional est encore leader sur tous les tableaux, ayant gagné tous ses matchs depuis le début de cette saison et étant sur une série de victoires à domicile depuis bientôt un an. A noter quelques changements pour ce match avec la titularisation d'Aguirre en attaque et de Ligüera au milieu. Côté Racing, l'effectif est séduisant avec quelques joueurs qui sont au club depuis très longtemps comme Trinidade ou Quiñones.

Nacional va dominer dès le départ, comme il va le faire durant tout le match, ne laissant pas le Racing respirer. Comme à son habitude, les latéraux montent beaucoup mais cela va jouer un tour aux Bolsos sur un ballon perdu par Viudez. Alaniz, lancé en profondeur se retrouve seul face à Conde mais est taclé à l'extérieur de la surface par le gardien. Sur cette faute, Conde ne prend que carton jaune car l'arbitre estime qu'Alaniz n'était pas en situation d'occasion de but. Mais sur le coup-franc, Quiñones frappe le ballon juste au dessus du mur et trompe Conde sur la première occasion du Racing, après 20 minutes de jeu. Nacional repart d'attaque immédiatement et égalise dans la foulée par Romero sur un amour de coup-franc de Ligüera. Le ballon lui est déposé dans les pieds pour qu'il trompe Melian au 6 mètres. Malgré d'autres occasions, le score reste identique jusqu'à la mi-temps. Au retour des vestiaires, le Racing va de nouveau frapper dans le dos du Nacional. Sur un ballon anodin de Trinidade sur le côté gauche, ce dernier ajuste un centre-frappe sur lequel Conde ne sort pas énergiquement et qui le trompe donc dans son petit filet. Miraculeusement, le Racing vire de nouveau en tête. Et cela aurait pu durer si le Racing n'avait pas décider de tout foutre en l'air par Cayetano qui va, sur un corner en la faveur des cerveceros, mettre son coude dans la tête d'un adversaire et prendre un deuxième carton jaune. Après cette faute, le match ne sera plus que dans un sens : celui du Nacional. L'égalisation va venir sur un ballon bien géré par Viudez qui repique dans l'axe et passe pour Ligüera qui se jette et trompe Melian. L'avantage sera définitif sur un centre de Polenta qui était resté à l'offensive suite à l'absence d'attaque du Racing. Il délivre un ballon millimétré au deuxième poteau pour Silveira qui bat le gardien à bout portant. Malgré d'autres occasions, le score ne bougera plus. 3-2.

Côté Racing, drôle de match. L'équipe a dominé son adversaire au score en ayant très peu d'occasions, avant de perdre un joueur sur un carton rouge des plus stupides et de ne plus voir le jour. Le milieu est ce qui a le mieux résisté avec notamment Alaniz côté gauche, qui avait la chance d'être dans « le loft » de Chapecoense avant de revenir en Uruguay. Il a côté droit son pendant Mauro Estol également bon défensivement et précis techniquement. Melian a été bon, la charnière notamment Lacoste s'est fait prendre comme des bleus sur les centres. Et puis il y a Liber Quiñones. De quelle planète vient Liber Quiñones ? Il est impossible de le critiquer, puisque dans une équipe « limitée » comme le Racing, il marque toujours ses 10-15 buts par saison. Il est capitaine, et meilleur marqueur de l'histoire du club. Mais comment peut-on être aussi lent au 21ème siècle au poste d'attaquant ? La question demeure. Côté Nacional, 4 matchs, 4 victoires, un match beaucoup plus maîtrisé que ce que le score peut laisser penser.  Ligüera, titulaire, a donné entière satisfaction. Aguirre a eu plus de mal. Viudez revient bien, mais la vraie satisfaction vient du milieu Romero – Porras, très bon. Silveira marque enfin, il est surprenant de le voir aussi bon dans le jeu car ses statistiques restent assez maigres.

Joueur du match : Martin Ligüera.

penarol

Fénix 2 – 2 Peñarol  

Peñarol devait se relever après la cuisante défaite encaissée en Bolivie mardi face au modeste Wilstermann (lire Copa Libertadores 2017 : Peñarol s’effondre, Chapecoense revit). Leo Ramos l'entraîneur commence déjà à ne plus avoir le choix, avec déjà 2 matchs nuls en 4 matchs de championnat et donc une défaite en Libertadores. Il ne faudrait pas que San Lorenzo enchaîne trois défaites en Argentine, sinon, on va reparler très rapidement d'Aguirre. La défense, qui n'a pas encore encaissée de but en championnat, est reconduite avec une charnière Arias – Villalba. Le milieu, qui a beaucoup posé problème en Bolivie, revient à une configuration championnat avec Pereira en récupérateur et Nandez et Rodriguez en milieux relayeurs. Ramos est obligé à jouer avec ce schéma depuis la blessure du Viking Marcel Novick et les très piètres performances de Tomas Costa. Cavallini est de retour en attaque après avoir fait le déplacement en Bolivie pour rien puisque le club s'est rendu compte le jour du match qu'il était suspendu depuis un carton rouge pris avec son ancien club, ce même Fénix... Il y a en effet beaucoup de lien entre les deux clubs, outre Cavallini, on notera la présence du meilleur marqueur du championnat, le grand Lolo Estoyanoff, qui a longtemps joué à Peñarol, dans l'attaque côté Fénix

Peñarol domine farouchement le début du match, avec un tir dès la douzième seconde de Gaston Rodriguez.  Dans la foulée, Dario Denis sauve sa défense à deux reprises sur des têtes à bout portant. Mais on sent que Peñarol est prenable en contre. La vitesse et la précision de Romarito Acuña et d'Estoyanoff peuvent faire très mal. Et à la 26ème minute, après une période durant laquelle les carboneros n'ont pas pu concrétiser leurs actions, Fénix obtient un corner qui, sur un deuxième ballon et une belle passe de Pallas, arrive dans les pieds d'Estoyanoff qui offre un caviar, un cadeau, une offrande à Gabrielli qui bat Gurruceaga d'un plat du pied avant de se prendre le gardien lancé à pleine vitesse. 1-0 pour Fénix, mais Gabrielli quitte ses collègues. Dans la foulée, Peñarol presse à nouveau, avec un bon match de Nandez, et de Gaston Rodriguez. Même les latéraux montent et apportent offensivement. Le ballon est malheureusement toujours contré par Denis ou par un défenseur comme sur cette bonne frappe de Rodriguez. 1 à 0 à la mi-temps. Le match va être résumé par une autre action dès le début de la deuxième mi-temps. Alors que Peñarol domine, est dans le camp de Fénix, Raul El Tito Ferro récupère le ballon dans les pieds de Rodriguez et le passe à Abascal, qui se retrouve donc balle au pied, avec face à lui seulement trois joueurs : la charnière de Peñarol bloquée dans l'axe et Estoyanoff qui fait un appel sur le côté. Abascal délivre un amour de passe à ce dernier qui déborde et va tromper Gurruceaga très étrangement placé dans son but. 2-0. Quand Peñarol est en attaque, il n'y a plus de latéraux, plus de milieu récupérateur, plus rien. Guzman Pereira et les latéraux montent trop. Peñarol fait alors rentrer plusieurs joueurs offensifs comme Dibble ou Rossi qui ne vont pas changer l'équipe mais la chance va tourner. Tout d'abord sur un bon travail de Rossi, le joueur international U20 trouve Cebolla Rodriguez qui frappe parfaitement au ras du poteau pour la réduction du score. Peu de temps après, Nandez marque son troisième but de la saison sur un bon centre de Rossi, repoussé par la défense, le jeune lion reprend de volée et trompe Denis qui ne peut rien faire. Score final 2-2, beau match.

Côté Fénix, deux joueurs ont fait la différence, Dario Denis et Raul Ferro. Dario Denis pour tous les arrêts qu'il a effectué et qui ont permis à son équipe de sauver un point. Surtout en première période, sur deux têtes à bout portant, il a eu des réflexes impressionnants sur sa ligne. D'autant plus beau qu'il a comme remplaçant Mele, gardien titulaire de l'Uruguay U20, ce qui doit sans doute lui ajouter une dose de pression. Raul Ferro a, quant à lui, était le point d'équilibre de son équipe, le joueur que Peñarol n'a pas. Il a gratté beaucoup de ballons, empêché l'équipe adverse de trop construire. Sinon, Gissi en attaque a été fantomatique, le petit frère Acuña a manqué de justesse. Estoyanoff n'a pas été exceptionnel dans le jeu mais a marqué un but et a marqué une passe décisive.

Joueur du match : Dario Denis

Ailleurs

Defensor 1 – 3 Plaza Colonia : Le retour d'un bon Plaza avec une équipe offensive qui a bien contrée la défense à trois du Defensor.

Juventud 1 – 1 Cerro : Egalisation de Damian Macaluso sur coup de pied arrêté. En boulangerie, on appelle ça une Tradi.

Boston River 3 – 1 Liverpool : Grosse victoire d'un Boston qui continue de surprendre face à un Liverpool en plein doute avec en plus conflit entre Saralegui et les supporters. Ça sent la fin pour l'entraîneur, et l'équipe a le potentiel pour rebondir.

Sud America 2 – 2 Danubio : Les deux clubs sont en crises et ne se rassurent pas.

Rampla Juniors 3 – 0 River Plate : avec changement d'entraîneur après seulement 5 journées pour River. JR revient !

Wanderers 1 – 2 El Tanque Sisley : Je n'ai pas d’explication.

Pour le reste

Nacional va devoir jouer 5 matchs hors de son stade mais avec publique suite à l'attaque d'un agent lors de la préparation du match contre River Plate. Cette sanction est très stupide, je n'ai donc pas d'explication (deuxième fois pour cet article, vous allez finir par croire que je parle de la Bolivie). Nacional devrait jouer ses prochains matchs à Jardines ou à Maldonado, à voir.

Sinon, je vous conseille de lire cet article d'Ovacion, qui explique comment 60 000 personnes se sont retrouvés à 8h du matin un dimanche des années 60 au Centenario pour un match de deuxième division. Je ne vous dis que ça.

Les buts

Résultats

uruj6r

Classement

uruj6c

 

 

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba