Peut-on gagner un match alors que l’on perd 2-1 à la 92ème minute et qu’on joue en infériorité numérique ? Réponse dans notre point hebdomadaire sur le tournoi uruguayen. Celui de tous les possibles.

Peñarol 3 – 2 Rampla Juniors

Peñarol s'est rassuré cette semaine en gagnant contre Tucumán en Libertadores. Mais l'équipe dirigée par Leonardo Ramos devait gagner ce match de championnat pour ne pas se retrouver distancée, après avoir déjà concédé trois matchs nuls en cinq matchs. On sent depuis quelques matchs une équipe avec de l'envie mais trop d'imprécisions, et surtout un manque de progression, un manque de ce sentiment qui ferait dire que l'équipe va dans le bon sens. Pour chaque pas en avant, l'équipe a fait un pas en arrière. Côté Rampla, bon début de saison avec déjà trois victoires et de bonnes choses en attaque avec notamment Alex Silva, attaquant physique et souvent bien placé.

C'est exactement ce que l'on ressent après cette première période entre l'apathie de Peñarol et l'envie de Rampla. En attaque, Junior Arias qui porté l'équipe pendant un temps est transparent, Guzman Pereira en dessous, même Cebolla Rodríguez est décevant. En défense, Ronaldo a quasi offert un but sur une approximation. Mais la frappe de Silva est bien arrêtée par Gurruceaga. La deuxième mi-temps va être jouée sur un tout autre rythme, car Rampla va dominer le début et forcer Peñarol au réveil. Sur un coup-franc obtenu à 25 – 30 mètres, Garcia effectue une frappe qui transperce un mur en décomposition et qui trompe un Gurruceaga. Le gardien est hors de lui car ce ballon n'aurait jamais dû passer le mur, si ce dernier doit servir à quelque chose. Peñarol se réveille alors avec notamment les entrées de Rossi et de Rodríguez. Pour la première fois du match, pendant un bon quart d'heure, les carboneros vont dominer le match de la tête et des épaules. Le milieu ressort le ballon plus vite, et cette vitesse met en difficulté Rampla. A la 68ème minute, Marcel Novick, le grand Marcel Novick, le meilleur joueur du match, est à la récupération d'un ballon à 25 mètres du but adversaire. Il contrôle du genou, et enchaîne avec une splendide frappe, une magnifique frappe, enveloppée, qui trompe Odriozola. C'est son deuxième but avec Peñarol, le premier ayant été celui de l'égalisation contre Nacional il y a presque un an. Les joueurs carboneros repartent alors comme un rouleau compresseur mais dix minutes plus tard, sur un coup franc anodin, la défense de Peñarol est complètement absente et laisse Silva tromper Gurruceaga d'une belle tête. Ronaldo, titulaire en défense à la place de Villalba est absent, coupable, mauvais. Du moins sur ce match. Peñarol s'enfonce encore plus quelques minutes après avec l'expulsion de Gastón Rodríguez, pour un deuxième carton jaune sur une faute sur laquelle il glisse sur le ballon. C'est malheureux mais assez logique. 92ème minute. 2-1 pour Rampla. Voilà tout ce qu'on aurait pu en dire. Sauf qu'en deux minutes, un truc encore plus étrange que le hibou qu'on avait vu la veille sur la transversale de Conde va se passer au Campeon Del Siglo. Après que Rampla a vendangé deux occasions en un contre un qui auraient pu tuer le match, Rodríguez et Affonso vont tout changer. Tout d'abord, suite à un coup franc, Cebolla Rodríguez récupère un ballon étrangement seul dans son couloir. Il a le temps d'ajuster son centre au deuxième poteau, au-dessus de 5 défenseurs picapiedras, pour la tête d'Affonso qui fusille Odriozola pour l'égalisation. On pense alors le match fini mais dans la foulée, et dans son même couloir gauche, Cebolla effectue un centre/frappe pour un Affonso bien hors-jeu d'un mètre, mais qui donne malgré tout l'avantage à Peñarol à la dernière minute. Score final 3-2

Côté Peñarol, la défense a été nulle, surtout Ronaldo. Le milieu a été trop limité, avec un manque d'envie sur les côtés et un mauvais match de Pereira. En attaque, rien à signaler, mauvais match d'Arias, carton rouge pour son remplaçant Rodríguez. Affonso a eu trop de déchet mais a marqué deux buts en une minute. Les quelques bons joueurs sont Gurruceaga qui a sauvé son équipe sur de nombreux arrêts, Novick, Cebolla et Nandez. Côté Rampla, bon match de l'équipe, en général, mais surtout de Mago Olivera, du milieu dont Prieto et Gonzalez, et de la charnière. Je trouve Alex Silva limité pour être attaquant mais bon. Le gardien Odriozola, passé notamment par l'Iran, n'a pas eu tant de choses que cela a faire et n'est pas coupable sur les buts. L'équipe a tout donné.

Joueur du match : Marcel « tu la sens ma madeleine » Novick

chouette

El Tanque Sisley 0 – 1 Nacional

Nacional devait se déplacer ce week-end puisqu'El Tanque a décidé de délocaliser certains matchs à l'intérieur du pays, dans la belle bourgade agricole de Rivera. Cette ville frontière avec le Brésil, à 500 kilomètres de Montevideo, connue pour son parler mi-espagnol mi-portuguais, dispose d'un stade d'environ 30 000 places, l'Atilio Paiva, construit pour la Copa America 1995, et qui n'est utilisé par aucune équipe professionnelle de façon permanente. C'est un bon business pour El Tanque puisque les locaux viennent nombreux quand ils ont la possibilité de voir un match autre que ceux de l'OFI (la fédération amateur de football de l'intérieur du pays). Avec une limite, malgré tout : le stade était rempli de Bolsos, de supporters du Nacional.

Un Nacional qui avait d'ailleurs bien fait tourner son effectif après la défaite humiliante contre Zulia, modeste club vénézuélien. Humiliante car le club Albo sortait d'une série impressionnante de victoires à domicile que ce soit en championnat ou en Libertadores. Alors autant pour ménager le physique que pour donner un coup de fouet à son équipe, Lasarte a décidé de montrer de nouveaux visages comme le jeune Rogel en charnière, Aguirre en attaque sur un couloir ou encore Lozano qui tenait la une nouvelle chance. Côté El Tanque, pas de grands joueurs dans l'effectif, si ce n'est Fosgt, défenseur argentin culminant à près de deux mètres d'altitude, ou Merentiel en attaque, joueur prêté par Peñarol qui a montré de belles choses depuis le début de la saison.

La première mi-temps est longue, très longue, avec très peu d'actions. Les seuls bons débordements, à droite ou à gauche, sont ceux d'Hugo Silveira, qui s'impose comme un très bon joueur. En plus du physique, il dispose d'une technique qui lui permet de dribbler ses adversaires. Côté El Tanque, l'équipe joue bas, et les deux joueurs les plus en vues sont Lima et Tamareo, qui contrôlent bien la balle au milieu. En deuxième période, Nacional revient avec plus d'envie. Lozano a un bon ballon sur un centre mais sa tête est trop piquée et passe finalement au-dessus du but. Le joueur sera ensuite remplacé, ayant été très imprécis durant tout le match. Lasarte effectue quelques autres changements, faisant rentrer Viudez, Seba Fernandez, et Kevin Ramirez. Nacional se crée alors de plus en plus d'occasions par Ramirez sur un bon débordement, par Silveira de la tête, mais toujours pas de but. Jusqu'à la 80ème, quand Seba Fernandez obtient un bon coup franc à l'entrée de la surface. Viudez tire juste au-dessus du mur et juste en dessous de la barre. Le gardien caresse le ballon mais ne peut le repousser. Malgré un réveille tardif d'El Tanque, et quelques contres mal négociés, Nacional s'impose 1 à 0 et continue sa série de victoires en championnat.

Nacional prend l'essentiel après la désillusion en Libertadores, les trois points. En championnat, le classement reste parfait : 5 matchs, 5 victoires, après un tiers de l'Apertura, c'est un gros avantage. Hier, la défense n'a pas eu à faire grand-chose, Conde, qui vient d'être appelé comme 4ème gardien de la sélection (El Maestro en a pris 4 car Muslera est suspendu pour le premier match contre le Brésil) ne s'est pas fatigué lors de ce match avec un seul arrêt. Rogel, pour son premier match titulaire, a été bon, sans faute. Arismendi a bien contrôlé l'équipe, les seuls manquements ont été dans l'animation offensive avec un Lozano transparent, un Aguirre imprécis. En attaque, on n'a vu que Silveira qui a tout fait et beaucoup réussit. Côté El Tanque, l'équipe a joué bas, avec un certain succès durant un certain temps mais bon... Le milieu, notamment Lima, a été le meilleur secteur. Merentiel montre des capacités mais devra apprendre à lâcher le ballon.

silveraJoueur de la semaine : Hugo Silveira

Je dois dire que je n'y croyais pas trop au début. Je pensais que Silveira, tel que je l'avais vu du côté de Cerro, était un attaquant physique mais limité. Et c'est sans doute une erreur de ma part de vouloir croire que les deux sont antinomiques, alors que de plus en plus d'attaquants de ce championnat nous montrent qu'on peut être grand et bon, comme Maxi Gómez. C'est ce qu'est devenu Silveira au fil du temps, capable de débordements, de dribbles, de dominer la balle et l'adversaire en un contre un. Il est de plus important dans l'équipe malgré ce que les statistiques pourraient laisser croire. Il doit encore progresser dans son jeu de tête, ou dans ses frappes, pour se perfectionner. Mais il risque de ne pas faire de vieux os au Gran Parque Central.

Ailleurs

River Plate 0 – 1 Defensor : Victoire difficile mais importante pour le Defensor, une semaine après avoir perdu contre Plaza. A 10 contre 11, Defensor a été arracher la victoire sur un penalty marqué par Maxi Gómez. A noter que Porta a tiré un penalty sur la barre.

Cerro 2 – 0 Boston River : Cerro est toujours leader en attendant les matchs en retard de Nacional. L'équipe du colombien Barragan continue de proposer un jeu agréable, avec un milieu très joueur.

Racing 1 – 0 Fénix : Victoire du Racing dans ce match entre équipes de l'ouest de Montevideo. Liber Quiñones s'est malheureusement fracturé le coude durant ce match.

Plaza Colonia 2 – 3 Sud America : Un match qui fait mal à Plaza dans l'optique du maintien, alors que les joueurs de Colonia gagnaient encore à 10 minutes de la fin. Ils ont désormais 7 points de retard au classement de la relégation, sur cette même équipe de Sud America.

Danubio 1 – 0 Juventud de Las Piedras : Danubio se rassure avec enfin une victoire.

Liverpool 0 – 4 Wanderers : Victoire de poids pour Wanderers qui se replace en haut de classement grâce notamment à un triplé de Cristian Palacios, nouveau meilleur marqueur du tournoi. Liverpool est toujours en crise, étant avant-dernier du classement. Changement d'entraîneur à venir, il faut un choc pour cette équipe à l'effectif de qualité.

Pour le reste

Uruguay – Brésil à venir ce jeudi à minuit en France. Sans Suarez, ni Muslera, mais avec le cœur, toujours. Cavani devrait être titularisé en pointe avec Rolan en soutient.

Les joueurs de la sélection ont d'ailleurs annoncé, dans un nouveau communiqué, se solidariser des joueurs du championnat et ne pas autoriser d'interview avec Tenfield, et qu'il y ait de sponsors derrière eux lors des conférences de presse. Champions.

Les buts

Résultats

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Classement

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba