Après de longs mois, après trois Clásicos annulés lors du dernier tournoi et lors des deux dernières intersaisons, après de la violence, des fumigénes, des voleurs de coca-cola, des cons, des avalanches, des bonbonnes de gaz, après tout cela, ce match ne pouvait pas être nul. Sauf au score, finalement.
Le dernier Clásico a eu lieu il y a presque un an, quand les deux équipes s'étaient quittées sur un match nul au goût de victoire pour Peñarol, suite à un but dans les dernières minutes de Marcel Novick de la nuque, but représentant un pas décisif dans la course au titre. Ce point du nul était important mais marquait aussi une nouvelle étape dans une période d'invincibilité de Nacional, Peñarol n'ayant plus gagné depuis ce fameux 5 à 0 du 27 avril 2014. Et il y a de cela deux semaines, personne n'aurait sans doute mis une pièce sur Peñarol perdu au classement face à un Nacional déjà leader malgré deux matchs de retard. Las, deux matchs sans victoire du Bolso ont remis les pendules à l'heure, et relancé quelques équipes dans la course à cet Apertura. Nacional a notamment perdu lors de la journée de ce week-end face à un séduisant Boston River, équipe composée de bric et de broc, de joueurs prêtés et de vieux de la vieille comme le frère Scotti ou Carlos Valdez. Horniga Valdez ? Mauvais signe à quelques jours du Clásico... Trajectoire inverse côté Peñarol avec une victoire facile, de la tête et des épaules, face à Sud America. Malgré l'exclusion de Marcel Novick, le privant ainsi du choc, Peñarol n'a jamais laissé d'espoirs aux joueurs buzones et à logiquement remporté le match 4 à 0. Dans cette belle inversion des courbes, le jeu semble soudain plus équilibré.
Pour ce qui est des troupes, on retrouve donc sur le terrain, en ce mercredi soir d'automne, deux équipes presque complètes avec, côté Peñarol, la titularisation à nouveau de l'espoir Quintana en défense. Au milieu, au côté de Cebolla Rodríguez, Novick est numériquement remplacé par Gastón Rodríguez, jouant au milieu côté droit mais aussi un peu en 10 et un peu attaquant. Attaque composée à nouveau de Junior Arias de Mauricio Affonso, en odeur de sainteté depuis ses trois buts sur les deux dernières journées. Côté Nacional, peu de surprise avec une défense « type » Fucile/Polenta/Garcia/Espino, deux récupérateurs dont Romero portant un masque après s'être fait casser le museau par Polenta lors d'une célébration d'un but, et surtout Ramírez côté gauche en attaque et Silveira en pointe. Sur le papier, cette équipe est la plus forte, la plus expérimentée. Sur le papier.
Dans les faits, et dès les premières minutes, le match est rude, peu d'occasions. Les premières actions marquantes sont des chocs au milieu, pour tenter de dominer sur le terrain, côté Peñarol d'abord puis côté Nacional. Le Bolso domine doucement mais ne se crée pas d'occasions, tout au plus une frappe lointaine de Viudez. Peñarol construit ses attaques beaucoup plus rapidement, tout en projection, notamment Gastón Rodríguez sur son côté. La première occasion Carbonero sera la bonne. Sur un centre lointain, Affonso se fait difficilement doubler par Garcia qui dégage de la tête plein axe. Mauvaise idée car s'y trouve Cebolla Rodríguez qui reprend de volée le ballon. Sa frappe est contrée, frappe la transversale, avant d'être reprise par Junior Arias de la tête, tel un renard des surfaces. But aidé de la chance mais aussi un peu de l'apathie de la charnière Bolso.
Deuxième mi-temps et confirmation d'une légère domination dans le jeu de Peñarol. La base, au milieu, composé de Pereira, Cebolla et Nández est plus solide, et domine son opposition face à un Colo Romero timide et un Arismendi toujours présent mais souvent brouillon à la relance. Après quelques occasions notamment un coup-franc bien tiré de Gastón Rodríguez qui passe légèrement au-dessus, Lasarte fait deux changements en remplaçants les latéraux offensifs décevants, surtout Ramírez qui peine à confirmer ces dernières semaines, et en faisant entrer Aguirre et Lozano. Et ces changements marchent avec plus de vitesse dans le jeu et une équipe qui sent qu'elle doit se réveiller. Seba Fernández a une occasion sur une belle passe d'Espino contre Gurruceaga face auquel il manque de mordant. Espino et Fucile sont bons durant tout le match, peu menacé sur leur côté, ils en profitent pour apporter offensivement. Malheureusement pour le Bolso, Lozano prend deux cartons jaunes en 10 minutes sur deux fautes inutiles, loin du but. A 10 contre 11, la chose se corse, d'autant plus que toute l'équipe paraît nerveuse, et qu'Aguirre passe très près d'un carton rouge juste après celui de Lozano sur un tacle en retard. A ce moment, vers la 75ème, le vieux Ligüera temporise sur un coup-franc, rassure ses coéquipiers du regard et organise l'équipe. A partir de ce moment, Peñarol semble sur le recul, ne sortant plus proprement le ballon en supériorité numérique. Et à la toute fin du match, Arismendi se bat bien sur un ballon de la tête, Angel Rodríguez, entré en jeu à la place d'un Guzman Pereira blessé, est en retard. Aguirre a le temps d'armer une magnifique frappe pleine lucarne pour le but du match nul, un match nul au goût de victoire.
Côté Peñarol, bon match du jeune Quintana, très présent en défense. Petryk est également en amélioration constante. Au milieu, bon match de tous les joueurs mais surtout de Nández. L'attaque a été plus décevante, Affonso ayant l'envie mais pas le niveau, Arias étant trop brouillon même s'il a marqué. Côté Nacional, bon match des latéraux, surtout d'Espino. Au milieu Arismendi a été très présent, Romero a été dominé par ses adversaires. Gros efforts de Silveira qui a été bien meilleur que ses coéquipiers d'attaque, Ramírez, Lozano, Viudez étant assez décevants.
Nacional est donc leader, avec un point d'avance sur les Bohemios du Wanderers et quelques points sur le Defensor, Cerro ou sur Peñarol. Attention cela dit au calendrier très compliqué de Nacional avec Wanderers et Cerro à venir sur les deux prochaines journées, après trois journées sans victoires...
Pour le reste
Pas d'incidents dans les tribunes, ou les drapeaux étaient interdits. Certains étaient vent-debout contre cette mesure, la qualifiant de stupide. Cela me paraît quand même moins stupide que de tuer pour une banderole, comme on l'a déjà vu.
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