En gagnant ce week-end, Defensor et Nacional restent à la lutte pour le titre à trois journées de la fin. Et cela tombe bien, puisqu'un Defensor – Nacional approche dans deux semaines. A part ça, Plaza Colonia a fêté ses 100 ans, Fénix se bat pour son stade, la deuxième division a commencé avec ses Cheikhs et son Loco. Retour sur la 12ème journée.

Fénix 0 – 1 Nacional

Fénix reçoit Nacional en ce samedi de printemps au stade Trocoli, devant seulement un bon millier de personne. Seulement car les deux grands attirent souvent beaucoup plus de monde, mais les nouveaux systèmes de billetterie, mises en place suite aux incidents de la saison dernière, ont fortement réduit les affluences des équipes « visiteuses ». A noter que Fénix ne reçoit pas, pour des raisons de sécurité, dans son stade du Capurro, qu'il se bat pour conserver. J'y reviendrai plus bas. Le Fénix est une équipe dure à jouer, sur laquelle Peñarol s'était cassé les dents, avec un mélange de joueurs jeunes et talentueux comme Canobbio et de joueurs beaucoup moins jeunes mais encore plus talentueux comme Estoyanoff, Pallas, Alvez, Ferro, que des joueurs ayant dépassé les 34 ans. Nacional a quant à lui retrouvé du poil de la bête après une série de mauvais résultats, se rassurant avec le nul du Clásico, également un nul contre Chapecoense et une victoire précieuse contre Cerro la semaine dernière, après un match très disputé.

La première mi-temps est dominée par Fénix qui arrive à bien presser Nacional et à déséquilibrer son milieu. Dans un 4-3-3 offensif mais sans véritable attaquant de pointe, l'équipe albivioleta a bien gêné Nacional et s'est créé quelques occasions par Estoyanoff et Canobbio. La défense résiste bien également, malgré les quelques déséquilibres créés par Aguirre, Silveira restant silencieux et assez peu en vue. Les choses se décantent en deuxième période avec un Nacional qui monte en puissance et un Fénix qui fatigue. Ces derniers vont regretter de ne pas avoir marqué quand ils en ont eu l'opportunité. Lozano apparaît enfin dans ce match avec de bonnes occasions sur son côté gauche dont un coup-franc très bien tiré dès le retour des vestiaires. Fénix tente bien de répondre mais semble manquer de jus. A la 63ème, Alvez laisse stupidement sortir un ballon en corner alors qu'il aurait pu dégager le ballon. Sur le corner, très bien tiré par Ligüera comme à son habitude, Polenta dévie astucieusement de la tête pour Silveira au deuxième poteau qui trompe Dario Denis qui n'a rien pu faire. Joli but dans la construction, mais l'erreur d'Alvez coûte très cher. Comme lors de très nombreux matchs de championnat cette saison, après un but vers l'heure de jeu, Nacional va ensuite contrôler sans prendre trop de risques avec une équipe bien en place, des latéraux qui vont cesser de monter et très peu de frayeurs. L'entrée du panaméen Cecilio Watermann sera le seul danger pour Nacional, apportant sa vitesse et sa percussion, mais trop tard. Score final 1-0.

Côté Nacional, bon match de Conde qui a très peu eu à faire. Défense solide, de belles montées d'Espino qui ont déséquilibré Fénix. Gros match d'Arismendi pour remonter son équipe au milieu. Aguirre monte en régime alors que Silveira a été présent au moment le plus important, au moment de marquer. Côté Fénix, match plutôt satisfaisant mais il a manqué un vrai attaquant pour bénéficier du travail d'Acuña (en amélioration), d'Estoyanoff (trop souvent dans son couloir), ou de Canobbio. Canobbio, international sub 20, a alterné le bon et le moins bon, mais est plus deuxième attaquant que véritable pointe. Sinon, la défense et le milieu ont dominé la première mi-temps et souffert en deuxième, quand Ligüera a ajouté de la justesse technique aux bolsos. Pallas est toujours bien présent, Alvez a beaucoup souffert.

Joueur du match : Diego Arismendi

plazapenarol

Plaza Colonia 1 – 1 Peñarol

Le club de Plaza Colonia fêtait très officiellement ses 100 ans samedi. Le club de l'intérieur, l'un des rares clubs ne venant pas de Montevideo à s'être imposé dans le football professionnel uruguayen, champion du Clausura 2016. A noter que le club a donc été fondé le 22 Avril 1917 par le premier entraîneur champion du monde lors d'une Coupe du Monde avec l'Uruguay en 1930, Alberto Suppici. Pour cette fête, Colonia recevait, hasard du calendrier, Peñarol dans son stade Suppici. Un Peñarol invaincu mais fébrile depuis le début de la saison, face à un Plaza en difficulté malgré de bonnes performances sur le terrain, à la traîne au classement de la relégation. C'est dans ce cadre bucolique, de ce joli stade donnant sur ce fantasme qu'est le Rio de La Plata, que Peñarol allait enterrer ses derniers espoirs de gagner cet Apertura. A noter que le match s'est joué sans ramasseurs de balle. Ces derniers avaient un survêtement fourni par une marque différente que celle de l'équipe principale ce qui serait interdit par le règlement de l'AUF. Ce qui devrait être interdit, est de se rendre aussi ridicule avec des joueurs courant après le ballon sur chaque sortie, tel des joueurs de PH...

Et c'est Peñarol qui semble dominer le début du match avec quelques occasions, notamment sur corner et quelques arrêts de Giring dès les premières minutes. Mais rapidement, Plaza Colonia met le pied sur le ballon. Le milieu à cinq de Colonia fonctionne et bloque complètement le jeu de Peñarol, en bloquant les joueurs comme Cebolla Rodriguez ou Nahitan Nandez, joueurs en charge de la construction du jeu côté carboneros. Cela bloque bien Peñarol mais cela bloque aussi un peu le match, puisque côté Colonia Puppo est trop seul et limité en pointe pour pouvoir faire quoi que ce soit. Première mi-temps fermée donc. Avec la fatigue et quelques espaces en contre, les choses vont se débloquer à partir de l'heure de jeu. Le milieu de Colonia commence alors à se projeter et à mettre en difficulté Peñarol. Le milieu carboneros commet tout d'abord des fautes pour bloquer Waller ou Bogliacino, avant de rompre. Le jeune Waller a une première occasion à l'entrée de la surface mais sa frappe passe au-dessus. Avant que, sur un dégagement, Redin effectue une bonne passe pour Waller qui est libre au centre, étrangement seul. Waller frappe fort à 25 mètres, avec effet et sa frappe trompe Gurruceaga, la balle lui passant entre les jambes. Grosse erreur du gardien, 1 à 0. A noter avant le but la combinaison au milieu ou, en trois passes, Colonia déséquilibre Peñarol. Ce but réveille Peñarol qui va avoir de nombreuses occasions avec un Gaston Rodriguez courant beaucoup en attaque et créant beaucoup de danger. Puppo a une occasion seul de tuer le match mais il frappe au-dessus. Au final, après une série d'occasions sur coup-francs, dans le jeu, et quelques arrêts de Giring, Peñarol égalise à la 94ème sur une tête de Cristian Rodriguez alors que la défense est absente côté Colonia. Égalisation logique au vu de la dernière demi-heure, Peñarol conserve son invincibilité mais avec déjà 6 nuls en 12 matchs...

Côté Peñarol, mauvais match de Marcel Novick, mais aussi de Nandez décevant, de Junior Arias absent. La défense a été assez solide, malgré le but ou c'est le milieu qui est coupable. Dans les satisfactions, Ramon Arias ou Gaston Rodriguez ont pris le leadership à un moment en fin de match. Côté Colonia, les satisfactions sont les jeunes, que ce soit Giring dans les cages, Padula en défense, le milieu évidemment avec l'immense Waller et le capitaine Caseras. Côtés déceptions, Silva me paraît à la traîne sur son côté, Puppo est limité en attaque.

caseraswallerJoueurs du match : Matias Caseras et Facundo Waller

Ce n'est pas une nouvelle. Regarder un match de Colonia, depuis quelques temps déjà, c'est regarder un milieu de terrain qui régale, technique, joueur. Milesi est parti enchanter les supporters saoudiens, mais il reste d'autres joueurs pour nous apporter ce même plaisir. Le plus célèbre, ou du moins la plus grosse côte, est Facundo Waller. Le jeune Sub-20 a été très présent, sur son côté gauche principalement, mais participant à toute l'animation offensive de l'équipe. Il court beaucoup en défense pour bloquer l'adversaire et est parfait techniquement offensivement pour passer ou marquer, comme il l'a fait hier. Mais quand Waller sera vendu plusieurs millions, il restera sans doute (je l'espère), l'autre, son pendant un peu plus défensif, mais également très présent sur le terrain, Matias Caseras. Le petit milieu défensif de 25 ans a encore été très présent hier, moins juste mais plus hargneux. Sans lui, rien de tout ce qui est arrivé à Colonia ces derniers temps n'aurait été possible. Voila. Matias Caseras, tu n'es peut-être pas sexy, mais je t'aime, toi et ta moustache.

Ailleurs

Defensor 1 – 0 Boston River : Defensor reste dans la course avec cette victoire contre une équipe compliquée à jouer.

Sud America 1 – 2 Liverpool : Les joueurs du Belvedere se remette finalement dans le droit chemin avec cette belle victoire qui leur donne de l'air au classement.

Rampla Juniors 4 – 3 Wanderers : Les bohemios déçoivent malgré un nouveau but de Palacios. Rampla s'affirme comme une bonne surprise de ce championnat.

Danubio 1 – 0 Racing : Match entre deux équipes mal classées. Danubio se rassure, Racing s'enfonce.

River Plate 1 – 0 Cerro : A l'image de Wanderers, Cerro marque le pas. A noter l’expulsion rapide du gardien Irrazabal qui a marqué le match.

Juventud 3 – 0 El Tanque Sisley : gros match des coéquipiers de Damian Macaluso qui ont dominé de la tête et des épaules l'équipe fusionnée d'El Tanque.

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Pour le reste

La deuxième division a finalement repris, et ça pour une nouvelle, c'est une bonne nouvelle. On a donc pu revoir El Loco Abreu, son équipe Central Español étant seul leader du championnat. On a aussi pu voir un match entre une équipe possédée par un mec d'Abu Dhabi (Torque) et un club possédé par des investisseurs anglais (Maldonado). Dans un stade presque plein.

En parlant de stade pas plein, le Capurro de Fénix, ses pubs peintes à même les murs, sa vue sur le port, et ses quelques supporters, est en danger. La municipalité souhaiterait le détruire pour élargir un accès au port. Les joueurs et le club se mobilisent pour essayer de le sauver mais comme 12 des 16 stades de première division, le Capurro est propriété de la municipalité (les exceptions sont Peñarol et le CDS, Nacional et le GPC, Liverpool et le Belvedere, Racing et le Osvaldo Roberto). Le combat ne devrait pas être facile.

Le club de la Juventud de Las Piedras a émis un drôle de communiqué concernant l'un de ses joueurs, Delli Vargas. Ce dernier est sous contrat jusqu'à la fin de l'année au club après trois ans de fin de formation au club et des débuts plutôt réussit chez les pros. Le club vient de le passer à la réserve et ne le fera plus jouer, car le joueur ne veut pas signer sa prolongation de contrat à cause d'un « représentant », selon le club, qui aurait décidé de le faire signer un contrat à la fin de la saison. Le club a décidé de rendre la situation publique, ce qui est le plus surprenant dans cette affaire. Débat intéressant en cours sur la « propriété » du joueur et sur ce qu'est « l'indemnité de formation ».

Dernier point, à nouveau, sur l'absence des ramasseurs de balle entre Plaza et Peñarol... Quel ridicule...

Les buts

Résultats

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Classement

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba