Le silence après Mozart, c'est aussi du Mozart disait Guitry. Et le bruit la semaine entre les matchs ? C'est aussi du football ?
Le championnat a repris ce week-end, avec la première journée du tournoi de clôture 2017. On vous avait laissé sur le titre gagné par Defensor lors de l'Apertura, tout a changé ou presque depuis. Pour schématiser, un tournoi « intermedio » a été joué en juin/juillet avec deux poules de huit équipes. Nacional a gagné la sienne sans perdre un match, alors que Peñarol a joué et perdu un match exceptionnel contre le Defensor, malgré le fait d'avoir joué tout le match en supériorité numérique. L'Intermedio a donc accouché du même final que l'Apertura, avec ce coup-ci une victoire du Nacional au Centenario 1 à 0 au terme d'un match assez lénifiant.
Les choses se sont ensuite accélérées en dehors des terrains. Le mercato a eu ses feuilletons habituels, Polenta va t'il aller en Argentine ? Nandez à Boca, ou en Allemagne ? Defensor s'est fait piller, comme d'habitude, voyant partir Maxi Gomez éclairer l'Espagne, Bueno et Zunino renforcer Nacional... Pour une fois, un feuilleton plus positif a aussi éclairé le mercato, avec l'arrivée de quelques joueurs plus qu’intéressants à Peñarol, soit des bons uruguayens sur le retour (Gargano, Corujo, Formiliano), soit des argentins comme Maxi Rodriguez, un joueur d'un niveau pas vu en Uruguay depuis Forlán. A noter que beaucoup de joueurs ayant composé l'équipe de moins de 20 ans sont toujours en stand-by, comme Amaral ou Ardaiz, pour ainsi dire sans club. Waller s'est, quant à lui, fait les croisés. Tristesse. Sinon, footballistiquement, Nacional s'est fait sortir de Libertadores par Botafogo, et on a pu voir un clásico sans violence avant la reprise du championnat. Hallelujah !
C'est dans ce contexte que redémarre le championnat. Sachant que Defensor a gagné l'Apertura, et que Nacional est leader au classement annuel (grâce à l'Intermedio, qui comptait au classement annuel). Et que donc Peñarol peut encore gagner le championnat en gagnant le Clausura puis les finales, malgré ses dix points de retard au classement. Nacional devra gagner le Clausura pour jouer éventuellement des finales contre Defensor, finales que jouera dans tous les cas Defensor, ayant gagné l'Apertura, mais qu'ils pourraient éviter s'ils gagnaient aussi le Clausura (ils seraient alors champions sans finales). Vous me suivez toujours ? Simplifions : l'équipe qui gagnera les 15 à 18 prochains matchs est sûre d'être championne, c'est ce qu'il faut retenir. Faites vos jeux.
El Tanque Sisley 0 – 4 Peñarol
Depuis quelques temps, Peñarol essayait de prendre les meilleurs joueurs du championnat local pour les faire monter en gamme et essayer de les revendre. Cela a coûté cher et n'a jamais marché. Les seuls joueurs que Peñarol continue de vendre bien sont ceux formés au club (Nandez durant ce mercato, Valverde ou Bueno par le passé), et le club a donc décidé de refaire venir de vrais bons joueurs de football confirmés pour encadrer les jeunes. Exit les Arias, Gaston Rodriguez, Dibble, le club se renforce avec un onze à faire baver ce week-end, comprenant Dawson dans les buts (aucun lien, fils unique), Hernandez, Cachila Arias, Fabricio Formiliano, Guille Varela (ces deux dernières saisons étaient à Manchester et à l'Eintracht), au milieu Cebolla Rodriguez (ex-PSG et Atlético), Walter Gargano (l'ex du Napoli), Guzman Pereira et Matias Corujo (ex San Lorenzo), et en attaque Maxi Rodriguez (Monsieur 3 participations en coupe du monde avec l'Argentine) et Lucas Viatri (ex-Boca). C'est peut-être un détail pour vous les quelques éléments biographiques entre parenthèses, mais, lors de l'Apertura, je n'aurais pas pu vous faire les mêmes. A noter deux disparitions : Nandez est en route vers Boca, à part retournement de dernière minute vers l'Europe, et Gurruceaga est remplaçant. C'est un bon gardien mais il a souffert de la faiblesse de sa défense pendant trop longtemps. Ramos, l'entraîneur, était déjà menacé suite aux mauvais résultats lors de l'intermedio et lors des matchs de préparation. Heureusement, un adversaire à sa mesure se présentait face à eux au Centenario. El Tanque est sensiblement similaire à celle de l'année dernière, battu 4 à 0 par Peñarol, Ardaiz ne jouant toujours pas pour son club, évidemment.
Peñarol domine territorialement dès le début du match, face à une équipe se contentant de contrer. Malheureusement pour El Tanque, dès la 8ème minute, et sur un bon centre de Corujo, la reprise de Viatri est contrée par la main de Fosgt. Penalty transformé par Cebolla Rodriguez, le match commence bien. Malgré une domination de Peñarol au milieu, avec un Gargano remarquable, c'est Dawson qui se met en avant sur quelques frappes lointaines et une tête à bout portant. Formiliano en défense semble encore un peu perdu, tout cela a besoin de rodage. Il faut dire aussi que les deux pointes d'El Tanque, Herrera et Ramos, qui se sont souvent projetés grâce à leur vitesse, ont manqué de précision. Mi-temps, 1 à 0. Dès le retour des vestiaires, Peñarol va tuer le match sur un bon centre d'Hernandez, Viatri s'impose physiquement et remet sur Rodriguez qui n'a qu'à pousser le ballon. La doublette argentine fonctionne à merveille. Le milieu produit du jeu, surtout Corujo et Cebolla sur les côtés. A l'heure de jeu, Estoyanoff entre à la place de Varela, Corujo reculant d'un cran. Cinquième passage du Lolo à Peñarol. Dès son entrée, il va courir comme un dératé sur son côté, affichant un large sourire à chaque action. Sans doute la meilleure définition du bonheur. Suite à un corner, Arias, resté aux avants postes, finit sa course par un centre à ras de terre repris dans le but vide par Cebolla, juste devant Estoyanoff dont la frustration de ne pouvoir marquer se lit sur le visage. Pour la fin du match, Rossi entre en jeu pour pouvoir faire jouer sa vitesse en attaque sur le côté gauche. 3 minutes plus tard, il déborde magnifiquement depuis le milieu de terrain avant d'offrir, de la ligne de but, un centre en retrait parfait pour Estoyanoff aux 6 mètres qui n'a plus qu'à marquer du plat du pied. Score final 4 à 0. Peñarol premier leader.
Côté El Tanque, bon match de Tamareo au milieu, joueur qui bouge beaucoup et qui est assez bon techniquement. Sinon, le reste est à oublier. La charnière est certes grande mais très lente. Les attaquants manquent de technique. Le club est relégable. Côté Peñarol, difficile de tirer des conclusions. L'équipe a été très séduisante, cela fait longtemps qu'elle n'a pas été aussi technique, avec de la projection, un Viatri attaquant de surface, des joueurs autour qui sont très bons, un milieu récupérateur comme Gargano... De la grande qualité. Sauf que l'adversaire était El Tanque. D'autres matchs plus durs vont venir, dont un clásico importantissime pour le titre dans 3 journées.
Joueur de la semaine : Fabian Lolo Estoyanoff
Quel plaisir. Le frisson sortant des tribunes quand le joueur entre, son sourire permanent, ses courses de tous les côtés... Et finalement un but, son cinquantième pour le club. Lolo ne partira plus. Il ne partira plus en Espagne acheté une fortune par Séville comme « futur crack », il ne partira plus en Arabie Saoudite pour mettre sa famille de côté, il ne partira plus. Il a 34 ans, il joue comme s'il en avait 18 (c'était tellement évident sur les dernières actions avec Rossi !). L'argent, même s'il est nécessaire, ne fait pas toujours le bonheur.
Nacional 3 – 0 Juventud de Las Piedras
Le match de Peñarol nous ferait presque oublier qu'ils ont 10 points de retard au championnat annuel sur Nacional. Une équipe bien organisée, avec un effectif stable. Quelques leaders comme Rafa Garcia ou Colo Romero sont partis, ils ont été remplacés par des jeunes comme Rogel ou Carballo, ainsi que deux joueurs chipés à l'adversaire du dernier tournoi, Bueno et Zunino. Beaucoup moins de mouvement donc côté Nacional, en raison notamment de finances difficiles, avec l'extension du Gran Parque Central, ainsi que l'absence de transfert de joueur formé au club depuis quelques temps (le club ne profitant en rien de transfert de joueur comme Nico Lopez, qui était prêté au club, comme il ne profitera pas de celui d'Aguirre en fin d'année). Côté Juventud, le club s'est aussi plus appauvri qu'autre chose, puisque des joueurs expérimentés comme Macaluso ou Ezquerra sont partis, après s'être gentiment battu avec l'entraîneur pour essayer d'avoir de l'eau chaude dans les vestiaires.
Nacional va rapidement dominer dans la possession et dans l'occupation du terrain. Dès la 14ème, Seba Fernandez combine bien avec Espino côté gauche. Le centre est parfait, pour Carballo aux six mètres, qui trompe facilement Castillo. Carballo a bien fait d'insister au club, un an après avoir commencé à jouer avec Munua. Il est finalement titulaire, et bon sur les phases offensives. A noter qu'Aguirre se blesse rapidement dans le match et sera absent quelques semaines. Nacional domine et confirme avant la mi-temps, sur une combinaison côté droit avec Tata Gonzalez et Rodriguez qui déborde trop facilement. Tata peut centrer sans difficulté pour Fernandez et le 2 à 0. Le match semble plié. Juventud va pourtant se réveiller, avec quelques belles actions de Mosquerra, toujours très rapide. Ces actions permettent de voir le manque de sécurité de Rogel, mais aussi de Tata Gonzalez comme latéral, poste sur lequel il « dépanne » en l'absence de Fucile, et Cabaco n'ayant pas été satisfaisant lors des essais. Nacional contrôle malgré tout, Conde étant peu inquiété, jusqu'à une nouvelle faute de Rogel, cette fois dans la surface. Rogel est pris dans son dos, se retourne trop difficilement. Conde se permet le luxe d'arrêter le penalty tiré mollement par Acosta. Le match n'est pas relancé, et Nacional finit même par détruire les ultimes espoirs avec un troisième but, sur une frappe de Silveira, qui aurait mérité de marquer, mais la frappe est contrée par Silva dans son propre but. 3 à 0 score finale.
Côté Juventud, équipe très limitée, pas grand-chose à dire, hormis quelques interrogations. Zazpe est sans doute le meilleur joueur de l'équipe, il est latéral de métier, joue ici défenseur central, et a été un peu partout sur le terrain. Je ne saurais pas vous dire après 90 minutes s'il devait jouer côté droit ou côté gauche en défense centrale. Sinon, Lemos, au milieu de terrain, est le frère du défenseur de Las Palmas. Comme quoi les gênes ne font pas tout. Côté Nacional, bon match, tout en contrôle comme d'habitude, de l'équipe. La perte d'Aguirre est le plus dure, le milieu Seba Rodriguez et Carballo fait plaisir techniquement, tout comme Viudez. Par contre Rogel ne rassure pas. Il est encore jeune, c'est l'avantage de démarrer en Uruguay.
Joueur du match : Sebastian Fernandez.
Les autres matchs
Racing 0 – 1 Cerro : Racing ne confirme pas son bon intermedio.
Boston River 3 – 0 Plaza Colonia : les pauvres Pata Blancas vont sans doute finir en deuxième division. Peu après avoir été champion du Clausura en 2016. Du paradis à l'enfer.
Fénix 2 – 3 Sud America : Fénix, autre équipe à avoir perdu beaucoup de joueur, va sans doute souffrir.
Liverpool 0 – 4 River Plate : gros succès de River, avec notamment deux buts de la recrue Juan Manuel Olivera.
Rampla Juniors 2 – 2 Defensor : Grosse déception pour la viola qui perd deux points à la dernière minute. L'équipe démarre donc mal, mais avec deux buts de Carneiro, remplaçant très bien Gomez. Un joueur à suivre.
Wanderers 1 – 3 Danubio : Belle victoire du Danubio dans un Viera ou il est toujours difficile de s'imposer.