Peñarol prend déjà la main grâce à une victoire difficile contre Liverpool. Defensor brille dans les marais du Cerro, Nacional laisse filer deux points. Les choses se resserrent déjà en Uruguay, mais on pense déjà à l'Argentine, ce jeudi...

Danubio 1 – 1 Nacional

Il est toujours difficile de se rendre à Jardines del Hippodromo pour y affronter Danubio. Même si l'équipe de Machado est en reconstruction, après un Apertura compliqué, elle reste un des piliers de ce championnat, dans un stade fait pour embêter les grands. Danubio a perdu Ardaiz, parti nulle part, essayant désespérément de signer dans un club pour faire obtenir une plus-value à son investisseur qui l'a acheté 3-4 millions de dollars. Sauf que cette plus-value ne vient pas, et que cela fait maintenant trois mois que le joueur, de 18 ans, est sans club, sans entraînement, dans l'expectative. Bref, je dis cela, mais je suis sûr que les investisseurs anglais rentreront dans leur frais, et si ce n'est pas sur cette bête, ce sera sur une autre. C'est l'avantage d'en avoir un troupeau.  Bref, Danubio a perdu Ardaiz, mais a gagné le techniquement précieux David Terrans (ex-Rentistas) ainsi que Pablo Silva (ex-buteur de Villa Teresa) et surtout Gaston Bueno en défense, (ex-Wanderers). Côté Nacional, l'équipe est pour le moment la même que lors de l'Apertura, moins Garcia parti en Argentine, moins Carballo parti au FC Séville cette semaine pour 1,2 millions d'euros. Cela paraît exagéré pour un joueur n'ayant pas une saison dans les jambes, mais ce montant donne de l'air financièrement au Nacional. Aguirre est toujours blessé. Bref, malheureusement, côté Nacional, il y a plus de sortants que d'entrants.

La première mi-temps a été très ennuyeuse. Pas ou peu de frappe, rien de dangereux. Les deux équipes jouent chacune assez bas sur le terrain, il est donc difficile de déborder. Le seul s'y essayant à plusieurs reprises est Espino, mais sans plus de succès. Pas grand à chose à signaler donc, Arismendi contrôle tout ballon arrivant dans sa zone. Heureusement, la deuxième mi-temps arrive et les deux équipes se réveillent. A la 53ème, Arismendi remet bien en profondeur un ballon travaillé par Viudez, qui le récupère en bout de course et vient battre Cristoforo d'un petit ballon piqué. Ce but réveille Danubio qui commence enfin à combiner et à jouer plus haut. Conde commence enfin son match avec quelques arrêts sur Arroyo ou Terrans. A la 69ème, Arroyo combine bien avec Tabarez puis avec Terrans, ce dernier dribble deux défenseurs, dont un Rogel incapable de se retourner, pour aller tromper Conde. Pas d'autres buts dans ce match, mais quelques occasions, une de Ramirez pour Nacional, le joueur étant entré en fin de match, une autre de Tabarez sur coup franc. Mais score final 1-1, Nacional reste leader du classement annuel, mais perd déjà des points.

Côté Danubio, bon match de la recrue Terrans, de Tabarez, entré en jeu rapidement après la blessure de Silva. L'équipe est propre, bien organisée, il manque un peu de profondeur sur les côtés. Côté Nacional, bon match de Viudez, de Conde, d'Arismendi. Rogel a encore été mauvais, Silveira continue de ne pas marquer. Le milieu n'a pas assez créé de jeu, des pieds de Rodriguez et de Tata Gonzalez. Ramirez a disparu ces derniers mois côté Nacional, c'est bien dommage.

Joueur du match : Mama Arismendi

Peñarol 2 – 1 Liverpool

Ce n'était pas du brouillard qui couvrait la vue en ce samedi soir au Campeon del Siglo, c'était un nuage, humide poisseux, mouillant tout sur son passage. Peñarol se présente avec la même équipe que celle ayant gagné contre El Tanque, on ne change pas une équipe qui gagne. Côté Liverpool, l'équipe souffre depuis les départs d'Arias et De La Cruz, elle a perdu de son génie. Elle reste stable au niveau de l'effectif par rapport à l'Apertura, avec le grand Royon en attaque.

maxi

Le match a été assez ennuyeux, surtout son début. Liverpool s'en est longtemps sorti avec un pressing rugueux, qui a considérablement gêné un Peñarol ne réussissant pas à ressortir de ballon proprement par Pereira ou Gargano. Comme souvent dans ces cas-là, c'est Liverpool qui réussit à mettre le plus en danger Peñarol en contre par Royon ou Ramirez. En début de deuxième mi-temps, suite à un bon ballon bien récupéré très bas sur le terrain, Liverpool met Peñarol en difficulté sur deux passes. Royon, depuis le milieu de terrain, trouve Martinez dans la profondeur qui lobe astucieusement Dawson sorti trop tard de son but. 1 à 0 pour Liverpool, mais l'inconvénient de l'agressivité de l'équipe azulnegra est que les cartons jaunes se sont accumulés tout au long du match, et que, dans la foulée du but, Acosta est exclu pour une énième faute. A 10 contre 11, le pressing devient beaucoup moins efficace, et les joueurs entrées en cours de jeu pour Peñarol comme Estoyanoff ou Rossi vont bénéficier de l'espace disponible. Le crédit en revient aussi à Ramos qui a fait beaucoup de changement passant à une défense à 3. Au final, sur un centre d'Hernandez, Maxi Rodriguez égalise de la tête, puis, quelques minutes avant la fin du match, Palacios, entrée à la place de Viatri, marque un énième but dans ce championnat sur un centre de la gauche. Score final 2-1, score logique, face à une équipe qui s'est battue, à tel point qu'elle a terminé à neuf.

Côté Peñarol, très bon match de Maxi Rodriguez, de Lucas Hernandez. Gargano a souffert à sortir des ballons, Viatri n'a pas été décisif. L'équipe n'a pas été séduisante, mais c'est seulement son deuxième match dans cette organisation avec cette équipe. Donc l'essentiel est la victoire. Côté Liverpool, on peut toujours être triste de voir une équipe dont la seule proposition footballistique est la destruction. Des joueurs comme Acosta, Latorre, Platero sont essentiels, mais le milieu ne prend pas la main dans la création. Même l'attaque, Royon, est dans le même registre. Triste.

Joueur du match : Maxi Rodriguez

Cerro 0 – 3 Defensor

On parle souvent de Peñarol et Nacional, parce que c'est là qu'il y a le plus de public, les meilleurs joueurs, et souvent les titres. Mais encore une fois, ce week-end, le meilleur football était à chercher du côté des joueurs violets du Defensor. Pourtant la pelouse ne faisait pas rêver, dans un Trocoli ayant souffert des dernières pluies, avec de belles flaques sur le terrain ralentissant considérablement le jeu. Et malgré tout, dans son 3-5-2 habituel mais avec de nouveaux éléments, le Defensor s'est baladé. Sur les côtés, Suarez et Cougo ont parfaitement donné la profondeur au jeu. Dans l'axe, le jeune Benavidez a été précis, accompagné en cela du numéro 10 Cabrera, chef d'orchestre. Carneiro, qui remplace Gomez, s'impose de plus en plus en attaque.

defensor

Le premier but est celui de Lamas, sur un bon centre, le défenseur reprend un centre millimétré de Cabrera des suites d'un coup-franc. Cerro ne s'en sort pas, n'arrivant pas à sortir le ballon proprement, ils ne peuvent que balancer devant ou essayer de contrer rapidement mais ils sont alors stoppés par la doublette Lamas / Correa. Le Nain Ramos leur manque beaucoup. Irrazabal arrêt beaucoup de frappes, par Benavidez, Carneiro, ou Lopez (le deuxième attaquant, autre petit nouveau, seulement 20 ans, une poignée de match professionnel...) mais ne peut rien sur un coup franc tiré au premier poteau par Ayrton Cougo. Au retour des vestiaires, Cabrera tue le match sur un autre coup-franc, pleine axe, pleine lucarne. Joueur plein de talent, qui, malgré des passages en Italie et au Portugal, n'a pas eu la carrière qu'il méritait. 3 – 0, mais le match continue d'être dominé de la tête et des épaules par le Defe, avec un milieu Cardacio à la récupération, Benavidez en 8, qui récupère et bonifie tout. Une leçon de football, une leçon de ce qu'il faut faire dans le jeu, avec un budget maîtrisé. Carneiro a encore quelques occasions, dont une frappe sur le poteau, mais le score ne bougera plus.

Rien n’à ajouter sur le Defensor, équipe qui donne du plaisir. Je vous reparlerai de chacun de ces joueurs (Carneiro, Benavidez, Cougo...). Et puis vous les verrez de toute façon dans quelques années près de chez vous...

Les autres matchs

Plaza Colonia 1 – 0 Wanderers : Deuxième défaite pour les Bohemios, un peu d'air pour Colonia.

Sud America 1 – 1 Rampla Juniors

Racing 0 – 2 El Tanque Sisley

River Plate 1 – 1 Boston River

Juventud de Las Piedras 0 – 2 Fénix

Pour le reste

Évidemment, l'événement de la semaine, c'est l'Uruguay - Argentine de ce jeudi, enfin à une heure du matin, donc vendredi en fait...Quelques absences côté uruguayen, surtout en attaque. On a craint l'absence de Suarez, mais Luis est Luis, et l'Uruguay est l'Uruguay. Donc il sera bien là. S'il n'est pas prêt, l'attaque sera Cavani – Stuani. Mais pour sûr, au moins il entrera à la mi-temps, surtout si la Celeste perd, vous verrez. Le stade sera plein, meilleure vente de billets de l'histoire de la Celeste (pas en termes de nombre de places mais en terme de prix, on arrive presque aux standards européens, ce qui est exceptionnel par rapport à l'Amérique du Sud). Icardi jouant enfin en sélection, Wanda est attendu de pied ferme.

Conséquences, de nombreux joueurs ont été appelés en sélections en provenance du championnat local. Peñarol devra faire sans Corujo et Cebolla, Nacional sans Tata ni Seba Rodriguez, appelé de dernière minute suite à l'absence d'Urreta et de Rolan.

A noter que les joueurs de la sélection ont donné, cette semaine, une somme proche de 600 000 dollars américains pour payer les retards de salaire des joueurs de la deuxième division professionnelle. Cette somme représente des primes de droits télévisuels qu'ils devaient toucher suite aux éliminatoires, c'est Godin qui a organisé cette donation. Environ 370 joueurs ont profité de cette action, sachant que le salaire minimum d'un joueur de deuxième division est de 531€ par mois. En fait, j'aurais dû commencer le résumé par cette histoire.

Les buts

Résulats

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Classement

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba