La sixième journée a été extrêmement longue en Uruguay puisque deux semaines séparent la victoire de Nacional de celles de Peñarol et Defensor. Entre les deux ? Une grève des arbitres faisant suite à une agression lors d'un match U19. La journée la plus longue de l'histoire ? Non, évidemment, le Brésil a sans doute déjà dû faire bien pire. Voici quand même le résumé de ces 21 jours et de cette journée.
Peñarol 3 – 0 Fénix
Peñarol était privé pour ce match de Corujo et Cebolla, en sélection. Moindre mal, puisque ce week-end aurait dû se jouer la 8ème journée, soit celle de la « finale » à venir contre Defensor. Rossi est donc de nouveau titulaire tout comme Gaston Rodriguez. En face, le Fénix est pour le moment mort sans avoir encore pu renaître de ses cendres. Plus de Pallas ou d'Estoyanoff, on retrouve Maxi Perez, ou le jeune Agustin Canobbio, mais ça ne fait pas encore une équipe, comme il y a de cela deux saisons. Peñarol va dominer le match de bout en bout, avec un premier penalty obtenu dès la deuxième minute sur une main de Raul Ferro sur un centre de Varela. Le penalty de Viatri est bien arrêté par Dario Denis plein axe. Heureusement, l'argentin Viatri, qui n'avait toujours pas marqué malgré des prestations convaincantes, va se remettre très rapidement en selle d'une belle tête piquée sur un centre de Lucas Hernandez. Sa tête est imparable, 1-0. Les carboneros dominent complètement le match, le milieu de Fénix est dépassé par la qualité technique de Peñarol. Rapidement, sur un autre coup franc d'Hernandez, Formiliano récupère un ballon cafouillé et trompe de nouveau Denis. Nous ne sommes qu'à la 27ème minute. Gargano et Pereira récupèrent les ballons très haut, Varela et Hernandez apportent le déséquilibre sur les côtés, tout cela fait plaisir à voir. Malgré de nombreuses autres occasions, Maxi touchant le poteau deux fois, Denis arrêtant plusieurs frappent, le score reste de 2 à 0 à la mi-temps. Mais au-delà du score, Peñarol est pornographique. La deuxième mi-temps sera plus calme, avec notamment la sortie de Viatri remplacé par Palacios suite à un problème musculaire. Rossi va tripler la marque sur un centre mal renvoyé par la défense de Fénix, Gaston Rodriguez va vendanger quelques belles occasions en voulant trop en faire. Après une altercation entre Arias et Gonzalez se terminant par l'expulsion des deux joueurs, le match se termine tranquillement sur ce 3 à 0.
Côté Fénix, deux joueurs ont tenu la maison. Dario Denis dans les cages a empêché le score d'être fluvial. Au milieu, un seul a joué pour l'équipe, pour le sacrifice, Tito Ferro. Pour le reste, la défense a été inexistante, certains milieux et attaquants ont joué à l'envers comme Ezquerra (ex-Juventud) ou Maxi Perez. Côté Peñarol, la première mi-temps a été la meilleure des cinq dernières années. Une action résume cela. Dawson est mis sous pression mais arrive à passer à Formiliano qui passe vers Arias plus « libre ». Ce dernier arrive à percer le pressing en passant à Gargano. Walter, bonne patte, effectue une transversale lumineuse vers Rossi qui contrôle bien le ballon et déborde grâce à un appel de Varela. Rossi finit par effectuer une passe en profondeur vers Maxi Rodriguez, dont la frappe tape le poteau. C'est beau et bien huilé, c'est solide et efficace, c'est plaisant l'Uruguay avec eux.
Joueur du match : Walter Gargano
Plaza Colonia 1 – 2 Defensor
La vie est injuste. Il y a des saisons ou tout fonctionne, tout rentre, et d'autres ou les minutes s'étirent injustement en une longue torture. C'est ce qu'est en train de vivre l'ex-Leicester d'Uruguay, redevenu le Cerro Largo du littoral, une équipe de l'intérieur qui n'arrive pas à se maintenir en première division. Pourtant Colonia s'est renforcé avec Renzo Lopez, formé au Nacional en attaque, mais rien n'y fait. Face au rouleur écraseur qu'est le Defensor cette saison, Colonia a tout essayé, mais n'y est pas arrivé. Pourtant les violets avaient quelques absences, pas de Carneiro en pointe ou de Suarez sur le côté, mais rien de bien grave, et des jeunes, toujours, pour remplacer. Dans le jeu, Defensor a les meilleures occasions par Benavidez notamment, omniprésent au milieu, mais en contre, comme lors du match aller, Colonia est très dangereux, avec notamment cette frappe de Puppo juste avant la sortie de Reyes, qui vient mourir au ras-du-poteau. Pas de but à la mi-temps, mais un match plaisant. La suite sera dominée par Defensor avec de nouveau des occasions dans le jeu (Cabrera manquant un face à face), jusqu'à la 55ème minute, ou le match prend un tout autre tour. Romario Acuña, ancien sosie de star, est remplacé par le jeune Facundo Milán, seulement 16 ans, première apparition dans le groupe. Les commentateurs n'ont d'yeux que pour lui car il sort d'une saison record en U15 (en U15 !), chez les moins de quinze ans, vous comprenez ? Il aura 29 ans pour la coupe du monde 2030, quand nous on en aura... Putain de vie... Et donc, dans ce match pluvieux, 0-0 à l'heure de jeu, cette entrée remet un peu de bois au feu. A la 69ème (aucun lien, trop jeune), Milán marque son premier but pro sur un corner bien repris par Correa au niveau du point de penalty, le jeune n'a qu'à pousser le ballon du front aux six mètres. A la 73ème, Cabrera frappe, bien repoussé par Soler sur Cougo qui frappe, mais sa frappe est bien détourné par Soler sur Milán, qui frappe, et là il n'y a plus personne, 2 à 0 donc pour Defensor, le match est plié. Milán aura d'autres occasions (ou il montrera une conduite de balle plus que douteuse, mais le terrain n'était pas génial non plus), et Renzo Lopez (ex-Facundo Milán) réduira la marque de la tête, mais les violets gagnent à nouveau, score final 2 – 1.
Côté Colonia, il manque de qualité dans certains postes. Silva en latéral, Camilo Nunez, même Caseras a été décevant. Les satisfactions se nomment Renzo Lopez, qui a beaucoup bougé en attaque, ou Soler qui a évité la débâcle. Côté Defensor, gros match au milieu de Benavidez qui s'est bien installé dans l'équipe au côté de Cardacio. Ce dobble-cinco est la clef de voûte du Defensor. Cougo a encore beaucoup apporté, beaucoup plus que Beltran. Bon match de Pablo Lopez qui s'est bien imposé en deuxième attaquant. Facundo Milán a profité des occasions qu'il a eu, ou il n'a honnêtement eu qu'à pousser le ballon au fond. C'est déjà pas mal, on espère le revoir très bientôt.
Joueur du match : Carlos Benavidez
Racing - Nacional, ou ce dont je me souviens
Vingt-et-un jours, depuis ce match à Rivera
Trois semaines, et beaucoup d'entraînement déjà
Quatre-vingt-dix minutes, un match parait très long,
Mais le temps passe et les souvenirs se défont.
Je revois en rêve un stade emplit de vide
Et de quelques supporters de spectacles avide,
Mais point de show, nul Golazo, but de Porras
De nouveau, le bolso, du jeu ne s’embarrasse.
Au classement, les trois points sont très importants
Le temps efface ceux qui ne sont pas devants
Mais les ans ont aussi prouvé que pour les titres,
Mieux vaut savoir faire quatre passes de suite.
Alexandrin Pato.
Pour le reste
L'Uruguay va donc se qualifier directement à la coupe du monde, c'est une première avec cette forme d'éliminatoire. Espérons, encore une fois, que Sampaoli ne meurt pas avec ses idées. Car un sélectionneur de football ne meurt jamais seul avec ses idées, il tue un pays tout entier.
Il y a donc eu une large coupure suite à l'agression d'arbitres lors d'un match U19. L'arbitre de touche, féminine, aurait reçu des cailloux d'un jeune en tribune. En réponse, son petit-ami, qui l'attendait non loin de là dans leur voiture, et venu vertement réprimander le gamin. La situation s'est enflammée jusqu'à se transformer en bataille général avec violente agression de l'arbitre principal. Les arbitres ont donc décidé une grève en attendant de voir la sanction que recevrait le club de Platense, hôte du match en question. L'enquête policière a révélé qu'une partie des joueurs de Platense n'était pas les joueurs enregistrés sur la feuille de match, le club détournant ainsi les interdictions et pouvant faire jouer n'importe qui de n'importe quel âge en U19... Platense, club de l'équivalent de la D3, amateur donc, a reçu une amende forte que le club ne peut payer et sera donc désaffilier de l'AUF jusqu'en 2019. C'est cette belle histoire qui nous a privé de football pendant deux semaines.