Ils sont trois, ont plus de vingt points d'avance sur le reste de leur monde, ils ne peuvent plus perdre. Que c'est dur, au football, d'avoir l'obligation de gagner, mais c'est la condition pour aller jouer les finales. Defensor, Peñarol, Nacional, ballet à distance, ménage à trois, mais au final il n'y aura qu'un champion.

Nacional, 3ème au classement annuel, 73 points

Nacional retrouve son football depuis la fin de la grève. Cette semaine, deux victoires avec la manière, la première contre Boston River 5 à 0, la deuxième contre Wanderers 3 à 2. L'équipe de Lasarte a connu quelques changements qui expliquent le regain de forme. Tout d'abord, Rolin est revenu en pleine forme, remplaçant un Rogel lancé dans le grand bain trop jeune. La charnière a retrouvé du mordant et surtout du placement. Au milieu, Tata González a été sélectionné puis s'est blessé, et ne joue donc plus. Cette semaine, il a été remplacé impeccablement par un Zunino qui joue désormais au milieu gauche. L'ex-Defensor a infiniment plus d'activité dans ce milieu à trois que ne l'avait Tata. Il va être difficile à sortir du onze. En attaque, Aguirre revient bien, apporte également beaucoup de mouvement ayant pu se remettre pleinement de sa blessure. C'est sur cette base que se présente les cinq dernières journées : Conde – Fucile, Rolin, Polenta, Espino –  Arismendi, Rodríguez, Zunino – Fernandes, Aguirre, Viudez.

Hier, contre Wanderers, Nacional a longtemps dominé son sujet grâce à son milieu de terrain, qui arrive à créer une alchimie entre les latéraux offensifs et défensifs. Rodríguez et Zunino apportent du liant, bonifient les ballons de la charnière, organisent les montées d'Espino et Fucile. C'est le milieu qui déséquilibre un Wanderers qui n'a pas démérité. Le premier but est pour Zunino, sur une bonne passe en profondeur d'Aguirre qui avait aspiré Macaluso dans son dos. Le deuxième est pour Papelito Fernandes, pas suivi par son latéral sur un ballon contré en attaque, il trompe facilement Rodrigues. Le troisième de Nacional est l’œuvre de Polenta, sur une montée de balle comme Polenta en a le secret, il reprend un deuxième ballon pleine lucarne, le gardien ne peut rien faire. Wanderers a toujours suivi Nacional au score, grâce à deux buts de Nacho González et de Gularte, mais n'a jamais mis le pied sur le ballon. La faute à un milieu inexistant, avec certains joueurs comme Rivero ou Nacho González n'effectuant pas le travail défensif nécessaire dans ce type de match. Dommage pour ce Wanderers qui comme d'habitude a des joueurs pour bien jouer, mais dont la mayonnaise n'a pas pris sur ce Clausura. Une seule victoire en dix matchs !

Le Nacional est l'équipe la plus en difficulté des trois pour cette fin de saison et c'est pourtant celle qui arrive à être le plus convaincant ces derniers temps. Elle ne dépend plus d'elle-même, puisqu'elle va devoir espérer que Peñarol et Defensor perdent des points en cours de route, et devra impérativement battre le Defensor lors de la 14ème journée. Quelques points perdus contre El Tanque ou River, les contre-performances de Rogel, tout cela laisserait un goût très amer dans la bouche de Lasarte si Nacional ne termine pas champion du classement annuel.

Peñarol, 2ème au classement annuel, 74 points

Dix victoires lors des dix matchs de ce Clausura assurent un matelas confortable à Peñarol. Ayant déjà joué Nacional et Defensor, on les voit mal perdre ce Clausura. Au contraire, ils ont effectué une remontée fantastique au classement annuel et quelques résultats favorables (dont une victoire de Nacional contre le Defensor !) permettraient même aux Carboneros de pouvoir viser le classement annuel et de se simplifier grandement les finales. Le onze, qui était très stable au début de saison, a souffert lors des deux derniers matchs des convocations de Varela et Cebolla Rodríguez. Normalement, pour terminer le championnat, Peñarol pourra s'appuyer sur : Dawson – Varela, Arias, Formiliano, Hernandez – Rossi, Gargano, Cebolla, Estoyanoff – Maxi Rodríguez, Viatri. Mais il manque quelqu'un dans ce onze, un joueur pourtant essentiel, meilleur buteur du Clausura après avoir été meilleur buteur de l'Apertura, Cristian Palacios. Il n'a joué que 258 minutes, pour une seule titularisation, mais il a déjà marqué 8 buts ! Il entre souvent à l'heure de jeu, et profite des défenses fatiguées. Il va terminer la saison à plus de trente buts à ce rythme, impressionnant.

Peñarol vient d'enchaîner deux matchs à priori faciles contre Sud América et la Juventud de Las Piedras. Deux équipes au fond du classement, mais qui, justement, luttent pour leur maintien. Contre Sud América, l'équipe a longtemps dominé sans trouver le but. Tout s'est décanté au retour des vestiaires grâce à un grand Maxi Rodríguez. L'équipe a montré cette même absence de solutions contre une Juventud bien repliée. Il a fallu attendre la 83ème minute pour voir Palacios tromper de la tête Falcón, dans un match qui ne restera pas dans les annales. L'équipe n'a pas su écarter suffisamment le jeu, varier les attaques. La faute principalement aux milieux latéraux, Rossi et Estoyanoff, mais surtout Rossi, auteur de très mauvais matchs depuis l'annonce de son départ de Peñarol pour une obscure équipe américaine.

Il reste cinq matchs à ne pas perdre, pour faire le Clausura parfait et voir ce qu'il va se passer. L'un des matchs le plus durs de la série arrive rapidement, Danubio à Jardines.

Defensor, premier, 78 points

Quelle saison de Defensor ! L'équipe ayant le plus bougé en termes d'effectif (Zunino et Bueno au Nacional (ou Bueno s'est enterré, d'ailleurs), Maxi Gómez en Espagne, De los Santos au Pérou) et aussi celle qui collectivement a été le plus stable sur l'année, avec un jeu en 3-5-2 adopté par tous les joueurs, dont une bonne partie formée au club. L'équipe violette s'est bien remise de sa défaite contre Peñarol avec deux victoires contre Racing, 4 à 2 après avoir mené 4 à 0, puis contre El Tanque. Le retour de Carneiro fait du bien en attaque, il a manqué contre Peñarol. Le onze titulaire pour finir la saison devrait être le suivant : Reyes – Lamas, Correa, Maulella – Suarez, Cardacio, Rabuñal (Benavidez quand il reviendra), Cabrera, Cougo – Carneiro, Lopez (ou Castro). A noter que Benavidez, blessé a quand même été inclus dans les remplaçants pour le match contre El Tanque pour pouvoir prendre un cinquième carton jaune et avoir sa suspension pendant sa récupération. Du banc, il a passé son temps à pourrir l'arbitre jusqu'à ce que celui-ci lui donne un jaune, il n'a même pas eu à entrer sur le terrain. Defensor a dominé de la tête et des épaules ses deux matchs. Ils auraient pu plier le Racing beaucoup plus sévèrement grâce à un Carneiro de retour en grande forme et à un Castro qui s'impose petit à petit en attaque. La défense a un peu laissé partir la deuxième mi-temps. Face à El Tanque, rebelote. L'équipe a été plus sérieuse, Carneiro aurait pu aggraver la marque mais les violets n'ont marqué « que » deux buts sur un joli lob de Castro et une tête sur corner de Cougo.

Sur toute la saison, Defensor n'a perdu que deux matchs. Sur les cinq derniers, il a un joker, il peut en perdre un autre, par exemple contre le Nacional. Ils gagneraient alors en plus de l'Apertura le classement annuel et s'offrirait des finales confortables contre Peñarol et une qualification directe en Libertadores. Mais attention à l’enchaînement Boston River – Wanderer – Nacional. Dans tous les cas, c'est l'une des saisons les plus complètes de l'histoire du club, avec des joueurs magnifiques. Chapeau bas d'ores et déjà à Cardacio, Cabrera, Correa...

Le résumé des matchs

Pour le reste

Diego Rossi part donc pour 3 millions de dollars en MLS. Quelle belle affaire pour le club, et exactement alors que commence la campagne pour les élections du club...

Pour la descente, un autre mini-championnat se joue avec quatre équipes pour trois descentes. Cela semble mal embarqué pour Plaza, Sud América et Juventud. El Tanque est encore a porté de fusil si l'une des trois enchaîne quatre ou cinq victoires. Si non, on perdrait sans doute deux équipes jouant hors-Montevideo.

La deuxième division touche aussi à sa fin avec Torque presque assuré de montée un an après son rachat par l'émirat d'Abou Dabi. Pour parler football, le deuxième est Atenas de San Carlos, et ce serait un réel plaisir de les voir revenir en première division après une descente injuste, il y a deux ans. De plus, c'est une équipe de l'intérieur avec une vrai structure, et un vrai public, un vrai stade. Une vraie équipe, en fait.

Résulats

uruj10r

Classement

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba