Dans un Campeón del Siglo chauffé à blanc, tout habillé de jaune et de noir, Peñarol et Nacional se sont quittés sur un match nul qui semblait satisfaire tout le monde. Peñarol prend cinq points d'avance sur Fénix à trois journées de la fin de l'Apertura, les hommes de Carrasco entrant en zone de turbulence. Résumé de la douzième journée, spécial clásico.
Peñarol - Nacional
Ce fut compliqué à organiser. Il a fallu convaincre Nacional, puis le ministère de l'intérieur, puis les compagnies de bus, puis à nouveau Nacional... Ne pouvant faire venir les supporters et les joueurs du Nacional par la route normale, il a fallu prévoir un transfert deux heures avant le match depuis le parking du vieux bâtiment de l'aéroport de Carrasco vers le stade. Il a fallu prévoir tout une tribune de 7000 personnes pour les 2200 supporters de Nacional, uniquement des socios, qui ont pu valider leur place auprès du club. Il a fallu des compagnies de gardes républicains, sur la route, puis en tribune, gardant les supporters du Nacional au sein d'un parc délimité par une forêt de barrières. Pendant les deux heures d'avant match, on s'est dit que c'était beaucoup d'ennuis pour un match de foot. Et puis les joueurs sont entrés sur le terrain, les tribunes se sont enflammées, ont chanté. Et, soudainement, tout a été clair : ça en valait la peine. La prochaine fois, il faudra essayer avec quelques supporters en plus côté Nacional, pour que la tribune n'ait pas l'air si vide, mais rien que là, avec ce spectacle, c'était bien. Il faisait beau. Les présidents s'étaient fait un petit câlin devant les micros de VTV, puis les entraîneurs avaient fait de même sur le bord du terrain, Memo López passant un peu de temps à discuter en paix avec son homologue, Álvaro Gutierrez. Il ne restait plus qu'à jouer au football.
De ce côté-là, il faudra attendre une intervention du ministère de l'intérieur, car le spectacle n'a pas été au rendez-vous malheureusement. Nacional commençait le match bas, jouant en contre, avec un seul Bergessio en pointe se battant sur chaque ballon. La première demi-heure est pauvre en action, même si Nacional est plus tranchant. Les cartons commencent à tomber, pour Canobbio, puis Bergessio. Nacional obtient un corner mal tiré Amaral qui obtient une deuxième chance suite au dégagement du ballon derrière le but. Sur ce deuxième corner, bien mieux tiré, le ballon arrive aux six mètres au poteau opposé, sur Cebolla Rodríguez et Gonzalo Bergessio. À la lutte, le genou de Rodríguez envoie le ballon au ras du poteau pour l'ouverture du score de Nacional. Ouverture du score avantageuse, le Bolso fête son premier but dans le stade de son adversaire, et semble plus en jambe. Il faut dire qu'aucun joueur de Nacional aligné durant le clásico n'a joué quatre-vingt-dix minutes mardi soir contre Cerro Porteño, alors que de nombreux Carboneros rejouent après un match à couteaux tirés contre Flamengo mercredi soir. Nacional est donc lancé, et va malgré tout perdre la tête en dix minutes. Tout d'abord, Matías Viña commet une grosse faute sur Agustin Canobbio. Rodrigo Amaral vient crier à l'oreille du Carbonero, entraînant un début de mêlée. Heureusement, grâce à l'action des coaches, et à la justesse de l'arbitre, la mêlée s'arrête là. Canobbio est passé à deux doigts du deuxième jaune. Dans la foulée immédiate, Bergessio se tire une balle dans le pied et dans celui de son équipe en commettant une deuxième faute, toute aussi inutile que la première, au milieu du terrain. Deuxième jaune logique. Rouge. Nacional passe à dix avant la fin de la première mi-temps. Pire, sur un centre, Formiliano envoie une tête puissante sur la barre transversale de Mejia. Le ballon revient dans l'axe sur Guzmán Corujo à la lutte avec Gabriel Fernández. Dans la lutte, Corujo envoie le ballon au fonds de ses propres buts de la main ! Égalisation, un partout. Mi-temps.
Au retour des vestiaires, Peñarol se procure les meilleures occasions grâce à sa supériorité numérique, mais peine à créer du jeu. Au milieu Cebolla Rodríguez et Walter Gargano sont cuits, grillés, et c'est le cas depuis plusieurs semaines. Canobbio ayant déjà un jaune et étant très énervé, c'est Fabián Lolo Estoyanoff qui l'a remplacé, et ce dernier n'y est plus non plus, physiquement. Reste Rodrigo Rojo qui est un latéral à la base, et qui peine offensivement. Bref, Peñarol ne s'en sort pas au milieu, alors que Nacional arrive petit à petit à sortir la tête de l'eau grâce aux remplacements de Gutierrez, Sebastián Fernández ou Octavio Rivero. Malgré tout, en infériorité, Nacional ne concrétise pas non plus. En fin de match, Peñarol produira les meilleures occasions du match sur un coup franc de Cristian Lema bien arrêté par Mejia, ou sur une reprise de volée d'Estoyanoff sur le côté droit, également bien arrêté d'une main ferme par le gardien bolso. Le score ne bougera plus, laissant le match sur deux buts contre son camp.
Le score restera finalement à l'image de l'organisation du match, bien faite, arrangeant tout le monde. Nacional revient avec un point d'une Campeón del Siglo, malgré la supériorité numérique pendant quarante-cinq minutes de l'adversaire. Au vu du scénario, un bon point, mais le tout est conditionné par le rouge de Bergessio. Sinon, quelques joueurs ont fait un très bon match dont le jeune Amaral, Gabriel Neves au milieu, ou Matías Viña sur le côté gauche. Côté Peñarol, l'équipe prend un point d'avance de plus sur Fénix, conserve neuf points d'avance sur Nacional, donc une très bonne affaire au classement. L'équipe est très fatiguée, et aurait pu profiter plus amplement de l'avantage numérique avec des joueurs frais. L'équipe dans son ensemble a joué un ton en dessous, sauf Gabriel Fernández très remuant (mais trop loin de la pointe de l'attaque) ou Giovanni González. L'Apertura laissera un peu de joie et de déception à tout le monde, Peñarol restant leader au niveau national, pendant que Nacional perd quelque peu pied mais se qualifie de nouveau en huitième de Libertadores. La dispersion des supporters s'est bien passée, les supporters du Nacional ayant laissé leurs couleurs en tribune, ces dernières ont été vite nettoyés. Rendez-vous très bientôt au Gran Parque Central.
Clásico de la Villa
La veille, un autre clásico s'était joué au stade « Olympique » du Cerro, énième clásico de la Villa opposant Cerro et Rampla Juniors. Et c'est un plaisir de le revoir dans le stade du quartier, car pendant longtemps ce match se jouait au Centenario pour des raisons de sécurité. Désormais, la tribune unique de l'Olímpico est divisée en deux, et les supporters peuvent chanter et repartir ensemble. D'autant plus que le stade est magnifique, qu'il a été repeint, le mur donnant sur le Rio de La Plata a été consolidé, la pelouse est un billard... Les difficultés sont ailleurs, pour Cerro principalement, qui s'est entraîné à l'écart cette semaine, sans maillot du club, pour protester contre des retards de salaire de plusieurs mois. La précédente direction, encanaillée avec Tenfield, a laissé le club exsangue, et avec quelques vieilles gloires, l'équipe essaie de se relancer, en étant plus lié avec son quartier. En attendant, les deux équipes s'affrontaient donc de nouveaux, quatre-vingt-douze ans après la première fois en 1927. Delis Vargas va ouvrir le score de la tête sur un bon centre de la droite de Leonardo Melazzi. Dans la foulée, Cerro va perdre pied car José Luis Tancredi va recevoir un carton rouge sur une faute stupide au milieu de terrain. La deuxième mi-temps va être contrôlé par Rampla, avec un deuxième but magnifique de Juan Albin, petite feuille morte au-dessus du jeune gardien Rodrigo Formento qui ne peut rien faire. Comme le 24 avril 1927, Rampla Juniors s'importe deux à zéro contre le CA Cerro. Rampla revient bien au classement, après un début de saison difficile, Rosario Martínez a repris l'équipe en main et les Picapiedras ne perdent plus. Côté Cerro, malgré une éclairci en Sudamericana, l'équipe est dernière au classement annuel, et va commencer à devoir regarder fermement en dessous pour éviter toute désillusion.
Pour le reste
Le match nul est une bonne affaire pour Peñarol car, derrière, Fénix et Cerro Largo ont perdu. Les deux surprises du début de saison perdent du terrain depuis quelques journées, et si Peñarol gagne lors de la prochaine journée contre ce même Fénix, l'Apertura sera plié. Derrière, d'autres équipes commencent à montrer les dents comme Danubio, vainqueur cinq à zéro de Liverpool, ou Progreso, vainqueur donc de Fénix trois à zéro. En bas de classement, Juventud et Plaza ainsi que Defensor et River se quittent sur des matchs nuls qui n'arrangent personne.
Les buts
Résultats

Classement



