Peñarol gagne magnifiquement son premier match, pendant que Defensor crée la surprise au Gran Parque Central en battant Nacional deux buts à un. Fénix et Cerro Largo reprennent de bons pieds, le football reprend ses droits en Uruguay.

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Le championnat s'est bien vidé pendant ce mois de mercato. Exportations en Argentine, au Mexique, en Europe, de jeunes, de vieux, de revenants. Des joueurs qui sont partis heureux, malheureux, en pleine bourre ou en plein doute. Le meilleur joueur du championnat (Léo Fernández) est parti au Mexique dans le club de Tigres, avec beaucoup de remords puisqu'à défaut d'Europe, il se susurre qu'il aurait voulu rester au pays... Pas très positif donc pour la suite. Niveau retour, David Terans, annoncé partout et notamment à Peñarol, est resté au Brésil, Maxi Pereira ne revient toujours pas, Diego Polenta continue au pays du football américain. El Loco Abreu est bien rentré, et c'est très excitant, mais c'est à peu près tout. Il n'y a toujours pas de sous dans les caisses.

Tout peut paraître morose, et puis le championnat reprend. Et là, tu regardes un match de River Plate où l'attaquant, au côté de Juan Manuel Olivera (37 ans, 215 buts, 10 pays) est un gamin de 16 ans, qui domine tranquillement le terrain, osant prendre une frappe de loin, jouant de son physique sur la prise de balle. Matías Arezo joue déjà avec la sélection U17, et on va donc le revoir d'ici quelques temps, mais entre lui, Diego Vicente au milieu qui régale à nouveau du haut de ses vingt ans (mais après un passage à vide de deux ans, ayant commencé en équipe première à 17 ans avec JR en 2016 !), Joaquín Piquerez ou Agustin Ale, cette équipe de River Plate fait plaisir à voir. Et le tout avec Jorge Fossati qui a pris les commandes, cela devrait envoyer du lourd. Hier, cela a donné un match nul contre Progreso, avec quelques promesses sur l'avenir et quelques certitudes sur le jeu, River Plate ayant réussi une très bonne deuxième mi-temps. Mon petit doigt me dit qu'on reparlera de ce River et du jeune Arezo.

Et dans la foulée, Peñarol. Le club a, comme on le dit dans le monde capitaliste qu'est le football de nos jours, bien vendu. Fernández en Espagne et Hernández au Brésil ont fait entrer des sous dans la caisse. Lima a été tellement bon en défense que son prêt a été interrompu pour qu'il puisse être vendu en Argentine. Cela fait du monde en moins, surtout que Peñarol n'a pas recruté durant ce mercato. Sauf qu'évidemment, les petits jeunes qui ont eu le temps de monter en température petit à petit sur les deux dernières années, qui sont entrés comme remplaçants, puis comme titulaires commencent à devenir des hommes clefs. Hier, on a pu voir pendant quatre-vingt-dix minutes une masterclass de deux chérubins contre Boston River, Darwin Nuñez et Brian Rodríguez. Quel plaisir. Rodríguez a ouvert la marque sur un centre de Lores de la droite, que Gaston Rodríguez n'arrive pas à reprendre, et qui file vers Brian qui la met pleine lucarne, tranquillement. Dans la foulée, Walter Gargano (car oui, pour que les jeunes soient bons, il faut des vieux) effectue une passe décisive depuis sa surface de réparation. Il gratte un ballon, le contrôle, lève la tête, et balance une passe au cordeau à cinquante mètres pour le jeune Darwin qui contrôle idéalement, fixe le gardien, et le trompe côté opposé. Au-delà de ces actions, Peñarol domine techniquement la partie, outrageusement. Au retour des vestiaires, Rodríguez délivre une passe décisive pour Nuñez qui ouvre bien son pied à la Cavani pour tromper Falcón, avant que Guzmán Pereira du milieu ouvre la défense de Boston sur une passe pour Nuñez qui signe ici son premier triplé. Démonstration en attaque, alors que la défense a plutôt été mauvaise avec un Enzo Martínez hésitant sur certaines interventions. Boston River, sans Abreu pas encore en état de jouer, a été submergé. Immense satisfaction pour les deux jeunes, surtout pour Nuñez qui a souvent été très critiqué pour ses performances avec l'Uruguay U20, que ce soit lors du Sudamericano ou lors du mondial en Pologne (même s'il montait déjà en puissance à ce moment-là). La confiance du club, qu'il a toujours conservée, lui permet aujourd'hui de s'imposer. Brian Rodríguez confirme lui, à seulement 19 ans, qu'il est promis à un grand avenir.

On aurait aimé en rester là sur ce match, et se dire que l'on avait six mois merveilleux devant nous. C'est déjà bien six mois avec des cracks de nos jours, dans ce monde ou tout se vend. En plus avec la Sudamericana, ça aurait pu faire beaucoup de plaisir, six mois. Mais si le mercato est bien fermé en Uruguay (aucun joueur ne peut plus signer dans un club), il est encore ouvert ailleurs. Brian Rodríguez serait sur les tablettes du Milan AC pour environ six millions d'euros (il serait brésilien qu'il en vaudrait cinquante mais que voulez-vous...) et Darwin Nuñez est aussi pisté en Amérique du Nord. On pourra toujours conseiller à Peñarol le petit Arezo, de River Plate, qui lui n'a pas le droit de quitter le pays pendant encore deux ans. S'il part maintenant, Rodríguez a 90% de chances de fusiller sa carrière. Bref.

Pour le reste

Defensor a battu Nacional pour ce qui est une grosse surprise au vu de ce sur quoi on avait laissé les deux équipes à la fin de l'Apertura. Defensor n'a pas particulièrement brillé, mais Martín Rabuñal au milieu ou Nicolàs González en attaque ont fait la différence. Côté Nacional, il va falloir s'interroger un jour quand même sur Rafael García en milieu de terrain... Je veux bien que cela sécurise l'équipe quand tu restes sur cinq défaites mais vient un moment où, quand tu t'appelles Nacional, tu te dois de proposer autre chose. Comme prévu, l'absence d'Amaral est catastrophique.

Plaza Colonia a battu Wanderers et remonte petit à petit en bas de classement, Fénix et Cerro Largo continue leur bonne saison avec les trois points. Liverpool enfonce Cerro au Tróccoli, pendant que Juventud et Danubio font match nul. La semaine prochaine nous réserve un clásico de la Villa durant lequel tout un quartier va de nouveau se diviser, ce clásico sera dans tous les cas très important pour le maintien des deux équipes, à la lutte en bas de classement. Ce sera dimanche à 17H, heure française.

Résultats

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Les buts

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba