Aujourd'hui à 17 heures, heure française, se jouera une nouvelle édition du clásico de la Villa, entre Rampla Juniors et le CA Cerro. Les deux équipes sont originaires du quartier occidental de Montevideo du Cerro, du nom du fort militaire qui le domine. Le football uruguayen ayant changé de gestionnaire pour ces droits télévisuels à l'étranger, il sera disponible gratuitement sur GolTV, (https://play.goltv.tv/ ), sans avoir encore à payer puisque ce ne sera tarifé qu'à compter d'août. Alors autant en profiter. Voici dans tous les cas quelques explications sur le match très spécial.
Le premier clásico de la Villa a eu lieu en 1927, avec une victoire de Rampla sur Cerro deux à zéro. Il faut dire que Rampla est à l'époque une immense équipe, qui sera d'ailleurs championne d'Uruguay en cette année 1927 (l'étoile au-dessus de l'écusson sur le maillot). L'équipe comprend alors des champions olympiques, et Enrique Ballestrero, gardien champion du monde en 1930, alors qu'il joue toujours avec Rampla. Le CA Cerro s'impose plus tardivement dans le quartier, et comptera aussi avec son champion du monde en 1950, Matías González. Depuis quelques décennies déjà, les équipes sont rentrées dans le rang, alternant les montées et les descentes. Le quartier du Cerro était un quartier riche, avec ces entrepôts frigorifiques nationaux (qui a donné l'un des surnoms des joueurs de Rampla, les Friyis), qui exportaient de la viande en boîte vers l'Europe, mais tout cela s'est effondré dans les années quarante et cinquante, et c'est devenu aujourd'hui un quartier pauvre, mal famé diront certains. Un quartier qui se réveille deux fois par ans, quand les deux équipes jouent dans la même division, pour un clásico.
Pour ce qui concerne la rivalité, on vous a parlé il y a de cela une semaine avec cette histoire, au nom du fils, histoire d'un homme qui était supporter de Cerro, mais qui devient supporter de Rampla suite au décès de son fils, lui-même supporter de Rampla. L'histoire est évidemment très triste, mais nous livre aussi quelques pépites comme cet autre homme, supporter de Cerro, qui explique que sa femme est supportrice de Rampla, et que malgré tout, il vit avec elle. Malgré tout ! La rivalité a pu, dans les années 2000, dégénérer en violence mais cela s'est calmé depuis quelques temps. De nombreuses campagnes ont été menées par les deux équipes en ce sens.
Le match d'aujourd'hui aura lieu dans le cadre du tournoi Intermedio, et va voir s'opposer un Cerro en immense difficulté suite à des changements institutionnels au sein du club à un Rampla Juniors qui navigue également à vue. Le CA Cerro a choisi de couper le cordon qui le liait à Tenfield, avec une nouvelle équipe dirigeante du quartier, dirigée par une professeure des écoles. L'équipe avait tellement de dette de salaire en début de saison qu'elle n'aurait pas dû jouer le championnat, mais un mystérieux virement (on parle d'un certain Diego G., Capitaine et issu du club, mais nous ne disposons d'aucune preuve évidemment) aurait résolu le problème. Depuis, le club reste dans une situation catastrophique avec de vieux joueurs qui donnent tout pour le maillot (Richard Pellejero), le retour d'un vieux buteur de la maison (Maureen Franco), mais d'énormes difficultés avec cet effectif et une dernière place au classement annuel (trois victoires en seize matchs au total). Rampla Juniors réussit quant à lui un bon retour parmi l'élite depuis deux ans, mais avec une irrégularité dans l'effectif qui fait aussi peur. Le Capitaine historique Edgar Martínez a pris sa retraite, la nouvelle recrue venue pour se relancer s'appelle Carlos Nuñez, ex-attaquant de Peñarol d'il y a de cela quelques années, qui s'est perdu entre un mode de vie peu compatible avec le football professionnel et un agent ayant une mauvaise réputation.
Un dernier mot sur le stade Olímpico qui va accueillir cette rencontre, c'est un stade avec une seule tribune, en virgule autour du terrain. Pas de possibilité d’extension, car, de l'autre côté, c'est le Rio de La Plata qui supporte les équipes. De l'autre côté de la baie, on voit le port puis la vieille ville. L'un des plus beaux stade d'Uruguay. Et même si les ballons s'envolent dans le fleuve, le temps les ramènera sur la rive.



