Liverpool et River Plate vont donc s'affronter ce dimanche pour une finale surprise de l'Intermedio. River l'a emporté sur Danubio et le clásico n'a donc été que l'occasion pour Nacional de confirmer la grave crise de Peñarol. Au classement annuel, Cerro Largo garde la main, tranquillement, et on se dirige donc vers un Clausura plein de surprises, car la seule équipe ayant déjà sa place en finale est... Peñarol.

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River Plate avait donc déjà un pied en finale, et l'équipe de Fossati a confirmé en l'emportant grâce à un but du jeune Arezo face à Danubio. River, qui n'avait terminé que quinzième (sur seize!) de l'Apertura, emporte donc sa poule, une poule composée de Peñarol, Nacional, entre autres. Pour définir le deuxième finaliste, l'autre poule nous offrait une sorte de petite finale entre Liverpool et Plaza Colonia. Colonia devait l'emporter pour passer en finale, un nul suffisait aux bleus et noirs. Mais depuis quelques temps déjà, l'équipe formé petit à petit par Paulo Pezzolano est inarrêtable. Dès la demi-heure de jeu, Liverpool dominait deux à zéro suite à un magnifique coup-franc de Diego Guastavino et un nouveau but de Juan Ignacio Ramírez, son dix-septième depuis le début de la saison. En deuxième mi-temps, dans un match contrôlé par un onze très intelligent, Ramírez marquait un nouveau but pour clôturer la marque et envoyer Liverpool en finale. Liverpool a réussi un très bon match avec le latéral gauche Candido, auteur d'une passe décisive, Sebastian Cacéres, le jeune défenseur central, ou encore Diego Guastavino. Mais la perle de ce Liverpool armé par Pezzolano est Ramírez, inarrêtable désormais, il devrait terminer meilleur buteur du championnat. Cela fait quatre ans qu'il joue au club, et il semble avoir atteint la maturité suffisante pour être de ce type de joueur qui font gagner leur équipe. Intelligent dans son positionnement, il sait faire la différence sur un dribble, éliminer deux défenseurs d'un touché de balle. Il a vingt-deux ans, et est devenu non plus un espoir, mais un bon joueur de football, ce qui est quand même l'essentiel. Il avait été observé par de nombreux clubs quand il avait dix-huit ans, ce qui prouve bien l'intelligence très relative des recruteurs. Il aura l'occasion de soulever un trophée ce dimanche, mais surtout de viser le titre en fin d'année, car peu d'équipes ont le collectif et la stabilité de Liverpool en Uruguay cette année. Un vrai plaisir par rapport à d'autres équipes et d'autres événements.

Et pendant ce temps-là se jouait donc un clásico avec assez peu d'enjeu autre que le fait que ce soit un clásico et Nacional a donc aplati Peñarol. Aplati bien finement, aplati comme une feuille, comme un vieux souvenir. La liste des départs mais aussi la gestion de ses départs a laissé le club dans un état de léthargie dont les hommes de Gutiérrez ont su tirer profit. Après un premier quart d'heure de jeu équilibré, les Bolsos ont pris l'avantage d'une bonne passe de Zunino vers Castro qui trompait Dawson côté opposé. Toute la défense de Peñarol est en retard sur l'action, de González à Abascal et Formiliano. Dans la foulée, Chory Castro doublait la mise d'un but exceptionnel, d'une reprise de demi-volée de trente-cinq mètres, pleine lucarne opposée. Sur celle-là, la défense ne peut rien faire. Rodriguez a bien l'occasion de réduire la marque au début de seconde période sur un centre de Gargano mais Rochet (très peu inquiété et pourtant très inquiétant dans ses sorties) se couchait bien sur une tête pas très bien cadré. Au final, Carballo et sa tignasse blonde marquait le troisième but sur une frappe du latéral Cotugno qu'il détourne astucieusement pour tromper un Dawson qui, encore une fois, ne peut rien faire. Trois à zéro. Tout simplement, et en même temps cela aurait pu être bien pire.

Nacional a bien fait ce qu'il avait à faire, avec une défense agressive, et un milieu à trois Gabriel Neves, Felipe Carballo et Rafael García réussissant toujours à dominer leurs opposants. Sur les côtés, Zunino a encore une fois été très bon (avant de se blesser en fin de première mi-temps), tout comme Gonzalo Castro qui a réussi avec ses deux buts à débloquer le match alors qu'il était critiqué ces derniers temps. Avec ce milieu à trois et ces deux hommes de couloirs, Nacional a dominé outrageusement dans le jeu sans presque avoir besoin d'attaquant de pointe. Bergessio a joué vingt minutes avant de se blesser et d'être remplacé par le jeune Thiago Vecino, qui a beaucoup bougé et qui a bien attiré vers lui les défenseurs. Côté Peñarol, peu de rage mais beaucoup de pitié. Que de difficultés en défense depuis les départs de Lema et Hernández. Rodrigo Abascal a été approximatif, Giovanni González n'a plus le rendement d'avant ses sélections, et l'Argentin Gabriel Rojas, recruté cet été, est terrifiant. Il a au moins le mérite d'être un joueur de foot, contrairement à John Misael Riascos, qui a signé pour les Carboneros avant de disparaître. Littéralement. Au milieu, Walter Gargano est le seul à avoir un peu apporté le danger, les difficultés techniques de Canobbio ressurgissent... et Cebolla, entré en deuxième mi-temps, a fait de la peine même aux supporters du Nacional. L'attaque n'a pas touché la balle dans la zone où ils devraient, et on peut donc difficilement les juger. Rodríguez a loupé les deux ou trois possibilités qu'il a pu générer. Au-delà des performances de chaque joueur, l'équipe est touchée, avec une grosse baisse qualitative dans l'effectif durant ce mercato et un message qui ne passe plus. Memo López, qui n'y est honnêtement pour rien, va avoir du travail, beaucoup de travail. Lancer les jeunes dans ce bain (Pellestri hier, De Los Santos lors des derniers matchs) ne les aide pas. La fin de l'année risque d'être longue.

Pour le reste

El Loco Abreu a marqué. Encore.

Les buts

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba