Nacional remporte son septième match de rang dans ce Clausura, en ayant encaissé qu'un seul but durant ces six-cent-trente minutes... un but encaissé sur penalty. Le Clausura et l'annuel semblent dans leur poche. Peñarol souffre toujours autant, mais prend des points, Plaza Colonia et Cerro Largo s'assurent des billets pour les Coupes continentales, et ça se décante derrière. L'Uruguay, plein d'infos, et un peu de comptabilité, le tout sur Lucarne Opposée.

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De la main d'Álvaro Gutiérrez, Nacional s'est transformé en coffre-fort. On le savait, on l'avait déjà vu en 2015-2016, on l'avait annoncé... et c'est arrivé. L'équipe est une magnifique machine, avec une défense imprenable, un Mejia dans les cages qui ne touche pas tant que cela le ballon mais qui le touche bien, une défense Corujo – Carvalho très complémentaire, et même un troisième défenseur central en milieu défensif, numéro cinq comme on dit ici, Rafael García, qui apporte évidemment une grande stabilité. Il permet aussi aux latéraux de pouvoir monter sans danger, en gardant la maison derrière, et un petit jeune en profite bien, Matias Viña. Ce dernier, de retour de sélection, a encore été très bon ce samedi contre Cerro, apportant le surnombre quand besoin, déroulant une activité phénoménale. Ce n'est qu'un latéral gauche, mais c'est la révélation de cette demi-saison en Uruguay, et ce n'est pas un hasard complet au vu du style Gutiérrez. Il faudra éventuellement le revoir dans une défense classique, sans ce cinq, où il risque d'avoir plus de difficultés. En attendant, qu'il profite le Matías, dans quelques mois il sera remplaçant ailleurs. Il ne jouera en effet pas la Libertadores dans son club formateur, il devrait partir dès cette intersaison, soit dans deux à trois mois. Car évidemment Nacional ne peut se permettre de garder le joueur.

Avec un budget de quinze millions de dollars de dépenses cette année, le club est déficitaire de trois millions de dollars, n'ayant pas vendu de joueur encore en 2019. C'est ce que nous apprend Referi dans un bon article où il est question de socios qui devront payer plus, de travaux arrêtés dans le stade, de joueurs accompagnés vers la sortie, de misère. L'article n'expliquant pas comment un huitième de finale de Libertadores n'a pas rapporté plus, alors que le club devait lutter face à des clubs ayant des budgets sensiblement supérieur. Sensiblement. Très sensiblement. La CONMEBOL devra un jour se rendre compte que les pays hors Argentine et Brésil vont finir par se lasser d'une hypothétique série d'exploits pour pouvoir faire bonne figure, et vont finir par envoyer l'équipe B. À quoi sert aujourd'hui la Copa Libertadores à Nacional ou Peñarol ? Dans tous les cas, Nacional y sera bien qualifié ayant encore dominé ce samedi un très faible Cerro dans un Gran Parque Central pas plein. Côté Cerro, Maureen Franco a encore montré une très grande classe malgré son âge, mais l'équipe repliée du Tola Antunez ne laisse pas suffisamment d'opportunités devant face au bloc du Nacional et malgré l'absence de García au repos. Côté Bolso, Ocampo a marqué un magnifique but sur une combinaison avec Chory Castro avant que l'équipe ne se replie et vienne clôturer la marque à la toute fin sur un but d'un autre jeune, Santi Rodríguez. Trois-quatre très bons joueurs devant suffisent pour gagner ses matchs en Uruguay.

Ces quelques joueurs, Peñarol a encore montré dimanche qu'il ne les avait pas. Ou plus, pour être précis, car Peñarol les avait. Avec le seul Viatri devant, les Carboneros ont souffert le martyre face au Boston River du Tato García, qui lui n'ont plus n'avait plus les joueurs. Abreu sur le banc, la première mi-temps a été affligeante, et puis la deuxième aussi dans l'absolu, seulement agrémenté d'un but de Cebolla Rodríguez, sur une belle frappe de l'extérieur de la surface, sur un ballon relancé plein axe par la défense du Boston. Memo López dont le départ avait été susurré il y a dix jours (avec le retour du serpent de mer Alonso), vient de prendre sept point sur neuf et sauve sa tête. Il le fait en couvrant ses arrières et en jouant avec un seul attaquant, et avec l'aide de deux jeunes, Pellistri dont nous avons déjà parlé mais aussi maintenant Matías De Los Santos, auteur du but de l'égalisation contre Racing en milieu de semaine, qui a bien aidé son entraîneur. Cela reste malgré tout encore très tendre, et l'on ne voit pas, hormis miracle, comment ce Peñarol là, déjà dépouillé à l'intersaison, pourra battre Nacional qui est solide comme un roc pour le moment, n'ayant pas encore perdu ses joueurs. Côté Boston, l'équipe n'a pas tiré au but durant le match. Abreu a fêté ses quarante-trois ans cette semaine. Leandro Lozano a pris un coup à vingt minutes de la fin sur la tête, et a terminé le match car son entraîneur avait déjà fait les trois remplacements. Il se cachait les yeux car il souffrait suite au choc de photosensibilité, n'arrivant même pas à marcher droit. Malgré l'inquiétude des médecins de l'équipe et du corps arbitral, et du stade en général, il a fini le match avant d'être emmené à l'hôpital. Heureusement, il va bien... On parle de Boston River, l'équipe ayant perdu un joueur d'un arrêt cardiaque avec la réserve il y a trois semaines.

Pour le reste, le président de Danubio s'est retiré de ses fonctions la semaine dernière car il a été menacé avec une arme à feu devant chez lui. L'équipe n'a plus d'équipe dirigeante, des élections vont être organisées. L'équipe est aussi à l'agonie au classement, onzième, ne jouant plus rien en cette fin de saison. Le capitaine devait porter un brassard multicolore pour le mois de la diversité, ses supporters ne l'ont pas laissé faire. Côté Defensor, l'équipe a fait quelque chose très « Defensor » avec le jeune Cristian Barros, qui a inscrit son premier but en professionnel sur son premier ballon en professionnel. L'équipe violette a battu le Racing quatre à zéro (deux buts d'un attaquant moins jeune, Mariano Pavone), et revient à la huitième place qualificative pour la prochaine Copa Sudamericana, une situation malgré tout pas très reluisante...

Les vraies surprises du championnat restent les promus Cerro Largo et Plaza Colonia, qui se sont encore imposés ce week-end, et qui joueront une coupe continentale l'année prochaine (Libertadores pour Cerro Largo et Sudamericana pour Colonia si tout est respecté). Jeudi dernier, en pleine après-midi et en semaine, Cerro Largo a battu Cerro deux à zéro avec notamment un but du gardien de quatre-vingt mètres. Premier but, évidemment de Washington Aguerre. Le stade du Capurro était vide, Cerro ayant été sanctionné d'un huis-clos suite à des affrontements avec des supporters (ils avaient même préféré faire le match au Capurro que dans leur stade du monumental Tróccoli). Et en plus en semaine comme cela, il n'y a jamais grand monde dans ces journées de milieu de semaine. Et bien évidemment, le week-end prochain étant week-end d'élections nationales, il n'y aura pas de football ni samedi ni dimanche, le football étant reporté au jeudi et vendredi…

Résultats

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Classement uruj7c

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba