Après dix journées, Rentistas est toujours leader à égalité avec Nacional mais avec un match en mois (soixante-dix minutes restant du match contre River pour être précis). A cinq journées de la fin, mais en ayant déjà joué les trois poursuivants au classement, le moustique rouge pourrait créer une sacrée surprise pour son retour dans l'élite. Point sur le championnat aux deux tiers de l'Apertura.
Rentistas 2 – 1 Plaza Colonia
Le huis clos donne des matchs parfois très banals, dans des stades vides mais dont on imagine bien ce qu'il pourrait être avec les supporters. C'est le cas des « grands » stades, comme au Centenario, au Gran Parque Central ou au Campéon del Siglo. Et puis il y a les stades plus champêtres, dans lesquels l'absence de public fait que le regard se perd au loin, après le stade. Au-delà des tribunes du Complejo Rentistas, à l'extérieur de Montevideo, il y a des champs et des terrains d'entraînement (d’où le nom de complexe). Et parfois, il est difficile de différencier où s'arrête le terrain d'entraînement et ou commence le champ. Au Complejo Rentistas, seule la pelouse du terrain est synthétique.
Après dix journées, est-on encore une surprise ? Non, plus vraiment, on avait déjà vu Rentistas à l’œuvre notamment contre les deux grands (une victoire en début de saison contre Nacional, un nul de bonne facture contre Peñarol). Après dix journées, est-on un exploit ? Pas encore, il manque la lutte pour le titre, l'aspect épique d'une lutte pour cette coupe si inaccessible en Uruguay pour les petits, lutte que ce club de quartier n'a jamais connue encore dans son histoire presque centenaire, du moins au plus haut niveau. Alors on ne veut pas porter la poisse à Rentistas, car deux ou trois défaites de suite et l'équipe passerait du statut de surprise à celui de « c'est déjà pas mal vu d’où ils viennent » en deux semaines de temps. Mais ce collectif très bien huilé et très bien construit laisse entrevoir la possibilité d'un exploit. Un exploit permis par un effectif de très bonne facture, composé de nombreux joueurs arrivés au club durant l'été dernier. On retrouve des joueurs très expérimentés, les anciens du Nacional Alexis Rolín ou Santiago Colo Romero, deux latéraux de bon niveau comme Robert Ergas ou Andrés Rodales, mais aussi et surtout quelques jeunes comme Cristian Olivera en attaque, dix-huit ans ou Maximiliano Falcón, en défense, vingt-trois ans. Le deuxième a été formé au Nacional où il n'a jamais eu l'occasion d'être titulaire, et on pense à une erreur quand on voit parfois les performances de la charnière bolso. Mais parfois, aussi, il faut du temps pour qu'un joueur confirme. Dans les cages, le singe Yonatan Irrazabal a enfin l'occasion de briller après avoir passé quelques saisons difficiles du côté de Cerro. Tout cela ne pourrait être qu'une suite de nom sans le coach Alejandro Cappuccio, avocat de profession qui a longtemps continué son activité professionnelle en parallèle de son activité d’entraîneur de jeunes avant de prendre la direction de Rentistas en deuxième division et de monter immédiatement.
Depuis dix matchs donc, Rentistas est invaincu et a la possibilité de jouer le titre, notamment en battant River Plate lors du match en retard et en continuant à enchaîner les points. Samedi, Rentistas recevait Plaza Colonia, équipe solide du championnat depuis un an, même si en méforme depuis quelques semaines. La première mi-temps a été tendue, sans occasions nettes, avec quelques mauvais choix des créateurs offensifs comme Matías Abisab côté Rentistas qui loupe sa passe sur un contre ou Álvaro Fernández côté Colonia qui s'embrouille dans ses dribbles. La première partie du match aurait pu se terminer sur un score nul sans une faute légère dans la surface d'Yvo Calleros, offrant un penalty à Gonzalo Vega que ce dernier tire sur le gardien mais la balle rentre dans le but à cause de l'effet pris par le renvoi. Avantage Rentistas à la mi-temps alors qu’aucune des deux équipes n'avait réussi à générer du danger. La deuxième mi-temps va changer la donne avec un Plaza obligé de se projeter plus vers l'avant. Dès la cinquantième minute, Álvaro Fernández contrôle magnifiquement un ballon dans la surface, effectue un magnifique une-deux avec le talon du brésilien Diogo Oliveira, avant de tromper Irrazabal aux six mètres. Le match s'ouvre, les distances se créent et le jeu devient de plus en plus plaisant avec un Irrazabal qui sauve son équipe à quelques reprises. Ce moment où Plaza Colonia commence à sortir est aussi celui choisi par Cappuccio pour faire entrer le jeune Salomón Rodríguez pour apporter de la vitesse et du liant au milieu. Et cela marche, avec les nouveaux espaces sur le terrain, le jeune Cristian Olivera apparaît aussi et Rentistas reprend petit à petit la main, arrivant enfin à sortir du bourbier qu'était ce 4-4-1-1 de Colonia. Et à la suite d'un corner de Plaza Colonia, Rentistas monte vite par Romero et Ergas, qui centre en retrait depuis la ligne pour le jeune Rodríguez qui vient d’entrer et trompe Cartés pour donner l'avantage à son équipe. Colonia envoie alors du sang frais et le club patablanca aurait mérité obtenir un penalty (voir deux) ce qui va rendre fou de rage les adjoints de Rosa, mais rien n'y fera. Rentistas empoche une nouvelle victoire et continue son chemin en tête du classement.
Côté Rentistas, il faut un petit peu de chance pour gagner un titre, et ce type de match peut aider. Le côté gauche avec Robert Ergas a été primordial pour la victoire, ainsi que la charnière Falcón -Rolín qui a tenu le cap dans la tempête. Côté Plaza, il a manqué, comme souvent depuis le match contre Nacional, un peu d'ambition. L'équipe domine la balle avec un milieu très bon et très fourni (notamment un inusable Flaco Fernández), mais il manque désespérément un attaquant à cet effectif, depuis le départ de Cecilio Waterman.
Le joueur de la semaine : Robert Ergas
On n'est jamais complètement international chez les jeunes en Uruguay par hasard. Robert Ergas a déjà beaucoup voyagé du haut de ses vingt-deux ans, avec des expériences du côté de Boston River et d'Albacete en Espagne, et au final assez peu de match dans l'équipe qui l'a formé, le Defensor. Étrange, car ce latéral très rapide et offensif, mais faisant peu d'erreurs en défense, aurait parfaitement pu rentrer dans le schéma du Defensor. Après un an en Espagne, il revient donc en Uruguay côté Rentistas au plus grand plaisir du Bicho Colorado, apportant sa vitesse et sa technique sur tout le côté gauche, bien aidé en cela par son milieu le Colo Romero.
Peñarol 3 – 2 Liverpool
Deux grosses déceptions de cette saison, Liverpool n'ayant jamais confirmé ce que l'on avait entrevu en fin de saison dernière et en début de saison notamment lors de la Supercoupe. Côté Peñarol, n'en parlons même pas, premier match de l'ère Saralegui qui arrive en remplacement de Diego Forlán. Ce que l'on retiendra de ce match brouillon, c'est ce même Saralegui qui a passé son match à donner des instructions au jeune devant lui, Facundo Pellistri, en ne l'appelant ni par son nom, ni par son prénom, mais par « guri », « gamin » comme on le traduirait dans le nord de la France. Et Saralegui étant du nord de l'Uruguay, et ayant une gouaille du coin, je n'ai pu m'empêcher de l'entendre crier « Gamin » à la Benoît Poelvoorde tout le match. On est tous au nord de quelque chose, comme le disait le Docteur. Bref. Pellistri a fait un assez mauvais match, l'homme qui a sauvé Peñarol est l'ancien de Rentistas David Terans, qui a marqué deux buts, le troisième étant contre-son-camp sur un corner du même Terans. Trois buts en dix minutes, venus après une ouverture du score de Liverpool par Figueredo qui a fait craindre le pire côté carbonero. Peñarol retrouve un peu le sourire au final, mais le gamin devrait s'envoler rapidement vers d'autres cieux.
Nacional 5 – 1 Cerro
Le bolso est co-leader avec Rentistas, mais avec un match en plus. Nacional s'est débarrassé assez simplement (surtout en deuxième période) d'un Cerro dont on imagine mal qu'il évite la relégation en fin de saison. Bergessio suspendu a été adéquatement remplacé par l'escouade d'attaque dans son ensemble, avec Thiago Vecino en pivot mais aussi les jeunes Santiago Rodríguez et Pablo García de plus en plus en confiance. Après quatre premiers matchs sans victoires, Nacional enchaîne son septième match sans défaite et arrivera avec beaucoup de confiance et de certitudes à la reprise d'une Libertadores dans laquelle le club pourrait se qualifier rapidement, après déjà deux victoires en deux matchs de phase de poules. Munúa a emmagasiné beaucoup de confiance de son effectif (très large, avec une forte rotation), et des supporters. Cela pourrait jouer fortement à son avantage en cette fin d'année étrange qui nous attend.
Pour le reste
Danubio 0 – 0 Defensor : clásico de la peur entre les deux « autres » grands d'Uruguay, et peu de football dans ce match. Les deux équipes restent embourbés en milieu de tableau, à la lutte pour le maintien.
Deportivo Maldonado 1 – 0 Progreso
Boston River 0 – 0 Fénix
Wanderers 0 – 2 River Plate : Avec beaucoup de changements, Wanderers perd son premier match de la saison et laisse les équipes devant s'échapper. La rotation, alors que l'équipe n'avait pas joué en milieu de semaine, est difficilement compréhensible.
Cerro Largo 1 – 1 Torque
Résultats

Classement



