Une journée étrange que ce week-end en Uruguay, où on a beaucoup parlé du week-end suivant, celui du clásico. Peñarol gagne facilement contre Villa Española, alors que le Nacional perd deux points contre un très bon Rentistas. Pendant ce temps-là, les poursuivants Liverpool ou Torque laissent des plumes. Voici le compte rendu du championnat le plus divertissant parmi les pays ayant gagné une Coupe du Monde.
Que dire ? Peñarol a gagné le match qu’il devait gagner contre l’équipe face à laquelle il n’avait pas le droit de perdre. Les Carboneros étaient déjà premier avec trois points d'avance sur Nacional avant cette journée. L’occasion était donc belle de s'assurer un petit matelas de point avant le clásico. En face, pas grand-chose. Villa Española est une charmante équipe de quartier mais qui n'a pas réussi à sauter le pas de la première division, comme lors de leur premier passage en 2016 lors du tournoi spécial. L'équipe est dernière avec seulement une victoire depuis le début de la saison, déjà reléguée (pas encore officiellement mais il faudrait gagner tous les matchs restants et encore attendre les résultats des autres équipes). Cela pouvait donc paraître un match facile pour Peñarol, sauf que dans le peu de points que Villa Española a pris, il y a un point du nul gagné à l'aller au Campeón del Siglo grâce à un but de son gardien, sur coup-franc depuis sa moitié de terrain. Le football est un sport très intolérant envers la facilité. Heureusement, Peñarol est au complet et dans cette configuration, avec l'envie de bien faire, rien ne peut arrêter les jaunes et noirs. Peñarol joue bien et haut et Villa Española commet des fautes, comme celle de Gustavo Aprile dans sa surface sur un très bon Agustín Canobbio. Penalty transformé par Pablo Cepellini qui trompe Guillermo Centurión, le gardien en prêt du Nacional. Peñarol se procure rapidement d'autres occasions dans le jeu grâce à Facundo Torres et à Canobbio, jusqu'à ce que sur un long ballon de Torres, le défenseur de Villa Española se troue et laisse filer Agustín Álvarez Martínez pour le 2-0. Peñarol laisse alors le jeu dans les pieds de son adversaire, se contentant du contre (et le faisant très bien). Villa Española en profite cela dit pour réduire l’écart sur un bon centre de Gabriel Albín faisant suite à un coup de pied arrêté qui profite à Denis Olivera (ex-Peñarol). Ce but aurait pu être celui du réveil, mais dans la foulée William Machado est exclu pour une très grosse faute sur la cheville de Torres (qui à cause de cela manquera le clásico). Peñarol n’est plus inquiété, marquant même un troisième but d'une très belle frappe de Canobbio, venant confirmer ainsi son très bon match et sa bonne période actuelle. Score final 3-1, soirée parfaite pour le Carbonero si l'on omet la blessure de Torres.
Côté Peñarol, le match a été maîtrisé comme c'est souvent le cas ces derniers temps, grâce à un collectif sachant tenir la route et grâce à quelques joueurs de très grande qualité dans le onze. Très bon match de Canobbio, évidemment, mais encore une fois, aussi, de Walter Gargano qui semble ne pas vouloir vieillir. La charnière était « jeune » avec Edgar Elizalde et Agustín Da Silveira, mais l'attaque en face ne les a pas fait souffrir. Côté Villa Española, cela semble très très limité et la fin de saison sera très longue sachant que l'équipe est déjà condamnée à huit journées de la fin.
Peñarol ayant gagné, il fallait que Nacional en fasse de même pour rester en embuscade avant le clásico. Pourtant, Ligüera préserve Camilo Candido qui a déjà quatre jaunes et laisse Brian Ocampo sur le banc. Sauf qu'en face, Rentistas revient bien après une longue série noire et se bat toujours pour son maintien (moins d'un après avoir décroché l'Apertura 2020). Et ce qui devait arriver, arriva. Nacional domine le début du match, avec notamment deux bons joueurs autour de Bergessio, Trezza et Ramírez, qui se battent sur chaque ballon. Mais Bergessio n'est pas en forme et Rentistas frappe en premier sur un centre de Villar côté gauche, Urretaviscaya arrive en vitesse au second poteau, prend le dessus sur Almeida (le remplaçant de Candido) et trompe Rodríguez au poteau. Nacional répond immédiatement par un bon centre de Zunino qui trouve Ramírez seul au milieu de la défense pour tromper Rossi de la tête. Nacional continue de dominer avec un bon Carballo au milieu de terrain et des couloirs très actifs, jusqu'à obtenir en toute fin de match un penalty sur une faute de Lucas Morales. Mais Bergessio voit sa frappe être arrêtée par Rossi. Un joueur de Rentistas avait fait un pas dans la surface et l'arbitre redonne à tirer. Bergessio frappe de nouveau mais sa tentative est encore arrêtée par Rossi. Sauf que Rossi était environ trois centimètres et demi sur le terrain et l'arbitre ordonne de nouveau à retirer. Fernández prend alors la balle et trompe Rossi. Tout cela a pris une bonne quinzaine de minute et termine la première mi-temps, ce qui permet de calmer un peu un Bicho Colorado furieux... On pense alors que Nacional va conserver son avantage mais dès le retour des vestiaires, Salomon Rodríguez reprend de la tête un corner à deux mètres du but pour l'égalisation. But cocasse où le gardien remplaçant Martin Rodríguez est un peu parti à la pêche. Ce but, plus l'exclusion dans la foulée du Colo Ramírez pour un deuxième jaune, clôturent un peu le match avec un Rentistas satisfait du point du nul et un Nacional qui n'a plus les moyens de ses ambitions.
Côté Nacional, dure semaine après la défaite contre Wanderers. L'équipe arrive désormais au clásico en devant se déplacer au Campeón del Siglo et en gardant à l'esprit que seule la victoire permettra de vraiment continuer à espérer pour la fin de saison. Situation on ne peut plus complexe, car on a pu constater avec le temps en Uruguay que l'équipe qui arrive au clásico avec la possibilité de se satisfaire du match nul a un très gros avantage. Dans l'équipe, les satisfactions proviennent de Carballo qui semble de nouveau en mesure de briser des lignes, de Ramírez ou de Zunino, très bon côté droit. Ramírez sera cela dit suspendu et Rochet est toujours blessé, laissant donc ça place à un Rodríguez ayant des fulgurances (positives, mais parfois aussi négatives). La défense est toujours en chantier avec une charnière Marichal – Polenta qui laisse toujours des trous dans la raquette. Côté Rentistas, bon match dans l'ensemble même si la défense a aussi pu faire peur. Avant son but, je me faisais la remarque qu'Urretaviscaya est devenu un joueur « banal ». Il a pu me prouver le contraire. Rossi a arrêté la bagatelle de deux penalties, mais a encaissé celui qui comptait. Bon match au milieu de Varela, du toujours aussi trapu Paiva ou de Salomon Rodríguez en pointe.
Pour le reste
Liverpool perd encore des points avec un nul contre Boston River. Ce nul confirme que l'équipe de Belvedere est rentrée dans le rang, mais il confirme aussi que la lutte pour la descente sera très serrée et sanguinaire avec, devant Villa Española déjà condamné, six équipes pour une descente et un barrage. Deportivo Maldonado a repris un peu ses aises avec une victoire contre Torque (2-1) pendant que Progreso et Sud América se neutralisaient dans le vent du Paladino. Devant, Plaza Colonia perd contre Cerro Largo alors que River Plate et Fénix, et Cerrito et Wanderers se séparent sur des matchs nuls. Des résultats qui arrangent bien Peñarol.