C’est à Kuala Lumpur, siège de l’AFC que se déroulaient aujourd’hui le tirage des éliminatoires asiatiques pour le Mondial 2026 et la Coupe d’Asie 2027 qui se déroulera en Arabie saoudite.
Extension de la compétition mondialiste oblige, l’AFC a décidé de revoir son format de qualification puisque huit tickets et demi étaient attribués, au lieu de cinq précédemment. Le premier tour préliminaire oppose les vingt équipes les plus mal classées en match aller-retour. Les dix vainqueurs de ces confrontations se voient ensuite parachutés dans neuf groupes de quatre équipes avec les autres représentants asiatiques lors du duxième tour. Les neuf vainqueurs et leurs dauphins sont se qualifient pour l’Asian Cup 2027 et sont ensuite répartis en trois groupes de six dont les deux premiers se qualifient directement au Mondial, tandis que les troisièmes et quatrièmes avancent au quatrième tour de qualifications où ils seront de nouveaux répartis en deux groupes dont les vainqueurs se qualifieront directement pour le Mondial, les deux deuxièmes s’affrontant en barrage pour aller ensuite participer à un dernier barrage intercontinental. Ce qui signifie que, pour une équipe commençant au tour préliminaire, il faudrait disputer la bagatelle de vingt-six matchs pour décrocher un billet mondial !
Passons maintenant en revue les alléchantes affiches qui nous sont proposées au premier tour qui débute en fin d’année.
Tour préliminaire (12 octobre – 17 octobre)
Afghanistan – Mongolie
Un duel dont il est difficile d’estimer le vainqueur. Sur le papier, l’Afghanistan est favori si l’on tient compte de ses joueurs évoluant dans des ligues européennes, mais l’instabilité dont est victime le pays compromet ses chances. À l’inverse, la Mongolie progresse lentement mais sûrement, et se révèle pénible à jouer sur ses terres. L’effet domicile est ce qui manquera aux Afghans et ce qui pourrait être préjudiciable. À moins que l’envie de faire honneur à leur pays martyr décuple les forces des troupes d’Al-Mutairi.
Prono : Afghanistan
Maldives – Bangladesh
Là aussi, dur à dire qui passera au tour suivant tant les équipes sont de même niveau. Avantage éventuel au Bangladesh qui développe son championnat à coups de biftons et qui commence à sortir des petits jeunes intéressants (comme le joyau Sheikh Morsalin). En attendant Hamza Choudhury de Leicester ? Les Maldives, quant à eux, sont tributaires d’un vivier limité et peinent à tourner la page de la légende Ali Ashfaq et ses trente-sept ans.
Prono : Bangladesh
Singapour – Guam
Si, sur le papier, l’affiche semble déséquilibrée, il ne faut pas sous-estimer le sabordage quasi légendaire que Singapour est en train de créer avec son équipe. Incapable de s’imposer contre la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Îles Salomon, on ne saurait dire si l’équipe de la Cité du Lion sera en mesure de battre Guam. Guam qui a réussi quelques exploits dans le passé comme battre l’Inde (rappelons que la population de Guam est de 170 000 personnes, l’Inde vient d’atteindre le milliard et demi…) et qui ne devra pas être pris à la légère. Malgré tout, Singapour a les cartes en main pour passer l’écueil insulaire grâce à sa fratrie Fandi et ses vieux briscards (Harun, Sunny et Baharuddin).
Prono : Singapour
Yémen – Sri Lanka
Le Sri Lanka est invité in extremis aux qualifications malgré le ban dont il fait l’objet de la part de la FIFA pour entraves politiques à la fédération. Celle-ci a jusqu’à dix jours avant le premier match pour se conformer aux attentes. Ce serait bête de passer à côté de la team newlook qu’est en train de monter Ceylan, avec une diaspora rompue aux joutes physiques des divisions inférieures européennes. Les Yéménites reviennent petit à petit aux affaires, avec des joueurs toujours aussi techniques mais un peu léger physiquement. Si, il y a quelques années, le Yémen aurait été désigné comme favori logique, la donne a peut-être changé. À voir si Andy Morrison parviendra à disposer de toutes ses forces vives et parviendra à créer l’alchimie nécessaire.
Prono : Yémen
Myanmar – Macao
Entre un pays pauvre et dirigé par une junte oblique et un territoire hôte de casinos et de triades en tout genre, on pourrait penser que le duel serait sans saveur. C’est pourtant mal connaître l’appétence des Birmans pour le football, eux qui développent souvent un jeu technique et offensif, et l’aversion surréaliste du monde chinois pour le ballon rond. Les deux équipes se sont d’ailleurs rencontrées en juin pour une facile victoire des Birmans. Ceux-ci compteront sur leurs « Thaïlandais » (au nombre de dix) pour renvoyer Macao à son anonymat.
Prono : Myanmar
Cambodge – Pakistan
Un duel aux airs de déjà-vu pour les deux équipes. Celles-ci s’étaient déjà affrontées pour le Mondial 2022 et les Cambodgiens s’étaient adjugé la qualification sans trop forcer. Ces matchs étaient d’ailleurs les derniers disputés par le Pakistan avant une longue suspension de trois ans. Depuis, les Shaheen ont repris les rencontres internationales et se font poutrer dans les grandes largeurs. Les Cambodgiens, eux, sont sur la pente ascendante même si le chemin vers les sommets asiatiques risque de prendre du temps. Malgré tout, leur stabilité devrait leur offrir la qualification face à une équipe qui se cherche encore (et c’est bien normal tant il faut repartir de quasiment zéro).
Prono : Cambodge
Taïwan – Timor oriental
Là aussi, dur de dire qui sera le vainqueur de cette confrontation atypique. Si Taïwan est un pays stable et florissant, son niveau de foot est abyssal comme ses collègues des mondes chinois. À l’inverse, les Timor font partie des pays les plus pauvres du monde mais savent se débrouiller balle au pied. Un duel d’infirmes qui pourrait tourner à l’avantage de Taïwan si leur « star » Emilio Estevez parvient à distiller un peu de magie dans ces matchs obscurs.
Prono : Taïwan
Indonésie – Brunei
Probablement le duel plus déséquilibré. D’un côté, un pays en pleine ascension, possiblement une des surprises de la prochaine Coupe d’Asie. De l’autre, une équipe habituée aux roustes et avec des chances de qualification quasi-nulles. Si les hommes de Shin Tae-young s’appliquent, ils devraient s’en sortir sans trop de peine de ce petit derby malais.
Prono : Indonésie
Hong Kong – Bhoutan
Autre duel sans trop de suspense, qui mettra aux prises une équipe de Hong Kong soporifique mais appliquée, aux Himalayens du Bhoutan. Ceux-ci s’en remettront au seul professionnel du pays, Chelcho Gyetshen (évoluant en Inde) mais ça risque d’être insuffisant face à une équipe qui s’est qualifiée à la dernière Coupe d’Asie. À moins que la rudesse de l’altitude du stade de Timphu ne vienne contrarier leurs plans ?
Prono : Hong-Kong
Népal – Laos
Autre affiche dont il est compliqué de désigner un favori. À défaut, le Népal aurait le plus de chances de s’en sortir, ayant trois joueurs évoluant dans des ligues plus développées et de bons résultats ces dernières années. Les deux équipes se sont d’ailleurs affrontées il y a peu, pour deux victoires convaincantes des Népalais (au Népal). Les Laotiens compteront sur leur star Soukaphone Vongchiengkham pour sortir vainqueur de la montagne népalaise.
Prono : Népal
Deuxième tour
Le tirage des groupes ayant déjà été effectué, voici à quoi nous attendre. Premiers matchs les 16 et 21 novembre.
Groupe A : Qatar – Inde – Koweït – Afghanistan/Mongolie
Si la dernière place semble dévolue aux Afghans ou aux Mongols, dur à dire qui fera partie des deux premiers. Le Qatar semble en régression, le Koweït sans projet solide, tandis que l’Inde est en train de monter doucement en puissance. Les écarts semblent s’être resserrés et bien malin qui pourra afficher le tableau final. À voir le comportement des Indiens loin de leurs terres, là où ils commencent à se montrer intraitables.
Prono : Qatar et Inde
Groupe B : Japon – Syrie – Corée du Nord – Myanmar/Macao
S’il y a peu de risque à affirmer que la première place reviendra au Japon, il sera assez dur de nommer le deuxième larron de ce groupe estampillé Axe du mal. La grande inconnue demeure la Corée du Nord, capable de se retirer en plein milieu des qualifications, mais qui est un poison à jouer à domicile. À domicile, c’est ce qui manquera sûrement aux Syriens qui se voient obligés de jouer en Jordanie ou dans les pays du Golfe. On verra si Hector Cuper, sur le banc des Aigles de Qassioun, saura tirer parti de ses buteurs Khribin et Soma pour se hisser au second tour.
Prono : Japon et Syrie
Groupe C : Corée du Sud – Chine – Thaïlande – Singapour/Guam
Un groupe ecolo-friendly puisque tout se passera à l’Est de l’Asie. La Corée du Sud entame une nouvelle ère sous le peu fiable Klinsmann, mais devrait malgré tout faire la différence grâce à sa diaspora de plus en plus performante. La Chine a confié ses clés à Jankovic et pour l’instant la greffe semble prendre. Attendons de voir face à une opposition plus relevée. La Thaïlande a aussi une carte à jouer si Mano Polking peut continuer son excellent travail à la tête des Éléphants de Guerre. Sa diaspora japonaise s’est cependant réduite à Sarachat et Panya, tandis que les tauliers Bunmathan et Songkrasin sont revenus au pays. Singapour ou Guam devraient, quant à eux, servir de faire-valoir dans ce groupe. Un groupe intéressant et qui dépendra des points lâchés face au dernier du groupe.
Prono : Corée du Sud et Thaïlande
Groupe D : Oman – Kirghizstan – Malaisie – Taïwan/Timor oriental
Des affiches énigmatiques, dont il est dur de déterminer quoique ce soit. Oman est dans une spirale vertueuse et devrait faire le plein à la maison mais peine à l’extérieur. Les trois équipes de tête sont de niveau sensiblement égal mais le deuxième strapontin devrait se jouer entre Kirghizs et Malais. Avantage à la Malaisie lancée dans une politique de naturalisation intense. Attention au dernier de la poule qui viendra forcément grapiller un ou deux points lourds de conséquence.
Prono : Oman et Malaisie
Groupe E : Iran – Ouzbékistan – Turkménistan – Hong-Kong/Bhoutan
Sans trop s’avancer, on peut déjà désigner les deux premières équipes. Dans ce groupe très centrasiatique, les Iraniens et les Ouzbeks partent grandissimes favoris, et ce n’est pas un Turkménistan toujours aussi opaque et sans joueurs de référence qui pourrait s’y opposer. Peu de chance également que Hong Kong ou le Bhoutan viennent faire autre chose que de la figuration.
Prono : Iran et Ouzbékistan
Groupe F : Irak – Vietnam – Philippines – Indonésie/Brunei
LE groupe de la mort (si, bien sûr, l’Indonésie se qualifie). Le hasard a réussi à placer trois équipes qui s’affronteront en Coupe d’Asie dans le même groupe donc. Ces trois équipes sont, de plus, portées par des projets vertueux, qui portent leurs fruits récemment et dont le niveau est environ le même. Même les Philippines, pourtant loin d’être des foudres de guerre, auront une carte à jouer avec le retour de Michael Weiss à leur tête. Avantage possible pour l’Irak et ses joueurs européens mais l’enfer de l’Asie du Sud-Est pourrait leur être fatal. Dans ce cas, c’est l’expérience qui primera, ce qui pourrait bénéficier aux Irakiens et aux Vietnamiens. Il y aura forcément un beau déçu dans ce groupe, mais le football est cruel quand il le veut.
Prono : Irak et Vietnam
Groupe G : Arabie saoudite – Jordanie – Tadjikistan – Cambodge/Pakistan
Si on parle de l’Arabie saoudite en ces temps-ci, ce n’est plus pour son équipe nationale. Et pourtant, il y a matière à inquiétude. Non seulement le magicien Renard et son staff sont partis, mais son remplaçant n’a toujours pas été nommé et l’arrivée massive de joueurs étrangers de haut niveau risque d’avoir des répercussions sur les joueurs de l’équipe nationale. Si les tauliers sont toujours présents, difficile de dire si l’entraîneur pourra constituer un groupe de joueurs titulaires dans leurs clubs. De leur côté, Jordaniens et Tadjiks bossent sereinement et efficacement. Le Tadjikistan intègre progressivement ses pépites Toirov (Shakhtar Donetsk), Aknazarov (Antalyaspor) ou Ayni (Krasnodar), tous moins de dix-huit ans, encadrés par capitaine Umarbayev (CSKA Sofia). La Jordanie, sous la houlette de Adnan Hamad puis de Hussein Ammouta, est redevenue l’équipe capable de battre n’importe quel cador asiatique et s’appuie sur un groupe expérimenté et mené par le néo-Montpelliérain Al-Tamari. Il y a de la place pour une surprise dans ce groupe malgré tout !
Prono : Arabie saoudite et Jordanie
Groupe H : Émirats arabes unis – Bahreïn – Yémen/Sri Lanka – Népal/Laos
Parité oblige, le vainqueur du duel Yémen – Sri Lanka était considéré comme faisant partie du pot 3. C’est donc tout heureux que Émiratis et Bahreïnis ont été lorsqu’ils ont été tirés dans ce groupe à deux vitesses et dont on voit mal comment les deux premières places pourraient leur échapper. À moins que le Yémen ou le Sri Lanka sortent un lapin de leurs chapeaux magiques…
Prono : Émirats arabes unis et Bahreïn
Groupe I : Australie – Palestine – Liban – Maldives/Bangladesh
La première place semble être déjà l’apanage des Socceroos, bien lotis pour ce tirage au sort. Si l’on se fie à la dynamique des autres larrons, la Palestine devrait accompagner les Australiens, tant le Liban n’en finit plus de s’écrouler et que Maldiviens et Bangladais ont peu d’arguments à faire valoir. Le groupe de Makram Dabboub monte en puissance, tout comme ses joueurs, à l’inverse des Libanais qui reviennent tous au pays pour évoluer dans un championnat sans argent et sans perspective. Le derby Palestine-Liban risque, dans tous les cas, d’être électrique vu le passif entre les deux pays.
Prono : Australie et Palestine
Du côté de l’Asian Cup
Comme vu précédemment, ces qualifications sont également valables pour la Coupe d’Asie 2027. Si les neuf vainqueurs de groupes et leurs dauphins sont qualifiés automatiquement, il reste des spots à prendre. Les sept plus mauvais perdants du premier tour de barrage se rencontreront, en plus des Îles Mariannes du Nord, pour quatre confrontations aller-retour désignant quatre vainqueurs. Ces quatre vainqueurs seront versés avec les deux moins mauvais perdants du premier tour de barrage et des dix-huit équipes classées troisième et quatrième des neuf groupes de qualifications pour composer six groupes de quatre qui qualifieront uniquement leurs vainqueurs. Début de ces qualifs en 2024 !