Le comité des compétitions de la confédération asiatique (AFC) a annoncé la refonte de ses compétitions continentales de clubs. Une décision qui devrait diviser davantage une zone déjà difficile à réconcilier.

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En mars 2022, l’AFC avait mis en place un groupe de réflexion dans le but de réaliser une sorte d’audit de ses compétitions de club et proposer des mesures pour le « redynamiser ». Un an et demi plus tard, la décision est tombée, les deux compétitions de club du continent – dont les passerelles sont quasi inexistantes – vont être réformées.

Trois pour le prix de deux

Petit rappel. Il existe aujourd’hui deux compétitions de clubs en Asie :

  • L’AFC Champions League, qui met aux prises cinquante-cinq clubs (en incluant les premiers tours) de vingt-quatre à vingt-cinq associations de la confédération (sur les quarante-sept), douze associations par région (Est et Ouest) n’étant autorisées à y participer (les douze meilleure au classement pondérée par un autre paramètre important, une licence accordées aux clubs par la confédération en se basant sur des éléments « sportifs » (comme le fait d’avoir des équipes de jeunes), le « niveau » des infrastructures (possession ou location du stade, normes de sécurité, centre d’entraînement) et un critère administratif (avoir un organigramme bien précis)). C’est en partie sur ce critère (qui ne repose donc pas sur les résultats du club) que certains pays sont régulièrement exclus (le Liban ou la Corée du Nord l’étaient par exemple cette saison, ils le seront encore l’an prochain).
  • L’AFC Cup, deuxième échelon continental réservé aux quarante-quatre équipes représentant des associations qui ne font pas partie du top 5 de chaque région (Est et Ouest – dix associations sont donc exclues). Là encore, le critère « Licence » est appliqué, certains pays étant de fait totalement exclus des compétitions continentales. Les passerelles étaient inexistantes entre les deux épreuves jusqu’à cette année où le vainqueur, les Omanais d’Al-Seeb, ont ainsi décroché une place au tour préliminaire.

À partir de la saison 2024/25, il y aura donc trois compétitions qui mettront aux prises un total de soixante-seize clubs, soit une vingtaine de moins :

  • AFC Champions League Elite (ACLE) : réservée aux meilleures associations de chaque région. Vingt-quatre équipes seront qualifiées et réparties en deux groupes de douze – un par région – qui disputeront quatre matchs à domicile et quatre à l’extérieur à l’issue desquels les huit meilleurs de chaque groupe se hisseront en huitièmes de finale joués en match aller-retour. À partir des quarts, les rencontres se disputeront sur match sec dans un pays hôte.
  • AFC Champions League 2 (ACL2) : réservée aux associations du deuxième tiers. Trente-deux équipes réparties en huit groupes de quatre dont les deux premiers à l’issue d’une phase en matchs aller-retour se qualifient pour les huitièmes de finale. La phase à élimination directe se disputera cette fois en aller-retour, la finale ne se jouant que sur un match sec.
  • AFC Challenge League: réservée aux associations du dernier tiers. Vingt équipes seront réparties en cinq groupes qui se joueront sur des hub, les huit meilleures équipes se qualifiant pour les quarts. Quarts et demi-finales se joueront en aller-retour, la finale sur un match sec.

Beaucoup d’inconnues demeurent, le communiqué ne précisant finalement pas grand-chose, à commencer par le fait de savoir combien d’associations composent chaque tiers (il semble que l’AFC Champions League Elite ne concernera que les six meilleures associations de chaque zone mais rien n’est encore officialisé). Une ACLE qui semble ainsi créée pour davantage favoriser les riches clubs de l’Ouest. D’autant que pendant ce temps, une autre mesure destinée à les favoriser a été mise en place : il n’y aura plus de quotas de joueurs d’étrangers, l’AFC s’en remettant aux règles en place dans chaque pays (sachant que des pays riches comme l’Arabie saoudite sont passés à huit quand d’autres aux moyens plus limités comme la Corée du Sud, sont à cinq). Il y a aussi le côté discutable d’organiser la phase finale dans des pays hôtes (ne cherchez pas, ce sera forcément des pays de l’Ouest qui seront à n’en point douter les hôtes de la phase finale). Quand on voit comment les clubs de l’Est – en particulier les prétendants Sud-coréens – ont envoyé des équipes réserve participer aux phases de groupes disputées sur des hub, on peut craindre le pire, d’autant que – rappelons-le – l’une des précédentes réformes de l’ACL a consisté à aligner le calendrier sur les championnats de l’Ouest, la phase de groupes tombant en fin de saison pour les clubs de l’Est, la phase à élimination directe durant l’intersaison pour les huitièmes et les quarts). On notera aussi le choix douteux du nom ACL2 pour la deuxième compétition de club – et donc la mise à mort de l’AFC Cup – qui pourrait aussi rapidement décourager certains. Parmi les nombreuses interrogations, reste enfin à voir aussi comment les associations du tiers 3 accueilleront l’idée de jouer sur des hub.

Une Champions féminine

Il n’en demeure pas moins que ce lundi a aussi été historique pour le football féminin de la zone. À partir de 2024/25, l’Asie aura sa Champions League féminine ! Celle-ci prendra donc la place de l’AFC Women’s Club Championship, dont la quatrième édition est prévue en novembre prochain et ne concerne que sept équipes qui s’affronteront sur un format championnat mêlant Est et Ouest. Mais là encore, une simple annonce : aucune information sur le nombre d’associations invitées à y prendre part et de fait, le nombre de clubs, ni aucune sur le format et le calendrier. Il faudra donc attendre.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.