Recibimiento argentin, joli bazar sauce sudam, qualifications et une rétro qui ramène au temps de photo noir et blanc, 5e numéro de la semaine sur LO.

Bonjour à tous.

Retour en Argentine pour ouvrir ce cinquième numéro de notre podcast vidéo et plus précisément à Santa Fe pour l’exceptionnel recibimiento offert par les hinchas d’Union dans ce superbe Estadio 15 de Abril à l’occasion du Clásico Santafesino, deuxième du tournoi. Malheureusement, sur le terrain, le spectacle ne sera pas au niveau, les deux équipes de la ville se quittant sur un triste 0-0. Et puisque nous sommes en Argentine, nous allons y rester pour ouvrir nos infos de la semaine.

Ce qu’il faut retenir

On débute donc en Argentine où le titre de champion semble désormais joué puisque Boca a encore creusé l’écart avec San Lorenzo. Les Xeneizes s’imposent dans leur Bombonera face au très faible Crucero del Norte – tellement faible qu’il est officiellement relégué en Primera B  qu’il n’aurait jamais dû quitter – pendant que San Lorenzo subit l’effet Marco Ruben et doit se contenter du nul face à Central. Le titre de champion pourrait être officialisé lors de la prochaine journée mais le peuple Xeneizes espère le célébrer avec la manière la semaine suivante lors de la réception de Tigre. Reste qu’en coulisses, Boca est quelque peu animé. Oscillant entre les rumeurs de tensions dans le vestiaire et les soucis financiers, le tout saupoudré d’incertitude avec les élections qui arrivent en décembre prochain, le bruit court désormais que Carlitos pourrait quitter Boca à la fin de l’année (on parle d’un retour au Corinthians ou à la Juve). Parallèlement à cela, voila qu’Angelici, le président actuel, commence à évoquer la possibilité d’un départ de la Bombonera pour un nouveau stade de 80 000 places qui serait construit dans le quartier. Imaginer Boca ailleurs que dans sa Bombonera, c’est un peu la mort du petit cheval…Comme quoi, en Argentine, quand on s’appelle Boca, la perspective d’un titre de champion ne permet pas d’apaiser le climat.

Ce climat, il semblait apaisé en tribunes…enfin, en théorie. Depuis quelques semaines, l’idée du retour des supporters visiteurs a fait son chemin et plusieurs tests ont été menés en Coupe d’Argentine puis en championnat, l’AFA choisissant chaque semaine des matchs-tests. Dernier en date, la rencontre AldosiviLanus. Sur le papier, pas de quoi exciter plus de 3 supporters. Sauf que ces trois excités, ils étaient en tribune visiteur et ont décidé de pourrir l’ambiance dès l’échauffement en balançant une pierre sur la tête de Lugüercio, un joueur du Tiburon. Conséquence ? Joueur au sol, match qui va finalement se jouer après 20 minutes de palabres et un Lugüercio qui poste ensuite une photo de sa sortie de l’hôpital (après avoir toute même joué le match) avec un gros bandage sur l’œil droit et pour cause, sa cornée est touchée. On remerciera donc les 3 excités du Granate qui ont parfaitement choisi leur moment pour se mettre en évidence. Ce n’est en effet pas avec ça que les supporters visiteurs vont rapidement revenir dans les stades argentins.

L’apaisement, c’est aussi ce dont la Bolivie aurait besoin. Alors que sa sélection s’est encore écroulée à domicile en ouverture de la campagne de qualification, nous allons y revenir, le chaos règne toujours à tous les niveaux au pays. On ne reviendra pas sur les histories de corruption, de président de la fédé en prison, de l’interventionnisme du gouvernement, du grand n’importe quoi qui règne à la tête et au sein de la sélection dans laquelle plusieurs cadres comme Marcelo Martins ne veulent plus mettre les pieds, voilà que c’est aussi le chaos en championnat. Il y a 15 jours, le Clásico Oriente Petrolero – Blooming est parti totalement en brioche avec une baston comme seule l’Amsud sait faire. Pour les novices, Oriente Petrolero – Blooming est l’un des Clásico en Bolivie, le Clásico cruceño et le match a été particulièrement bouillant, les joueurs et supporters se chauffant toute la rencontre et ensuite. Conséquence, deux joueurs prennent 4 matchs fermes et les deux clubs prennent 500 $ d’amende pour le comportement de leurs supporters pendant le match. Vous l’aurez compris, la fin 2015 n’est pas super funky pour les amateurs de football bolivien et malheureusement, on voit mal comment la courbe pourrait s’inverser.

Et puisque nous évoquons la Bolivie, revenons donc sur la première journée de qualification à la Coupe du Monde 2018 qui s’est déroulée ce mercredi et jeudi. Tout d’abord, je souhaite vous remercier d’être venus nombreux pour écouter notre direct de 22h à 1h du matin, c’est un plaisir. On renouvellera bien évidemment l’expérience lors des prochaines journées. Sur le terrain, cette première journée est venue confirmer ce que vous saviez déjà vous fidèles de LO : le niveau est extrêmement relevé et resserré en AmSud. Alors les grands médias vont nous expliquer que l’Argentine et le Brésil ont subi un accident, que l’Argentine a perdu parce qu’elle n’avait pas Messi, etc, etc…Alors, on aura ainsi vu quelques premières historiques cette semaine : la première victoire de l’Uruguay en Bolivie en campagne de qualif, victoire importante quand on sait que généralement l’Uruguay se retrouve barragiste pour n’avoir su gérer le déplacement à La Paz, la première défaite de l’Argentine au Monumental depuis 22 ans face à l’Equateur, qui confirme que l’Equateur s’installe bien dans le paysage sudam, ça fait plusieurs semaines/mois/années qu’on le dit – on l’a vu avec les performances des clubs, et la première victoire du Chili face au Brésil depuis 15 ans qui pour sa part confirme deux choses : que la Copa América a libéré la Roja et que la Seleção de Dunga va beaucoup souffrir. Et je sais que partout dans les médias on va vous vendre que pour Argentine et Brésil, ce n’est qu’un simple petit accident de parcours, que c’est la faute à pas de chance. Les semaines à venir nous donneront raison, la qualification va être bien plus compliquée à obtenir que certains veulent bien le penser. Prochaine journée ce mardi.

Pendant ce temps au Nord, la semaine était consacrée aux amicaux. Si on a vu le Honduras accroché par le Guatemala, le Costa Rica surpris par l’Afrique du Sud ou encore le Panama défait chez lui par Trinité et Tobago, les Canaleros n’ont mine de rien plus gagné le moindre match depuis avril dernier (vous vous souvenez sans doute de leur troisième place en Gold Cup atteinte sans remporter le moindre match – et aussi de l’arnaque que fut leur défaite en 1/2 face au Mexique), on attend surtout avec impatience l’énorme Mexique – USA prévu dans la nuit de samedi à dimanche au Rose Bowl de Pasadena. Et ça tombe bien, parce que cette rivalité Mexique – USA est l’objet de notre rétro de la semaine.

La rétro

Je pense qu’il n’est pas nécessaire d’en rajouter pour bien mesurer le niveau de la rivalité entre Mexique et USA. Qu’elle soit sur le plan politique, avec la délicate gestion des frontières ou encore les sorties ravageuses de certains candidats à l’élection présidentielle, comme on l’a récemment vu avec le candidat Trump, discours savamment choisi par TV Azteca pour mettre le feu aux poudres, nous en avions parlé dans un précédent podcast, ou tout simplement sportive, elle pimente la région. Au point qu’en foot, un USA – Mexique peut être considéré comme étant LE Clásico de la CONCACAF. Il faut dire que l’histoire des USA – Mexique est peuplée d’instants magiques, de la victoire US en Coupe du Monde 2002 à cette merveille absolue de Gio Dos Santos en finale de la Gold Cup 2011. Tiens on va se le refaire en VO.

Pas mal n’est-ce pas ? Et si historiquement le Mexique écrase son rival local, notre rétro du jour nous emmène aux origines de ce duel, au 24 mai 1934, date du premier affrontement. Ce 24 mai nous à sommes et la 2e Coupe du Monde de football va débuter dans un climat bien particulier, l’Italie étant alors sous la coupe d’un certain Mussolini. A cette époque le football aux USA est déjà professionnel (depuis les années 20) et la sélection avait participé à la première Coupe du Monde en Uruguay, terminant à une surprenante troisième place, emmenée par un certain Bert Patenaude, l’homme qui signe le premier hat-trick de l’histoire de la Coupe du Monde (c’était face au Paraguay). Malheureusement, la grande dépression de 1933 va entraîner la ligue pro américaine dans sa chute et avec elle, le football aux Etats-Unis va entrer dans sa période sombre. Entre les deux Coupes du Monde, il n’y a rien pour s’occuper en AmNord : les jeux Pan Américains arrivent en 37, l’ancêtre de la future CONCACAF est créée en 38 et le football a disparu des JO de Los Angeles en 1932, justement à cause d’une dispute entre FIFA et CIO. Effet de la grande dépression, les USA vont entrer tardivement dans le processus de qualification pour la Coupe du Monde 1934. Au point même qu’en retard, ils arrivent à obtenir de la FIFA un match d’appui à disputer face à l’équipe qui avait gagné le droit de participer à la Coupe du Monde : le Mexique. Côté mexicain, on avait aussi participé à la Coupe du Monde 1930, devenant la victime du premier but de l’histoire face au français Lucien Laurent. La contrepartie pour ce barrage ? Ce match se disputera directement à Rome, à trois jours du quart de finale que le vainqueur aura le droit de jouer face au pays hôte (le Mexique n’étant alors qu’un tout petit pays sur le plan de foot, il n’avait pas réellement son mot à dire). C’est donc après un interminable voyage sur l’océan que les deux formations arrivent à 10 jours du match. Côté américain, le mélange pro-amateurs n’est pas sans remous, les entraînements sont plutôt chiches (on joue notamment au base-ball) et la cohésion du groupe laisse à désirer avec par exemple l’affaire qui va toucher un certain Aldo Buff Donelly, qui va être notre héros du jour. Aldo Donelly, footballeur amateur, était arrivé en sélection précédé d’une sacrée réputation de buteur. La légende raconte par exemple qu’alors qu’il jouait à Heidelberg Soccer Club en 1929, il avait marqué 5 buts en huit minutes lors d’une victoire 9-0 face au First German of Newark. Appelé pour la première fois en sélection le 26 avril 1934, il avait donc embarqué le 5 mai et joué son premier match avec les US lors d’un amical organisé en Italie avant ce fameux choc face au Mexique. L’ambiance est tellement moyenne dans le groupe que certains joueurs ne voulaient pas de Donelly dans le groupe pour le match face au Mexique. Sauf que la veille, le sélectionneur le choisi dans le 11 et Donelly va faire exploser le Mexique à lui tout seul. Un but au quart d’heure, un deuxième à la demi-heure, une exclusion provoquée à l’heure de jeu et deux autres buts en fin de match, Buff devient le premier joueur à claquer 4 buts en Coupe du Monde, se permettant même le luxe de manquer un penalty en fin de match. Trois jours plus tard, exténués, les US en prennent 7 face à l’Italie. Donelly sauve l’honneur en inscrivant le seul but de sa sélection. Ses prestations lui vaudront d’être demandé par certains clubs européens et notamment italiens. Mais en ses temps troublés, il refusera les offres, rentrera au pays où il deviendra entraîneur des Steelers de Pittsburgh, équipe de foot US. Les USA reviendront à la Coupe du Monde 1950 los de laquelle un autre amateur entrera dans l’histoire avant de disparaître pendant près de 40 ans. Pendant ce temps, le Mexique ne cessera de croitre pour devenir le géant après lequel les américains courent désormais. Ce samedi, personne ne se souviendra d’Aldo Buff Donnelly, mais une chose est sûre, les américains auront besoin d’un sacré buteur pour dominer l’ogre mexicain.

C’est ainsi que se conclut note cinquième épisode d’une semaine sur LO, n’hésitez pas à laisser vos commentaires, partager la vidéo. Je vous laisse avec les 5 merveilles de la semaine et notamment un bisou d’Edwin Cardona. Abrazo a todos et à samedi prochain.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.