Dernière session éliminatoire avant la Copa Centenario et fin du premier tiers de la compétition. Alors que l’Argentine enchaîne, que le Chili se relève et que la Colombie confirme son retour, l’Uruguay prend les commandes, le Brésil se sauve.

Ouvrant la soirée, la Colombie cherchait à démontrer que les belles promesses entrevues en Bolivie n’étaient pas des promesses sans lendemain. Une chose est désormais sûre, elles n’en sont pas. A Barranquilla, les Cafeteros ont fait exploser un Equateur incapable de garder le ballon, en retard dans les duels, en un mot dépassé. Si Gustavo Quinteros pouvait bien évidemment regretter les nombreuses absences qui touchaient son équipe (« ce fut ma sélection la plus difficile à faire » dira-t-il en conférence de presse d’après-match), la principale cause de la première défaite équatorienne dans cette campagne de qualification est surtout l’adversaire. Car la Colombie de Pekerman a trouvé son équilibre. Avec un James totalement libre, en pur enganche, un duo Cardona – Cuadrado chargé de l’aider à briser les lignes et Carlos Bacca en pur neuf, le tout soutenu par l’association Sebastián Pérez – Daniel Torres, le collectif colombien s’est trouvé une fluidité et bien des certitudes. D’entrée de partie, les vagues jaunes se sont succédées sur les cages d’Alexander Domínguez qui écopait comme il le pouvait, retardant une échéance inévitable. Elle intervenait au quart d’heure sur un service de James pour Bacca, le duo de la victoire en Bolivie, qui permettait au buteur d’ouvrir son compteur de la soirée. Déjà dominateurs, les Cafeteros appuyaient ainsi, l’Equateur paraissait incapable de réagir. Domínguez sauvait devant Bacca, James manquait à son tour, oubliant Cuadrado seul au point de penalty, le KO semblait proche mais à la pause, alors que Quiñonez avait tenté de réveiller les siens et que le duo Bacca – James avait encore raté deux belles occasions, tout restait encore possible. Heureusement pour la Colombie, l’excellent Pérez, idéalement servi par Cardona, réussissait à breaker d’entrée de second acte, le plus dur était fait, la Colombie pouvait dérouler. Les quelques séquences de toque colombien, avec un James meneur d’homme allaient aboutir sur un superbe troisième but qui scellait le sort de la partie. L’Equateur se réveillera quelque peu en fin de match d’une frappe de Quiñonez sur la barre et d’une merveille de coup-franc de Micky Arroyo dans la lucarne d’Ospina mais le mal était fait, la Tri s’incline pour la première fois de la campagne de qualification, la Colombie est définitivement relancée.

Face à la seule équipe contre qui il n’a jamais perdu en éliminatoires, le Chili s’est d’abord fait peur. Une merveille de coup-franc de près de 40 mètres signée du plus chilien des vénézuélien Romulo Otero donnait l’avantage d’entrée de partie à une Vinotinto transformée et dans la continuité du bon match réalisé à Lima quelques jours plus tôt. L’enfer de Barinas semblait avoir raison des onze rouges qui déjouaient, incapables de sortir le ballon souffrant sous les offensives adverses. Puis d’un coup le match a tourné. Un corner côté gauche, un énorme coup de boule de Pinilla et le Chili égalisait. La résurrection de Pinigol allait symboliser celle de la Roja. Dès lors, les Beausejour et Isla portaient le danger sur les côtés, Arturo Vidal commençait à se montrer, le Venezuela allait couler petit à petit. D’entrée de second acte, Beausejour trouvait Pinilla, le Chili prenait les devants, le match était plié même si le Venezuela allait s’offrir un dernier baroud d’honneur à base de courage plus que de football. Otero voyait son coup-franc frôler les cages d’Herrera, le coup final allait être porté par el Rey Arturo suite à un amour d’offrande de Fabián Orellana qui réussissait ainsi le break avant de sceller le score en toute fin de partie. Malheureux chez lui face à l’Argentine, le Chili s’est immédiatement remis dans le bon sens. Côté Venezuela, la Coupe du Monde est déjà un rêve évanoui.

Au même moment à Córdoba, l’Argentine retrouvait sa victime préférée de 2015, la Bolivie, à qui elle avait passé 12 buts en deux amicaux. Baldivieso avait annoncé que la logique voulait que sa Verde reçoive une punition, ses joueurs étaient à deux doigts de lui donner raison dès la septième seconde, moment choisi par Angel Di María pour perdre son face à face avec Carlos Lampe et pour Ever Banega, au rebond, de trouver la barre dans un but vide. La session d’entraînement ne faisait que commencer. Totalement repliée, la Bolivie laissait l’Argentine conduire et construire tranquillement ses ateliers attaques – défense et forcément subissait même si le jeu argentin était loin d’être flamboyant, le duo Biglia – Banega loin d’être convaincant. Il fallait donc une nouvelle inspiration de Messi pour que le score soit ouvert. Le barcelonais jouait rapidement un coup-franc pour Higuain qui lobait Lampe et récupérait le ballon sauvé sur la ligne pour offrir à Mercado son deuxième but en deux matchs. Libérée, l’Albiceleste retrouvait une certaine fluidité et allait tuer le match sur une erreur d’arbitrage, un penalty offert pour une faute inexistante sur Banega qui permettait à Leo Messi de célébrer son 50e but en sélection, le 499e de sa carrière. Dans la foulée, l’Argentine perdait Di María mais allait laissait défiler le match selon un scénario écrit d’avance qui la voyait tranquillement gérer une Bolivie totalement impuissante qui n’était finalement venue rien faire d’autre que de venir participer à un match amical. Correa aurait pu alourdir le score en seconde période mais le score n’évoluait plus, l’Argentine se contente d’une victoire 2-0 et, avec ce troisième succès consécutif, se replace à quelques longueurs de la tête.

La tête a changé d’identité. Au Centenario, le peuple uruguayen attendait Suárez, il aura été sauvé par Cavani et Muslera. Car face au Pérou, l’Uruguay a souffert mais est sorti vainqueur, au courage, à l’Uruguayenne. Ricardo Gareca aura bien des regrets sur le déroulement du match car d’entrée de partie, la Celeste ne parvenait pas à imposer son football et se heurtait aux offensives péruviennes, subissant les montées des Advincula et autres Cespedes, tremblait sous les tentatives du duo Pizarro – Guerrero, l’attaquant du Flamengo se procurant la plus belle situation du premier acte, perdant son face à face avec Muslera. De son côté, l’Uruguay réagissait par à-coups. Coates sur corner butait sur Gallese, Advincula privait Cavani de l’ouverture du score. 0-0 à la pause, le Centenario était tendu. D’entrée de seconde partie, la Celeste allait frapper. Rodríguez entrait à la pause, équilibrait le milieu de la Celeste, le Pérou perdait un ballon dans son camp, Luis Suárez lançait immédiatement Cavani qui s’en allait fusiller Gallese, 1-0 Uruguay. S’en suivait dix minutes d’orage sur les cages péruviennes. Cavani sur la barre, Sánchez dans les nuages puis Suárez manquait à son tour, le Pérou laissait passer la tornade et allait revenir dans la partie au fil des minutes. La fin de match était à l’avantage des visiteurs qui se procuraient quelques situations et faisait frémir le Centenario jusqu’aux derniers instants et une frappe non cadrée d’un excellent Advincula. Qu’importe la souffrance, l’Uruguay s’impose et prend les commandes de la zone. Le Pérou pourrait quant à lui avoir enterré ses rêvés mondiaux.

La souffrance, le Brésil en a une fois encore énormément éprouvé. Ramón Díaz avait annoncé son désir de rentre la vie impossible au Brésil, le Paraguay s’y est longtemps employé, pensant même avoir tué le match avant de payer cher l’erreur de se replier en défense. D’entrée de partie, les Guaranies mettaient une énorme pression sur la Seleção même si les plans du Pelado étaient chamboulés par la blessure de Jorge Benítez, remplacé par Roque Santa Cruz dès la huitième minute.  Richard Ortiz allumait la première mèche d’une énorme tête qui venait s’écraser sur le poteau d’Alisson, Gómez, seul aux six mètres après une tête de Santa Cruz, butait sur l’excellent portier brésilien, le match était lancé. Le Brésil réagissait par l’inévitable Wilian qui trouvait un Ricardo Oliveira dont le frappe faisait aussi trembler les montants. Le Paraguay allait ensuite réclamer un penalty mais réparer cette injustice vécue par l’ouverture du score juste avant la pause suite à une ouverture du Gordo Ortigoza pour el Pájaro Benítez qui trouvait parfaitement le buteur du moment Lezcano. Mené au score, Dunga se risquait à l’offensive. Hulk rentrait à la place Fernandinho mais l’effet se faisait attendre et Roque Santa Cruz brillait, el Pájaro Benítez était trouvé plein axe pour le 2-0. Le Defensores del Chaco croyait alors à l’exploit. Le Brésil manquait de clarté dans son jeu mais allait profiter d’une grave erreur paraguayenne, celle de se replier pour défendre ses deux buts d’avance. Car dès lors, les Guaranies oubliaient de jouer, l’entrée d’Iturbe pour sa première avec l’Albiroja n’y changeant rien, le Brésil allait revenir dans les 10 dernières minutes. Ricardo Oliveira réduisait l’écart à l’entrée du sprint final sur une faute de main de Villar, la crispation gagnait les rangs locaux, Dani Alves allait se muer en sauver à la 92e minute, arrachant le 2-2 avant que Justo Villar ne sauve le hold-up sur la dernière occasion du match. 2-2 score final, un résultat qui, comme le veut l’usage, n’arrange personne, laisse le Paraguay à ses regrets mais surtout a des saveurs de victoires pour un Brésil toujours aussi peu flamboyant mais si efficace.

 

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Photo une  : PABLO PORCIUNCULA/AFP/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.