On avait laissé l’Amérique du Sud sous le contrôle de l’Uruguay et l’Equateur, l’Argentine et le Brésil se retrouvant déjà en retard. Après une Copa Centenario non sans conséquence, même si les compteurs ne peuvent être remis à zéro, il semble pourtant qu’on assiste à un nouveau départ.

Avec seulement trois points pris en six journées, la notion de départ semble encore bien un concept abstrait pour la Bolivie. D’autant que la Copa América n’a guère rassuré, ne faisant même que finir de convaincre de l’immensité du chantier qui se présentait au football local. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est justement de cette débâcle qu’est né un nouvel espoir. L’homme de ce nouvel espoir est argentin, il se nomme Ángel Guillermo Hoyos et a bien mesuré l’ampleur du chantier (son improbable première liste composée de 93 joueurs en apportant une preuve). Passé par la cantera du Barça, il a participé à la fin du processus de formation d’un certain Leo Messi, Hoyos est aussi passé par Bolívar et Oriente Petrolero au pays et promet non seulement de remettre la Bolivie au travail (il a ainsi nommé six adjoints qui vont gérer les sélections de jeunes), mais a surtout réussi un premier pari, celui de ramener quelques anciens au chevet de la Verde. Meilleure illustration, le retour de la star Marcelo Martins qui va ainsi pouvoir apporter son expérience à une sélection qui a désormais un besoin urgent de victoire. Ce besoin de victoire est également urgent pour le Pérou. Car si la bande à Gareca a confirmé qu’elle était bien l’une des plus intéressante en termes de jeu et validé son podium de la Copa América 2015 par une belle campagne en 2016, les six points de retard sur la dernière place qualificative pour la Russie ont bien douché les espoirs du peuple rouge et blanc. L’heure est donc venue d’aller valider ces belles intentions par des points pour un groupe « habitué à l’altitude » selon les termes de son sélectionneur. Mais que le Pérou se tienne prêt, la Bolivie a poussé le vice jusqu’à aller en caisson hyperbare pour mieux se préparer à l’altitude et mettre en place un « jeu rapide et véloce. »

Du côté des joueurs

Comme évoqué dans ces lignes, le premier pari réussi par Hoyos est celui de rappeler quelques anciens et autres stars locales pour encadrer une jeune sélection. La réception du Pérou à La Paz sera donc le théâtre du grand retour d’anciens retraités que sont Wálter Flores, Pablo Escobar, Marcelo Martins et Ronald Raldes. Du côté du onze de départ, la seule véritable certitude est que la Verde s’organisera autour d’un 4-4-1-1 avec une association Arce – Martins devant. Pour le reste, la défense reste encore une inconnue, deux formules ayant été tentées lors des derniers entraînements. Du côté de la Blanquirroja, l’information principale sera la titularisation de Raúl Ruidíaz devant à la place de la légende Paolo Guerrero. Dans les buts, Gallese, blessé à la main gauche, devrait tout de même tenir son poste, la surprise en défense se nommant Luis Abram, présent aux Etats-Unis mais jamais aligné, mais qui a pris part au dernier entraînement avec l’équipe titulaire.

Compos probables

Bolivie : Romel Quiñónez; Edemir Rodríguez, Ronald Raldes, Nelson Cabrera, Jorge Enrique Flores; Wálter Flores, Raúl Castro, Jhasmani Campos, Alejandro Meleán; Juan Carlos Arce; Marcelo Martins.

Pérou : Pedro Gallese; Aldo Corzo, Christian Ramos, Luis Abram, Miguel Trauco; Pedro Aquino, Yoshimar Yotún, Joel Sánchez; Christian Cueva, Irven Ávila; Raúl Ruidíaz.

Il y a quelques mois, le Clásico de la frontera opposant Colombie et Venezuela n’aurait pas donné lieu à véritable discussion. En pleine tourmente, la Vinotinto était rapidement larguée dans la campagne russe, au point aujourd’hui de n’avoir plus de véritable espoir (1 seul point pris en six journées) alors que José Pekerman avait parfaitement réussi la transition générationnelle et mis en place une Colombie séduisante, le tout confirmé par une belle troisième place à la Copa América Centenario. Mais c’était justement avant la Copa América. Car durant ce laps de temps, le Venezuela a aussi procédé à sa révolution en nommant Rafael Dudamel à sa tête. Et tout a changé. Car outre la fin des tensions avec les cadres, Dudamel a surtout redonné vie au Venezuela, au point de faire de la Vinotinto l’une des belles surprises de la Copa Centenario. L’heure est donc à la poursuite de cette reconstruction et le déplacement en Colombie est vu sous l’angle de l’ambition par le sélectionneur vénézuélien qui a affirmer que « la Colombie est dans l’obligation de gagner, nous, nous allons combattre avec nos meilleurs joueurs, » avant d’ajouter « comment contrôler la Colombie ? Par le jeu. S’ils jouent bien, nous jouerons bien. Ils ont des individualités, nous en avons aussi. » Attention donc à l’excès de confiance côté Cafeteros, un Venezuela en confiance reste dangereux. El Profe Pekerman en est d’ailleurs conscient, soulignant la dangerosité du rival et surtout l’obligation pour la Colombie, « de ne pas laisser le moindre espace exploitable en contre. »

Du côté des joueurs

La principale inquiétude pour José Pekerman reste l’état de forme de ses joueurs. A l’image du trio Teófilo Gutiérrez, Orlando Berrío, Carlos Sánchez, arrivé en sélection quelque peu diminué, Teó étant probablement le cas le plus douteux pour le match de la nuit, les joueurs convoqués se retrouvent à divers états et obligeront forcément el Profe à faire des choix. L’un d’entre eux pourrait être du temps de jeu donné à un Macnelly Torres sur lequel le sélectionneur « a toujours compté » et qui « est dans un état de forme idéal et aura obligatoirement un apport non négligeable. » Reste qu’on devrait retrouver le 4-2-3-1 si efficace sur le continent avec un Carlos Bacca en pointe et un certain Davinson Sánchez en défense centrale. Côté Dudamel, l’absence d’el Lobo Guerra, opéré du genou en début de mois, ouvre une place dans l’entrejeu. Celle-ci devrait se disputer entre Rómulo Otero et Juan Pablo Añor, deux joueurs aux profils différents mais tout aussi capables d’être décisifs. On espère aussi pouvoir observer de nouveau la pépite Adalberto Peñaranda et, pour certains, découvrir l’autre diamant, Yeferson Soteldo.

Compos probables 

Colombie :David Ospina; Stefan Medina, Jeison Murillo, Davinson Sánchez, Frank Fabra; Sebastián Pérez,Carlos Sánchez; Edwin Cardona, James Rodríguez, Juan Guillermo Cuadrado ou Macnelly Torres; Carlos Bacca.

Venezuela :Dani Hernández; Roberto Rosales, Wilker Ángel, Oswaldo Vizcarrondo, Rolf Feltscher; Tomás Rincón, Aquimedes Figuera, Adalberto Peñaranda,  Rómulo Otero ou Juan Pablo Añor, Josef Martínez, Salomón Rondón.

Pour le retour des éliminatoires de la zone CONMEBOL, deux sélections seront au centre des attentions, la première à entrer en piste étant bien évidemment le Brésil. Avec l’arrivée de Tite et le titre décroché aux JO, beaucoup de choses ont changé au pays, surtout dans la dynamique et l’enthousiasme général lorsqu’il s’agit d’évoquer la Seleção. « Nous affrontons un adversaire qui a quatre points d’avance sur nous, qui mérite notre respect mais nous avons la mission de réaliser un grand match, » a ainsi déclaré le nouveau sélectionneur en conférence de presse, ajoutant que « l’Equateur est un candidat à la qualification. » Cette mission s’annonce délicate tant la Tri est aujourd’hui une véritable référence sur le continent et surtout reste totalement imprenable chez elle, restant sur onze matchs sans défaite en éliminatoires disputés à domicile depuis la défaite face à l’Uruguay de Forlán en octobre 2009. Si Quinteros écarte l’avantage que confèrerait l’altitude, il reste prudent à l’heure d’accueillir un champion olympique, donnant pour consigne « d’aller les presser, d’être mobile et d’être attentif. » Un message reçu par le nouveau millonario Arturo Mina et par le Rayado Alexander Domínguez qui, de concert, ont rappelé la menace permanente qu’était ce Brésil.

Du côté des joueurs

Il ne faudra pourtant pas s’attendre à une véritable révolution pour le déplacement à Quito. Altitude et craintes de la « vitesse de la Tri » obligent, le premier Brésil de Tite visera à être d’abord solide sur ses bases pour éviter tout accident. Ceux qui rêvaient du 4-2-4 olympique devront patienter, le Brésil de Tite, dont le premier capitaine sera Miranda, va donc s’appuyer sur une défense renforcée cherchant à réduire les espaces et devrait laisser l’animation offensive reposer sur le trio Willian, Gabriel Jesús, Neymar. Privé de Pedro Quiñónez et Antonio Valencia, tous deux suspendus, Gustavo Quinteros procèdera à quelques petites retouches dans son onze de départ. Joueurs cadre du formidable Independiente del Valle finaliste de la Libertadores, Arturo Mina s’installe en défense central, pendant que son ancien coéquipier Jefferson Orejuela prendra place au milieu. En l’absence de la pépite José Angulo devant, pris dans des affaires de dopage, Quinteros ne devrait donc pas modifier son attaque, associant le duo Bolaños – Caicedo, un duo a qui a contribué à la moitié des buts inscrits par la Tri jusqu’ici (5 buts, une passe décisive).

Compos probables 

Equateur :Alexander Domínguez; Juan Carlos Paredes, Arturo Mina, Gabriel Achilier y Walter Ayoví; Renato Ibarra, Jefferson Orejuela, Christian Noboa y Jefferson Montero; Miller Bolaños y Felipe Caiced

Brésil :Alisson; Daniel Alves, Marquinhos, Miranda, Marcelo; Casemiro, Renato Augusto, Paulinho, Willian; Gabriel Jesús, Neymar.

Une fois le Brésil entré en piste, les regards se tourneront inévitablement vers le choc de la journée, l’historique duel entre les frères du Rio de La Plata : Argentine – Uruguay. Tout a déjà été dit concernant la première sortie de la nouvelle Argentine sauce Bauza, le technicien rosarino s’étant récemment livré pour Ole (entretien dont la traduction est à lire ici) et qui, s’il sait qu’il est attendu au coin du bois, ne s’est pas privé de rappeler qu’il était d’abord là pour donner un équilibre à sa sélection et surtout, que la sélection n’a qu’une obligation, celle de gagner. Il faut dire qu’un succès face à l’Uruguay permettrait à l’Albiceleste de doubler le voisin et ainsi rester idéalement placée dans la course à la qualification. Du côté du Maestro Tabárez, maintenant que le conflit de l’équipementier est résolu, le climat est moins agité autour de la sélection (c’est dire s’il l’était) et c’est finalement avec un groupe quasi complet que le technicien uruguayen a pu préparer le clásico. L’arrivée de Bauza n’a pas véritablement modifié l’approche de Tabárez : « L’Argentine de Bauza n’existe pas. Personne ne l’a encore vue et on ne peut pas encore la comparer à celle de Martino. Nous allons baser notre approche tactique sur la connaissance des joueurs dont il dispose et je crois savoir que plus de la moitié de l’équipe sera la même que celle qui jouait sous Martino, » a-t-il ainsi déclaré en avant-match. L’objectif est simple pour la Celeste : « nous sommes dans une excellente situation dans cette campagne, et si nous prenons des points, nous allons pouvoir la renforcer. » Reste qu’un déplacement en Argentine n’est jamais aisé pour l’Uruguay. Depuis l’instauration du groupe unique lors des qualifications pour la Coupe du Monde 1998, l’Uruguay s’est incliné à quatre reprises pour un seul nul lors de ses cinq voyages de l’autre côté du Rio de La Plata.

Du côté des joueurs

Une fois son retour annoncé, la grande incertitude côté argentin était la titularisation de Leo Messi pour ce choc à l’importance capitale, incertitude rapidement levée par Bauza en conférence de presse. Reste donc que comme annoncé par Tabárez, individuellement, l’Argentine prévue cette nuit ne sera que très peu différente de la version Martino, à trois exceptions près : la titularisation attendue d’Emanuel Mas dans le couloir et celles, non moins attendues, de Paulo Dybala pour épauler l’excellent et sous-coté Lucas Pratto devant. Restera donc à voir comment se matérialise la notion d’équilibre tant évoquée par el Patón. Côté Celeste, peu de surprises également, el Maestro n’étant pas du genre à en faire, seule la blessure de Vecino pouvant contrarier ses plans. Il n’y aura donc guère de nouveautés côté Uruguay si ce n’est la titularisation annoncée de l’excellent Gastón Silva en défense, Nico Lodeiro prenant place au milieu pour jouer le rôle d’enganche qui lui sied tant.

Compos probables

Argentine :Sergio Romero; Pablo Zabaleta, Nicolás Otamendi, Ramiro Funes Mori, Emanuel Mas; Javier Mascherano, Lucas Biglia; Leo Messi, Paulo Dybala, Ángel Di María; Lucas Pratto.

Uruguay :Fernando Muslera; Jorge Fucile, José María Giménez, Diego Godín, Gastón Silva; Carlos Sánchez, Egidio Arévalo Ríos, Mathías Corujo, Nicolás Lodeiro; Luis Suárez, Edinson Cavani.

Restera alors un dernier match qui ne sera pas sans intérêt. Le Defensores del Chaco s’apprête en effet à découvrir le nouveau Paraguay version Chiqui Arce et accueillera le champion des Amérique, le Chili. Une Roja ambitieuse et bien décidée à défense son nouveau statut comme l’évoquait Arturo Vidal à peine descendu d’avion : « nous sommes la meilleure équipe du monde et nous devons le démontrer. » Des ardeurs quelques peu réfrénées par son coach qui a déclaré : « il est compris des gens que nous sommes compétitifs, qu’il est difficile de jouer contre nous, que nous disposons d’une grande variété de systèmes. Mais pour moi, je ne me sens pas être le meilleur. Je veux être compétitif et contrôler la majorité de nos rencontres. » Attention cependant au nouveau Paraguay. Pour ses débuts sur le banc, Francisco Arce a clairement défini l’objectif de son Albirroja : « rentre la vie impossible » à ses adversaires, qu’importe si en face se présente le double champion du continent, el Chiqui ajoutant « nous n’avons pas peur, ce sera onze hommes contre onze autres, avec un ballon au milieu. » De quoi planter le décor.

Du côté des joueurs

Pour cela, Arce va pouvoir s’appuyer sur quelques valeur sûres du championnat, des joueurs qu’il connait bien, comme son portier Diego Barreto, dans les cages en l’absence de Justo Villar, trop juste après sa blessure, mais aussi de jeunes talents, comme le néo milanais Gustavo Gómez et « l’argentin » Óscar Romero sur qui l’animation offensive devrait reposer. A noter devant le retour de Federico Santander, dont la dernière apparition en éliminatoires remonte à près d’un an. Pour Juan Antonio Pizzi, s’il a refusé de « parler des absents » en conférence de presse, le casse-tête provoqué par les absences de Claudio Bravo, Gonzalo Jara, Jean Beausejour et Marcelo Díaz était évident. Alors, le technicien argentin n’a pas été puisé bien loin pour pallier ces défections en annonçant dans son onze des valeurs sûres comme Eugenio Mena et Francisco Silva et en offrant du temps de jeu à l’excellent portier de la Católica et au jeune Enzo Roco. Pour le reste, la Roja sera très classique.

Compos probables

Paraguay :Diego Barreto; Jorge Moreira, Paulo da Silva, Gustavo Gómez, Salustiano Candia; Víctor Ayala, Rodrigo Rojas, Cristian Riveros, Óscar Romero; Federico Santander, Darío Lezcano.

Chili :Christopher Toselli; Mauricio Isla, Gary Medel, Enzo Roco, Eugenio Mena; Francisco Silva, Charles Aránguiz, Arturo Vidal; José Pedro Fuenzalida, Eduardo Vargas, Alexis Sánchez.

Le classement après 6 journées

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.