Septième journée de qualification pour Russie 2018 et les deux géants Argentine et Brésil se retrouvaient à l’épreuve du feu. Si le premier assure le minimum, le second s’offre un réveil en fanfare. Mais la lutte pour les cinq premières places s’annonce terrible.

En ouverture de la folle soirée sud-américaine, la Bolivie et le Pérou jouaient sans doute leur dernier espoir dans la course à la Coupe du Monde, fut-il infime. La Blanquirroja de Gareca entrait parfaitement dans le match, se procurait quelques belles situations, comme cette tête de Ruidíaz bien captée par Quiñónez, enchaînait quelques belles séquences collectives, Christian Cueva se muant une fois encore en générateur de danger. De son côté, après avoir passé un temps à se chercher sur le terrain, la Verde version Hoyos et son 3-4-3 assez convaincant, commençait alors à s’organiser, à mettre le pied sur le ballon. Et comme le dira le Tigre Gareca en fin de rencontre, allait frapper au bon moment. Après une première approche de Marcelo Martins, la légende Pablo Escobar entrait en scène. Il obtenait un coup franc quelque peu généreux qu’il expédiait dans la lucarne de Gallese à moins de dix minutes de la pause. Le Pérou allait alors passer tout le second acte à courir désespérément après le score mais, malgré l’entrée de Guerrero, laissait quelques belles situations à une Bolivie plutôt intéressante dans le jeu. La Verde allait être récompensée en fin de partie sur une tête de Raldes qui scellait le sort du match. Escobar – Raldes, 73 ans à eux deux, anciens bannis sous Baldivieso, relancent donc une Bolivie qui, du haut de ses six points, laisse l’avant-dernière place à un Pérou qui pourrait bien avoir enterré ses rêves mondiaux.

La course à la Russie, il en était fortement question à Barranquilla pour la Colombie à l’heure d’accueillir la lanterne rouge vénézuélienne. Vu les chocs prévus quelques heures après, une victoire de la bande à Pekerman allait certainement signifier une belle opération comptable. Alors la Colombie a immédiatement pris le contrôle de la partie, Macnelly Torres et Luis Muriel se créant les premières opportunités, la défense de la Vinotinto montrant quelques signes de nervosité, à l’image d’un Wilker Ángel qui, s’il sauvait les siens à plusieurs reprises, se montrait aussi en retard dans quelques interventions malgré un jaune reçu d’entrée de partie. Offensivement, les hommes de Dudamel ont attendu la demi-heure pour se montrer véritablement dangereux, le coup franc d’Añor demandant une belle parade d’Ospina. Mais le premier acte était Cafetero et James allait vêtir le costume du sauveur lorsqu’il s’en allait tromper Daniel Hernández dans les arrêts de jeu et ainsi réparer les multiples ratés du duo Bacca – Muriel. Le Venezuela cherchait à revenir en seconde période mais s’exposait aux contres colombiens, fort heureusement sans dommages, bien aidé par un Bacca totalement à côté de son match et qui gâchait occasions sur occasions. Avec un seul but de retard, l’espoir demeurait pour la Vinotinto jusqu’à l’entrée des dix dernières minutes et une nouvelle faute d’Ángel synonyme de penalty et d’exclusion pour deuxième avertissement. Carlos Bacca butait une fois encore sur un excellent Dani Hernández alors quelques instants plus tard, James apparaissait de nouveau et délivrait un amour de passe pour Macnelly Torres oublié au second poteau. A 2-0, la messe était dite, la Colombie filait vers une victoire méritée, Hernández sortait un nouveau penalty, la bande à Pekerman se replace parfaitement dans le bon wagon avant le déplacement au Brésil.

Le Brésil version Tite était attendu au coin du bois pour un énorme test à Quito face à un Equateur imprenable sur ses terres depuis onze matchs en éliminatoires. Alors on aura vu deux Brésil. Un premier, venu réduire les espaces, bien défendre, aspirer un Equateur qui s’il poussait, Jefferson Montero en principal agitateur, laissait aussi trop d’espaces dans son dos et se montrait bien maladroit devant. Puis un second, plus conquérant. Alors qu’on pensait que l’altitude finirait par faire son effet, il n’en fut rien (preuve s’il en est qu’elle importe finalement peu). Petit à petit, la Seleção allait profiter des espaces laissés par la Tri, des approximations défensives et surtout allait voir surgir un certain Gabriel Jesús. La pépite de Palmeiras avait été assez discrète à Rio, elle a montré un magnifique aperçu de son talent. Sur un long ballon qui semblait anodin, il déposait Arturo Mina et s’en allait s’empaler sur un Alexander Domínguez contraint à la faute. C’était le tournant du match. Neymar ouvrait le score, le silence d’abattait sur Atahualpa, il n’allait plus cesser. Car libéré, le Brésil commençait à dérouler. A l’image du second but, une merveille de talonnade de Gabriel Jesús, conclusion parfaite d’un mouvement à quatre initié par Coutinho et Neymar, poursuivi par Marcelo, dont la prestation à dû plaire à Dunga, et donc conclu par l’étoile du Verdão. Il n’y avait alors plus de match, Gabriel Jesús s’offrait un doublé sur un diabolique enchaînement. Le Brésil s’impose 3-0, Tite réussit ses débuts à la tête d’une sélection qui semble enfin avoir trouvé l’avant-centre qui lui manquait tant.

L’heure était alors venu pour l’autre géant de passer son test, d’envergure aussi, face au leader uruguayen. Dire que l’Argentine de Bauza était attendue est un euphémisme. Entre le retour de Messi et les grandes questions concernant l’animation offensive et surtout cette notion d’équilibre qu’El Patón aime tant (lire son portrait), nombreux étaient les éléments à suivre avec attention. Mais finalement, el Maestro Tabárez avait raison, comme bien souvent. Cette Argentine n’est pour l’instant pas fondamentalement différente de celle de Martino. Dans un première période qu’elle a contrôlée, on a ainsi vu Messi au four et au moulin, cherchant à combiner avec Dybala, se promenant à gauche, au centre,  à droite, seul véritable générateur de danger pour une Celeste bien regroupée et patiente qui, si elle ne parvenait pas à bien gérer les situations de contres qui se présentaient au duo Cavani – Suárez, souvent à 2 contre 3 et souvent peu inspiré, n’était que finalement trop rarement véritablement menacée si ce n’est sur le bel enchaînement du juventino qui se terminait sur le poteau de Muslera. Di María incroyablement discret, Biglia toujours imprécis, Mascherano fidèle à ses habitudes, omniprésent et essentiel, l’Argentine allait donc s’en remettre à son astre. Leo Messi slalomait devant sept joueurs uruguayens, déclenchait et voyait sa frappe déviée se terminer au fond des filets de Muslera. Le plus dur semblait fait pour l’Albiceleste, on s’attendait alors à voir une Argentine conquérante, capable d’exploiter les espaces qui allaient inévitablement se créer suite à l’ouverture du score. Il n’en fut rien. La faute à un rouge reçu par le malheureux Paulo Dybala en fin de premier acte. Réconforté par Messi, La Joya quittait le terrain en larmes, l’Argentine allait faire du San Lorenzo version Libertadores 2014 en seconde période, se replier. L’Uruguay avait alors le ballon mais butait sur la muraille albiceleste, faute d’inspiration. Messi se démenait devant, déclenchant le pressing avec Masche pour essayer de faire remonter les siens, les occasions se raréfiaient, le jeu devenait haché. Bauza le disait quelques jours plus tôt, comme un signe, séduire ne sert pas à grand-chose, son Argentine doit gagner. Elle l’a fait et prend les commandes du groupe avant de se déplacer au Venezuela.

Dernier match de la nuit sudam, le choc du Defensores del Chaco entre un nouveau Paraguay et le champion des Amériques chilien. Chiqui Arce avait annoncé que son Albirroja allait marcher sur ses adversaires, son message a été reçu. Alors que le Chili n’était pas encore entré dans la partie, une merveille d’Óscar Romero et une tête de Paulo Da Silva avaient déjà donné deux buts d’avance aux locaux. Sonné, le Chili allait finir par se mettre en ordre de marche, porté par son duo Vidal – Aránguiz. Edu Vargas offrait le geste de la soirée, son retourné étant magnifiquement sorti par Barreto, parfait dans les buts, la pression chilienne s’intensifiait, le jeu s’installait dans le camp des hommes d’Arce qui n’exploitait pas comme il le fallait les espaces qui s’offraient à eux. El Rey ramenait les siens en fin de premier acte, l’espoir était de retour pour la Roja. Mais au retour des vestiaires, le Paraguay remettait de l’intensité, parfois de manière démesurée à l’image de Cristian Riveros, resté miraculeusement sur le terrain malgré ses nombreuses fautes grossières, mais surtout se procurait de belles situations par les Romero, Santander, Lezcano et autres Rojas. Le duel d’homme annoncé par Arce se produisait, la tension montait alors que Pizzi envoyait tous ses offensifs sur le terrain sans succès. Medel voyait rouge, le Paraguay s’impose et affirme sa force, se relançant totalement dans la course à la qualification en revenant à deux points du leader pendant que le double champion du continent se retrouve relégué à la septième place, à quatre points de sa victime préférée. Mais dans une compétition où les sept premiers se tiennent en quatre points, les vérités de cette septième journée risquent d’être vite bousculées.

 

Résultats

Classement

Photo une : RODRIGO BUENDIA/AFP/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.