Dernière journée de la phase aller des qualification sud-américaine. Pendant qu’Uruguay et Brésil entendent profiter de leur supériorité annoncée pour capitaliser, certains favoris et outsiders à la qualification jouent déjà gros. Donnant à cette neuvième journée des airs de premier tournant.

Il est des matchs qui valent plus chers que d’autres et ce, quel que soit le moment où ils interviennent. Longtemps leader, l’Equateur n’avance désormais plus et reçoit un double champion des Amériques dans une situation bien peu confortable de septième, à deux points derrière. Autant dire qu’à l’heure d’ouvrir la dernière journée de la phase aller, Equateur et Chili jouent une grande partie de leur destin mondial.

Alors, du côté de la Tri, l’heure est au « renforcement moral » autour d’un barbecue et de jeux de salon, afin de remobiliser et souder de nouveau une sélection en proie au doute après n’avoir pris qu’un tout petit point lors des quatre derniers matchs disputés. Mais que le Chili n’espère pas non plus voir une sélection en mode colonie de vacances. Poussant sur les aspects tactiques, drones comme aides de camps pour filmer les entraînements, enchaînant les séances vidéos, l’Equateur est en opération commando à l’heure d’accueillir le Chili. « Pour nous, ce sera une finale, » a ainsi annoncé Fidel Martínez, « nous allons chercher à nous faire respecter chez nous, à presser le Chili, contrôler la possession. » Un discours déjà prononcé par Gustavo Quinteros qui a ensuite balayé d’un revers de la main la traditionnelle question de l’altitude, privilège supposé des sélections telles que l’Equateur (lire L'altitude, aide ou prétexte ? Etude du cas bolivien). Sur ce point, Juan Antonio Pizzi a suivi les dires de l’Argentin d’Equateur. Le sélectionneur de la Roja a d’abord cherché à évacuer toute forme de pression pesant sur sa sélection, rappelant à qui voulait l’entendre que « la pression qui pèse sur l’Equateur et le Chili est la même que celle qui pèse sur Argentine, Brésil, Uruguay ou toute autre sélection. »  Le Chili, qui n’a gagné qu’un seul de ses cinq derniers matchs, se rend ainsi à Quito en quête de points, Pizzi se montrant confiant « je crois que tout est très équilibré entre les sélections, personne n’a un succès garanti à l’heure d’entrer sur le terrain, que ce soit celui qui reçoit ou celui qui se déplace. » Toujours est-il que le perdant du duel se retrouvera dans une situation bien inconfortable.

Du côté des joueurs

Valdivia ou pas Valdivia. Avec le retour du Mago en sélection, la question agite tout le Chili. La logique voudrait finalement que Juan Antonio Pizzi se passe du magicien chilien pour le déplacement à Quito, ce dernier ayant encore quelques gènes physiques. La dernière place dans le onze de départ, celle un temps donnée à Valdivia, devrait donc échoir soit à Jean Beauséjour, pourtant à la peine avec la U, soit à Pedro Pablo Hernández, ce dernier tenant la corde. Pour le reste, c’est une Roja sans surprise qui devrait se déplacer en Equateur.

Côté Tri, pendant qu’Enner Valencia s’est vu présenter un mandat d’arrêt pour des histoires de pension alimentaire non payée, la grande question qui se pose pour Quinteros reste de choisir le portier qui sera aligné dans les cages. Même s’il semble à la peine actuellement avec les Rayados, il semblerait qu’Alexander Domínguez soit préféré à Dreer ou Azcona. Devant lui, la tour Arturo Mina, parfait avec River semble s’imposer d’elle-même, la seule véritable nouveauté annoncée côté Tri étant les grands débuts de son ancien coéquipier à Independiente del Valle, Jefferson Orejuela.

Compos probables

Equateur : Alexander Domínguez; Juan Carlos Paredes, Arturo Mina, Frickson Erazo, Cristian Ramírez; Cristhian Noboa, Jefferson Orejuela, Antonio Valencia, Enner Valencia, Fidel Martínez; Felipe Caicedo.

Chili : Claudio Bravo; Mauricio Isla, Enzo Roco, Gonzalo Jara, Eugenio Mena; Marcelo Díaz, Charles Aránguiz, Arturo Vidal, Pablo Hernández; Alexis Sánchez, Eduardo Vargas.

Avant de se rendre en Colombie pour l’un des chocs du prochain milieu de semaine, l’Uruguay doit d’abord parfaitement aborder la réception d’un Venezuela qui n’est certes plus la victime expiatoire annoncée du début de compétition, la confiance accumulée pendant la dernière Copa Centenario ayant produit quelques bénéfices, mais qui semble toujours autant hors course dans la campagne qualificative, s’étant même déjà recentré sur la préparation de l’avenir (comprendre l’après Russie 2018). Il ne faudra d’ailleurs pas compter sur le groupe de Rafael Dudamel pour montrer quelque complexe à l’heure de se rendre à Montevideo où la Vinotinto n’a pas perdu lors des trois derniers voyages en campagne de qualification et reste sur un nul aux saveurs de victoire face à l’ogre argentin. Le sélectionneur vénézuélien s’attend tout de même à subir les foudres d’une Celeste devenue imprenable sur ses terres et restant sur six victoires consécutives en éliminatoires.

Du côté d’Óscar Washington Tabárez a tenu à rappeler à quel point l’importance des rencontres s’accroit avec les journées avançant, expliquant ensuite que le Venezuela « sera un rival difficile qui a changé de sélectionneur et de fait a rendu les choses différentes. » Reste qu’il ne faut pas chercher à trouver une once de doute dans les rangs uruguayens, le Maestro rappelant « il semble que beaucoup ont oublié la victoire 4-0 du dernier match disputé ici. Nous allons tâcher de répéter cette performance. »

Du côté des joueurs

Leader, meilleure attaque et meilleure défense, rien ne semble résister à l’Uruguay actuel et pour la réception de la Vinotinto, el Maestro Tabárez dispose de la quasi intégralité de son groupe, José Maria Giménez étant sur le flanc, auquel vient de joindre Giorgian De Arrascaeta de retour en sélection. Il ne devrait ainsi pas y avoir de grande surprise à l’heure de choisir le onze de départ, le sélectionneur uruguayen n’étant pas non plus un habitué aux revirements et devrait donc aligner un onze très classique.

Le travail de reconstruction devrait se poursuivre du côté de Dudamel avec, à la vue des derniers entraînements, la forte probabilité de voir Wilker Ángel débuter dans l’axe aux côtés de Vizca. L’incertitude concerne le côté gauche, qui pourrait échoir soit à Mikel Villanueva soit à Rolf Feltscher, alors qu’au milieu Alejandro Guerra devrait s’installer avec Tomás Rincón.

Compos probables

Uruguay : Fernando Muslera; Jorge Fucile, Sebastián Coates, Diego Godín, Gastón Silva; Gastón Ramírez, Egidio Arévalo Ríos, Mathias Corujo, Cristian Rodríguez; Edinson Cavani, Luis Suárez.

Venezuela : Dani Hernández; Alexander González, Wilker Ángel, Oswaldo Vizcarrondo, Rolf Feltscher; Juan Pablo Añor, Tomás Rincón, Arquímides Figuera, Alejandro Guerra; Adalberto Peñaranda, Salomón Rondón.

A l’image d’Equateur – Chili, le choc opposant Paraguay et Colombie au Defensores del Chaco pourrait bien venir jouer un rôle capital dans l’avenir des deux sélections dans cette campagne de qualification. Balayé en Uruguay, le Paraguay d’Arce sait qu’il n’a pas le droit de griller un autre joker à l’heure d’accueillir des Cafeteros qui n’ont pu faire grand-chose au Brésil, dominés par une Seleção retrouvée. « Nous avons travaillé et insisté sur l’intensité et la concentration. Nous allons entrer sur le terrain et compter sur le soutien de nos supporters, nous savons que le stade sera plein, » a ainsi annoncé Chiqui Arce en conférence de presse avant de poursuivre « nous sentons énormément de sécurité, de confiance, de plénitude. Il ne suffit désormais qu’à faire valoir les caractéristiques de nos joueurs tout en connaissant celles de nos adversaires. » Un danger senti également de l’autre côté par José Pekerman qui a tenu à insister sur la « dangerosité de leurs attaquants, » suivant son homologue paraguayen sur l’annonce « d’une partie difficile au résultat très incertain où la clé sera la concentration » avant de rappeler que si le Paraguay « va chercher à nous presser, nous allons tâcher d’imposer notre jeu et prouver que nous pouvons faire mal à n’importe quel moment. »

Du côté des joueurs

Pour Francisco Arce, l’une des grandes questions fut de choisir le portier qui va garder les cages guaraníes. Si Chiqui n’a pas voulu dévoiler son onze de départ, le poste se joue plus probablement entre les expérimentés Justo Villar et Diego Barreto, le colocolino semblant posséder une longueur d’avance. Reste qu’il ne devrait pas y avoir de grande surprise dans le 11 de départ paraguayen.

Côté Colombie, la mauvaise nouvelle est l’absence de James pour blessure. Ce forfait oblige el Profe Pekerman à revoir une animation offensive qui restait déjà en travaux, l’Argentin ayant par ailleurs évoqué le possible retour sous peu d’un certain Falcao. Reste que l’absence de James n’est pas le sel souci pour Pekerman qui devra aussi se passer de Daniel Torres et Téo Gutiérrez pour le choc au Defensores. Les clés du camion devraient ainsi être confiée au maître à jouer de l’Atlético Nacional Macnelly Torres et à un Edwin Cardona qui tarde à retrouver son niveau ces dernières semaines.

Compos probables

Paraguay : Justo Villar; Jorge Moreira, Gustavo Gómez, Paulo Da Silva, Salustiano Candia; Víctor Ayala, Rodrigo Rojas, Cristian Riveros, Óscar Romero; Darío Lezcano, Jorge Benítez.

Colombie : David Ospina; Santiago Arias, Oscar Murillo, Jeison Murillo, Farid Díaz; Sebastián Pérez, Carlos Sánchez, Macnelly Torres, Edwin Cardona; Luis Muriel, Carlos Bacca.

Sur le papier, les deux rendez-vous d’octobre devraient permettre au Brésil d’entériner son retour sur le devant de la scène. Après une écrasante victoire à Equateur et un court mais mérité succès face à la Colombie, deux outsiders à la qualification, on imagine en effet mal voir la Bolivie poser des soucis à la Seleção. Mais Ángel Guillermo Hoyos compte bien jouer son rôle de poil à gratter. Le technicien argentin compte miser « sur la garra plus que sur l’ordre » pour piéger le Brésil et « travaille spécifiquement à trouver le bon moyen de les contrer. » Un discours qui ne doit pas non plus occulter les belles intentions montrée face au Pérou et au Chili (quatre points pris sur six), intentions qui forcent le Brésil à prendre tout de même cette Verde au sérieux, plus au sérieux en tout cas que la compagnie aérienne chargée de mener la sélection à bon port et qui, faute d’organisation a fait dévier une Verde quelque peu en colère de sa trajectoire. Le sérieux est justement l’une des qualités de Tite qui a profité de la conférence de presse pour faire un peu de pédagogie : « nous avons une façon de jouer qui peut impliquer de passer le ballon derrière vers le gardien pour qu’il change le jeu. Que les fans comprennent que c’est notre façon de produire du beau jeu et de gagner. Désormais, tout le monde imagine qu’avec les deux matchs que nous avons réalisés, tout sera facile. Il n’en sera rien. » Sérieux on vous dit.

Du côté des joueurs

Privé de Casemiro, blessé, et Paulinho, suspendu, Tite se voit contraint à une certaine réorganisation de son milieu. Si Renato Augusto reste indéboulonnable, prenant au passage le brassard de capitaine, Willian subit ses réajustement, Tite décidant de titulariser Philippe Coutinho pour donner moins de percussion mais plus de jeu au sol pour bouger le bloc bolivien. A leurs côtés, Fernandinho et Giuliano prendront place au milieu, l’excitant duo Neymar – Gabriel Jesus étant reconduit devant Côté Bolivien, Hoyos s’est fendu d’un « on verra bien » à l’heure de dévoiler son onze de départ. On devrait cependant s’orienter vers un 4-3-2-1 avec le seul Marcelo Martins en pointe, Pablo Escobar et Yasmani Duk pour l’alimenter.

Compos probables

Brésil : Alisson; Daniel Alves, Marquinhos, Miranda, Filipe Luís; Fernandinho, Giuliano, Renato Augusto, Philippe Coutinho, Neymar; Gabriel Jesus

Bolivie : Carlos Lampe; Edemir Rodríguerz, Ronald Eguino, Ronald Raldes, Leonel Morales; Raúl Castro, Alejandro Meleán, Wálter Veizaga; Yasmani Duk, Pablo Escobar; Marcelo Martins.

Réduite au néant il y a encore quelques semaines, les espérances péruviennes sont semble-t-il revenues après une belle victoire décrochée face à l’Equateur. Et finalement, celles-ci ne sont pas si folles, une victoire de la Blanquirroja face à l’Argentine lui permettant de revenir à trois points de la cinquième place synonyme de barrage. « Ce sera une partie importante, notre marge d’erreur est minime mais nous sommes capables de l’emporter, » a ainsi martelé le Tigre Gareca en conférence de presse, avant d’ajouter que son réel espoir était de voir son Pérou bien jouer. Du côté de ses joueurs, la motivation est immense, Paolo Guerrero affirmant même entendre « se faire respecter à domicile, » confirmant ainsi les craintes de Bauza : « chez lui, le Pérou va chercher à nous presser d’entrée, » avant d’ajouter « ces éliminatoires sont très difficiles, chaque partie est fondamentale. Les éliminatoires sont toujours ainsi. Je crois que celles-ci sont plus serrées que les précédentes et cela n’a pas fini d’être ainsi. » La pression est maximale sur les épaules albicelestes, les deux dernières sorties n’ayant finalement guère rassuré sur le plan du contenu. Reste qu’en éliminatoires, le Pérou n’a plus battu l’Argentine à domicile depuis 1985.

Du côté des joueurs

« Il n’y a qu’un neuf, c’est Higuain ! » S’il est un discours clair, c’est bien celui de Bauza concernant le controversé poste d’avant-centre de la sélection. En l’absence de Leo Messi, el Patón se retrouve ainsi confronté à l’insoluble équation qui consiste à se passer « du joueur le plus déséquilibrant du monde. » Alors, Bauza devrait de nouveau s’appuyer sur Paulo Dybala qui prendra place sur le côté, Ángel Di María conservant son côté gauche et Sergio Agüero tournant autour de la pointe Higuain. Autre changement, la titularisation de Matias Kranevitter associé à son double version expérimentée, Javier Mascherano. Côté Gareca, il ne devrait pas y avoir de grands bouleversements par rapport à l’équipe alignée face à l’Equateur, seul Alberto Rodríguez devant prendre la place du blessé Luis Abram.

Compos probables

Pérou : Pedro Gallese; Aldo Corzo, Christian Ramos, Alberto Rodríguez, Miguel Trauco; Renato Tapia, Yoshimar Yotún, Cristian Benavente, Edison Flores, Christian Cueva; Paolo Guerrero.

Argentine : Sergio Romero; Pablo Zabaleta, Nicolás Otamendi, Ramiro Funes Mori, Marcos Rojo; Matías Kramevitter, Javier Mascherano, Paulo Dybala, Ángel Di Marí ; Sergio Agüero y Gonzalo Higuaín

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.