Dixième journée de la phase éliminatoire, celle qui annonce le basculement dans la deuxième moitié d’un sprint vers la Russie. Celle qui pourrait bien être déjà décisive pour quelques sélections, à commencer par le champion des Amériques.

Balayée au Brésil, la Bolivie a définitivement mis fin à ses rêves de qualification. Il faut dire qu’avec neuf points de retard sur le premier barragiste, la mission s’apparente plus à un doux rêve qu’à une possibilité d’exploit. Souci supplémentaire, la Verde accueille un Equateur qui s’est relancé chez lui face au Chili mais surtout contre qui elle n’a plus gagné à La Paz depuis les éliminatoires de la Coupe du Monde 1998, la Bolivie n’ayant remporté qu’un seul des douze derniers duels (lors de la Copa América 2015) concédant au passage 10 défaites. Alors on a travaillé sur le plan tactique du côté d’Ángel Guillermo Hoyos misant en grande partie sur les coups de pied arrêtés. Le sélectionneur argentin a insisté sur le fait que « la progression de la sélection doit se faire au-delà de simplement prendre trois points, » déjà prévenu ses troupes : « Nous devons maintenir intensité, mental et physique car face à une équipe avec une telle vélocité, ça risque de faire mal. »

D’autant que, malgré l’affaire Enner Valencia qui a secoué ses coulisses (lire Les vérités de Valencia) , l’Equateur a livré une copie parfaite à Quito face au Chili et se déplace ainsi avec une dynamique positive retrouvée et la perspective de prendre provisoirement les commandes en cas de succès, mettant ainsi la pression sur les autres membres du groupe de tête. Il ne faudra donc pas compter sur un effet de surprise pour la Verde, le sélectionneur de la Tri, Gustavo Quinteros connaissant parfaitement les conditions de jeu en Bolivie, lui qui a évolué dans plusieurs clubs du pays et entraîné plusieurs autres durant sa carrière.

Du côté des joueurs

Impossible d’en savoir plus de la part d’Hoyos concernant le onze de départ. Le technicien argentin a annoncé ne rien vouloir annoncer jusqu’à la demi-heure précédent le match, les dernières mises en place tactique s’étant déroulées à huis clos. Reste qu’on devrait s’orienter vers un 4-4-2 assez classique et un duo d’attaque Martins – Arce. Beaucoup de certitudes dans le jeu côté Quinteros mais quelques doutes sur les joueurs. Le sélectionneur de la Tri devrait miser sur la vitesse d’un Fidel Martínez pour percer les lignes arrières boliviennes et miser sur Michael Arroyo pour pallier le possible forfait de Felipão blessé. Autre joueur douteux, Walter Ayoví, dont la condition sera évaluée par le corps médical.

Compos probables

Bolivie : Carlos Lampe; Edhemir Rodríguez, Ronald Raldes, Edwar Zenteno, Marvin Bejerano; Wálter Flores, Alejandro Melean, Pablo Escobar, Jhasmany Campos, Marcelo Martins, Juan Carlos Arce.

Equateur : Esteban Dreer; Juan Carlos Paredes, Arturo Mina, Luis Caicedo, Christian Ramirez (Walter Ayoví); Jefferson Orejuela, Christian Noboa; Antonio Valencia, Fidel Martínez, Enner Valencia, Michael Arroyo.

C’est à n’en point douter l’affiche de la soirée. Barranquilla se prépare à voir la Colombie, auteur du hold-up de la neuvième journée au Paraguay, accueillir un leader uruguayen à qui tout réussit. Une réussite qui n’échappe pas au Profe Pekerman : « L’Uruguay est leader parce qu’il joue bien au football. Il faut aussi prendre en compte son courage qui est l’une de ses principales caractéristiques. » Le technicien argentin a rappelé la dureté de cette campagne éliminatoire au cours desquels « chaque match est décisif. » Ce rendez-vous de Barranquilla a tout pour l’être, une victoire Celeste en terres colombienne ayant pour conséquence de repousser les Cafeteros à six points du leader. Un leader conscient de souvent se rater en Colombie mais qui, à l’image du Maestro Tabárez, malin, qui rappelle « que c’était déjà le cas avec la Bolivie à La Paz, » ajoutant « la chaleur et l’altitude nous coûtent beaucoup. Il y avait une tendance que nous avons brisé dans le cas de la Bolivie. On viendra pour saisir l’occasion de rester leader. » El Maestro, qui craint l’humidité et la température de Barranquilla sait aussi qu’un point serait déjà un bon résultat, rappelant que « les éliminatoires ne sont pas là pour une question de bien jouer mais plutôt de faire en sorte de prendre des points et gagner des matchs. » La Colombie est prévenue.

Du côté des joueurs

S’il est un duo qui fait trembler le peuple cafetero, c’est bien la paire Cavani – Suárez. Le parisien   endossant le rôle du buteur (7 en 7 matchs, 2 doublés consécutifs) quand le barcelonais s’est transformé en monstre collectif, se déplaçant sur tout le font de l’attaque pour générer du danger. Le duo sera bien évidemment présent en attaque côté Celeste, seul Nico Lodeiro étant écarté, suspendu après son carton jaune reçu face au Venezuela. On devrait ainsi avoir du très classique côté Tabárez, Matías Vecino, déjà entré à la place de Lodeiro le week-end dernier, prenant sa place dans l’entrejeu. Côté Colombie, après les souffrances au Paraguay, bien sauvées par une victoire miraculeuse, l’objectif est clair : être maître du ballon. Pekerman devrait ainsi préférer Macnelly Torres à Edwin Cardona, le buteur de la journée précédente (et accessoirement meilleur buteur de la sélection dans ces éliminatoires avec Carlos Bacca). Pour le reste, là aussi du classique.

Compos probables

Colombie : David Ospina; Santiago Arias, Yerry Mina, Óscar Murillo, Farid Díaz; Carlos Sánchez, Abel Aguilar, Juan Guillermo Cuadrado, Macnelly Torres; Luis Fernando Muriel, Carlos Bacca.

Uruguay : Fernando Muslera; Mathías Corujo, Diego Godín, Sebastián Coates, Gastón Silva; Carlos Sánchez, Matías Vecino, Egidio Arévalo Ríos, Cristian Rodríguez; Luis Suárez, Edinson Cavani.

S’il n’est pas une affiche de haut de tableau, le Clásico del Pacífico entre Chili et Pérou s’annonce bouillant. Car après la débâcle de Quito, le double champion des Amériques se retrouve désormais septième, à cinq points d’une place de barragiste et à portée de tir de son voisin du Nord, désormais à trois points. L’heure est grave côté Roja et l’ambiance est plus que lourde autour de la sélection. Des petits papiers lancés au centre d’entraînement avec quelques mots doux à l’attention de Pizzi, demandant ainsi son départ et forçant le technicien argentin à s’expliquer en conférence de presse : « Les joueurs font de grands efforts, il y n’a aucun relâchement, les entraînements sont réalisés à haute intensité. Il y a eu des résultats qui valident notre travail comme lors de la Copa América. Nous savons que nous travaillons bien et les joueurs sont impliqués dans ce que l’on fait. Nous avons eu des problèmes physiques avant le match en Equateur mais désormais on ne pense qu’au match du Pérou. » La dynamique est bien différente du côté du Pérou, Ricardo Gareca rappelant que sa formation « aurait mérité de s’imposer » face à l’Argentine et, basé sur cette confiance acquise, va se déplacer à Santiago avec la ferme intention « de ramener un résultat qui nous relancera » selon les dires du Tigre.

Du côté des joueurs

Les pépins physiques n’épargnent toujours pas la Roja. Après un repas collectif pris à Juan Pinto Durán, au centre d’entraînement dimanche, plusieurs joueurs ont été malades, le plus durement atteint étant Arturo Vidal dont la participation face au Pérou est plus que remise en cause (el Rey n’a pas pris part à l’entraînement du lundi), Juan Antonio Pizzi ayant été forcé d’appeler en urgence Lorenzo Reyes. Autre pépin, les lésions musculaires du Mago Valdivia d’ores et déjà forfait pour le Clásico. Autant dire que les casse-têtes sont nombreux pour le sélectionneur d’un Chili à qui rien ne sourit ces derniers temps. Pendant ce temps, côté Pérou, Ricardo Gareca devra uniquement se passer de Yoshimar Yotún, suspendu et pourra une fois encore continuer de construire tranquillement son nouveau Pérou.

Compos probables

Chili : Claudio Bravo; Mauricio Isla, Enzo Roco, Gonzalo Jara, Jean Beausejour; Marcelo Díaz, Charles Aránguiz, Arturo Vidal; Alexis Sánchez, Nicolás Castillo, Eduardo Vargas.

Pérou : Pedro Gallese; Aldo Corzo, Christian Ramos, Alberto Rodríguez, Miguel Trauco; Carlos Lobatón, Renato Tapia, Christian Cueva, Edison Flores, Irven Ávila; Paolo Guerrero.

Les journées passent, les sélectionneurs aussi et pourtant les problèmes restent les mêmes en Argentine. Si, au fil des entretiens donnés à la presse, les joueurs continuent de rappeler qu’ils forment l’une des meilleures sélections de l’histoire (comme le laisse entendre Sergio Agüero cette semaine), il est un fait : cette Argentine, avec ou sans Messi, ne convainc personne. L’homme de l’équilibre ne parvient pas à en trouver un et son Argentine piétine se retrouvant désormais sous la menace de son adversaire du soir, le Paraguay qui, en cas de succès, reviendra à un point. Bauza s’était montré inquiet en fin de rencontre à Lima, pointant à quel point cela à « coûté à l’Argentine de faire circuler le ballon, » ainsi que les nombreuses imprécisions de son équipe. Histoire de se rassurer, l’Argentine peut compter sur les statistiques, le Paraguay ne s’étant plus imposé en Argentine depuis 1987, une victoire 1-0 au Monumental. Francisco Arce n’a d’ailleurs que peu goûté le mauvais résultat obtenu à domicile face à la Colombie et cherche ainsi à donner une nouvelle dynamique à une sélection qui ne peut plus se permettre de perdre des points sous peine de compromettre ses chances de qualification. El Chiqui Arce tente ainsi de se rassurer en déclarant que « sans Messi, l’Argentine est une équipe respectable, » ajoutant qu’il suffira d’être « intelligent » pour aller chercher un résultat. De son côté, Nestor Ortigoza a tenu à rappeler que le danger était réel, indiquant à ses partenaires que si « l’Argentine ne traverse pas son meilleur moment actuellement, il faut rester sur ses gardes tant ses joueurs sont de haut niveau et d’expérience. »

Du côté des joueurs

Une fois encore, l’éternelle question revient en Argentine. Comment jouer sans Messi ? (notez que lorsque l’astre barcelonais est là, la question devient « comment jouer avec Messi ?) A l’heure d’accueillir le Paraguay, Edgardo Bauza est bien décidé à changer les choses, insatisfait de ce qu’il a vu à Lima. Exit les Kranevitter et autres Dybala, ce dernier, excentré sur son côté « n’ayant pas pu montrer l’étendue de son talent », el Patón Bauza choisit donc de réinstaller Ever Banega dans l’entrejeu et comptera sur Nico Gaitán pour amener du danger sur le côté. Autre chantier pour le sélectionneur argentin, la défense et notamment un axe central à reconstruire après les cartons jaunes accumulés par le duo Otamendi – Funes Mori. Ainsi devrait-on assister au retour de l’ancien Martin Demichelis qui sera associé à Mateo Musacchio. Côté Chiqui Arce, la première période face à la Colombie a laissé des traces et le technicien paraguayen décide de tout bousculer à l’heure de se rendre au Kempes. Six changements sont prévus, Marco Riveros est notamment appelé à faire ses débuts comme titulaire quand Justo Vilar prendra la place de Barreto dans les cages.

Compos probables

Argentine : Sergio Romero; Gabriel Mercado, Martín Demichelis, Mateo Musacchio, Marcos Rojo; Javier Mascherano, Éver Banega; Nicolás Gaitán, Sergio Agüero, Angel Di María; Gonzalo Higuaín.

Paraguay : Justo Villar; Junior Alonso, Gustavo Gómez, Paulo Da Silva, Jorge Moreira; Miguel Almirón, Marcos Riveros, Rodrigo Rojas, Óscar Romero; Derlis González, Ángel Romero.

Dernier match de la nuit, l’occasion donnée à la Seleção de prendre les commandes des éliminatoires avec un déplacement à sa portée face à un Venezuela plus qu’hors course dans la lutte pour la Russie. Mais Tite se montre prudent, voulant aussi éviter tout relâchement en termes de concentration dans ses rangs. « On respecte le Venezuela, ils disposent de joueurs de qualité, » propos confirmés par Filipe Luis : « Ce ne sera pas facile, on connait plusieurs de leurs joueurs, des joueurs dangereux avec un grand pouvoir offensif et on l’a vu, pour l’Argentine, les choses ne se sont pas si bien passées à Merida. » Reste que l’occasion de passer en tête après 10 journée est un regain de motivation pour une Seleção retrouvée qui commence à convaincre les observateurs (lire Tostão : « Le football brésilien se modernise »). Pour sa part, Rafael Dudamel rappelle à quel point il « admire et apprécie ce Brésil » mais exhorte ses joueurs à gagner « en consistance pendant 90 minutes, » indiquant que ceci est la condition nécessaire « pour obtenir des résultats. » Il faut dire que la Vinotinto ne gagne toujours pas mais sait se montrer plus qu’intéressante. Pour preuve le début de match face à l’Uruguay que la Vinotinto aurait pu mener si elle avait mieux géré les opportunités qui se sont présentées. Reste qu’avec deux petit points pris sur 27 possibles, le bilan est bien maigre, le retard astronomique et le risque d’une nouvelle désillusion est grand.

Du côté des joueurs

Si l’Argentine se demande comment jouer sans Messi, la grande question pour le Brésil ce soir sera de gérer l’absence de Neymar. Si Tite rappelle à qui veut l’entendre qu’il n’y a pas de Neymar-dépendance au Brésil. Reste que l’absence du Barcelonais va priver le nouveau Brésil de sa redoutable paire offensive, laissant ainsi Gabriel Jesus seul devant. Tite devrait ainsi rappeler Willian au milieu et offrir les clés du camion à Philippe Coutinho. Privé d’Oswaldo Vizcarrondo, exclu face à l’Uruguay et du latéral droit Alexander González, Rafael Dudamel doit repenser sa défense et devrait ainsi lancer Roberto Rosales et José Manuel Velásquez. Ce devrait être les seuls changements notables d’une sélection qui a su montrer de belles choses offensivement lors des deux dernières sorties.

Compos probables

Venezuela : Daniel Hernández; Roberto Rosales, Wilker Ángel, José Manuel Velázquez, Mikel Villanueva; Tomás Rincón, Arquimedes Figueroa, Juanpi, Alejandro Guerra; Adalberto Peñaranda, Salomon Rondón.

Brésil : Alisson; Daniel Alves, Miranda, Marquinhos e Filipe Luís; Fernandinho; Paulinho, Renato Augusto, Willian e Philippe Coutinho; Gabriel Jesus. Técnico: Tite

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.